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Il contient la découverte de l'acide iodique, à l'état solide et cristallisé, tandis que Gay-Lussac ne l'avait obtenu qu'en dissolution dans l'eau, ou en combinaison avec des bases, de manière à en donner toutefois l'analyse exacte. Du reste, par une conséquence naturelle, ces mémoires de Davy offrent une riche collection de faits détachés, habilement vus, plutôt qu'un travail d'ensemble. Gay-Lussac, mieux pourvu de matière, d'instruments, et de temps, effectua ce travail dans les sept premiers mois de 18141. Guidé par l'analogie qu'il avait reconnue entre le chlore et l'iode, il développa savamment et patiemment ce parallèle. Il suivit la nouvelle substance dans toutes ses combinaisons, acides, salines, métalloïdes, éthérées, dont il assigna la composition; et il fixa toutes ses propriétés spéciales, si exactement, que l'on a pu seulement, depuis, étendre les résultats qu'il avait obtenus, ou perfectionner les procédés qu'il avait employés, sans rien trouver à reprendre à ses déterminations. Étant parvenu à extraire l'acide iodique des iodates, le même sentiment de correspondance le conduisit à extraire pareillement l'acide chlorique des chlorates, d'où on ne l'avait pas encore retiré; et il en donna l'analyse exacte en proportions de poids, ainsi que de volumes. Son mémoire, inséré au tome XCI des Annales de chimie, présente un remarquable ensemble de toutes les connaissances physiques et chimiques, appliquées à l'étude d'un nouveau corps, avec une sûreté de jugement, et une finesse de tact, qui ne laissent rien d'incertain ou d'inexploré. Il est aussi complet et parfait qu'un travail chimique peut l'être, à son temps donné. C'est là que Gay-Lussac donna le premier exemple de l'emploi qu'on peut faire de la loi des volumes, pour conclure, par induction, la densité des vapeurs des corps, que l'on ne sait pas vaporiser matériellement. Il se servit de cette méthode pour calculer la densité de la vapeur de l'iode qui n'était pas encore connue; et l'expérience a confirmé depuis cette détermination, si hardie alors.

<«< Un an plus tard, en 1815, Gay-Lussac mit le sceau à sa réputation de chimiste, par la découverte de l'azoture de carbone, ou cyanogène. Indépendamment d'une multitude de faits nouveaux qu'elle a donnés, et de la lumière qu'elle a jetée sur beaucoup de points jusqu'alors obscurs, cette découverte a été d'une haute importance pour la science chimique, sous deux rapports. D'abord, parce qu'elle a offert le premier exemple d'un corps composé, qui porte et garde, dans ses com

1813, lu à la Soc. royale, 20 janvier 1814; même volume, page 487, daté de Florence 23 mars 1814, lu à la Soc. royale 16 juin 1814. Trans. Philos. pour 1815. page 203, daté de Rome, 10 février 1815, lu à la Soc. royale 20 avril 1815. Son mémoire fut lu à l'Institut le 1 août 1814.

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binaisons, les caractères de simultanéité que l'on avait cru jusqu'alors appartenir aux substances réputées simples; en outre, parce que, venant après la découverte de l'iode, et après l'hypothèse faite sur la simplicité duchlore, elle acheva de montrer avec évidence que l'oxygène n'entre pas comme élément nécessaire, dans la composition des corps qui possèdent les propriétés d'un acide ou d'un sel. Gay-Lussac étudia ce nouveau produit, dans toutes ses phases de combinaisons et d'isolement1: il détermina toutes ses propriétés physiques et chimiques immédiates. Il définit rigoureusement sa composition, par deux procédés d'analyse précis et divers: d'abord en le faisant détoner dans l'eudiomètre de Volta; puis en le brûlant par le bioxyde de cuivre, ce qui était un perfectionnement considérable de la méthode qu'il avait antérieurement imaginée avec M. Thenard, pour analyser les matières organiques par voie de combustion. Il développa alors toutes les particularités de constitution, tant du cyanogène même, que de ses combinaisons, dans leurs rapports avec la loi des volumes qu'il avait découverte. On retrouve, dans ce beau travail, toutes les excellentes qualités d'esprit qu'il avait montrées dans l'étude de l'iode. Mais la sagacité et la sûreté avec lesquelles il sut saisir les caractères si imprévus du nouveau produit qu'il avait formé, complétèrent l'idée que l'on avait conçue de son mérite, en y ajoutant la gloire d'un inventeur pénétrant et prudent.

<«< Ici, il donna le second exemple pratique, de la loi des volumes employée pour calculer la densité des vapeurs des corps non vaporisables. Les nombreuses vérifications qu'il en avait faites sur les composés divers des corps gazeux, lui ayant inspiré toute confiance dans ses applications, il eut la hardiesse d'en conclure la densité que devait avoir la vapeur du carbone, laquelle se trouvait être un élément commun à toute la série des produits qu'il avait à étudier. Il l'inféra de la composition de l'acide carbonique, en supposant que 1 volume de ce gaz renferme volume d'oxygène, plus 1 volume de vapeur de carbone, sans condensation; et le nombre ainsi obtenu lui servit ensuite avec succès, pour exprimer tous ses autres produits par des rapports simples de volumes, d'où résultait leur composition pondérale. Evidemment la certitude de ce genre d'induction n'est pas absolue, puisqu'elle se fonde sur le rapport de contraction ou d'expansion que l'on attribue aux vapeurs composantes, dans les vapeurs composées, en leur appliquant de plus la loi de Mariotte qui ne s'y adapte pas avec une entière rigueur. Mais, sauf ce dernier inconvénient, qui est inévitable, le rapport supposé devient

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d'autant plus probable, qu'on l'établit, dans chaque cas, sur des analogies de combinaisons plus intimes. D'ailleurs, d'après le principe général de la loi, si le nombre représentatif de la densité auquel on est conduit, n'est pas le véritable, il en sera toujours approximativement un multiple simple; ce qui permettra de l'introduire dans la série des combinaisons, sans dénaturer leurs relations esssentielles. Cette extension donnée par Gay-Lussac à la théorie des proportions définies, a été une des innovations les plus hardies et les plus fécondes que l'on ait apportées, de nos jours, dans la science chimique.

« Poursuivant toujours la même vue, il montra peu après, dans une courte note, comment des corps composés, physiquement très-divers, étant considérés à l'état de gaz, peuvent être idéalement constitués par des groupes de vapeurs représentant d'autres corps, toujours les mêmes, mais assemblés en nombres divers et simples, de volumes gazeux. Cette conception est reconnue aujourd'hui comme la seule rationnelle et générale, par laquelle on puisse exprimer et mettre en évidence, les rapports de composition des substances organiques entre elles. Il ne faut pas imputer à ce principe l'abus qu'on en a pu faire, en prenant, contre l'intention de son auteur, ces possibilités de représentation pour des réalités absolues, comme cela est arrivé trop

souvent.

«L'espace nous manque pour analyser, même pour mentionner, une foule d'autres travaux importants de Gay-Lussac. Nous avons pu citer seulement, parmi leur grand nombre, ceux qui nous ont paru le mieux le caractériser. Pendant les années qu'il y consacra, son talent reconnu l'éleva sans effort, à tous les honneurs des sciences. Professeur de physique ou de chimie, dans plusieurs établissements publics, il porta dans son enseignement, comme partout ailleurs, la dignité simple et un peu froide de ses manières, avec la netteté, la droiture, la justesse d'appréciation, qui étaient habituelles à son esprit. Mais ensuite, une autre carrière, sinon plus belle ou plus attrayante, du moins plus profitable à ses intérêts de fortune, s'ouvrit pour lui, et l'absorba bientôt presque entièrement. Depuis 1805, il était membre du comité consultatif des arts et manufactures, établi près le ministère du commerce. En 1818, on l'attacha aussi à l'administration des poudres et salpêtres. Il s'était marié en 1808, à une personne dont l'affection répondait à la sienne, et il était devenu père de famille. Dans ces circonstances, il parut regarder désormais comme un devoir de tourner son talent vers les applications.

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Ce fut ainsi qu'il publia successivement des instructions pratiques d'une grande utilité, sur la fabrication de l'acide sulfurique hydraté, sur les essais des chlorures décolorants, des alcools, des alcalis employés aux usages du commerce, etc. On y retrouve son même caractère d'adresse ingénieuse, d'exactitude, d'habileté prudente, adapté avec une rare intelligence, à la simplicité des manipulations industrielles. En cherchant à se rendre l'industrie profitable, il voulait aussi l'avancer; et son intégrité n'aurait consenti pour aucun prix, comme le font tant d'autres, à propager, ou à étayer par l'autorité de son nom, des procédés, ou des entreprises, dont le succès ne lui aurait pas paru assuré scientifiquement. C'était toujours le même homme, dans une autre sphère. En 1829 il fut nommé essayeur du bureau de garantie de la monnaie, emploi très-lucratif; et, au lieu des procédés de la coupellation employés exclusivement jusqu'alors, il imagina et introduisit dans les opérations qu'on lui confiait, l'essai de l'argent par la voie humide, ce qui leur donna un degré nouveau et remarquable de facilité, de rapidité, de précision. Il prit aussi de sérieux intérêts dans une fabrique de glaces, qui furent suivis de grands avantages réciproques. Depuis qu'il fut entré dans cette voie des affaires, il dut, pour sa consistance même, désirer d'avoir une place dans les grandes assemblées politiques. Il fut nommé membre de la chambre des députés en 1831; puis en 1839, membre de la chambre des pairs. Mais, heureusement pour lui, il échappa aux inconvénients de ces positions périlleuses, parce que, n'y remplissant que le rôle passif d'un savant considéré, il s'arrangeait politiquement à peu près de tout, et ne faisait obstacle à personne. Cette dernière phase de sa vie, fut donc honorablement industrielle et sociale, plutôt que scientifique. Il est mort le 9 mai 1850, d'une atrophie du cœur, dans sa 72° année, après s'être longtemps bercé de l'espérance de revenir un jour aux nobles travaux qui avaient fait sa célébrité.

J. B. BIOT.

DIE UNTERITALISCHEN DIALEKTE, etc. Les dialectes de l'Italie inférieure, par Théodore Mommsen, avec dix-sept planches lithographiées et deux cartes. Leipzig, chez George Wigand; de viij et 368 pages in-8°.

deuxième et dernier article 1.

Après avoir suivi M. Mommsen dans les villes autrefois florissantes, Voir, pour le premier article, le cahier d'octobre 1850, p. 588-599.

aujourd'hui déchues, de la province d'Otrante, au travers des terres mal cultivées ou tout à fait incultes de l'ancien séjour des Messapiens, nous arrivons avec lui à la troisième partie de son travail, qui a pour sujet une nation plus considérable, des monuments plus nombreux et des souvenirs moins confus. Cette partie (p. 99-316), à notre avis la plus importante du volume, est consacrée tout entière à l'idione qu'on devrait peut-être appeler la langue des Samnites, mais qui, depuis l'antiquité, est connu sous le nom de la langue osque, idiome parlé jadis par plusieurs peuples parvenus à un certain degré de civilisation et de puissance, mais qui, divisés entre eux, ont dû succomber, l'un après l'autre, sous les forces prépondérantes de Rome, dirigées par la volonté énergique d'un sénat habile, persévérant et souvent perfide. La grande famille des Osques, appelés Òлixoìl par les Grecs, Opsci, et plus tard Osci en latin, occupait, dans la péninsule italique, un si vaste espace, elle se divisait en tant de branches différentes, qu'il est difficile aujourd'hui de fixer, d'après les médailles des villes et la provenance des inscriptions, les limites précises des contrées occupées jadis par ces anciens adversaires de Rome; il est plus difficile encore de déterminer en quoi différaient les dialectes nombreux de leur langue; car, s'il faut en croire Scylax qui vivait au quatrième siècle avant notre ère, on distinguait cinq de ces dialectes ou bouches chez les seuls Samnites1. M. Mommsen établit néanmoins (p. 110) deux divisions principales qui, ce nous semble, seront admises même par les esprits d'une justesse sévère et qui se piquent d'être difficiles en preuves. D'après le témoignage des monuments, il distingue l'osque pur de l'Italie centrale, ayant une écriture particulière, et l'osque du midi, écrit en caractères grecs et modifié par l'influence des colonies helléniques. Vers l'an 410 de Rome, où commença la guerre des Samnites, l'osque pur était la langue de ceux-ci; il était également parlé non-seulement dans la Campanie mais encore sur le littoral de l'Adriatique, depuis les environs de Chieti jusqu'à ceux du mont Gargano; il s'étendait donc, dans cette partie de

* Peripl. 5 15 : Εν δὲ τούτῳ τῷ ἔθνει γλῶσσαι, ἤτοι στόματα, τάδε, Λατέρνιοι, Οπικοί, Κραμόνες, Βορεοντῖνοι, Πευκετιεῖς. Μ. Mommsen fait observer (p. 109) que les Ônixol étant la première tribu samnite avec laquelle les Grecs eurent des relations suivies, les Hellènes donnèrent ce nom, comme les Romains celui d'Osci, à toute l'agglomération des peuples parlant la même langue. Quant au mot altéré Aatépvioi, M. Mommsen propose de lire Aλatépviot: ce seraient alors les habitants de Nucerial Alfaterna, ville très-ancienne située au pied du Vésuve, entre Naples et Salerne. Cette conjecture nous semble en tout point préférable à celle d'un savant éditeur qui, au mot Λατέρνιοι, voulait substituer celui de Λατίνοι. Les Latins n'ont jamais fait partie de la grande famille osque.

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