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et qui, comme il le dit lui-même, n'est pas moins « vraie du monde << entier que du moindre animal. >>

« Ce qui est vrai, dit M. Cuvier, de la moindre plante, du moindre « animal, ce qui est vrai du plus parfait des animaux, de l'homme, du «petit monde, comme l'appelaient les anciens philosophes, n'est pas « moins nécessairement vrai du grand monde, du globe, et de tout ce <«< qui l'habite. Les êtres qui le composent et qui le peuplent concourent « à maintenir son état : ils sont nécessaires les uns aux autres et à l'en« semble; le monde est comme un individu: toutes ses parties agissent « les unes sur les autres.....»

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Deux lois gouvernent donc les choses créées : la loi de continuité, qui est la loi des événements successifs, et la loi de corrélation, qui est la loi des êtres simultanés et coexistants 1.

Je termine en faisant remarquer, d'abord, que M. de Blainville, en nous rendant l'échelle des êtres, nous la rend débarrassée de tous ces êtres mi-partis, équivoques, de tous ces passages, qui en constituaient en effet l'erreur la plus grave; et ensuite qu'il applique plus particulièrement aux types, aux classes, etc., en un mot, aux groupes, cette échelle générale des êtres, qu'on appliquait surtout, jusque-là, aux espèces.

Dans l'état présent de la science, dans l'état où l'ont laissée MM. Cuvier et Blainville, l'ordre, le véritable ordre des êtres, autant qu'il nous est connu, est donc, d'une part, la concentration des espèces en groupes circonscrits et clos, et, de l'autre, la subordination graduée, l'échelle des groupes.

J'ajouterai cependant, car je dois ici dire toute ma pensée, et je me hâte de revenir à nos dénominations ordinaires (je ne puis consentir plus longtemps à gâter la science par les noms nouveaux, inutiles et presque barbares, qu'y prodigue trop souvent M. de Blainville), j'ajouterai que, si la subordination relative est évidente pour les premiers groupes, s'il est évident, par exemple, que les rayonnés sont inférieurs aux mollusques, les mollusques aux articulés, les articulés aux vertébrés; s'il est évident que, dans les vertébrés, les poissons sont inférieurs aux reptiles, les reptiles aux oiseaux, les oiseaux aux mammifères, la même évidence est loin de nous suivre quand nous passons de ces premiers groupes aux autres, aux tribus, aux genres et aux sous-genres.

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Je dis ceci, même pour le groupe des vertébrés, que nous connaissons si

Pour moi, j'ai remarqué plus d'une fois que je tenais l'espace pour quelque chose de purement relatif, comme le temps; pour un ordre de coexistences, comme le temps est un ordre de successions...... Leibnitz, Réponse à la seconde réplique de Clarke.

bien, et, à plus forte raison, le dirais-je pour les articulés, pour les mollusques, pour les zoophytes. La vue nouvelle de l'échelle des groupes sera, dans l'application détaillée, d'un travail immense. Peut-être même le résultat définitif de ce grand travail sera-t-il fort différent, du moins pour les groupes inférieurs, pour les derniers groupes, de celui qu'a pu entrevoir M. de Blainville. Mais qu'importe ? Le grand point est de découvrir ce qui est. «La méthode naturelle est le dernier terme de la <«< botanique, »> disait Linné: Methodus naturalis est ultimus finis botanices1. Eh bien, cette méthode, qui était le dernier vœu de Linné, nous l'avons aujourd'hui, et nous la voyons chaque jour mieux entendue, mieux suivie, plus complétement appliquée. La vraie méthode finira par nous donner le véritable ordre des êtres.

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Je viens d'examiner la question de l'ordre des êtres; j'examinerai, dans un autre article, la question de leur apparition sur le globe.

FLOURENS.

ARCHIVES DES MISSIONS SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES ; choix de Rapports et Instructions, publié sous les auspices du ministère de l'instruction publique et des cultes; 1er cahier, janvier 1850; Paris, Imprimerie nationale, in-8° de 1-76 pages et 2 planches; chez Gide et Baudry, éditeurs.

DEUXIÈME ARTICLE 2.

Le second Mémoire de M. Ém. Burnouf a pour objet les Propylées de l'Acropole d'Athènes 3, envisagés dans leur état actuel, et accompagnés d'un plan, qui montre cet état actuel, réduit, à la vérité, à ses seuls éléments principaux. Le travail du jeune antiquaire étant plutôt esthétique, c'est-à-dire rempli de considérations morales sur le génie de l'art grec en général, et sur le caractère propre des Propylées en particulier, qu'il n'est archéologique, c'est-à-dire consacré à la description de ce grand monument, considéré sous tous les rapports de son objet, Voyez pour le premier article le cahier de

Philosophia botanica, n° 163. mai, p. 257. Archives, etc., 8-38.

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de sa disposition, de son caractère et de sa construction, je m'attacherai surtout aux questions qui touchent à l'histoire de l'art dans ce qu'elles ont de particulier aux Propylées, et je ne dirai, de la partie esthétique du Mémoire de M. Ém. Burnouf, que ce qui me paraîtra nécessaire pour l'intelligence des points qui y sont traités et que je discuterai à son exemple.

On sait que les Propylées étaient, de la même manière et au même degré que le Parthenon, le principal titre de gloire de Périclès1; que les Athéniens, à la voix de leurs orateurs favoris, confondaient dans le même sentiment d'orgueil et d'enthousiasme les Propylées et le Parthénon2; et que l'admiration et l'envie de la Grèce entière pour les Propylées furent portées à ce point, que, durant la courte domination des Thébains, Epaminondas proposa à ses compatriotes de transporter sur la Cadmée de Thèbes les Propylées d'Athènes3; donnant ainsi, sinon le premier exemple, du moins le premier conseil de cet enlèvement d'ouvrages de l'art, qui ne fut que trop souvent suivi, aux dépens de la Grèce elle-même, dans les temps anciens et jusque dans nos temps modernes. Les Propylées sont donc au premier rang des monuments de l'art attique, que l'opinion unanime des hommes, dans tous les siècles éclairés, a placés parmi les chefs-d'œuvre de l'esprit humain; et l'on comprend sans peine à ce titre l'intérêt qui s'attacha de tout temps à l'étude de ce grand monument.

Mais c'est surtout de nos jours que cette étude a pu s'entreprendre avec tous ses éléments de travail, aussi bien qu'avec toutes ses chances de succès, puisque c'est seulement à une époque très-voisine de celle où nous sommes que les Propylées, dans tout ce qui en subsistait encore, ont été rendus à la lumière. Converti en magasin à poudre sous la domination turque, avec ses entre-colonnements murés, sous ses portiques de l'est et de l'ouest, ce magnifique vestibule de l'Acropole n'avait pourtant pas éprouvé, dans cette transformation barbare, des atteintes bien graves. Un incendie de ce magasin, occasionné par le feu du ciel, en 16564, produisit la chute de tout l'entablement du portique oriental et des parties voisines, sans étendre toutefois au delà de ce point les ravages de la destruction; car, lorsque, vingt ans après ce désastre, en 1676, Spon et Wheler visitaient Athènes, ils trouvaient en

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* Philostrat. Vit. Apollon. Tyan. II, 5 : Περικλεῖ μὲν Προπύλαια πρὸς φιλοτιμίαν йрxeι xai Пapleváv. Demosthen. Contr. Androtion., p. 597, ed. Reisk., et ibid., ἥρκει Παρθενών. p. 617; De Contribut., p. 174; Harpocrat. Suid. Phot. v. İlропúλαix тañτa. Voy. mes Lettres archéolog. sur la peinture des Grecs, part. I, p. 60,1).-'Eschin. De fals. legat., P. 279, ed. Reisk. Spon, Voyage, etc., t. II, p. 140-141, éd. Lyon. 1678.

core debout tout le portique occidental, avec son entablement et son fronton', et le temple de la Victoire sans ailes, intact à son ancienne place, en face de l'aile droite, mais servant aussi de magasin à poudre2, destination funeste, qui devait, quelques années plus tard, amener sa destruction. Le bombardement même de Morosini, qui fut si fatal au Parthenon, n'entraîna, à ce qu'il paraît, pour les Propylées, aucune disgrâce nouvelle; du moins, trouve-t-on encore, dans les dessins de l'ingénieur vénitien Verneda, exécutés après le siége d'Athènes de 16873, les Propylées représentés dans le même état où les avaient vus Spon et Wheler, onze ans auparavant. Ce ne fut que dans le cours du siècle suivant, et par le fait de mutilations successives, que les Propylées achevèrent de disparaître sous un amas de constructions barbares. L'aga, ou gouverneur turc de la citadelle, avait sa misérable habitation construite de boue desséchée sur le plafond du portique principal des Propylées, et son harem dans des chambres placées au-dessous. Un étage, d'une aussi grossière construction, avait été élevé au-dessus du bâtiment de l'aile droite, qui était la Pinacothèque; et des batteries, placées en différents endroits de la plate-forme et de l'escalier, contribuaient encore à rendre méconnaissable le superbe vestibule de l'Acropole, en même temps qu'elles absorbaient, dans la grossière maçonnerie de leurs murs, de nombreux fragments de l'architecture des Propylées, notamment ceux du temple de la Victoire aptère, qui s'est retrouvé tout entier de nos jours dans la démolition d'une de ces batteries turques. La métamorphose des Propylées, devenu un magasin de munitions et d'armes de guerre, avait été si complète, que Spon traversa ce monument sans le reconnaître. Il en donne, en effet, sous le nom d'Arsenal de Lycurgue, qui était le nom que les Grecs savants d'Athènes, au XVII siècle, avaient imposé aux Propylées de Périclès, une description

Je suis obligé de relever ici une légère erreur commise par M. Ém. Burnouf, qui s'exprime ainsi, p. 10 de son Mémoire, au sujet des désastres occasionnés par l'explosion de 1656: Après l'orage, les frontons de la Pinacothèque et du corps princi pal n'existaient plus. Mais Spon parle positivement du fronton du grand portique, qui le lui fit prendre pour un temple; et quant au fronton de la Pinacothèque, s'il a jamais existé, ce qui est encore une question, il est certain qu'il avait disparu longtemps avant cette époque, puisque Spon, ni aucun voyageur, n'en a rien dit. Spon, Voyage, etc., p. 139. Ces dessins se trouvent dans l'Atene attiche de Fanelli, et ils sont cités par le colonel Leake, Topography, etc., t. I, p. 76, 1). Spon, Voyage, etc., t. II, p. 139: « Vis-à-vis, à la main gauche du chemin, « voit encore un bel édifice, que quelques-uns prennent pour l'Arsenal de Lycurgue; << peut-être ont-ils leurs raisons, et j'ai les miennes pour ne le pas croire. Je tiens donc que c'est un temple, parce qu'il a une façade et un fronton comme les autres. »

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assez exacte, et qui est surtout intéressante par l'erreur qui lui fit regarder ce monument comme un temple, à cause de sa façade et de son fronton; car il résulte de cette circonstance qu'à cette époque du XVII siècle, les Propylées conservaient encore, du côté de l'entrée de l'Acropole, leur façade et leur fronton.

Les Propylees restèrent à peu près dans le même état où l'architecte anglais Revett les avait dessinés, en 1764, pour la société des Dilettanti, et où l'antiquaire Chandler les décrivit1, en commettant plus d'une erreur grave, sur la foi de ses prédécesseurs Spon et Wheler, dont il ne sut pas bien interpréter la relation 2. Dans les premières années de ce siècle, un autre célèbre architecte anglais, qui a rendu d'éminents services à l'étude de son art et à la connaissance de l'antiquité, M. Cockerell, exécuta des fouilles au dedans des portiques des Propylées, qui curent surtout pour résultat de mettre à jour les bases attiques des colonnes de l'ordre ionique intérieur, et qui fournirent à son savant compatriote, le colonel Leake, les renseignements à l'aide desquels celui-ci put dresser le plan des Propylées, qu'il joignit à sa Topographie d'Athènes, dont la première édition parut en 1821. Mais on peut voir, d'après le dessin des Propylées que l'architecte anglais Kinnard inséra dans le tome IV du Supplement to the Antiquities of Athens, publié en 18303, en quel état se trouvait alors ce beau monument, même après l'heureuse issue de la guerre de l'indépendance hellénique. Le portique principal des Propylées, ainsi que le portique latéral de la Pinacothèque, avaient encore leurs entre colonnements murés par la maçonnerie franque ou turque du moyen âge; l'habitation construite au-dessus de la Pinacothèque écrasait toujours cette aile droite des Propylées; et la batterie turque construite sur le palier inférieur du grand escalier renfermait encore dans ses murs tous les matériaux du temple de la Victoire aptère. Ce ne fut qu'en 1835 que toutes ces constructions barbares furent enfin abattues; que les colonnes de l'ordonnance dorique de la façade des Propylees, celles de l'ordre ionique du vestibule intérieur et celles du petit portique dorique de la Pinacothèque furent dégagées jusqu'au pavé antique, retrouvé avec les ornières sacrées creusées par le char des Panathénées, et que les blocs de marbre pentélique qui avaient formé les murs du temple de la Victoire aptère, ainsi que les tambours des colonnes de son ordonnance ionique, les bas-reliefs de sa frise et ceux de sa balustrade de marbre sortis un à un des flancs de la batterie turque, vinrent reprendre leur ancienne place dans ce temple, relevé sur la plate-forme 1 Chandler's Travels in Greece, t. II, c. Ix. Ces erreurs ont été relevées par le colonel Leake, Die Topographie, etc., p. 259, 1). — 3 Ch. II, pl. 1, p. 3-5.

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