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Procès-verbal de la séance du tribunal révolutionnaire
du 18 prairial an 2o (extrait).

Du 18 prairial an 2o de la République...... heure de 10 du matin... le tribunal composé des citoyens Pierre-André Coffinhal, vice-président, Jean Ardouin et Etienne Masson, juges, de MichelNicolas Grébauval accusateur public, et de Anne Ducray, commisgreffier..... ont été introduits les ci-après nommés accusés, et le citoyen La Fleutrie, conseil et défenseur officieux.....

.....

Victoire Leclerc, veuve La Batty, âgée de trente-quatre ans, officier fourrier de Capet, native de Compiègne, demeurant à Vitry-sur-Marne, département de la Marne.....

Est comparu comme témoin, la citoyenne..... Marguerite Erouard, femme Josseraud.....

Questions soumises au jury.

Il existe une conspiration contre la sûreté et la souveraineté du peuple François, tendante à anéantir la liberté, à dissoudre la représentation nationale, et à rétablir la royauté en France, et pour la faire réussir il a été entretenu des intelligences et correspondances avec les ennemis extérieurs de la République, pour faciliter leur entrée dans le territoire Français, il a été tenu des propos tendant à soulever le peuple contre les autorités constituées, et fait des protestations contre des décrets qui anéantissent la royauté. . 9. Victoire Leclercq, veuve du nommé La Batty, officier de fourrière des écuries de Capet, est-elle auteur ou complice de cette conspiration?

La déclaration du jury est affirmative sur les questions ci-dessus, le 18 prairial l'an 2o de la République française, une et indivisible. Signé Coffinhal, Ducray.

:

Extrait du jugement du tribunal.

Vu par le tribunal criminel révolutionnaire, l'acte d'accusation dressé par l'accusateur public près iceluy..... contre Victoire Leclerc, veuve La Batty... la déclaration du jury faite individuellement, à haute et intelligible voix..... portant que........... Victoire Leclercq, veuve La Batty, est auteur ou complice de cette conspiration.

Le tribunal après avoir entendu l'accusateur public sur l'application de la loy, condamne ladite veuve La Batty à la peine de mort, conformément à l'article 4 de la 1re section du titre I de la 2e partie du code pénal, dont il a été fait lecture et qui est ainsi conçu : << Toute manœuvre, toute intelligence avec les ennemis de la France..... seront punies de mort. »

Et encore conformément à l'article unique de la loi du 4 décembre 1792 (vieux style) dont il a été aussi fait lecture, et qui est ainsi conçu : « La Convention nationale décrète que quiconque proposeroit ou tenteroit d'établir la royauté en France..... sera puni de mort. » Déclare les biens des condamnés acquis à la République..... Ordonne qu'à la diligence de l'accusateur public, le présent jugement sera mis à exécution dans les vingt-quatre heures sur la place de la Révolution de cette ville, imprimé, publié et affiché dans toute l'étendue de la République.

Fait et prononcé, le dix-huit prairial an 2°..... à l'audience publique du tribunal..... Signé : Coffinhal, président, Masson et Ardouin, juges; Ducray, commis-greffier.

NÉCROLOGIE

CHAMPOLLION-FIGEAC

Nous avons le regret d'annoncer la mort de M. ChampollionFigeac, doyen des archéologues de France, officier de la Légiond'Honneur, Bibliothécaire du Palais impérial de Fontainebleau, décédé en cette résidence, le 9 mai, dans sa quatre-vingt-dixième

année.

La presse de Paris et des départements a déjà retracé la vie et les travaux de ce vénérable savant. Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs quelques extraits que nous avons empruntés à l'Abeille de Fontainebleau et à la Chronique du Dauphiné.

On lit dans l'Abeille de Fontainebleau du 20 mai 1867 :

« Samedi dernier, au moment où nous mettions sous presse, avaient lieu les obsèques de M. Champollion-Figeac.

« Le vénérable Bibliothécaire du Palais impérial avait vécu de longues années sans doute, mais, quoique parvenu à un âge que peu de nous peuvent espérer atteindre, il avait été si miraculeusement préservé des défaillances de la sénilité, sa vie active et studieuse s'était si heureusement prolongée, que la nouvelle de sa mort a causé autant de surprise qu'elle a provoqué de regrets. Aussi une assistance nombreuse et recueillie remplissait notre église paroissiale, se pressant autour de son cercueil.

<< Le deuil était conduit par le fils du défunt, M. ChampollionFigeac, chef du Bureau des archives départementales au ministère de l'intérieur, et par un de ses neveux, M. Berriat Saint-Prix, Conseiller à la Cour impériale de Paris.

<< Dans l'assistance, nous avons remarqué : M. le général marquis de Toulongeon, Aide de camp de l'Empereur; M. le général comte de Polignac, commandant militaire du Palais; M. le général baron d'Alphonse; M. le baron de Lagatinerie, commissairegénéral de la marine impériale; M. Guibourg, sous-préfet ; M. Guérin, maire; M. le colonel Elias, commandant en second du Palais; M. Paccard, architecte de la Liste civile; M. de Neuflieux, inspecteur des forêts de la Couronne; M. Lamy, régisseur du Palais; M. le marquis de Saluces; M. Jules David, etc., etc.

<< Parmi les personnes venues du dehors, nous citerons : M. de Stadler et M. Bertrandy, inspecteurs-généraux des Archives, tous deux élèves de M. Champollion à l'école des Chartes; M. Paul Dacier, petit-fils du célèbre Dacier, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'ami le plus intime, le plus dévoué de M. Champollion; M. Lemaire, archiviste de la préfecture de Seine-et-Marne, etc., etc.

« Un cortège considérable a accompagné la dépouille mortelle de M. Champollion jusqu'au cimetière, où, après les dernières prières, deux discours ont été prononcés : le premier par M. Jules David, le second par M. Bertrandy, inspecteur-général des archives.

E. B.

DISCOURS DE M. JULES DAVID.

Je devrais hésiter à prendre la parole ici, mais ma reconnnaissance et celle de la Société littéraire que je représente, a besoin de s'épancher, et nous ne pouvons nous résoudre à en retarder l'expression. La Société des sciences, des lettres et des arts de Fontainebleau est modeste; mais elle était orgueilleuse de son Président d'honneur, fière de son concours, heureuse de son suffrage; et il avait tant de bonté pour nous instruire, tant d'amabilité pour nous conseiller, tant d'autorité pour nous exciter au travail,

que, pour celui qui vous parle surtout, sa bienveillance était un encouragement et son approbation une récompense. Aussi bien, c'était un honneur précieux pour nous tous de jouir encore de la conversation si fructueuse d'un de ces savants, dont la France a droit de s'enorgueillir.

Quelle plus belle existence et plus remplie, en effet, que celle de Champollion-Figeac: Professeur de Faculté à Grenoble, au renouvellement de l'Université, il devint un helléniste assez habile pour remporter un prix à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, prix dont il fit plus tard un livre très-remarquable sur la Chronologie des Lagides, et qui lui mérita l'estime et bientôt la confiance du célèbre Dacier. Auparavant, il avait étudié à la fois et les antiquités et la langue du pays où il résidait alors, et la ville de Grenoble lui doit une partie de ses annales. Enfin, il fit l'éducation scientifique de l'illustre frère qu'il précédait dans la vie, et, comme il le disait avec tant de grâce, il en fut successivement le maître, le collaborateur et l'élève. Puis, une fois ce frère mort avant l'âge, malgré ses graves et nombreuses occupations, malgré ses fonctions si délicates de Conservateur des chartes et diplômes à la Bibliothèque du roi, Champollion-Figeac employa tous ses loisirs, tout le temps qu'il aurait pu consacrer à sa propre renommée, à rassembler, à corriger, à mettre au jour l'œuvre immortelle de son frère. Dieu semble avoir béni cette mission si utile, si désintéressée et si touchante en lui accordant de longs jours, en lui laissant le temps d'achever sa publication fraternelle, et même de répondre au vœu de l'Empereur en terminant l'ouvrage si important et définitif qu'il laisse sur cette résidence impériale, dont il était le bibliothécaire, digne héritier des Budé, des Casaubon et des de Thou.

Adieu Champollion, vénérable maître! - Homme de bien, d'une politesse exquise, d'une amabilité affectueuse, tous ceux qui t'ont connu te regrettent du fond du cœur; homme de talent, la France n'oubliera pas ton nom, et la postérité l'associera à la gloire de ton frère!

DISCOURS DE M. BERTRANDY.

Je veux aussi adresser publiquement un dernier adieu à celui dont nous déplorons la perte.

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