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Sommaire : 40. GOMPERZ, Les fragments des tragiques grecs et la nouvelle ma-
niere de Cobet. 41. NANI, Études sur le droit lombard.
42. THOMSEN, Les
rapports entre l'ancienne Russie et la Scandinavie et l'origine de l'État russe.
43. RITTER, La guerre de succession de Juliers. 44. La société béarnaise au
IVII siècle, p. p. la Société des Bibliophiles du Béarn. 45. FEUILLERET et
DE RICHEMOND, Biographie de la Charente-Inférieure. Académie des Inscrip- 1
tions.

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40.

Die Bruchstücke der griechischen Tragiker und Cobet's neueste kritische Manier. Ein Mahnwort von Th. GoMPERZ. Wien, A. Hœlder, 1878, 44 p. in-8°.

M. Gomperz raconte qu'il reçut les dernières conjectures de Cobet. sur les fragments des tragiques grecs (Mnemosyne, V, 3) au moment où il se disposait à partir pour un voyage d'agrément. Il s'en régala, dit-il, en chemin de fer, les savoura avec un plaisir extrême. Mais plus tard, en les relisant dans son cabinet de travail, il revint de cette première impression, éprouva une « immense » déception, et lança cette brochure qui porte en tête l'épigraphe irrévérencieuse Alaypov away. Les lecteurs complètent mentalement le vers d'Euripide, et se demandent avec étonnement comment la suite sous-entendue peut s'appliquer au plus attique de nos hellénistes. On dirait que M. G. en veut à Cobet d'avoir été un instant sous le charme et de s'étre laissé éblouir plus que de raison par un esprit si vif et si brillant. Nous connaissions M. G. comme un écrivain plein de mesure et de bon goût; ici nous le voyons passer de l'ironie aigre, excessive, à je ne sais quelle emphase pathétique. Décidément, M. G. a dû avoir les nerfs irrités en écrivant ces pages.

Ce n'est pas que M. G. ait tort au fond. Oui, Cobet aime mieux relire les auteurs grecs que de prendre connaissance de ce qu'on peut aujourd'hui écrire sur eux, et il lui arrive ainsi de dire ce que d'autres avaient dit avant lui. Plus primesautier que circonspect et méthodique, il abuse de sa sagacité et a trop de confiance dans ses intuitions. Il connait mieux que personne l'usage attique, mais il est trop disposé à condamner toutes les tournures originales qui s'en écartent : aussi sa critique est-elle chez elle dans les écrits des prosateurs, et particulièrement de ceux qui ont cultivé le genus tenue, mais elle se trouve quelque peu dépaysée dans la haute poésie et l'éloquence ample et hardie. En un mot, Cobet a les défauts de ses qualités; nous le savions depuis long

Nouvelle série, V.

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temps, et nous ne trouvons pas mauvais qu'on le dise sans s'échauffer

outre mesure.

Parmi les corrections proposées par M. G., il y en a une qui nous semble excellente. Dans Sophocle, frgm. 527 (Nauck), v. 3, il écrit ἰατρός ἐστιν οὐκ ἐπιστήμων ἀκῶν, pour κακῶν, legon qui ne s'accorde pas avec les deux vers qui précèdent. Nous pensons, au contraire, malgré les objections de M. G., que Cobet a bien corrigé Sophocle, Philoct. 1369 et frgm. 103. Souvent nous trouvons les assertions des deux critiques également hasardées. Rétablir des fragments détachés, composés d'un petit nombre de mots, c'est s'amuser à un travail qui sera toujours à refaire, parce qu'il n'aboutira jamais à un résultat certain. Gardonsnous surtout de rien affirmer quand plusieurs solutions sont également possibles. Le frgm. 374 d'Eschyle porte:

Ἐναγώνιε Μαίας καὶ Διὸς Ἑρμᾶ.

Ici le sens est clair, mais le mètre ne l'est pas. Cobet supprime un mot et insère un autre mot, pour avoir un dimètre anapestique ordinaire. Gomperz objecte que ces mots peuvent être tirés d'un système anapestique libre. J'ajoute qu'on peut les faire entrer, sans rien y changer, dans un système d'anapestes réguliers, en les coupant ainsi : èvaγώνις || Μαίας καὶ Διὸς Ἑρμᾶ υ υ -. Et nous n'avons pas encore épuisé toutes les possibilités. Il n'est pas sûr que nous ayons affaire à des anapestes les mots se prêtent tout aussi bien à la mesure dactylique. En les coupant ainsi :

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.....

πόλιν ἅδε κέλευθος, || πάντα δὲ πύργων (Agam., 127 sq.). Aristophane emprunte dans ses Grenouilles (1266) ce vers des Luxαγωγοί d'Eschyle : Ἑρμᾶν μὲν πρόγονον τίομεν γένος οἱ περὶ λίμναν, lequel a dû faire partie d'une strophe dactylique semblable à celles qui ouvrent la parodos de l'Agamemnon. Il y est question d'Hermès comme dans le vers qui nous occupe, et on pourrait conjecturer que les deux fragments appartenaient à la même tragédie et au même chœur. On voit, par cet exemple, qu'il est sage de suspendre son jugement, quand on parle de fragments qui se prêtent à tant de combinaisons diverses.

H. W.

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41 . Studii di diritto longobardo, dell' avvocato Cesare NANI, dottore aggregato alla facoltà di giurisprudenza nella R. università di Torino. Studio primo : le fonti del diritto longobardo. - Torino. Vincenzo Bona, tipografo di S. M.1877. In-8°, 100 pages.

M. C. Nani a entrepris un travail d'ensemble sur le droit lombard en général. Il commence par l'étude des sources de ce droit, introduction naturelle d'un pareil travail, et il publie aujourd'hui un premier fasci

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cule, qui ne traite encore que de l'édit du roi Rotharis et de ses succes-
seurs Grimoald, Liutprand, Rachis et Astulf ; c'est cet édit qui a formé,
jusqu'à Charlemagne, le corps de la législation lombarde.

M. N. est au courant des travaux publiés en Allemagne, en France
et en Italie. Il se borne à exposer les résultats acquis, sans chercher à y
ajouter par des recherches personnelles. Son exposition est claire, ses
idées, en général, sages et justes. Son livre peut utilement servir de guide.
aux personnes qui veulent se mettre au courant des notions de la science
actuelle sur le droit des anciens Lombards.

Certaines remarques sont originales et intéressantes, par exemple celles qui portent sur la doctrine de l'édit en matière de responsabilité pénale (p. 38-47). L'auteur y montre l'ancien principe germanique, qui punissait indifféremment les crimes voulus et le mal fait involontairement, en lutte, dans l'édit, avec les principes modernes sur la responsabi lité il en résulte parfois des dispositions singulières, comme celle qui prescrit que, si un homme a été mordu par un chien, le maître de cet animal doit répondre des suites de la blessure, à moins que le chien ne fût enragé (Rotharis, 324, 326).

L'auteur paraît enclin à une certaine prolixité. Les détails un peu étendus qu'il donne sur les dispositions de l'édit de Rotharis, sous prétexte de juger de l'esprit dans lequel cet édit fut rédigé, n'étaient pas bien nécessaires dans une introduction consacrée uniquement à l'étude des sources. En cent pages gr. in-8°, nous n'avons encore que la première livraison de l'introduction combien de volumes remplira donc l'ou

vrage entier?

Ce défaut, aisé à éviter par la suite, n'empêchera pas l'ouvrage de M. Nani de rendre des services, et l'on doit souhaiter d'en voir paraître la continuation.

Julien HAVET.

42. The relations between ancient Russia and Scandinavia and
the origin of the russian state, by Vilhelm THOMSEN. 1 vol in-8° de vi-
150 p. James Parker and Co. Oxford and London, 1877.

M. Vilhelm Thomsen, professeur de philologie comparée à l'université de Copenhague 2, membre de l'académie danoise, a été invité, en 1876, à donner quelques lectures à Oxford. Ces lectures ont été défrayées par un legs fait au raylorian institution pour l'encouragement de la

1. Le titre, comme on l'a vu plus haut, indique simplement une étude sur les
sources du droit lombard et n'avertit pas que cette étude n'est pas encore complète.
2. L'excellent livre de M. T. Den gotiske sprogklasses indiflydelse pa den
finske, dont nous avons rendu compte en son temps (voy. Rev. Crit., 1870, t. I,
art. 19), a été traduit en allemand par Sievers sous ce titre : Ueber den Einfluss
der germanischen Sprachen auf die finnisch-lappischen (Halle, 1870).

N

philologie slave, et ont été imprimées aux frais de l'institution. M. T. a choisi, avec beaucoup d'à-propos, un sujet qui est aujourd'hui à l'ordre du jour de la polémique scientifique et qui convenait mieux que tout autre à son érudition sûre et variée. Les origines scandinaves de l'état russe, attestées par les témoignages de Nestor, des Byzantins, des Arabes, par des éléments linguistiques incontestables, ont été, pendant fort longtemps, acceptées sans conteste par les historiens russes. Depuis quelques années, une école s'est fondée qui, cédant à l'attrait du paradoxe, ou d'un patriotisme mal entendu, prétend restituer à la race slave les Varégues et les Rous. Cette école, dont les œuvres constituent déjà toute une littérature, fait généralement assez bon marché des faits exacts et de la méthode scientifique ainsi que le dit fort bien M. T., « elle les remplace par les plus vagues et les plus arbitraires fantaisies. Pour le lecteur impartial, elle n'a évidemment d'autre but que de supprimer à tout prix un fait déplaisant, la constitution de l'état russe par des chefs de race étrangère, comme si cette circonstance pouvait être en quoi que ce soit déshonorante pour une grande nation ». Nous avons sous les yeux deux ouvrages inspirés par la théorie anti-normande, ouvrages assez récents que M. T. ne paraît point avoir connus : les Recherches sur les origines de la Russie de M. Ilovaïski (Moscou, 1876), les Varègues et la Russie par M. Gedeonov (Saint-Pétersbourg, 1876). Ils n'auraient évidemment rien changé aux déductions de M. T. M. Ilovaïski a un dédain suprême pour la linguistique. M. Gedeonov en fait, même en matière slave, un usage insuffisamment rigoureux. Nous ne citerons que deux exemples de sa façon de procéder au début du tome II, il revendique pour la langue slave un certain nombre de mots considérés comme étrangers. Il cite, par exemple, le mot oblù, rond, et le rapproche du tchèque obly. Ce rapprochement est exact ; mais M. G., qui aurait pu en trouver d'autres dans le lexique de Miklosich, le gâte immédiatement en faisant intervenir l'adjectif obilny qui, dit-il, désigne en Moravie un riche paysan (sans doute, d'après M. G., un ventru tout rond?); mais cet adjectif se rattache au substantif : obilé, qui signifie tout simplement les produits de la terre, le grain, etc. : les deux mots sont, au point de vue étymologique, absolument inconciliables. Autre exemple, M. G. veut ramener au slave le mot douteux iabetnik, ambetnik, qui désigne une sorte d'officier. Après avoir cité le tchèque gebati qui doit se lire jebati, ilfait intervenir le polonais gebaty, prononcez genbaty, et il ne sait même pas que la nasale polonaise correspond mathématiquement à un u russe et que genbaty a son pendant dans la russe gubastyi, [absolument comme genba (la bouche) a son pendant dans le russe guba. Quand on néglige des lois phonétiques aussi absolues, il n'est pas permis de raisonner sur l'étymologie 1.

1. M. T. cite lui-même (p. 145) un singulier exemple des distractions de M. G. emprunté à un ouvrage antérieur. La ville de Kiev a deux noms au début : l'un slave, Kiev, l'autre sans doute normand Sambatas (peut-être de Sandbakki, le banc de sable).

Le livre de M. T. nous dispense heureusement d'insister sur les ouvrages de l'école qu'il réfute: l'auteur a une bonne méthode; il ne s'aventure pas au delà du terrain qui lui est familier; on peut le suivre en toute sûreté. Nous ne donnerons de son livre qu'une rapide analyse; la langue dans laquelle il est écrit le rend facilement accessible.

M. T. commence par exposer l'histoire des invasions varègues et de l'arrivée des Rous d'après la chronique de Nestor; il complète les données qu'elle lui fournit par des extraits des écrivains arabes, Ibn Foszlan, Ibn-Dastah, et des écrivains byzantins. Il discute les témoignages des écrivains du moyen-âge qui assimilent les Rous à des Normands, et il aborde avec une compétence toute spéciale la question linguistique (p. 50 et suivantes). Nous possédons pour cet examen des éléments extrêmement précieux. Constantin Porphyrogénète, au neuvième chapitre de son livre sur l'administration de l'empire, trace l'itinéraire des Rhos, qui en vrais pirates normands descendaient le Dniéper, sur leurs légers vaisseaux, pour aller attaquer Constantinople. Il reproduit avec une remarquable exactitude les noms slaves (Exaétori) des fameux rapides (ou cataractes) qui rendaient difficile la descente des fleuves, et il y joint leurs noms en langue rhos, c'est-à-dire scandinave. Les noms de ces cataractes en slave sont parfaitement reconnaissables pour un slaviste : M. T. n'a pas de peine à démontrer que la forme scandinave est également très-claire et qu'on ne saurait, à moins d'être aveuglé par l'ignorance et le préjugé, chercher, en dehors des idiomes scandinaves, une explication sérieuse.

La première cataracte s'appelle èccount, ce qui, suivant Constantin, veut dire ne dors pas, en russe et en slave. Constantin se trompe pour le russe; pour le slave, son interprétation est exacte en corrigeant toutefois éscouný en vescovπ = ne sùpi : ne dors pas.

νίπρας; Οστροβουνίπραχ

La seconde cataracte s'appelle, en russe : 03λ6opcí; en slave, Octpoбouvimρzy; Osτрobouviпpay sl. ostroviny i pragù (le rapide de l'île). O376opol scandinave holm, île, fors, rapide.

Le troisième rapide, sans doute par une erreur de copiste, n'a qu'un seul nom, Teλavòpí, qui, suivant le texte grec, veut dire le bruit du rapide. M. T. trouve dans ce mot le participe ancien norse gellandi, le résonnant. C'est le sens du mot slave zvonets qui, chez les Russes d'aujourd'hui, désigne encore cette cataracte.

M. G. fait venir ce mot du Magyar Szombat qu'il traduit par forteresse. Or, Szombat, dérivé du slavon sabata, veut simplement dire le samedi : mis devant le nom d'un vil lage, Szombat-hely par exemple, il indique que le marché s'y tient le samedi. Ceci est un nouvel exemple du danger qu'il y a d'emprunter des étymologies aux langues qu'on ignore. Nous ne saurions trop mettre en garde contre ce danger les personnes assez nombreuses aujourd'hui qui, ne sachant que le russe, veulent en faire un instrument d'étymologie comparée. L'étude comparée des cinq grandes langues slaves et surtout du slavon est indispensable à quiconque prétend faire autre chose que de la littérature.

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