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par Cormac, rend incontestable l'existence de cette tradition et nos connaissances grammaticales la confirment d'une manière éclatante. Je demanderai la permission d'appeler l'attention sur un des détails qui dans cette formule a dû le plus blesser les Irlandais du ve siècle, c'est que saint Patrice n'y déclinait pas le mot brôt « jugement » que les Irlandais mettaient au génitif bratha: les Gallois du v° siècle avaient-ils donc perdu l'usage des cas? oui, ils avaient perdu cet usage, leurs inscriptions chrétiennes latines l'établissent péremptoirement. Je me contente de l'exemple du juron, ou plutôt de l'invocation familière à saint Patrice, pour montrer l'autorité qui, suivant moi, doit être reconnue à l'ancienne littérature irlandaise, et la place importante que doit tenir dans l'histoire de l'Europe cette littérature, objet des Lectures d'O'Curry.

H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE.

go.

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Hermann Huss, Lehre vom Accent der deutschen Sprache. Altenburg, Pierer, 1877; vi et 72 p. in-8°. — Prix : 1 fr. 50.

Ce livre a deux grandes qualités : il est nouveau, et il sera utile. Les règles de l'accentuation allemande ont souvent été exposées et discutées; mais c'est la première fois que ces règles se trouvent réduites en un système complet, comprenant tous les cas, rendant compte des exceptions apparentes, et les justifiant par des considérations logiques. Ce n'est pas que les explications de l'auteur soient toujours bonnes. Une ressource importante lui manque la connaissance des anciennes formes de la langue. Il procède par voie d'expérimentation directe; il consulte l'usage. C'était, sans contredit, la méthode la plus sûre; mais cette méthode aurait trouvé un contrôle et une base solide dans la connaissance historique.

Si l'étymologie ne donne pas la clé de la prononciation, elle préserve du moins des fausses analogies. Si M. Huss ne s'était pas borné au nouveau haut-allemand, s'il avait pu remonter seulement jusqu'au mittelhochdeutsch, il n'aurait pas confondu, par exemple, le suffixe bar, dans offenbar, avec le mot bar, synonyme de bloss. D'autres erreurs tiennent peut-être à des habitudes ou à des réminiscences provinciales. Par exemple, le substantif entgelt (page 12) a l'accent sur la seconde syllabe et non sur la première. Les adjectifs ursprünglich (p. 13), ausführlich, nothwendig, wahrscheinlich (p. 28), ont l'accent sur la première syllabe et non sur la seconde. Postillon (p. 64) a l'accent sur la dernière syllabe et non sur la première. L'usage a prévalu de dire physik en accentuant la

dernière syllabe, et metaphysik en accentuant l'avant-dernière (p. 62). Des mots comme baumstark, blutarm, eiskalt (p. 26-27), ont deux accents, et si l'un des deux prédomine, c'est celui de la première syllabe, plutôt que celui de la seconde; c'est la nuance de l'idée qui est déterminante,

Ces erreurs, et quelques autres encore que nous pourrions signaler, sont assurément fort pardonnables dans un livre qui embrasse une vaste matière, et qui est presque un répertoire complet des difficultés de l'accentuation allemande. M. Huss déclare dans sa préface qu'il écrit surtout pour les étrangers; il paraît même s'adresser de préférence à des Français, car les mots sont ordinairement accompagnés de la traduction française. Nous voudrions que son livre fût remarqué de nos professeurs de langues vivantes; et ce vou sera compris de tous ceux qui ont pu observer de quelle manière l'allemand se lit dans nos écoles. Il semble que, sur l'allemand, nos élèves soient tous de l'avis de Voltaire : ils ne font entendre que les consonnes. Nulle sonorité, nulle intonation. Cependant c'est l'accent, comme le rappelle très-bien M. Huss, qui est l'âme du mot, et qui lui donne une physionomie; et c'est la pondération des accents qui produit, à son tour, le rhythme et l'harmonie de la phrase.

A. BOSSERT.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 26 avril 1878.

M. Miller lit une note sur un texte récemment découvert par lui, qui donne des détails nouveaux sur la translation des reliques de la passion, de Constantinople à Paris, qui eut lieu sous le règne de saint Louis, en 1239 et 1241. On connaissait, par un ouvrage de Gaultier Cornut, archevêque de Sens, mort en avril 1241, l'histoire de la translation de la couronne d'épines, opérée en 1239; mais on ne possédait que des notions très-vagues sur celle de plusieurs autres reliques, telles que la sainte lance, etc., qui eut lieu en deux fois peu de temps après. On voyait seulement, par un passage de Geoffroy de Beaulieu, qu'il avait existé un petit livre, libellus, où étaient racontées ces diverses translations, et dont on lisait le texte à l'église aux jours des fêtes établies en commémoration de l'arrivée de ces reliques à Paris. C'est ce libellus que M. Miller croit avoir retrouvé, dans un manuscrit du XIe siècle, qu'il se propose de publier prochainement. Le texte découvert par lui donne sur le transport des reliques des détails précis et circonstanciés : il établit qu'il y a eu, non,

comme on l'avait cru, deux, mais trois translations de reliques, lesquelles ont eu lieu de 1239 à 1241. Le récit de la première est à peu près le même que le récit de Gaultier Cornut; celui des deux autres translations est entièrement nouveau.

M. Renan communique quelques remarques sur une inscription latine du Ive siècle trouvée il y a quelques mois à Rome, non loin de la porte Flaminienne ou del popolo. Cette inscription, dont le commencement et la fin manquent, est ainsi conçue: ...IVSALIQVITVOLVERITFACEREINSE... QVODFILIAMEAINTER FEDELESFIDELISFVITINTER... ..NOSPAQANAFVITQVODSIQVISVOL..RITOSSAMEA VEXARE... [(?) Si quis contra uoluntatem eius aliquit uoluerit facere in se [pulcro (?) sciat] quod filia mea inter fedeles fidelis fuit, inter (?)... nos paqana fuit; quod si quis uol[ue]rit ossa mea uexare... Le mot paqana, qui se lit à la 3o ligne, paraît être la même chose que pagana; mais comment doit-on restituer le mot précédent, qui finis en nos? M. Mommsen avait proposé paganos; M. de Rossi, qui a examiné l'inscription ensuite, a reconnu après le mot inter les traces d'un A et d'une L, et a proposé alienos, qui aurait à peu près le même sens ce serait une traduction du grec aλλogúλoug, employé quelquefois au sens de païen. Il s'agit, pense-t-on, d'une jeune femme qui avait vécu dans une société païenne (peut-être avait-elle épousé un paien), tout en professant secrètement le christianisme son père, chrétien aussi, proclame sur son tombeau quelle était la vraie religion de sa fille, afin d'écarter ceux qui voudraient y faire des cérémonies païennes : « [Si quis contra uoluntatem elius aliquit uoluerit facere ». - M. Renan, tout en admettant dans l'ensemble cette explication, croit qu'on ne peut lire alienos: cette expression, qui ne peut s'expliquer que par la traduction d'un idiotisme grec, aurait été peu comprise du public, et d'ailleurs on peut distinguer avant nos, les traces d'une M. M. Renan lit alumnos, et pense que l'inscription signifie que dans la maison (païenne apparemment), où la défunte avait été élevée étant enfant, elle était païenne comme les autres élèves, mais que dans sa famille elle était chrétienne. Cette communication donne lieu à quelques observations. M. Le Blant ne pense pas que les lettres alum suffisent à combler la lacune, assez considérable, selon lui, qui se voit entre inter et nos. M. Perrot trouve qu'il est difficile de renoncer à l'antithèse d'idées et de mots que donnerait la lecture paganos ou même alienos: « fidèle parmi les fidèles, païenne parmi les païens ».

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M. Paulin Paris met sous les yeux des membres de l'académie un manuscrit appartenant à la ville d'Epernay, qui l'envoie à l'exposition universelle. C'est un volume grand in-4o, exécuté dans l'abbaye de Hautvillers, par un moine du nom de Placide, sous la direction de l'abbé Pierre et par ordre de l'archevêque de Reims, Ebon (817-834). Le manuscrit est tout entier écrit en lettres d'or. Il contient divers écrits théologiques et est précédé d'une épître dédicatoire en 46 vers hexamètres léonins,

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REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

adressée par l'abbé Pierre à l'archevêque Ebon. Il s'est conservé longtemps à l'abbaye de Hautvillers. Pour expliquer la présence de ce manuscrit à l'abbaye, alors qu'il avait été fait pour l'archevêque, M. P. Paris émet l'hypothèse que le volume, commandé par Ebon, n'aurait été terminé qu'après la déposition de celui-ci (834), et lorsqu'il eut été remplacé sur le siége archiepiscopal de Reims par son ennemi personnel Hincmar. L'abbé Pierre n'osa pas alors offrir à Hincmar un manuscrit qui contenait en plusieurs endroits l'éloge de son prédécesseur, et prit le parti de garder le volume à Hautvillers.-M. L. Delisle pense qu'on peut s'en tenir à une hypothèse plus simple, qui est qu'Ebon, en commandant le manuscrit, le destinait, dès l'origine, à être conservé dans l'abbaye de Hautvillers; certains passages de la préface en vers sont de nature à confirmer cette supposition.

M. Casati termine la lecture de sa notice sur le musée du château de Rosenborg (Danemark). Jl suit l'histoire du Danemark règne par règne, en y joignant la description des monuments de chaque époque que renferme le musée. Il décrit ainsi successivement la Riddersalen, salle des chevaliers, la Glaskammeret et la Porcellonskammeret, cabinet des cristaux et cabinet des porcelaines, l'Ejderstrombæger, vase rappelant la réunion du Sleswig au Danemark, etc. Tout en émettant quelques critiques légères, il rend hommage au mérite de l'organisateur du musée, M. Worsaae. Il termine par le vœu que l'on utilise en France le palais des Tuileries pour y former un musée historique qui serait la continuation du musée de Saint-Germain. L'exemple du musée de Rosenborg démontre, pour lui, suffisamment qu'il serait possible de fonder un musée semblable dans un pays qui, comme la France, possède tant de richesses historiques et artistiques. A son avis, la division la plus méthodique et la plus favorable à l'instruction populaire serait la division chronologique, règne par règne, comme à Rosenborg.

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Ouvrages déposés : A. HOVELACQUE et Julien VINSON, Etudes de linguistique et d'ethnographie (Paris, in-8°); — J. BRUN-DURAND, La ville de Crest (Drôme), sa tour et ses illustrations, résumé historique (Vienne), 1877, in-8°, extr. de la Revue du Dauphiné et du Vivarais); Le fieus de mons. levesque et conte al chastel de Crest. Document du XIIe siècle commenté, annoté et publié par J. BRUN-DUrand (Valence, 1878, in-8°).

Julien HAVET.

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, imprimerie M.-P. Marchessou, boulevard Saint-Laurent, 23.

Literarisches Centralblatt, n° 16, 20 avril 1878: BAUER, Christen und die Cæsaren, der Ursprung des Christenthums aus dem römischen Griechenthum. Berlin, Grosser. 1877. (Sénèque et la cour de Néron auraient, d'après l'auteur, produit le « Gemüth » de la nouvelle religion, etc.; cette nouvelle légende n'est qu'une « caricature fantastique ».) GIZYCKI, die Philosophie Shaftesbury's. Leipzig, Winter. 1876. (Bon; trop de citations empruntées à tout le monde.) SCHMIDTBORN, Darlegung der Kant'schen Kritik des ontologischen Beweises für's Dasein Gottes. Wiesbaden, Niedner, 1877. (Bon.)- KIRCHMANN, Aristoteles' erste Analytiken oder Lehre vom Schluss, übersetzt und erläutert; Erläuterungenzu den ersten Analytiken des Aristoteles. Leipzig, Koschny. 1877. (Bonne traduction et bon commentaire.) — PRÜMERS, Pommersches Urkundenbuch. I Band. II Abth. Annalen und Abtreihe des Klosters Colbatz, Todtenbuch und Abtreihe des Klosters Neuencamp', Personen-und Ortsregister. Stettin, von der Nahmer. 1877. (Travail soigné.) - FRIEDENSBURG, Ludwig IV der Baier und Friedrich von Esterreich von dem Vertrage zu Trausnitz bis zur Zusammenkunft in Innsbruck. 1325-1326. Göttingen, Peppmüller. 1877. (Sujet bien choisi et habilement traité). - BOTHLINGK, Napoleon Bonaparte, seine Jugend und sein Emporkommen bis zum 13 Vendemiaire. Jena, Frommann. 1877. (Bon; Bonaparte ne pensait d'abord qu'à la Corse et voulait jouer le rôle de Paoli; le décret de la Consulta corse contre sa famille le jeta dans le camp français; des conjectures trop hardies, mais de nouveaux renseignements). - Stambul und das moderne Türkenthum, politische, sociale und biographische Bilder von einem Osmanen. Leipzig, Duncker u. Humblot. 1878. (Livre précieux sur la Turquie; on l'attribue à l'ambassadeur turc à Vienne, Aleko Pacha; l'auteur a toute la culture d'un Occidental et semble le mieux informé des Turcs.)- BLASS, die attische Beredsamkeit, III Abtheilung, I Abschnitt: Demosthenes. Leipzig, Teubner. 1877. F. R: long article de trois pages et demie; bonne étude sur Démosthène, orateur; se lit même après le livre de Schäfer; le point de vue de Blass est purement littéraire et philologique, nullement historique; explications grammaticales importantes; le critique fait de nombreuses observations de détails.)

Jenaer Literaturzeitung, no 16, 20 avril 1878: A. HAHN, Bibliothek der Symbole und Glaubensregeln der alten Kirche, 2° vielfach veränderte u. vermehrte Ausgabe von L. HAHN. Breslau, Morgenstern. 1877. (Gass : bon.) OPPERT, die Maasse von Senkereh und Khorsabad; LEPSIUS, weitere Erörterungen über das assyrisch-babylonische Längenmaassystem. Berlin, Vogt. 1877. (Schrader: réplique de M. Oppert à M. Lepsius et duplique » de celui-ci; le critique décide la question en faveur de M. Lepsius.) — BIDERMANN, die Romanen und ihre Verbreitung in Esterreich. Ein Beitrag zur Nationalitäten-Statistik. Graz, Leuschner u. Lubensky. 1877. (Jung: hypothèses aventureuses dans la première partie, les nations romanes descendraient de la race « celto-ligurique » ; bons chapitres sur les Italiens, les Ladins et les Roumains d'Autriche; plein de renseignements.) - WUERZ, de mercede ecclesiastica Atheniensium. Berlin, Mayer u. Müller. 1878. (Gilbert: bon, la « merces ecclesiastica» aurait été introduite après la guerre du Péloponèse par Agyrrhios et élevée à trois oboles peu de temps avant « l'Assemblée des femmes d'Aristophane.) - FAIDHERBE (le général), le Zénaga des tribus sénégalaises. Contribution à l'étude de la langue berbère. Paris. Leroux, 1877. (Pietschmann: bon travail.) JEANNARAKI, Kreta's Volkslieder nebst Distichen und Sprichwörtern in der Ursprache mit Glossar hrsg. Leipzig, Brockhaus. 1876. (B. Schmidt: bonne contribution d'un Crétcis à la littérature des chants populaires néo-grecs et à la connaissance

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