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obligés de chercher ces notions en trois endroits différents; embarras qu'augmente encore la méthode adoptée par l'éditeur, de renvoyer au chapitre et au paragraphe de chaque dissertation, au lieu de citer les pages du volume. Toutefois, par cette observation que nous aimons à soumettre au jugement de M. Henri Martin lui-même, nous n'entendons nullement déprécier l'utilité de ces tables, dont nous avons beaucoup profité nous-même, et qui sont rédigées avec un soin et une exactitude que beaucoup d'éditeurs feraient bien d'imiter. Elles sont suivies de huit planches lithographiées, in-8°, de figures géométriques, et de deux grandes planches donnant le fac-simile de l'écriture du manuscrit de Paris.

Les textes grecs de Théon, de Serenus et de Pachymère, le texte latin de Chalcidius, les dissertations et les notes de l'éditeur sont en général imprimés avec une grande correction; et la lecture attentive d'un volume de près de cinq cents pages ne nous a fait découvrir qu'un très-petit nombre de négligences que, sans doute, il serait injuste de mettre sur le compte de l'éditeur1. La diction latine est partout ce qu'elle doit être dans un ouvrage de cette nature, simple, précise, correcte; et M. Henri Martin sait exposer avec clarté des idées souvent difficiles à rendre dans une langue morte. Peut-être les Cicéroniens du xvi° siècle auraient-ils désapprouvé la locution loca Timæi (p. 42, 1. 14) pour locos, et le mot inaccurata (p. 39, 1. 8). Mais ce n'est pas sur des détails de ce genre que nous devons insister dans cet extrait. Quelques fautes typographiques, presque impossibles à éviter dans la publication d'un auteur grec quand on habite loin de Paris, ne peuvent affaiblir en rien la haute opinion que l'ouvrage de M. Henri Martin doit donner de lui comme philologue et comme latiniste.

Nous terminons ici notre analyse. Après avoir démontré que le texte du manuscrit de Paris présentait au plus haut degré toutes les difficultés qui peuvent rendre pénible la tâche d'éditeur et de traducteur, nous avons signalé les faits les plus importants qui, dans cette édition, peuvent intéresser les amis de la littérature ancienne. Mais il nous a été impossible de suivre l'auteur au milieu des discussions multipliées dont son ouvrage se compose, d'entrer dans le détail de toutes les erreurs bibliographiques qu'il relève dans son introduction et dans ses

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Elles se réduisent à celles-ci : Επίνομις, p. 431,1. 9; ἔπλα, p. 69, 1. 11; ἔχθρος, p. 348, 1. 25; Halycarnassius, p. 44, 1. 2; niveiotaι, p. 276, 1. 8; λógos, p. 284. 1. παλαίους, P. 2; waλalous, p. 75, 1. 7; Ptolomæum, p. 11, 1. 7; Ptolomao, p. 75, 1. 5; spondæos, p. 203, note 10. Il y a beaucoup de publications d'ouvrages grecs dans lesquelles les fautes d'impression sont infiniment plus nombreuses.

notes; de faire connaître toutes les notions nouvelles qu'il y a consignées, les vues ingénieuses qu'il y a répandues, les doutes qu'il a éclaircis, les assertions qui s'y trouvent modifiées. On a vu, en outre, que M. Henri Martin cultive et possède les sciences de calcul qui, ordinairement, exigent ou tout le temps ou toutes les forces de ceux qui s'y livrent; qu'il y a en lui cette flexibilité d'esprit qui, loin d'être incompatible avec le vrai talent, sert à multiplier ses moyens et ses ressources; car, dans les études les plus diverses, les vérités sont liées entre elles. Dans l'état actuel des sciences naturelles et philologiques, la multiplicité des points qui leur sont devenus communs, à mesure que le cercle de chacune d'elles s'est étendu, ne permet plus de les considérer isolément, ou, du moins, force à chaque instant de réunir et de combiner les lumières qu'elles se prêtent mutuellement. M. Henri Martin, nous l'avons dit, possède cette capacité qui sait approfondir plusieurs sciences et traiter avec succès des sujets fort différents. Il en donnera bientôt, nous l'espérons, une nouvelle preuve; car il annonce qu'il s'occupe d'un grand ouvrage d'histoire et en même temps de philosophie, où les notions des anciens, dans les diverses branches des sciences physiques, seront exposées et appréciées1. Le plan adopté par M. Henri Martin, pour ce nouveau travail, nous semble assez vaste pour remplir la vie de plusieurs savants; et l'auteur trouvera dans les historiens de la science bien des lacunes à combler, bien des erreurs à combattre. Mais ici, comme en toute question historique, rien n'a de prix et ne doit avoir d'empire que la vérité. N'étant dominé par aucune opinion de système ou d'école, connaissant aussi bien les langues anciennes que les littératures modernes et étrangères, doué d'une raison forte, d'une rare perspicacité, enfin, d'une mémoire heureuse et exercée, instrument nécessaire pour ceux qui veulent embrasser plusieurs sciences et suivre de grands travaux, M. Henri Martin ne s'écartera point de ces méthodes rigoureuses, sans lesquelles l'esprit ne conçoit que des notions vagues et n'admet que des impressions fugitives. Il répondra aux espérances qu'ont fait naître ses publications antérieures. Plein d'ardeur pour l'étude, sachant que le secret de ne point perdre de temps est plus que le secret de le doubler, il parviendra à terminer avec succès sa vaste entreprise; et nous souhaitons, dans l'intérêt des sciences naturelles et historiques, qu'il ne fasse pas trop attendre l'ouvrage qu'il

Comme précurseur et annonce de l'ouvrage historique dont nous parlons ici, M. Henri Martin vient de faire paraître un traité fort étendu et purement théorique, sous le titre Philosophie spiritualiste de la nature; introduction à l'histoire des sciences physiques dans l'antiquité; Paris, 1849, en 2 volumes in-8°.

prépare et où l'on trouvera, nous n'en doutons point, de nouvelles preuves de la sagacité et de l'abondance de son savoir.

HASE.

HISTOIRE DE LA CHIMIE depuis les temps les plus reculés jusqu'à notre époque, par le Dr Hoëfer. Tome II, Paris, au bureau de la Revue scientifique, rue Jacob, n° 30, 1843.

DIXIÈME ARTICLE.

Lorsque nous avons étudié le système de Van Helmont, au point de vue physico-chimique, ses idées nous ont apparu si différentes de celles qu'on lui a attribuées généralement, que nous nous sommes fait un devoir de les présenter à nos lecteurs telles que nous les avons interprétées et avec des détails que justifie cette différence même. Nous continuerons l'examen de l'histoire de la chimie du D' Hoëfer plus rapidement que nous ne l'avons commencé, les hommes dont il nous reste à parler étant mieux connus que Van Helmont: cependant il en est trois encore, Robert Boyle, Glauber et Stahl, dont les travaux nous arrêteront, parce que l'espèce d'influence exercée par chacun d'eux sur la chimie n'a pas été, selon nous, appréciée d'une manière précise.

Robert Boyle.

Robert Boyle attire l'attention de l'historien de la chimie d'une manière particulière par la raison qu'ayant été plus physicien que chimiste, il a envisagé les actions moléculaires à un point de vue fort différent de celui où elles l'étaient par ceux qui s'en occupaient exclusivement. Or, si un homme familiarisé avec une science n'obtient pas toujours le succès qu'il avait espéré de la culture d'une autre science déjà parvenue à un certain degré de précision et dont il ignore d'ailleurs l'esprit spécial, il peut en être tout autrement si cet homme, déjà préparé aux recherches expérimentales, vient à porter son attention sur un ensemble de connaissances qui, encore à son berceau, manque d'un caractère précis propre à le définir, de sorte que cette définition est ajournée à l'époque. où des travaux nombreux et variés en rendront l'expression possible.

Tel est Robert Boyle, lorsque, après s'être occupé de physique, il jette ses regards sur la chimie pour examiner l'esprit de ceux qui la cultivent.

Cet esprit, loin d'être désintéressé, comme nous l'avons vu, n'aspirait qu'à la conquête de la richesse et de la santé; il jugeait vaine la science qu'il pouvait découvrir, si elle manquait ce double but; aussi le véritable alchimiste qu'il animait était-il essentiellement mystérieux, et l'idée de la gloire que ses travaux pouvaient donner à son nom n'avaitelle jamais occupé sa pensée. Si des hommes livrés à la pratique d'opérations du ressort des actions moléculaires rejetèrent comme une erreur la transmutation des métaux, ils eurent, en général, les habitudes mystérieuses des alchimistes et une disposition d'esprit qui les portait à la recherche des procédés ou des recettes, plus qu'à la solution de problèmes posés par la science abstraite; car le but de ces hommes était presque toujours un intérêt à satisfaire et non la vérité à découvrir.

Voilà l'esprit général qui régnait en chimie lorsque cette science attira l'attention de Robert Boyle. Or, combien la direction des travaux et la position sociale du physicien ressemblaient peu à celles des alchimistes et des chimistes! Robert Boyle ne voyait que le progrès des sciences dans la pratique des recherches expérimentales; fils de Richard, comte de Cork et d'Orrery, dévoué à l'infortunée famille des Stuarts, il refusa la pairie et ne recourut à Charles II que pour mettre sous sa protection souveraine l'institution de la Société royale de Londres. Loin de rechercher la richesse à l'instar des alchimistes, il consacra une grande fortune à la culture des sciences expérimentales, au soulagement des pauvres et à la propagation du christianisme en Amérique et dans les Indes. L'étude des actions moléculaires devait donc s'offrir à Robert Boyle sous un aspect bien différent de ce qu'elle était véritablement pour ceux qui s'y livraient avec l'esprit intéressé que nous leur avons

reconnu.

L'ouvrage de R. Boyle le plus intéressant à étudier pour un chimiste est, sans contredit, celui qu'il a intitulé: Le Chimiste sceptique, en y comprenant un appendice sur la production des principes chimiques. Les critiques fondées dont les théories chimiques y sont l'objet, les considérations générales qu'on y trouve sur la nature des éléments, leur nombre, et la composition des corps, ne le recommandent . pas moins que les faits nombreux qu'il renferme.

Si, avant Robert Boyle, on avait aperçu des différences entre des corps que l'on mettait en contact mutuel, suivant qu'ils se mêlaient ou qu'ils s'unissaient pour former ce que nous appelons aujourd'hui une combinaison chimique, le physicien anglais a le mérite incontestable d'avoir distingué de la manière la plus explicite le simple mélange d'avec le composé chimique, en montrant que celui-ci avait des proprié

tés plus ou moins différentes de celles des corps qui le constituaient, tandis que les corps d'un mélange conservaient toutes leurs propriétés spécifiques. R. Boyle citait pour exemple d'une combinaison le sucre de Saturne (acétate de plomb) dont la dénomination même fait allusion à une saveur douce que ne possèdent ni l'acide acétique ni la litharge, qui en sont les principes immédiats. Mais, si Boyle reconnaît ainsi des propriétés chimiques, cependant, loin d'en faire dépendre les actions moléculaires, il semble, au contraire, disposé à rattacher cellesci à des causes physiques ou purement mécaniques, comme nous le dirons plus loin.

Nous avons vu Van Helmont partant de considérations puisées dans la méthode à priori la plus absolue, rejeter et l'hypothèse des quatre éléments admise par les écoles du moyen âge et l'hypothèse des trois éléments généralement soutenue par les alchimistes; nous voyons maintenant Robert Boyle, fidèle à la méthode a posteriori, les repousser pareillement aussi bien que celle de Van Helmont lui-même, qui, comme nous l'avons dit précédemment, ne reconnaissait que deux éléments matériels, l'air et l'eau, et faisait dépendre tous les autres corps de la conjonction de celle-ci avec des archées de nature différente. Robert Boyle, d'après des considérations d'une extrême justesse, établit la probabilité qu'il existe bien plus de quatre éléments dans la nature, et que certains d'entre eux, plus subtils que les autres, s'en dégagent dans les distillations par les jointures des vaisseaux. Il reconnaît aux éléments la faculté de se combiner ensemble pour former des composés binaires, ternaires, quaternaires, etc.

Il ne s'arrête pas là: les propriétés de la terre, de l'eau, de l'air et du feu lui semblent devoir appartenir à des corps composés plutôt que simples. Ainsi, que l'eau soit un élément, et il ne conçoit plus que des plantes, en se l'assimilant, la transforment en ces produits si divers que la végétation présente à l'observateur le moins attentif; enfin, il répugne à sa raison de considérer le soufre, le mercure et le sel, comme les éléments de l'or, car tous les essais qu'il a tentés pour réduire ce métal en ces prétendus éléments, ont été infructueux.

R. Boyle a donc parfaitement distingué le composé du mélange, et la chimie moderne a confirmé ses vues, non-seulement sur l'existence d'un grand nombre d'éléments, mais encore sur la nature complexe de la terre, de l'eau et de l'air.

Les idées de Robert Boyle sur la structure des corps étaient analogues à celles des chimistes modernes qui professent le système atomique car, suivant lui, les corps sont formés de corpuscules invisibles

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