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des Nouvelles savantes de Gættingue (numéros des 18 et 20 avril 1850), dans lesquels il juge avec peu de faveur cette publication. Sans s'associer complétement aux reproches du savant allemand, l'auteur de la notice les trouve fondés en grande partie. Voici les principaux points sur lesquels porte sa critique : « M. Pardessus (nous citons M. Bordier) ne s'est nullement inquiété de manuscrits très-importants qui se trouvent hors de France, comme le Codex aureus de Trèves, qui contient les précieuses chartes de l'abbaye d'Epternach; il n'a pas consulté davantage des manuscrits qui sont en France; par exemple, il a réimprimé cinq pièces des vi et VII siècles, tirées du Cartulaire de Saint-Bénigne de Dijon, et un plus grand nombre d'autres empruntées aux actes des évêques du Mans, d'après l'ancienne leçon de Pérard ou d'après celle de Mabillon, sans se soucier ni des manuscrits qui sont encore au Mans, ni de ceux qui sont à Dijon. A peine a-t-il vu ceux de Paris, sauf les manuscrits qui contiennent des documents législatifs et un certain nombre de charles provenant des monastères de Saint-Denis et de Saint-Germain-des-Prés. M. Pardessus s'est borné à la réimpression des copies de Bréquigny, même pour des textes dont il y a eu, dans ces derniers temps, des éditions incomparablement meilleures. » M. Bordier cite pour exemple le testament de saint Remi, donné par M. Pardessus sur la leçon de Dom Marlot, sans s'occuper du texte que M. P. Varin avait établi d'après divers manuscrits dans ses Archives administratives de Reims. Il en est de même, dit-il, pour les pièces du Cartulaire de Folquin, réimprimées d'après Bréquigny, tandis que M. Guérard en avait publié, sur les manuscrits mêmes, en 1840, une édition de beaucoup préférable. Quant à la recherche des documents nouveaux, le nouvel éditeur des Diplomata s'en est moins occupé encore que de l'épuration des textes déjà connus. Il ne s'en trouve qu'un seul dans son premier volume, un édit de Sigismond, de l'an 517, qu'il avait fait connaître, en 1839, dans le Journal des Savants, et le second volume en contient seulement cinq.» M. Bordier termine la première partie de son travail, en louant sans réserve les prolégomènes de M. Pardessus, et en faisant quelques observations critiques sur les tables qui terminent l'ouvrage. Parmi ces observations, nous croyons devoir citer celle-ci : « Une foule d'exemples démontrent que, depuis l'invasion germanique dans les Gaules jusqu'au x11° siècle, les noms propres d'hommes ou de femmes terminés au nominatif par a s'allongeaient à tous les autres cas, et prenaient la forme anc pour désinence. Cette particularité est constante, et il en résulte que, quand on rencontre dans un texte un des cas obliques en ane, comme Adreberctane, signaler un emprunté à l'index de M. Pardessus, on ne doit pas se hâter d'en conclure que le nominatif soit Adreberctana. Recevoir dans une table ces formes allongées est aussi peu exact que si l'on admettait dans un lexique latin les mots Ciceronis et Ciceronem.» Dans la seconde partie de sa notice, M. Bordier s'est proposé de justifier les reproches qu'il adresse au nouvel éditeur des Diplomata. Il commence par donner dix exemples de textes inexactement publiés par M. Pardessus. Ces textes sont ceux des diplômes imprimés sous les n° 162, 186, 349, 322, 363, 514, 554, 562, 568 et 587; il y signale les variantes que fournissent les originaux conservés dans les bibliothèques de Paris ou des départements. L'auteur aborde ensuite le sujet principal de son opuscule, en s'occupant des textes omis dans la nouvelle édition des Chartes mérovingiennes. Ses recherches lui ont démontré qu'il existe encore en France un assez grand nombre de diplômes de la première race qui n'ont pas été recueillis par M. Pardessus; et, à l'appui, de cette assertion, il publie douze documents qui lui ont été fournis par les archives nationales ou par la Bibliothèque nationale. Voici la liste de ces pièces : 1. Instrumentum donationis quo Aredius

pour en

(Saint-Yrier) et mater ejus Pelagia plurimas res in pago Lemovicino monasterio Vosidensi (du Vigeois) conferunt (31 octobre 573); 11. Quomodo cenobium Fossatense a sancto Martino papa romano auctorisatum atque confirmatum sit in Cristi nomine. Privilegium sancti pape de ecclesia Fossatensi (24 avril 649); III. Quomodo Clodoveus rex confirmavit scripta Romani pape et scripta duodecim episcoporum Gallie (649-656); IV. Quomodo Clotharius rex Francorum auctorizavit privilegium apostolici romani et scripta duodecim episcoporum de cenobio Fossatensi et cuncta que jam peracta erant poscente Blidegisilo dyacono (656-664); v. Epistola Clotharii regis ad Gerinum comitem de cenobio Fossatensi et de omnibus ad Varanam pertinentibus (656-664); VI. Childeberti imunitas Fossatensi monasterio concessa (695-711); VII. Preceptum Teoderici regis de Monasteriolo aliisque villis Vualdmaro, abbati Fossatensi, concessis (2 mars 722); VIII. Second Testament de Wideradus ou Waré, abbé de Flavigny (722); IX. Pippinus major domus mittit monasterio Flaviniacensi tabulas eburneas (747-752); x. Baio et Cylinia dant ecclesiæ Flaviniacensi Pulliniacum, Pruviniacum cum ecclesia S. Symphoriani et vinea Romerengia (11 mai 749); XI. Cylinia in augmentum præcedentis eleemosine dat in pago Duesmensi villas Puteolis, Optemariacum, Cleriacum (16 juin 749); XII. Arduguinus dat cœnobio Flaviniacensi omne quod habebat in pago Vavarensi (748). La sixième et la septième de ces pièces avaient déjà été publiées par l'auteur dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. XI, p. 56.

Peintures de l'église de Saint-Savin, département de la Vienne. Texte, par M. P. Mérimée; dessins, par M. Girard Séguin; lithographie en couleur, par M. Engelmann. Publié par ordre du roi et par les soins de M. le ministre de l'instruction publique. Imprimerie nationale. In-folio avec atlas. (Collection de documents inédits sur l'histoire de France.)

Traité élémentaire de numismatique générale, par J. Lefebvre. Abbeville, imprimerie et librairie de Jeunet, librairie de Grare. Paris, librairie de Derache, in-8° de 352 pages.

Lettres du baron Marchant sur la numismatique et l'histoire. Nouvelle édition augmentée de fragments inédits de l'auteur, et annotée par plusieurs numismatistes et archéologues. Paris, librairie de Leleux, in-8°.

Recherches sur l'origine des journaux et esquisse historique sur Jean Loret, de Carentan, poëte et journaliste, par M. Pezet, Bayeux, in-8° de 72 pages.

BELGIQUE.

Les vraies chroniques jadis faites et rassemblées par vénérable homme et discret seigneur monseigneur Jehan le Bel, chanoine de Saint-Lambert de Liége, retrouvées et publiées par M. L. Polain, conservateur des archives de l'État, à Liége, membre de l'Académie royale de Belgique, etc. Mons, imprimerie d'Emm. Hoyois, 1850, in-8° de 27 pages et feuillets non numérotés. On sait que Froissart, dans le prologue de son premier livre, nous apprend qu'il a « fondé et ordonné» son récit sur les chroniques composées par Jean le Bel, chanoine de Saint-Lambert de Liége. Cette indication devait naturellement fixer l'attention des érudits et provoquer leurs recherches. Il était important de connaître la source à laquelle le principal historien du XIV siècle reconnaissait avoir puisé une grande partie de ses récits. On avait donc exploré depuis longtemps les manuscrits des bibliothèques de l'Europe, dans l'espoir d'y retrouver l'ouvrage inédit de Jean le Bel; mais cette découverte, plusieurs fois annoncée, avait été jusqu'ici vainement attendue; on peut la regarder

aujourd'hui comme certaine, et c'est à M. Polain de Liége qu'en revient l'honneur. Ce savant archiviste, ayant examiné deux manuscrits de la bibliothèque de Belgique contenant une chronique inédite de Jean d'Outremeuse, écrivain Liégeois du XIV siècle, remarqua un passage dans lequel cet auteur déclare avoir reproduit, pour le récit des événements postérieurs à l'année 1325, l'ouvrage de Jean le Bel, son compatriote et contemporain. Jean d'Outremeuse a conduit son travail jusqu'à l'année 1399; malheureusement, les manuscrits qu'on en a conservés sont incomplets. Le quatrième livre, emprunté probablement à Jean le Bel comme une grande partie des trois premiers, est depuis longtemps perdu; ainsi, du texte de Jean le Bel, transcrit par d'Outremeuse, M. Polain n'a retrouvé et ne publie que ce qui se rapporte à la période comprise entre les années 1325 et 1340, et correspondant aux chapitres I-CXLVI du premier livre de Froissart. Le témoignage de d'Outremeuse ne permet pas de douter que ce texte n'appartienne réellement à Jean le Bel; toute incertitude disparaît, d'ailleurs, si on le compare avec celui de Froissart, qui s'est presque borné à les copier dans les cinquante premiers chapitres de ses chroniques. Les différences entre les deux textes ne sont sensibles, comme le remarque l'éditeur, qu'après le quatre-vingtième chapitre du premier livre de Froissart; elles le deviennent plus encore après le quatre-vingt-dix-huitième, à partir duquel le récit, chez ce dernier historien, prend des dévelopements qu'on ne rencontre pas dans l'œuvre du chanoine de Liége. La publication des chroniques de Jean le Bel n'enrichira donc l'histoire d'aucun fait important, mais elle a le mérite de fixer l'opinion sur un point d'histoire littéraire digne d'intérêt. On sait maintenant ce que Froissart a emprunté à son devancier et ce qui lui appartient en propre. Le nom de Jean le Bel donne aussi plus d'autorité à la partie du récit qui embrasse les années 1325-1340, c'est-à-dire les règnes de Philippe de Valois et d'Édouard III. Froissart, en effet, ne peut être considéré comme contemporain des événements de cette époque; trop jeune alors « de sens et d'âge, il ne pouvait choisir un meilleur garant que Jean le Bel, témoin de la plupart des faits et placé pour les bien juger. Le texte que fait connaître M. Polain peut, d'ailleurs, fournir d'utiles variantes à la nouvelle édition de Froissart que prépare M. Lacabane pour la société de l'histoire de France. Les soins donnés à cette intéressante publication méritent certainement des éloges; mais nous regrettons que M. Polain ait adopté pour son livre la forme d'un fac-simile d'édition gothique, et qu'il l'ait fait tirer à un petit nombre d'exemplaires qui ne sont pas dans le commerce. Nous aurions souhaité une publicité plus réelle pour ce document important, et pour le service que l'éditeur a rendu aux études historiques.

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Histoire de Flandre. Bruxelles, imprimerie de Delevingne et Callewaert, librairie de Vandale; Paris, librairies de Roret, de Durand, de Dumoulin et de Techener. 1847-1850, 6 vol. in-8° de XLV-432, 631, 618, 540, 549 et 556 pages.-M. Kervyn de Lettenhove, auteur de ce livre, a choisi un sujet bien souvent traité ; il a su le rajeunir par la variété des recherches, par la nouveauté d'un grand nombre de détails, et presque constamment par l'intérêt du récit. Son ouvrage, d'une étendue considérable, est le fruit d'un travail consciencieux et persévérant. M. de Lettenhove s'est donné la tâche de célébrer la puissance et la grandeur de la Flandre au moyen âge. Comme on devait s'y attendre, il considère un peu toutes choses au point de vue flamand, et parfois cette préoccupation l'entraîne peut-être à des appréciations hasardées. Pour citer un exemple, il ne pardonne guère à Philippe Auguste la victoire de Bouvines; et, sous l'impression de ce ressentiment, il prétend que ce prince « détestait les nobles et les chevaliers, parce qu'il ne comprenait

pas leur courage et ne pouvait souffrir tout ce qui lui rappelait la guerre. » Philippe le Bel, l'organisateur du pouvoir judiciaire en France, est, aux yeux du nouvel historien, «un tyran qui sapa toutes les institutions nationales. » On ne saurait sans doute justifier toute l'administration de Philippe le Bel; mais son crime capital ne serait-il pas, pour M. de Lettenhove, d'avoir battu les Flamands à Mons en Pévèle ? Outre ces témoignages de partialité, on regrette aussi de rencontrer parfois, dans un livre si recommandable à tant d'égards, des inexactitudes sur des détails fort connus de notre histoire. Ainsi l'auteur affirme, sur la foi des documents les plus suspects, que Jeanne d'Arc était issue de parents nobles (t. IV, p. 244); ailleurs, il défigure, sous cette forme bizarre, « Poton de Sainte-Traille, » le nom d'un des capitaines français les plus renommés du xv° siècle (ibid., p. 225). Mais nous n'insisterons pas sur ces taches légères, et nous nous bornerons à signaler, aux amis des études historiques, la nouvelle histoire de Flandre, comme une des plus complètes et des plus attachantes qui aient été écrites jusqu'ici. Après une introduction de XLV pages, le tome I s'ouvre par une étude sur l'histoire de la Flandre pendant les temps antérieurs au 1x siècle. Abordant ensuite plus spécialement son sujet, M. de Lettenhove traite, dans le reste du volume, des événements qui se sont accomplis en Flandre depuis le gouvernement des forestiers jusqu'à la mort de Guillaume de Normandie (1188). Cette date est considérée par l'auteur comme la fin de l'époque féodale. Le tome II continue le récit depuis l'avénement de Thierry d'Alsace jusqu'à la mort de Gui de Dampierre (1304); et le tome III, depuis le traité d'Athies jusqu'à la bataille de Roosebeke (1383); ces deux volumes embrassent toute l'époque communale. Les tomes IV et V, où se pressent les événements les plus importants, comprennent, de 1383 à 1500, l'époque de la domination des ducs de Bourgogne, depuis l'avènement du duc Philippe le Hardi jusqu'aux traités de Damme et de Cadzand. L'Histoire des règnes de Charles-Quint, de Philippe II, d'Albert et d'Isabelle et de Philippe IV en Flandre, occupent la plus grande partie du tome VI. Les derniers chapitres exposent avec moins de développements les faits qui se sont accomplis sous les règnes suivants jusqu'à la mort de l'empereur Léopold II (1792). L'ouvrage laisse à désirer une table des noms et des matières; il est, d'ailleurs, accompagné de pièces justificatives, pour la plupart importantes, tirées des archives de Belgique et de France.

TABLE.

Essai sur l'histoire de la critique chez les Grecs (1o article de M. Patin)....... Page 577 Die unteritalischen Dialekte, etc. Des dialectes de l'Italie inférieure (1°r article de M. Hase)...

588

Leibnitii animadversiones ad Cartesii principia philosophiæ, etc. (3° et dernier article de M. V. Cousin)...

599

Ordonnances des rois de France de la 3 race (1° article de M. Ch. Giraud).. . ..
Nouvelles littéraires....

611

626

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

NOVEMBRE 1850.

Recherches SUR L'AGRICULTURE ET L'HORTICULTURE DES CHINOIS, et sur les végétaux, les animaux, et les procédés agricoles, que l'on pourrait introduire avec avantage dans l'Europe occidentale et le Nord de l'Afrique, suivies d'une analyse de la grande Encyclopédie agricole, appelée Chéou-chi-thong-Khao, par M. le baron Léon d'Hervey-Saint-Denys, membre de la Société asiatique de Paris, 1 vol. in-8° de 262 pages; Paris, 1850,

Voici un livre, qui vient bien à son temps. Le sujet est à la mode. Jamais peut-être on n'a fait chez nous, autant d'agriculture orale, et légale. De celle-ci je n'ai rien à en dire; res sacra. Quant à l'autre, il est d'autant plus permis d'en parler, que son but principal est, je crois, que l'on en parle. Je mets dans cette catégorie, celle que d'estimables savants font spéculativement dans leur cabinet, sans avoir besoin de s'astreindre aux minuties de la pratique; et encore, à des titres plus étonnants sans doute, celle que nous révèlent, par intervalles, ces Christophe Colomb de l'art rural, les inventeurs de végétaux géants, ou de fumier concentré en bouteilles, qui, pour peu de chose, vont enrichir infailliblement les cultivateurs. D'un côté il n'y a que la gloire, de l'autre le profit; mais, pour le public, l'issue est souvent à peu près pareille. Depuis les infortunes de l'Homme aux quarante écus, d'abord à demi ruiné en suivant les prescriptions agronomiques d'un illustre académicien, puis achevant de perdre le reste de son argent sur la foi d'un autre, qui lui promettait qu'avec une avance de 4000 francs, il allait se faire 4000 livres de rente en artichaux, on a vu perpétuellement les mêmes assurances et les mêmes effets se reproduire sous mille formes, avec une recrudescence toujours nouvelle. Est-ce à dire que les savants ont juré la perte des praticiens? Non sans doute. Ils prétendent, ils peuvent effectivement, leur fournir des notions infiniment utiles, sur la nature du sol et des engrais propres à le féconder; sur l'organisation des animaux et des végétaux; sur la composition chimique des produits qu'ils donnent, et du

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