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son invention, à ce système d'archéologie; et le troisième, qui est un lion cornu, est l'animal qui figure le plus souvent, sur les monuments assyriens de tout ordre, dans la composition de la grande image symbolique dont les sculptures du vêtement royal nous ont offert les nombreuses variantes; il me suffira d'en citer pour exemple le groupe imprimé sur la boule d'argile, dont plusieurs exemplaires ont été recueillis par M. Botta dans ses fouilles de Khorsabad1, et qui présente le modèle assyrien du bas-relief persépolitain. Ces bas-reliefs symboliques de Persépolis, sur l'intention desquels on s'était livré à tant de conjectures, en y cherchant, tantôt un sens positif et historique, tantôt une signification politique et religieuse, et où l'on s'était accordé en dernier lieu2 à voir l'image du roi de Perse, serviteur d'Ormuzd, combattant les mauvais génies de l'empire d'Ahriman, d'après la croyance des livres zends, expriment donc en réalité la même conception sacerdotale que nos sculptures de Ninive; le motif en avait été conçu dans un ordre d'idées purement assyriennes; l'art des Perses n'avait fait ici, comme en tant d'autres circonstances, que s'approprier des types créés par l'art des Assyriens; et c'est certainement là une notion des plus importantes, jointe à toutes celles du même genre que nous a procurées la découverte des monuments de Ninive.

(La suite à un prochain cahier.)

RAOUL-ROCHETTE.

avec ailes et griffes d'oiseau, et avec une queue de scorpion; voy. Nineveh, etc., t. I, p. 128, et The Monuments, etc., pl. 95 A, 10. Un cylindre publié par M. Lajard, Recherches sur Mithra, pl. xLix, 2, offre deux animaux symboliques à corps de scorpion et à pattes de lion, avec une tête barbue et casquée, et avec des ailes. Ces deux animaux, placés en face l'un de l'autre, ont, au-dessus d'eux, le symbole de la Triade divine. Sur un autre cylindre, publié aussi par M. Lajard, ibid., pl. x111, 2, les deux monstres unicornes ailés que dompte de chaque main Sandan, vêtu et pourvu de quatre ailes, ont une queue de scorpion. Cette queue de scorpion, que Ctésias attribuait à son fabuleux Martichoras, Indic., c. vII; cf. Ctes., Fragm., p. 248 et 280, sqq., ed. Bähr., était donc un élément d'archéologie assyrienne, et non pas indo-bactrienne, comme l'avait présumé Heeren, Ideen, I, 1, p. 240.- Botta, Monum. de Ninive, pl. 164, 2. Voy. mon Mémoire sur l'Hercule assyrien, pl. vII, 1, p. 126, 1). M. Lajard a reproduit aussi ce petit monument, dans ses Recherches sur Mithra, pl. XLIV, 8.'Heeren, Ideen, elc., t. I, p. 242-3.

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Lettres, instrucTIONS et MÉMOIRES de Marie Stuart, reine d'Écosse, publiés sur les originaux et les manuscrits du State Paper Office de Londres et des principales archives et bibliothèques de l'Europe, par le prince Alexandre Labanoff.

treizième et DERNIER ARTICLE1.

La mort de Marie Stuart délivrait Élisabeth d'une rivale, mais l'exposait à de grandes haines, à de périlleuses représailles. Aussi, tombant d'une crainte sous une autre, elle blâma l'exécution qu'elle avait permise, sembla regretter la reine qu'elle avait détestée, punit même les agents dont elle s'était servie. Par un désaveu effronté et par une douleur hypocrite, elle s'efforça d'échapper aux vengeances des rois dont elle avait repoussé les prières, blessé les sentiments, outragé la dignité.

Pendant quatre jours elle parut ignorer la mort de la reine d'Écosse, que connaissait et dont se réjouissait bruyamment toute l'Angleterre protestante2. Il est probable qu'elle était encore indécise sur le plan de conduite qu'elle adopterait, et le langage qu'elle tiendrait. Le lundi, 13 février (23 nouv. style), elle affecta d'apprendre, avec une extrême surprise, l'exécution de Marie Stuart, et, jouant l'indignation, elle entra dans une de ces violentes colères qui faisaient trembler tout le monde. Elle prétendit que la reine d'Écosse avait été mise à mort sans ses ordres et contre son gré, que le secrétaire Davison ne devait pas donner suite au warrant qu'elle avait signé, avant de lui en avoir parlé de nouveau; qu'il s'était rendu coupable de précipitation en le remettant au chancelier pour que celui-ci le revêtit du sceau de l'État, et qu'il avait excédé ses ordres en le portant au conseil privé, pour qu'il fût exécuté à son insu; que les membres du conseil privé, par l'envoi audacieux et clandestin du warrant à Fotheringay avaient blessé son cœur et attenté à son autorité. Elle leur reprocha avec emportement une pareille usurpation du pouvoir souverain, où elle trouva comme une tentative de la réduire en tutelle'. Elle fit arrêter Davison, qui fut

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Voir les cahiers de juillet, d'octobre et de novembre 1847, de mai et de novembre 1848, de janvier, d'avril, de mai et de décembre 1849, de janvier, de février et de mars 1850.- Châteauneuf au roy, Dépêche du 27 fév., Bibl. nat., fonds de Béthune, n° 8880. Ibid. — Châteauneuf au roy, Dépêche du 13 mars; Bibl. 3003

nat., Suppl. français, n°

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enfermé à la Tour, et traduit en justice. Elle chassa de sa présence son vieux serviteur Burghley, qui avait donné à Robert Beale le warrant au nom du conseil, et le maltraita au point qu'il lui offrit, en tremblant, la résignation de tous ses emplois. Leicester et Hatton, ses deux favoris, pour avoir participé à la délibération du conseil privé, furent tenus dans l'éloignement et la disgrâce; enfin Beale, qui avait porté le warrant à Fotheringay, fut relégué, quelques temps après, de la secrétairerie d'État dans une position subalterne à York'. Walsingham seul fut excepté de cette défaveur menteuse et emportée, parce qu'une indisposition réelle ou feinte l'avait empêché de s'associer à l'acte dont profitait et que répudiait Élisabeth. Osant même prendre le deuil de sa victime, la reine d'Angleterre fit faire de pompeuses obsèques à la reine d'Écosse, dont les restes furent déposés dans l'église de Peterborough, à côté de ceux de Catherine d'Aragon, première femme d'Henri VIII, jusqu'à ce qu'ils fussent transportés à Westminster par les soins de son fils monté sur le trône de la Grande-Bretagne.

En ajoutant une iniquité à un attentat, en étant fourbe après avoir été cruelle, Elisabeth espéra tromper le jugement du monde et voulut surtout détourner d'elle les ressentiments d'Henri III et de Jacques VI. Leurs dispositions l'inquiétaient. Ce n'était pas sans raison. Henri III, malgré son insensibilité et sa faiblesse, avait fort mal pris l'emprisonnement de Destrappes, l'interrogatoire subi par Châteauneuf, l'arrestation de ses courriers et l'ouverture de ses dépêches. Il avait montré à Waade, dépêché extraordinairement vers lui par Élisabeth, pour se plaindre de la conspiration attribuée à son ambassade, toute l'incrédulité qu'il conservait à cet égard et tout le mécontentement qu'il ressentait des procédés de la reine. Il avait envoyé à Londres l'un de ses valets de chambre, nommé Roger, avec mission de réclamer Destrappes, afin qu'il pût lui-même le faire examiner, juger, et, s'il y avait lieu, punir. Usant de représailles, il avait refusé audience à l'ambassadeur Stafford, arrêté les courriers et les dépêches d'Élisabeth à Dieppe et mis l'embargo, dans les ports de France, sur les navires anglais 2.

La mort de Marie Stuart accrut son irritation en ajoutant à ses embarras. Au premier moment, deux de ses ministres, le froid Bellièvre et le circonspect Brulart, furent d'avis d'en tirer vengeance. Le premier dit qu'il fallait montrer à Élisabeth qu'on n'abattait pas ainsi la tête des

'Robert Beale à lord Burghley, 24 avril 1595, dans Ellis, 3° série, t. IV, p. 112 3003 120-Dépêche du 13 mars 1587; Bibl. nat., Suppl. français, n°

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rois; le second annonça qu'il n'entrerait plus dans le conseil d'Henri III, si ce prince ne demandait pas compte d'une pareille mort1. Le peuple de Paris s'émut extraordinairement en apprenant la fin tragique de la reine qu'il avait vue, dans ses jeunes années, assise sur le trône de France, et qu'il regardait comme une martyre de la foi catholique. Les prédicateurs de la Ligue tonnèrent dans toutes les églises contre la Jézabel d'Angleterre, ainsi qu'ils nommaient Élisabeth, appelant sur elle la vengeance de Dieu et des rois. Staffort et Waade n'osaient plus sortir dans Paris 2. Le premier, dont la mère était dame d'honneur d'Élisabeth, effrayé des dangers auxquels venait de s'exposer sa maîtresse, crut à sa chute prochaine. Il prit ses précautions avec Philippe II, et s'offrit à lui, par l'entremise de Mendoza, auquel il fit dire qu'il était tout à la dévotion du roi catholique, pensant que sa maîtresse vivrait bien peu après avoir permis qu'on exécutât de cette manière la reine d'Écosse 3. Enfin Henri III fit célébrer à Notre-Dame, et en sa présence, un service solennel en l'honneur de son infortunée parente 4, et sembla même disposé, de concert avec le roi d'Espagne, à attaquer la reine d'Angleterre, qui avait fait compter dans Francfort, à la maison de Banque Pallavicino, deux cent cinquante milles livres, pour lever une armée de reîtres allemands prête à marcher au secours du roi de Navarre ".

Elisabeth sentit plus que jamais la nécessité de l'adoucir. Elle reçut son envoyé extraordinaire Roger, qui était resté quinze jours à Londres sans pouvoir être admis auprès d'elle'. Lui parlant «avec de grandes « démonstrations de douleur et quasi la larme à l'œil » de la mort de la reine d'Écosse, elle le chargea d'assurer au roi son maître que cette mort avait eu lieu contre son intention par la faute de Davison « qui « en répondraits. >> Celui-ci fut en effet condamné par la chambre étoilée, le 28 mars, à une amende de 10,000 livres sterling et à un emprisonnement qui devait se prolonger au gré de la reine, pour avoir méprisé ses commandements et surpris ses pouvoirs. Élisabeth eut bientôt avec Châteauneuf, qu'elle n'avait pas vu depuis plusieurs mois,

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Lettre de Mendoza au roi catholique, du 6 mars 1587, Papiers de Simancas, série B, liasse 59, no 35. — Ibid. — Mendoza au roi catholique, le 28 feb. 1587. Pap. de Sim., série B, liasse 59, num. 58.- Mendoza au roi catholique, le 26 mars 1587. Pap. de Sim., série B, liasse 59. num. 14.5 Mendoza au roi catholique, le 26 mars 1587. Pap. de Sim., série B, liasse 59, num. 240. - Châteauneuf à Henri III. De 3003 Londres, le 13 inars 1587, ms. Bibl. nat., Suppl. franç., n° fol. 71.

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Châteauneuf à Henri III. De Londres, le 27 fév. 1587, ms. Bibl. nat., fonds de Béthune, no 8880, f° 7. - Ibid. — Howell, State trials, vol. 1, p. 1229 à 1250.

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et à qui elle avait envoyé Walsingham1, afin de rétablir les bonnes relations entre l'Angleterre et la France, un entretien où elle déploya toute son habileté.

Elle tira à part l'ambassadeur d'Henri III, qu'elle prit par le bras, et lui dit en riant : « Voici notre homme qui m'a voulu faire tuer2. » Elle convint alors que le complot auquel on l'avait mêlé était une invention de deux effrontés coquins qui avaient cherché à lui tirer de l'argent3. Reconnaissant toute l'innocence de Destrappes, elle ajouta qu'il était libre désormais et pouvait retourner en France. «J'ay sceu, « poursuivit-elle avec esprit, qu'il est homme de loy et qu'il veult suivre «le barreau de Paris. Je suis marye de lui avoir causé ce mal, car il << m'en vouldra toute sa vye. Mais vous luy direz que je ne crois pas «jamais plaider ung procès à Paris où il se puisse venger du tort que «je luy ay faict. »

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Arrivant à ce qui la préoccupait par-dessus tout, elle parla à Chàteauneuf avec plus de douleur encore qu'à Roger de la mort de la reine d'Écosse. Elle prétendit «que c'était le plus grand malheur qu'elle eût <«<jamais éprouvé3. » Elle soutint qu'elle avait signé le warrant pour contenter son peuple, mais qu'elle était bien décidée à ne pas ôter la vie à la reine d'Écosse, à moins qu'une armée étrangère ne descendît en Angleterre ou qu'il n'y eût en sa faveur un soulèvement considérable dans le royaume. Elle ajouta que, si les quatre membres de son conseil qui lui avaient joué ce tour, dont elle assurait qu'elle ne pouvait pas prendre son parti, n'avaient pas été si longtemps à son service et n'avaient pas agi dans l'intérêt de sa personne et de son État, elle jurait Dieu qu'elle leur aurait fait trancher la tête. Elle dit à Châteauneuf qu'il ne devait pas la croire assez faible et assez méchante pour rejeter la faute sur un petit secrétaire comme Davison, s'il ne l'avait pas commise. Alléguant ensuite à Châteauneuf l'intérêt qu'avaient les deux couronnes de France et d'Angleterre à s'unir pour échapper aux desseins des ligueurs et à l'ambition de Philippe II qui les menaçaient également, elle lui annonça qu'elle allait envoyer Drake attaquer les côtes d'Espagne, Leicester soutenir de nouveau la république des Provinces-Unies, lui offrit, pour le roi son maître, l'appui de quatre princes allemands, qui, sur une parole d'elle, accourraient le servir avec leurs troupes, et l'invita lui'Châteauneuf à Henri III. De Londres, le 13 mars 1587; ms. Bibl. nat., Suppl. 3003 franç., n° fol 71 et suiv. Châteauneuf à Henri III. De Londres, le 13 mai

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1587. Ms. Bibl. nat., fonds Béthune, fol. 16. — 3 Ibid. — Ibid. — Ibid. — Ibid. 7 Ibid.

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