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mémoire qui contenait de bien bonnes raisons. L'opinion contraire n'en prévalut pas moins: et, que ce soit par là ou d'autres circonstances que notre confusion avec le reste de la France ait été opérée, c'est-à-dire que nous avons éprouvé l'anéantissement de ce que nous étions et que nous ne sommes plus; toujours est-il vrai que d'heureux et généralement enviés, nous sommes devenus désolés et misérables » (p. 199).

On voit que, même au point de vue de l'histoire générale, et sans parler de leur mérite littéraire, ces historiettes ont leur intérêt. A coup sûr, les érudits pourront y glaner mille petits renseignements précieux et inédits sur l'histoire du Béarn et des grandes familles béarnaises de la in du siècle dernier. L'histoire littéraire et artistique même y trouvera son compte, à propos de noms comme d'Espourrins, Foudeville, Abadie et surtout Jéliotte, ce fameux chanteur d'opéra qui, retiré à Oloron, recevait ses visiteurs comme le duc de Vendôme reçut un jour Albéroni . 121). Enfin, j'ajoute que le livre est un bijou typographique et que, pour toutes ces raisons, les éditeurs ont bien mérité des lettrés et des Eistoriens.

A. LUCHAIRE.

4. – Biographie de la Charente-Inférieure (Aunis et Saintonge), MM. Henri FEUILLERET et L. DE RICHEMOND. Niort, L. Clouzot. La Rochelle, Petit, 1877, vol. gr. in-18 de 852 p. en deux tomes.

lly a vingt ans, M. Henri Feuilleret publia une Petite biographie des hommes illustres de la Charente-Inférieure qui obtint un assez Fand succès pour que l'édition fût rapidement épuisée. M. L. de Richemond, en réimprimant l'ouvrage de son devancier, l'a enrichi de nombreux articles sur des hommes notables à divers égards dont les noms lui ont, avec raison, semblé « mériter d'être arrachés à l'oubli ». Le recueil, tel qu'il nous est aujourd'hui présenté, ne donne certainement pas, comme le fait observer le savant archiviste du département de la Charente-Inférieure, la biographie de tous les personnages mêlés à l'histoire de l'Aunis et de la Saintonge, mais bien celle de tous les personnages «le plus spécialement remarquables » de ces deux provinces.

Une justice qu'il faut rendre tout d'abord aux auteurs de la Biographie de la Charente-Inférieure, c'est qu'ils ont été fidèles, d'un bout à autre de leur livre, à cette devise inscrite sur leur première page et empruntée à La Bruyère: Ce sont les faits qui louent. Ils ont résolument carté les vaines phrases, les vagues considérations. Après avoir ra

1. Excepté toutefois dans la notice sur Henri Aucapitaine, mort à trente-neuf ans, le 25 septembre 1867 (p. 28): « On dirait que la mort choisit cruellement ses victimes. Reconnaissons plutôt que nulle carrière n'est assez vaste ici-bas, nulle exisence assez longue. Il faut des ailes par dessus la vie, des ailes par delà la mort. »

conté simplement, sobrement, l'histoire des hommes célèbres de leur département, ils ont laissé au lecteur le soin de conclure et de juger.

Un autre éloge à donner à M. de R. et à ses collaborateurs 1, c'est qu'ils ont consciencieusement cherché à rendre leur recueil aussi exact que possible. Dans la plupart de leurs cinq ou six cents articles, on trouve de sûrs renseignements, parfois même des renseignements nouveaux 2. On consultera donc généralement avec profit le travail tant augmenté et tant amélioré par M. de R., lequel a été pour l'essai de M. F. ce que toutes proportions gardées fut l'abbé Goujet pour le Moréri, ce que fut Fevret de Fontette pour la Bibliothèque historique de la France du P. Le Long.

Voici quelques observations que je soumets aux lecteurs du livre de M. de R. et à M. de R. lui-même.

Dans l'article sur le capitaine Arnault du Halde, on parle, d'après le Père de Blois, du « vicomte d'Uzès » qui, pendant le siége de La Rochelle, en 1573, ayant laissé passer le vaisseau monté par l'intrépide marin et sur lequel il portait des vivres et des munitions pour ses compatriotes,<«< fut traité si rudement » par le duc d'Anjou, «< qu'il en mourut de chagrin ». Comment un érudit tel que M. de R. ne s'est-il pas aperçu de la méprise du Père de Blois? Il ne s'agit pas ici d'un vicomte d'Uzès, mais bien du vicomte d'Uza (Louis de Lur), chevalier de l'Ordre du Roi, chambellan de Sa Majesté, gouverneur de Saint-Sever, sénéchal du Bazadais, vice-amiral de Guienne, etc. 3.

1. Parmi ces collaborateurs, il faut surtout citer le docte et vénéré bibliothécaire de La Rochelle, M. L. Delayant, auquel l'ouvrage est dédié, le comte de Bremond d'Ars, le baron de la Morinerie, M. G. de Félice, etc. Citons encore un autre collaborateur, M. E. de P., qui a raconté, avec une touchante émotion (p. 195-198), la noble mort du colonel de Monbrison au combat de Buzenval.

2. Voir, par exemple, à l'article Esprinchard (Jacques), un sonnet inédit (p. 281) de ce savant voyageur, reproduit d'après l'autographe conservé dans le Liber amicorum de Simon Goulard fils, que possède M. Benjamin Fillon; à l'article Froger de la Rigaudière (p. 328), l'analyse de trente-quatre lettres inédites de cet officier, communiquées par M. A. de Bremond d'Ars; à l'article Mac-Mahon (p. 503), le contrat de mariage du capitaine Malachius Mac-Mahon et de Marguerite Hadfort, fait à La Rochelle le 18 septembre 1666 et tiré des Archives du département de la CharenteInférieure; à l'article Réaumur (p. 644), l'acte de naissance de l'illustre naturaliste; à l'article Verdelin (p. 766), une lettre inédite de la marquise de Verdelin annotée par M. de Bremond d'Ars, petit-neveu de la spirituelle amie de J.-J. Rousseau; à l'article Aufrédi (au supplément, p. 812), le testament original, de l'an 1220, d'Alexandre Aufrédy, bourgeois et armateur de La Rochelle, fondateur de l'hôpital qui porte encore aujourd'hui son nom, etc. Divers papiers de famille ont, en outre, été mis à la disposition de M. de Richemond qui en a tiré, en plusieurs occasions, d'excellents détails généalogiques.

3. Voir la Notice généalogique sur la maison de Lur, par M. Henry de Lur-SalUCES (Bordeaux, 1855, in-8°. p. 15-24). Je citerai au sujet de la mort du vicomte d'Uza, ce fragment d'une lettre inédite d'Antoine Escalin des Aimars, baron de la Garde, au marquis de Villars (Bibliothèque nationale, F. F. n° 3224, f° 95) : « De ma Gallere roiale le 19 juing 1573. Monsieur, depuis vous avoir escript il a pleu à Dieu

D'Aubigné (Théodore Agrippa) naquit, selon M. F., « aux environs de Pons, au château de Saint-Maury, dans l'année 1552. » M. Lud. Lalanne, qui s'est tant occupé de l'auteur des Tragiques, le fait naître Dictionnaire historique de la France) « le 8 février 1550 1». M. Henri Bordier, dans le remarquable article qu'il a consacré à d'Aubigné France protestante, 2o édition, t. I, col. 460), adopte la date indiquée par M. Lud. Lalanne, ajoutant (note 1): «Date souvent discutée, SainteBeuve lui-même s'y trompe, mais incontestable. »

Au sujet du moine Jean d'Auton, l'historien de Louis XII, je rappelkrai que si les uns placent son berceau en Saintonge, d'autres le placent a Dauphiné et d'autres enfin en Poitou 2. La question restant indécise, M. de R. n'avait pas le droit d'incorporer le poète-historien dans la Biographie de la Charente-Inférieure.

Il n'aurait pas fallu maintenir, dans l'article de M. F. sur Samuel de Champlain, cette insoutenable assertion: il naquit d'une famille de pecheurs. La situation de cette famille était beaucoup moins humble : père du fondateur de Quebec était capitaine de vaisseau et, dans le Dictionnaire de Moréri (édition de 1759), le célèbre voyageur est appelé gentilhomme de Xaintonge. »

L'article sur Jean Ogier de Gombaud n'est autre chose que la notice. *Conrart qui avait été déjà reproduite dans l'Histoire de l'Académie nçaise, par Pellisson et d'Olivet 3. Il aurait mieux valu chercher à pléter sur quelques points la notice du premier secrétaire perpée de l'Académie française, comme l'a fait dernièrement M. René Aviler dans son étude biographique et littéraire sur la vie et les rages de J. Ogier de Gombauld 1570-1666 (Paris, Aubry, 1876, 5-8° de 102 p.) 4.

appeller å soy le sieur viscomte d'Uza et parce qu'il est bien de besoing pour le serFe du Roy et aussy pour vostre particulier que vous pourvoyez ung aultre en l'estat vice-admiral que luy aviez baillé, j'ay advisé d'envoyer ce porteur exprès pour as en advertir... >

1. Conf. la Notice sur Agrippa d'Aubigné en tête de l'édition des Mémoires pupar M. L. Lalanne (Paris, Charpentier, 1854, p. 11. note 5). L'habile 'éditeur Festifie très-bien la date qu'il assigne à la naissance du grand-père de Me de Maina. Voir encore p. 3, note 2.

2. Voir la Bibliothèque du Dauphiné de Guy Allard, la Bibliothèque du Poitou de Sreux du Radier, la Bibliothèque françoise de l'abbé Goujet, etc. Ce dernier critie n'hésite pas à croire à l'origine poitevine de Jean d'Auton. « Tout ce que, dit-il XI, p. 357), j'ai pu recueillir d'historique concernant ce poète et historien, c'est fil était de Poitiers. »

3. Voir l'édition de M. Ch. L. Livet, Paris, Didier, 1857, t. Il, P. 99. + Quelques autres articles auraient eu besoin d'être révisés d'après de récents Faux, par exemple l'article Le Gentil ou de Gentils de la Jonchapt (Philippe), marquis de Langallerie d'après un mémoire spécial publié par M. de Montégut sle Bulletin de la Société archéologique de la Charente, l'article Renaudin après l'excellent article rectificatif consacré au capitaine du Vengeur, par Jal

On regrette de retrouver dans un article de M. F. sur Jean Guiton ce récit (p. 400) qui n'a rien d'historique, ainsi que je crois l'avoir autrefois montré: « Comme on le pressait d'accepter sa position. difficile de maire, le 2 mai 1628: Je le veux bien, répondit l'énergique marin, d'après une tradition populaire recueillie par Levassor, mais il me sera permis d'enfoncer ce poignard dans le cœur du premier qui parlera de se rendre. Et en disant ces mots, il montrait un poignard dont il frappa le marbre d'une table qui est restée depuis dans une des salles de l'hôtel de ville. »

Enfin, je contesterai l'exactitude de deux passages de l'article sur Bernard Palissy (p. 571 et 576). Dans le premier de ces passages nous lisons que l'immortel artiste «< est né c'est du moins la tradition dans le diocèse d'Agen. » Il y a mieux que la tradition à invoquer à ce sujet : On a sur ce point le témoignage formel d'un contemporain, La Croix du Maine, lequel, dès 1584, s'exprimait ainsi : « Bernard Palissy, natif du diocèse d'Agen en Aquitaine, inventeur des rustiques figulines, etc 2. » Dans le second passage, il est question de l'entrevue du roi Henri III et du pauvre potier à la Bastille, avec reproduction du discours que ce dernier aurait adressé à son ancien protecteur et que M. Feuilleret fait suivre de ce commentaire : « Ces belles paroles dans la bouche d'un vieillard suffiraient à la gloire de Palissy... » Malheureusement ce discours n'a jamais été tenu, l'entrevue du roi et de l'artiste à la Bastille n'ayant jamais existé que dans l'imagination d'Agrippa d'Aubigné, comme l'a parfaitement établi M. Louis Audiat (Bernard Palissy, Etude sur sa vie et ses travaux, 1868, in-12o, P. 447-462).

T. DE L.

(Dictionnaire critique de biographie et d'histoire). Je m'étonne de l'insignifiance de l'article de huit lignes sur Priolo (Benjamin), historien si digne d'attention et dont Bayle s'est occupé avec tant de complaisance.

1. Quelques notes sur Jean Guiton, le maire de la Rochelle, 1863, in-8', p. 14-16. J'avais été devancé, dans ma réfutation, par le P. Arcère (Histoire de la Rochelle, t. II, p. 305), opposant au récit de Levassor le silence de deux annalistes contemporains exacts jusqu'à la minutie, Colin et Mervault. M. de Richemond, qui m'a fait l'honneur, il y a quelques années, de reproduire, dans un article du Bulletin de la société de l'histoire du protestantisme français, quelques phrases de mon petit mémoire, aurait bien dû, sous ce passage de son trop crédule devancier, signaler mes observations sur la légende du poignard.

2. Bibliothèque française, édition de 1772, t. I, p. 73. Un autre écrivain du XVIe siècle bien obscur celui-là Philbert Mareschal, sieur de la Roche, dont le témoignage a été mentionné pour la première fois par Faujas de Saint-Fond et Gobet (à la suite des Euvres de Bernard Palissy, 1771, in-4°), confirme en ces termes (Le Guide des arts et des sciences, Paris, 1598, in-8°) ce qu'avait déclaré La Croix du Maine, quatorze ans auparavant : « Bernard Palissy, Agenois, inventeur des Rustiques Figulines du Roy. >>

ACADEMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 15 février 1878.

M. Ch.-Em. Ruelle, chargé d'une mission à Venise, remercie par lettre l'académie de l'avoir recommandé pour cette mission au ministre de instruction publique.

M. Deloche, continuant la lecture de son mémoire sur les Gaulois, examine la question de savoir si les Taupiano et les Taupivot, qu'il a reconnus être deux peuples distincts de la Gaule Cisalpine, étaient deux peuples de même race ou de race différente. Il conclut en faveur de la première opinion les Taupiano: et les Taupivot appartenaient les uns et les autres à la race celtique où gauloise.

M. Le Blant lit un travail intitulé Etude archéologique sur le texte des actes de sainte Thècle. Tertullien mentionne une vie de sainte Thède et de saint Paul qui avait été composée par un prêtre d'Asie et qui fut officiellement déclarée apocryphe par l'Eglise. Ce texte ne nous est pas parvenu. Mais nous avons une autre vie de sainte Thècle, qui a té publiée pour la première fois par Grabe, et qui mérite d'attirer l'attention. C'est un court écrit en grec, avec une traduction latine ancanne, intitulé : Μαρτύριον τῆς ἁγίας καὶ εὐδόξου πρωτομάρτυρος καὶ

o Oéxλas. Grabe voulait que ce fût l'écrit du prêtre d'Asie acationné par Tertullien; M. Le Blant ne partage pas cette opinion, sil croit que cette vie est, elle aussi, fort ancienne, ou au moins drée d'une source ancienne. Il trouve les marques de l'antiquité de la composition dans les détails suivants du récit : Thècle, pour corrompre geolier, lui donne un miroir d'argent; elle trouve saint Paul caché dans un tombeau sur le bord d'une route, auprès d'Iconium; insultée par un magistrat d'Antioche, elle le rappelle au respect du aux étrangers; ce magistrat porte pour insigne une couronne; Thècle, condamnée à tre livrée aux bétes, est amenée dans l'arène nue, mais ceinte d'un diapuma ou ceinture (détail qui concorde avec des renseignements fournis par les monuments figurés); obligée de se déguiser en homme, elle le fait en relevant sa tunique au-dessus de la ceinture et en cousant le pli, ce qui suffisait, en effet, dans le vêtement antique, pour faire d'une tunique de femme une tunique d'homme; enfin la simple profession du christiaisme est présentée comme un délit puni de mort, ce qui n'a été vrai que jusqu'à Hadrien. M. Le Blant voit dans tous ces détails que l'auteur, soit de l'écrit qu'il étudie, soit d'un écrit antérieur dont celui-ci deriverait, connaissait parfaitement les usages et les idées des anciens, et n'a pu écrire que dans les premiers temps du christianisme.

M. Revillout continue ses lectures sur les papyrus égyptiens démotiques du musée du Louvre. Dans un chapitre intitulé: Un procès plaidé devant les laocrites au temps de Ptolémée Soter, il rend compte d'une affaire dont plusieurs pièces nous sont parvenues, et dans laquelle on voit intervenir l'action de la loi égyptienne de la Babafos ou garantie. En l'an 9 d'Alexandre le Grand, une femme nommée Tsechons, fille de Petorpra, avait vendu au cholchyte Pchelchons, fils de Pana, une maison qu'elle possédait à Thèbes. L'acheteur laissa pourtant Tsechons occuper encore, après la vente, une partie au moins de la maison; mais quand elle fut morte, en l'an 8 de Ptolémée Soter, il voulut entrer en

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