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les peuples à écriture hiéroglyphique, traçaient leurs caractères tantôt de droite à gauche, tantôt de gauche à droite. La direction des figures, qui entrent dans la composition d'un mot ou d'une page, montre la direction générale de l'écriture : quand les figures d'hommes ou d'animaux sont tournées vers la droite, il faut commencer à lire par la droite; quand elle sont tournées vers la gauche, il faut commencer à lire par gauche. Exemple cité par Diégo de Landa.

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« Je ne veux pas », nous montre, en effet, le signe ka, qui représente une tête d'homme momifiée, tournée vers la gauche : la transcription de l'auteur espagnol nous prouve qu'il faut, en effet, lire le membre de phrase de gauche à droite. Deux feuillets du Codex Perezianus, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale, renferment la même figure tournée vers la droite : il faut les lire de droite à gauche. La comparaison des textes a permis à M. de R. de déterminer le comput des années, et de reconnaître la valeur de quelques signes non cités par Diégo de Landa, entre autres de celui qui représente une oreille humaine. C'est la méthode qu'on a employée à déchiffrer les hiéroglyphes d'Egypte : l'expérience a montré qu'elle n'était pas mauvaise. Si la prudence et l'esprit critique que M. de R. a marqués jusqu'à présent ne se démentent pas avant la fin du mémoire, on peut compter que le problème des écritures mayas n'est pas loin de recevoir un commencement de solution satisfaisante.

L'exécution matérielle de l'ouvrage laisse peu de chose à désirer. Pour être plus sûr de l'exactitude des signes et des documents reproduits, M. de Rosny a gravé lui-même les modèles de chaque caractère et lithographié la plupart des planches de fac-simile.

G. MASPERO.

63.

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Tacite. La Germanie, traduction entièrement nouvelle, texte latin en regard, avec un succinct commentaire historique, critique et une étude préliminaire par E. P. DUBOIS-GUCHAN, officier de la Légion-d'honneur. Paris, Is. Liseux, éditeur.

Cette édition de la Germanie ne me semble être destinée ni aux professeurs, ni aux élèves, ni à aucun de ceux qui cherchent à approfondir le texte d'un auteur: c'est un joli petit volume elzévirien, que se pro

cureront sans doute beaucoup de personnes qui, ayant un peu oublié leur latin, mais conservant encore le goût des choses de l'antiquité, voudront charmer leurs loisirs, en relisant, à l'aide d'une traduction, un ouvrage qui intéresse encore plus l'homme fait que le jeune lycéen. A ce point de vue, cette édition peut avoir son utilité.

Au point de vue scientifique, elle laisse beaucoup trop à désirer. Le commentaire historique et critique a des inexactitudes étonnantes. En voici quelques preuves, prises dans les trois premiers chapitres ch. 1,. Gallis est mal interprété par la Belgique; la Rhétie ne comprenait pas Venise; la Pannonie ne veut pas dire l'Autriche et la Hongrie; ch. 1, l'Océan qui environne le reste de la Germanie, comme dit Tacite (ambit est mal traduit par touche à), ne peut pas s'interpréter par les golfes de Bothnie et de Finlande. Peut-on dire que les Hermions (ou plutôt Herminones) habitaient vers la Frise, tandis que Tacite les place au centre de la Germanie? ch. 1, Asbourg ne doit pas faire penser à Aschaffenbourg, etc. La traduction qui, comme le dit le titre, est entiè rement nouvelle, ne vaut ni celle de Burnouf ni celle de Louandre. Bien souvent elle est beaucoup trop libre et se contente d'un à peu près. Citons, comme exemple, les premières lignes du premier chapitre : « La Germanie est complètement isolée... le reste touche à l'océan qui se déploie sur ses côtes et baigne d'immenses îles dont la guerre vient de nous révéler les rois et les peuplades. Le Rhin, sorti des âpres sommets des Alpes... » On voit que le traducteur est loin de serrer le texte de près; il y a des mots qui ne sont pas traduits du tout (latos sinus, nuper cognitis), d'autres le sont inexactement. La toute première phrase est une interprétation plutôt qu'une traduction, et nous sommes forcé de regarder cette interprétation comme mauvaise, malgré la justification qu'en essaie l'auteur dans une note. Il donne du reste pour ceux qui ne l'approuvent pas la traduction littérale : « La Germanie est séparée, dans son ensemble, des Gaules, etc. » Il n'aurait jamais dû perdre de vue ce qu'il dit dans la préface lorsque le calque de la phrase latine produit une phrase française correcte..., ce calque est la meilleure traduction.

L'auteur ne dit pas quel texte il reproduit. Nous croyons avoir reconnu celui de Dubner, meilleur en partie que celui de Burnouf, mais arriéré encore, parce que, publié en 1848, il n'a pas pu profiter de la collation exacte des mss., qui n'a été faite que ces dernières années. Nous trouvons, au ch. xLv, emergentis entre crochets, comme dans l'édition de Dubner; cela n'empêche pas M. Dubois-Guchan de traduire ce mot (sortir des ondes), ne sachant peut-être pas que Dubner le supprime en le mettant entre crochets. Burnouf le conserve et il fait bien; les plus récentes et les meilleures éditions font comme Burnouf.

J. GANTRELLE.

64.

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Rymovana kronika ceska, tak receného Dalimila upravil Jos. JIRECEK. I vol. in-12 de xvI‐205 p. (La chronique rimée dite de Dalimil publiée par Jos. JIRECEK). Prague, 1877. Aux frais de la Matice ceska.

Cette publication forme le second volume des Monuments de l'ancienne littérature tchèque, dont nous avons rendu compte ici-même. Nous constatons avec plaisir que certaines améliorations, dont nous avions signalé l'importance, ont été introduites dans l'exécution matérielle de cette élégante collection. La chronique dite de Dalimil a été rimée vers le commencement du xiv° siècle. L'auteur véritable est resté inconnu. Il possède pour son temps une érudition considérable, il connaît l'histoire des Amazones et de leurs luttes contre Alexandre et Cyrus, les expéditions de Vespasien et de Titus contre Jérusalem, la bataille de Cannes; il cite, parmi les héros du moyen âge, Dietrich de Berne, Charlemagne et Roland'. Il est familier avec l'histoire et la géographie de son pays. Il s'intéresse surtout aux exploits guerriers et aux armoiries des familles nobles. Il résulte de l'examen de la chronique qu'il devait être lui-même d'une famille noble originaire du nord de la Bohême. Il montre un attachement profond à la dynastie nationale des Pramyslides et une haine implacable pour les Allemands. Sa chronique, dont la rédaction ne semble pas antérieure à l'année 1308, fut traduite en allemand dès 1340. On la désigne à tort sous le nom de Dalimil ce personnage était un chanoine de l'église de Boleslava qui, d'après Hajek, aurait écrit sur les annales de son pays; mais l'indication de Hajek est trop vague pour pouvoir être prise au sérieux. La chronique rimée va de la création du monde jusqu'à l'élection de Jean de Luxembourg (1310) M. Jirecek en examinera la valeur historique dans l'édition qui doit paraître dans le prochain volume des Fontes rerum bohemicarum; pour le moment, il s'est contenté de mettre à la portée du public, dans une édition sobre et élégante, un texte épuré par une sérieuse collation.

La chronique a eu de nombreux manuscrits: on en connaît douze aujourd'hui et il ne faut pas oublier qu'un grand nombre ont dû périr dans les guerres hussites, la guerre de trente ans, ou sur les bûchers allumés aux xvii et xviii° siècles pour anéantir une littérature réputée hérétique. L'un des plus importants a été découvert en 1875 à la bibliothè que de Trinity College à Cambridge. M. J. s'est beaucoup servi de ce ms. pour reconstituer son texte : son édition est infiniment supérieure à

1. M. Léon Gautier qui, dans son édition de la Chanson de Roland, cite tous les pays où son héros a été célèbre, a ignoré ce détail. Il s'agit, dans la chronique tchèque (p. 86), d'un guerrier Beneda qui se vante de couper deux meules avec son épée. Peut-être, dit le chroniqueur, voulait-il se vanter; peut-être était-ce la vérité, ainsi qu'on lit de Roland, quand des païens il arriva malheur à Charlemagne :

Jak se cte o Rulantovi,

Kdyz se stala skoda ad pohan Karlovi.

celles qui ont paru antérieurement (Prague, 1620, 1786, 1849, 1851, 1853, 1874).

L'un des traits caractéristiques de cette chronique, c'est le patriotisme de l'auteur et sa haine des Allemands. L'expression de ces sentiments nationaux, qui semblent propres à notre siècle, revient à tout propos sous sa plume. L'un des arguments moraux que l'on a émis contre l'authenticité du manuscrit de Kralove-Dvor (Koniginhofer Handschrift) est précisément le patriotisme qui inspire le poète anonyme. La chronique de Dalimil répondrait à cette objection. Parmi les textes nombreux qui attestent la germanophobie farouche de l'auteur, nous n'en citerons que quelques-uns.

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Le prince Oldrich prend pour femme une paysanne tchèque : « J'aime mieux, dit-il, épouser une paysanne tchèque qu'une reine allemande. - Le cœur de chacun bat d'après sa langue. Une allemande aimera moins mon peuple. Une allemande amènera une suite allemande et apprendra l'allemand à mes enfants. La division en deux langues sera la ruine du pays (p. 70-71). »

ou

Le prince Spytihnev monte sur le trône et commence par chasser tous les Allemands du pays, comme on arrache les orties du jardin l'herbe de de la crinière d'un cheval (p. 80). Un peu plus tard le même prince veut nommer pour évêque un Allemand. Le peuple proteste énergiquement: Roi. Tes Tchèques te rendent honneur! Des Allemands tu ne peux attendre que perfidie. Nous ne pouvons admettre qu'un Allemand soit notre évêque (p. 84). — J'aime mieux voir la perte de toute ma race que de perdre ma langue, s'écrie Borivoï

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(p. 111). Sobeslav est célèbre par sa haine pour les Allemands: Les sages lui savaient bon gré de ce qu'il détestait les Allemands disant : Le bon a soin de sa langue - l'infidèle la méprise. La patrie est la mère de tous ses enfants. Qui ne l'aime pas, je ne l'estime point (p. 116). Le même Sobeslav, à son lit de mort, fait venir ses enfants et leur recommande de ne pas introduire les Allemands dans le pays.

notre race cessera.

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<< Quand la langue allemande s'établira à Bohême-tout l'honneur de Les Allemands font d'abord les humbles; mais dès qu'ils se multiplient - ils se soucient peu du pays qui leur donne l'hospitalité; -ils cherchent un prince de leur patrie. - Si j'apprenais même d'un oiseau que vous vous attacherez aux Allemands - je vous ferais mettre dans un sac de cuir et jeter dans la Vltava (Moldau). J'aimerais mieux avoir à vous pleurer — qu'à pleurer la honte de ma langue (p. 120). »

Ailleurs le chroniqueur déplore que Premyse Otokar ait prêté hommage à Rodolphe de Hapsbourg et attiré les Allemands en Bohême. - Hélas! quel malheur qu'un noble roi - ne garde pas sa langue maternelle. — Il aurait acquis un grand renom et une grande fortune. Il aurait vaincu tous ses ennemis! (P. 152.)

Ces citations suffisent. Si on avait trouvé tous ces textes dans un

manuscrit suspect, découvert au début de la renaissance slave du XIXe siècle, ils n'auraient pas manqué de susciter des doutes sérieux sur l'authenticité du document. Cette germanophobie est l'un des traits les plus curieux de la chronique dite de Dalimil: elle offre, d'ailleurs, au point de vue de la langue, de la légende et de l'histoire, une foule de détails intéressants. M. Jirecek l'a accompagnée d'un index historique et d'un lexique des mots difficiles. Le savant philologue vient également de publier, dans la même collection, un volume d'anciennes pièces de théâtre (staroceské divadehin hry) sur lesquelles nous aurons sans doute l'occasion de revenir.

Louis LEGER.

65.

Lettres inédites de Benjamin Priolo, p. p. Ph. TAMIZEY DE LARROQUE. Tours, imp. Bouserez, 28 p. in-8°. (Extrait des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis.)

M. Tamizey de Larroque a retrouvé, dans le vol. 175 de la collection dite des Armoires de Baluze, à la Bibliothèque nationale, une série de. lettres de Benjamin Priolo qui, après avoir été le chargé d'affaires du duc de Rohan et s'être attaché après sa mort au duc de Longueville, abjura le protestantisme, prit part à la Fronde, se retira en Flandre, puis revint à Paris où il composa une Histoire de France en latin, de la mort de Louis XIII à 1669: Ab excessu Ludovici XIII de rebus Gallicis Historiarum libri XII (Paris 1665, Leipzig 1686). La première lettre du recueil est du 12 juin 1656 et est adressée à Mazarin pour implorer son pardon; les dix-huit autres sont toutes adressées à Colbert de 1661 à 1664, et ont trait à la composition et à la publication des premiers livres de l'histoire de Priolo, ainsi qu'aux subsides pécuniaires qui lui étaient promis et qu'il n'arrivait pas à toucher. Ces lettres écrites du style le plus vif et le plus piquant, qui fait regretter que Priolo n'ait pas écrit son ouvrage en français, forment un curieux chapitre d'histoire littéraire. J'en citerai une qui montre en même temps de quelle bonne plume savait écrire Priolo et à quelles humbles démarches était réduit un auteur, à une époque où les gens de lettres ne pouvaient vivre que des libéralités des grands.

« Vous avés donné au delà de ce qu'il faut pour l'impression des cinq livres de mon histoire. Je vous confesse que j'en ay soustraict une partie pour mes usages domestiques. Je ne prétends pas de faire une vache at laict d'un ouvrage si noble, mais encore faut-il que vostre bonté sup

1. M. T. de L. fait remarquer que c'est le plus ancien exemple qu'il connaisse de cette locution originale. Il y a beaucoup d'autres locutions non moins vives et heu

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