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trois volumes de Mémoires que deux notices qui soient du ressort de notre section, l'une consacrée à la numismatique locale, l'autre à l'archéologie religieuse. Ces deux notices, quoique fort courtes, présentent de l'intérêt et doivent encourager les sociétaires à donner plus de place à l'archéologie dans leurs travaux.

M. A. M. Garcin, dans un mémoire très-judicieux, a examiné le prétendu droit qu'auraient eu les évêques d'Apt de frapper monnaie dans leur diocèse. La plupart des écrivains numismatistes avaient attribué aux évêques d'Apt une petite monnaie de billon, sans légende, portant une croix et une crosse, qu'on rencontre quelquefois. dans les fouilles sur le territoire de l'ancien diocèse d'Apt. Ces écrivains ne faisaient que reproduire, à cet égard, le témoignage des historiens du pays et de la Provence, accepté sans contrôle par les auteurs du Gallia christiana. Le savant Poeye d'Avant, en répétant le même fait, avait pourtant émis un doute indirect, en ces termes: Ce qu'il y a de certain, c'est que l'on n'a pas encore trouvé les espèces des seigneurs ou évêques d'Apt.» M. A. M. Garcin, après avoir consacré plus de vingt ans à l'étude de la question, n'hésite pas à déclarer que jamais les évêques d'Apt n'ont eu de monnaie particulière.

En effet, aucun document relatif aux évêques d'Apt ne constate qu'ils aient battu monnaie et que ce droit leur ait été reconnu, soit par les empereurs d'Allemagne, car Apt était au nombre des villes impériales, soit par les seigneurs féodaux du pays. Ces évêques avaient un sceau sur lequel se déployait l'aigle impériale, mais ils ne frappaient pas de monnaie épiscopale, quoiqu'ils s'attribuassent dès le x siècle la qualification de princes, et qu'ils eussent alors l'investiture d'une espèce de souveraineté sur une partie de la ville d'Apt. L'autre partie de la ville se trouvait sous le pouvoir féodal de la puissante famille de Simiane; les seigneurs de cette famille. s'intitulaient princes de la cité. C'étaient eux qui se trouvaient en possession du droit de battre monnaie, comme le démontre un acte public du 6 janvier 1252, émané des consuls d'Apt, où il est dit expressément que les Simiane habent fabricaturam monetæ et cursum ejusdem.

Ce point établi, M. A. M. Garcin s'est mis en quête de la monnaie frappée par les seigneurs de Simiane, et il ne l'a pas trouvée plus que celle des évêques. Les raisons qu'il donne pour expliquer la disparition de cette monnaie ne sont pas trop satisfaisantes. Nous

admettons avec lui que ces pièces, d'un usage tout à fait local, ne pouvaient pas être très-nombreuses et très-répandues; mais encore devrait-on en découvrir quelque échantillon, si rare qu'il fût. Peutêtre le découvrira-t-on demain. Quant aux pièces à la crosse et à la croix, laissons-les jusqu'à nouvel ordre dans le champ vague des monnaies incertaines.

La notice de M. Marius Carbonnel, intitulée Le sarcophage chrétien de la cathédrale d'Apt, remet sous nos yeux cet intéressant monument des premiers siècles de notre ère, que l'illustre archéologue romain, M. de Rossi, avait déjà décrit dans son Bullettino di archeologia cristiana, en le comparant avec un sarcophage analogue découvert récemment à Rome, près des ruines de l'oratoire de SaintSauveur, hors la porte d'Ostie. Ce beau sarcophage, en marbre blanc, dont le couvercle a disparu, présente, sur sa principale face, la figure de Jésus-Christ entre celles des saints Sixte et Hippolyte. Les noms des deux saints, Sustus et Hyppolitus, inscrits au-dessus de chacun d'eux, ne laissent aucun doute sur leur identité. Il reste à deviner pourquoi ces deux saints martyrs ont été figurés sur ce sarcophage, dont on ne sait ni l'àge ni la destination. Les deux faces latérales offrent quatre autres figures, qui sont certainement les évangélistes, puisque le nom de l'une d'elles, Johannes, est encore lisible au-dessus de sa tête. M. de Rossi a pensé que les deux saints Sixte et Hippolyte avaient été représentés, de chaque côté du Christ, à cause de la célébrité qui entourait leurs noms dans le monde chrétien.

Ce sarcophage, dans lequel plusieurs archéologues provençaux avaient voulu retrouver le tombeau de Leonius, évêque d'Apt, existait probablement dans la cathédrale depuis une haute antiquité : il avait servi longtemps d'autel dans la chapelle du Saint-Esprit, ce qui donnerait lieu de croire qu'il avait originairement contenu des reliques ou du moins les restes d'un personnage mort en odeur de sainteté. Ce personnage avait eu peut-être une dévotion particulière pour les grands saints Sixte et Hippolyte : le premier, pape, le second, docteur, martyrisés en 252 et en 259, suivant la légende. La présence de ces deux saints dans le bas-relief du sarcophage s'explique, d'ailleurs, par le culte qu'on leur rendait dans la Gaule ainsi qu'à Rome. M. Marius Carbonnel ne s'est pas trouvé satisfait de cette explication générale, et il a voulu donner un sens plus intime à la décoration figurée du sarcophage. Il s'est demandé si le fondateur de

Téglise aptésienne, saint Auspice, premier évêque de la ville, martyrisé en 257, n'était pas un des apôtres que le pape Sixte II aurait envoyés dans les Gaules pour y prêcher la foi de Jésus-Christ. Cette supposition permettrait de regarder le sarcophage comme ayant reçu les reliques de saint Auspice, sous l'invocation des saints Sixte et Hippolyte, ses promoteurs et ses inspirateurs. Saint Hippolyte, en effet, est représenté tenant dans sa main ses œuvres de docteur de TÉglise saint Sixte montrant du geste le Christ qui tient sa croix et qui bénit. M. Marius Carbonnel, à l'appui de son système, que nous ne repoussons pas, fait observer que l'Église célèbre dans le mois d'août les fêtes des trois saints Sixte, Hippolyte et Auspice. Cette induction, tirée du calendrier légendaire, n'a pas la même valeur que celle qui ressort des concordances historiques d'après lesquelles saint Auspice aurait eu sa sépulture dans la cathédrale de la ville où il avait jadis apporté la religion du Christ, sous l'inspiration de saint Hippolyte et pendant la papauté de Sixte II.

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Au reste, M. de Rossi, qui n'avait sous les yeux qu'un dessin peu exact du monument, n'assigne aucune date à ce sarcophage, que M. Marius Carbonnel, qui nous en donne une fidèle reproduction, fait remonter au 1o ou v° siècle. (Les archéologues les plus compétents pensent qu'il ne serait que du vo ou même du vi° siècle.) Bien que le travail de ce tombeau, dit-il, annonce l'époque de la déca«dence de l'art, on ne peut se défendre d'admirer l'expression de quelques-unes des figures qui le décorent, celles du Christ et des évangélistes, par exemple. Ce monument fut longtemps abandonné dans la cour de la sacristie. Nous regrettons que la Société d'Apt n'ait pas encore songé à le conquérir, pour le sauver des dégradations qui le menacent et pour en faire en quelque sorte la première pierre d'un musée archéologique.

PAUL LACROIX,

Membre du Comité.

ANNALES DE L'ACADÉMIE DE MACON, SOCIÉTÉ DES ARTS, SCIENCES, BELLESlettres et d'agricULTURE, rédigées et mises en ordre par M. Charles Pellorce, secrétaire perpétuel.

Tome VI. Macon, 1867, in-8° de 435 pages.

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En parcourant ce volume, il nous a semblé que la Société d'agriculture, sciences et belles-lettres de Mâcon portait de préférence la majeure partie de ses travaux sur l'agriculture, et en particulier sur la viticulture. Au reste, sa prédilection pour cette branche de la science de l'agronome s'expliquerait fort bien rien que par la position géographique où se trouve celle Société. C'est ainsi, par exemple, que l'on trouve à la page 91 de ce recueil un rapport sur les vins du Mâconnais et du Beaujolais, présenté par M. de ParsevalGrandmaison, président de la Société, au jury d'admission des produits mâconnais envoyés à l'Exposition universelle de Londres de 1862. Les comptes rendus des comices agricoles tiennent aussi une grande place dans ce volume. Il y est également question de botanique et d'histoire naturelle, par exemple, du Bombyx Cynthia, ce nouveau venu qui, assure-t-on, doit prochainement détrôner notre pauvre et déjà bien vieux ver à soie, mais qui ne l'a pas encore fait. Pour l'histoire, on pourrait citer un bon travail sur les sources historiques du comté de Mâcon, dû à M. Michon, archiviste de la ville. Mais nous devons en laisser l'appréciation à nos collègues du comité d'histoire. Quant aux personnes qui s'occupent d'économie politique, elles trouveront à la page 61 un rapport sur les mémoires envoyés à l'Académie de Mâcon sur une question posée par elle en ces termes: Apprécier l'influence que les sociétés de -secours mutuels ont exercée en France, depuis leur création, sur -les classes pauvres des villes et des campagnes, et comparer l'action de ces sociétés à celle des bureaux de bienfaisance et des ins-titutions libres de charité, tant au point de vue moral qu'au point de vue matériel. Nous n'avons pas à nous occuper de la question. Seulement, tout en disant en passant que nous ne partageons pas toutes les opinions de l'auteur du rapport', qui nous a semblé se tenir un peu trop en garde contre l'influence du gouvernement dans les choses de la bienfaisance, nous ne saurions méconnaître le

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1 Ann. de l'Acad. de Macon, p. 61. L'auteur de ce remarquable rapport est

M. Boulland, avocat à Mâcon.

talent et la verve qu'il a mis à faire valoir sa thèse. Somme toute, il y a un peu de tout dans ce volume, jusqu'à des pièces de poésie. Mais passons vite, car nous pourrions citer telle d'entre elles qui rappelle un peu trop les beaux temps du Mercure Galant. Et penser qu'un des premiers noms qui se lisent dans la liste des membres de la Société est celui de Lamartine! Quoi qu'il en soit, et pour revenir à notre objet, c'est-à-dire l'archéologie, on peut regretter qu'elle ne soit représentée dans ce recueil que par un seul nom. Il est vrai que c'est celui de M. l'abbé Martigny, auteur d'un bon et utile dictionnaire des antiquités chrétiennes. Il a inséré dans le volume qui nous occupe deux travaux: l'un sur un sarcophage chrétien du musée lapidaire de Lyon, l'autre sur le poisson considéré comme mythe chrétien.

M. l'abbé Martigny, pour donner, et avec raison, plus de corps à son explication du sarcophage de Lyon, l'a fait précéder d'une notice sur les sarcophages chrétiens en général, et sur ceux de la Gaule en particulier. Il y parle successivement de leur àge, de leur matière et des sujets qui y étaient sculptés. Puis il y traite la question plus difficile de savoir s'ils ont été faits par des artistes chrétiens. Il se prononce pour l'affirmative. Passant ensuite au sarcophage de Lyon, il nous dit qu'il a été découvert, à ce que l'on croit, au xvi° siècle, dans un polyandre auprès de Balaruc, département de l'Ardèche, et qu'il a été acheté il y a quelques années pour le musée lapidaire de Lyon, où il figure sous le n° 764. C'est une auge de marbre blanc légèrement veiné de noir, qui a 2TM,28 de longueur. Sa face antérieure, la seule qui soit sculptée, offre une colonnade formant sept niches remplies de personnages, lesquels donnent, d'après l'explication de M. l'abbé Martigny, les cinq sujets suivants dans la première et dans la seconde niche se voit la résurrection de Lazare; dans la troisième, la guérison du paralytique; dans la quatrième, la prédiction du reniement de saint Pierre; dans la cinquième, la guérison d'un aveugle; enfin, dans les deux dernières, un épisode de la vie de Job. L'explication que M. l'abbé Martigny donne de ces cinq sujets paraît fort satisfaisante, et elle était assez difficile, vu l'état de dégradation du monument. Deux surtout de ces sujets nous semblent hors de conteste. L'un, c'est le deuxième, représentant la guérison du paralytique, est tout à fait reconnaissable par la présence d'un personnage plus petit que les autres et qui porte son grabat sur son dos,

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