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tion de M. le trésorier pendant le dernier exercice, sont mises aux voix et adoptées par l'assemblée.

Élections.

L'assemblée procède par la voie du scrutin, au renouvellement du quart des membres de son Conseil administratif, conformément au règlement, et au remplacement de trois de ses membres décédés depuis la dernière assemblée générale, savoir :

M. le duc Pasquier, dont les fonctions cessaient en 1866; M. le comte C. de Chabrillan, dont les fonctions cessaient en 1865;

M. Magnin, dont les fonctions cessaient en 1864.

Sont réélus, à la majorité des suffrages, membres du Conseil :

MM. BOULATIGNIER.

GUADET.

DE LABORDE.

DE LA VILLegille.

V. LE CLERc.

MM. LE TELLIER DE LAFOSSE,

HENRI MARTIN.

A. PASSY.
RAVENEL.

DE ROISSY.

M. SERVOIS est élu en remplacement de M. le duc Pasquier;

M. Edmond DUPONT, en remplacement de M. le comte de Chabrillan;

M. LE DUC DE LA TRÉMOILLE, en remplacement de M. Magnin.

MM. DUTENS et LALOY SOut réélus Censeurs.

Membres nouveaux.

M. le président proclame membres de la Société :

1323. M. RICHÉ, conseiller d'État, rue de Rivoli, 214; présenté par MM. Boulatignier et Fremy.

1324. M. GLANDAZ (Albert), avocat à la Cour impériale, rue de la Madeleine, 9; présenté par MM. Boulatignier et Groualle.

1325. M. William JACKSON, propriétaire, avenue d'Antin, 15; présenté par MM. Boulatignier et Walckenäer.

1326. M. Jules DE LA CHÈRE, avocat au conseil d'État et à la Cour de cassation, avenue des Champs-Élysées, 116; présenté par MM. Taillandier et Boulatignier.

1327. M. Léopold DUHAMEL, rue de Vaugirard, 6; présenté par MM. Pécoul et Dumoulin.

L'heure avancée ne permet pas d'entendre la lecture d'une notice historique de M. de Beaucourt.

La séance est levée à cinq heures et demie.

DISCOURS SUR LA VIE DE M. LE DUC DE PASQuier, l'un
DES FONDATEURS DE LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE
FRANCE, PAR M. DE BARANTE, DE L'ACADÉMIE FRAN-
ÇAISE, PRÉSIDEnt de la SOCIÉTÉ.

Messieurs,

La confiance dont vous m'honorez, en m'appelant à la présidence de la Société de l'Histoire de France, m'impose souvent un triste devoir. Presque tous les ans j'ai à vous entretenir de l'affliction et des regrets que nous cause la perte d'un de nos plus illustres confrères. Lorsque les liens d'une longue amitié m'unissent à celui dont je dois vous parler, cette tâche m'est douloureuse; mais je suis encouragé à m'en acquitter par la certitude que vous partagerez mes sentiments, et que vous n'oublierez pas que M. Pasquier était un des fondateurs de notre Société.

M. Pasquier était né en 1767. Sa famille remontait au célèbre Étienne Pasquier. Son père était conseiller au Parlement, ainsi que son grand-père, qui mourut en 1783. Il avait terminé ses études à l'âge de seize ans. En ce temps-là, la société et la conversation achevaient l'éducation de la jeunesse; elle y prenait le goût de l'esprit et de la littérature. Le dix-huitième siècle exerçait déjà toute son influence. Le premier livre de droit qui fut mis entre les mains du jeune Pasquier, c'était le Contrat social. Il n'avait pas vingt

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ans quand il fut reçu conseiller au Parlement. Alors, était convoquée l'assemblée des notables, ce point de départ de la Révolution. Il assista aux refus d'enregistrement du Parlement, aux lits de justice, à l'exil de Troyes, à l'arrestation des magistrats, à la destruction du Parlement, à l'essai de la Cour plénière, au retour de M. Necker et à la convocation des États généraux.

Dès lors se formèrent son opinion politique et son jugement sur la lutte des partis opposés. Il voyait l'imprudente folie de la cour, la nullité à laquelle le Roi se résignait, l'incapacité des ministres qu'on essayait; en même temps il s'effrayait de la Révolution, ne sachant pas jusqu'où elle pouvait aller. Il fut témoin de la prise de la Bastille et des massacres qui souillèrent cet élan vers la liberté, et qui furent bientôt suivis du 5 octobre.

Il suivait assidûment les séances de l'Assemblée constituante, sans être de l'avis d'aucun des partis. L'émigration lui paraissait déraisonnable et fatale pour le Roi et la royauté. Il était dans le jardin des Tuileries, le 10 août, lorsque le Roi vint se livrer à l'Assemblée. Il assista au procès du Roi; son père s'était joint à M. de Malesherbes et avait place auprès des défenseurs du roi.

M. Pasquier avait si peu caché ses opinions et ses affections qu'il n'était pas en sûreté à Paris. Lorsque commençait le règne de la Terreur, il se réfugia en Picardie; puis, ne s'y trouvant pas plus en sûreté, il revint se cacher aux environs de Paris. Il se risqua à venir y passer quelques jours pour se marier, puis il trouva asile dans un village auprès de Dammartin. Ce fut là qu'il apprit que son père avait été, ainsi qu'un grand nombre de magistrats du Parlement, envoyé au supplice par le tribunal révolutionnaire. Huit jours avant le 9 thermidor, il fut arrêté et conduit, avec Mme Pasquier, à la prison de Saint-Lazare. Ils n'étaient plus en danger, la Terreur avait cessé depuis que Robespierre avait péri sur l'échafaud. Mais la réaction n'était pas encore déclarée; il passa deux mois en prison. Lorsqu'il en sortit, il ne lui fut pas permis d'habiter Paris, dont le séjour était interdit aux anciens nobles. Il s'établit au village de Croissy; il y passa trois ans tranquille, sans se mêler aucunement de politique. Toutefois, il avait placé quelques espérances sur la réaction qui fut vaincue le 13 vendémiaire

par le général Bonaparte. Peut-être aurait-il réussi à être élu député au Conseil des Cinq-Cents, si la Convention n'avait pas triomphé.

La confiscation des biens des condamnés l'avait privé de l'héritage paternel. Cette loi fut abrogée, M. Pasquier revint habiter le manoir de famille, et se fixa dans le château de Coulans, non loin du Mans. Mais en 1798, lorsque le gouvernement du Directoire retombait en révolution, M. Pasquier se trouva menacé de la loi des otages et revint à Paris. Il y était, lorsque le 18 brumaire changea l'état de la France.

Ainsi que la plupart des modérés, M. Pasquier avait quelques préventions contre le général Bonaparte. Le souvenir du 13 vendémiaire et du 18 fructidor, le mauvais succès de l'expédition d'Égypte, ne donnaient pas l'idée qu'il était destiné à tirer la France de la situation déplorable où elle était tombée. Mais M. Pasquier ne tarda pas à en juger autrement, et à reconnaître le sauveur et le maître de la France.

Bientôt après, la victoire de Marengo, la paix imposée à l'Autriche, le Concordat surtout agissaient sur son esprit.

Un des bienfaits du gouvernement consulaire, dont M. Pasquier lui savait le plus de gré, c'était la renaissance de la société parisienne et de la conversation. Elle n'était pas pour lui un commérage élégant; il aimait qu'elle fût littéraire ou politique. Une contradiction animée ne lui convenait pas, mais il se plaisait à une discussion modérée et bienveillante. Dans les mémoires qu'il a laissés, il rappelle avec satisfaction les années de sa vie où il se complaisait dans une société aimable et spirituelle. Il ne recherchait pas les salons où régnaient les opinions des émigrés rentrés dans leur patrie. Il s'entendait mieux avec les opinions impartiales qui s'exprimaient en toute liberté. Elles étaient généralement favorables à l'état actuel, et n'étaient inspirées par aucun calcul d'ambition.

Parmi ces diverses sociétés, il faut remarquer celle qui exerça le plus d'influence sur M. Pasquier. Mme de Beaumont, fille de M. de Montmorin, avait perdu, par les massacres ou les échafauds, père, frère, sœur. Elle avait, pendant la Terreur, trouvé un asile auprès de Montbard. Depuis le gouvernement consulaire, elle était venue s'établir à Paris.

Elle était ruinée, mais le charme de son esprit et de son caractère réunissait dans son modeste salon une société d'amis. Celui qui lui était le plus attaché, M. de Chateaubriand, attirait aussi auprès d'elle des hommes distingués et des femmes aimables. C'était au moment du grand succès d'Atala, ce premier signal d'une littérature nouvelle. Là se rencontraient M. de Fontanes, M. Molé, M. Joubert, M. Gueneau de Mussy.

Au moment où se formait cette société, les opinions politiques subissaient un grand changement. Les cruautés, les spoliations, la tyrannie révolutionnaires avaient fait place à un gouvernement et à un ordre de choses qui semblaient supprimer toute espérance d'un retour à l'ancien régime. Les amis de Mme de Beaumont en jugeaient ainsi. M. de Fontanes, dès les premiers jours du Consulat, s'était attaché au Premier Consul et à sa famille. M. de Chateaubriand avait accepté la mission de secrétaire d'ambassade à Rome, où le cardinal Fesch était ambassadeur. De jour en jour, M. Pasquier s'accoutumait à l'idée de s'attacher au nouveau gouvernement; il sentait qu'il pourrait s'y distinguer et satisfaire le besoin d'occupation et d'activité qui le laissait souvent dans l'ennui.

Les opinions de la société où il vivait ajoutaient à cette disposition. On y raisonnait sur le passé, on appréciait le présent, on espérait pour l'avenir. Les diverses formes de gouvernement, les garanties données par les constitutions, la place que la Religion doit tenir dans l'ordre politique, étaient le sujet habituel de la conversation.

Mme de Beaumont était allée à Rome rejoindre M. de Chateaubriand. M. Pasquier avait d'autres amis et des parents qui, par leur position, étaient attachés au Premier Consul, de sorte qu'il était bien près de suivre leur exemple lorsque survint la terrible mort du duc d'Enghien. Il en reçut une impression si vive et d'ailleurs si conforme à l'opinion publique, qu'il renonça au projet de servir un gouvernement capable d'un tel acte de cruelle iniquité.

L'établissement de l'Empire, qui suivit de près la mort du duc d'Enghien, le procès du général Moreau, de Georges Cadoudal et de ses complices semblèrent à M. Pasquier un retour aux époques révolutionnaires et ne le ramenèrent pas aux pensées qu'il avait conçues, puis rejetées. Le

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