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DE LA HAUTE-LOIRE

MÉMOIRES

ET

PROCÈS-VERBAUX

1888, 1889, 1890

TOME SIXIÈME

LE PUY
MARCHESSOU FILS, IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ

Boulevard Saint-Laurent, 23.

M DCCC XCIII

HARVARD COLLEGE

FEB 23 1923

LIBRARY

F. C. LOWELL FUND

ww

LE FEU AU PUY

ÉTUDE HISTORIQUE SUR L'ORGANISATION DES SECOURS CONTRE L'INCENDIE

En lisant les mémoires de Médicis, de Burel et de Jacmon, on s'étonne de la fréquence des incendies signalés par ces chroniqueurs dans la ville du Puy, et cependant combien de sinistres ont échappé à leurs investigations?

Au temps où écrivaient ces bourgeois de notre cité, les populations reculaient d'épouvante devant ce fléau contre lequel se brisaient le plus souvent leurs efforts. La nuit surtout, au bruit du tocsin sonné à tous les clochers, le spectacle des maisons embrasées, des murs croulants avec fracas, des pauvres gens disputant à l'élément destructeur les lambeaux de leur mobilier et de leur fortune, frappait de terreur la multitude.

Au Puy, l'étroitesse des rues, la hauteur des maisons, l'immense saillie des forgets (1), les façades en colombage ou en pans de bois, la rareté de l'eau (2), l'absence de moyens mécaniques

(1). On désignait autrefois sous le nom de forget la saillie en encorbellement que faisait sur la rue le toit d'une maison. Dans les rues de peu de largeur la proximité des forgets permettait de les franchir d'une toiture à l'autre; mais ce rapprochement devenait fort dangereux en cas d'incendie. Cet appendice tend à disparaître aujourd'hui dans les constructions modernes.

(2). Médicis, énumérant les fontaines du Puy, cite celles de Montferrant, des Farges, de la Bédoire, de Saint-Jacques, du Térond, de Vienne, de Meymac, de Bourzès au

pour la projeter, une police insuffisante, la frayeur qui paralysait les bras, l'affolement des habitants, tout tendait à aggraver les incendies.

Dans les maisons en simple galandage des quartiers de Cadelade et de Pouzarot, qui contenaient des amas de paille et de bois, des ouvertures livraient passage à des fagots de garne et, si le feu éclatait par un vent violent, les flammèches semées de toutes parts le propageaient au loin.

Indépendamment des pertes matérielles, il y avait parfois à déplorer la mort de personnes ensevelies sous les décombres, car, à défaut d'engins de sauvetage, nul secours humain ne pouvait les arracher au péril.

Comment lutter avec avantage contre l'élément dévastateur, assurer le fonctionnement des chaines quand, pour le transport de l'eau, on utilisait les ustensiles de ménage, et que les seaux en cuir ou en toile, d'un usage si commode, étaient inconnus ?

L'embrasement prenait-il de trop grandes proportions, on cou

Portalet, du Puits de la Roche et de la Chanaleta, ces deux dernières en Pouzarot. On comptait en outre dans la ville un grand nombre de puits et de citernes. Nonobstant ces fontaines ou sources, dont la majeure partie ne fournissait qu'une faible quantité d'eau, le peu de capacité de leurs bassins ne permettait pas de s'y approvisionner suffisamment pour arrêter un sinistre. L'eau des fontaines arrivait au Puy dans des conduits en bois dont la détérioration prompte, à travers des terrains humides, en diminuait le volume.

Odo de Gissey (Édition de 1620, page 117) porte à dix le chiffre des fontaines du Puy. En 1742, la communauté anicienne émettait le vœu « de mettre en meilleur état les quatre fontaines de la ville dont les canaux, faits jusqu'alors de bois de pin, avaient si peu de solidité que les fonteniers étaient très fréquemment occupés à les réparer, tandis qu'on pourrait faire de nouveaux canaux de matière plus solide ». (Arnaud, Histoire du Velay, t. II, pages 299 et 300.)

De nos jours, les fontaines, abreuvoirs, bouches d'eau et bornes-fontaines, disséminés dans tous les quartiers et sur les points les plus élevés de la ville, offrent d'inappréciables ressources. De plus, chaque citoyen assure généralement sa demeure contre les risques du feu et, en cas de sinistre, les compagnies d'assurances l'indemnisent, sinon en totalité, du moins en grande partie, des pertes qu'il a essuyées.

Malgré les dépôts de poudre, de pétrole et autres matières inflammables dont les villes sont remplies, malgré les explosions de gaz qui peuvent survenir, le feu n'est plus, comme jadis, un épouvantail pour la cité. Nos sapeurs-pompiers, pleins de dévouement et de zèle, accourent sous la conduite de chefs expérimentés, au premier appel du clairon ou de la générale. Nos rues élargies, pour la plupart, rendent facile la manœuvre des pompes, échelles et instruments de sauvetage; grâce à la profusion des eaux de Vourzac, au concours toujours empressé des soldats et des habitants de graves désastres ne sont plus à redouter.

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