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<< du cimetière, te donne tous les honneurs qui te sont dus tant que tu «es sur terre, [comme] de goûter les biens [déposés] sur la table par-de«vant le roi, lorsque tu es dans l'enfer à la table d'Ounnowri, toutes les « distinctions que tu avais quand tu étais sur terre, [comme] d'entrer « auprès du roi dans son cabinet particulier, lorsque tu es dans le firma<«ment; [qu'il t'accorde] de briller à l'horizon (?) 1, de voir Râ, de te con« duire toi-même au lieu qui te plaît, comme quand tu étais sur terre, de « rafraîchir ton âme dans ta syringe, d'adorer Râ au matin et quand il «< se couche, d'être de sa suite, d'occuper l'avant de sa barque..... » II faut comparer cette prière à l'hymne provenant de la tombe du même personnage et dont M. Edouard Meyer vient de donner le texte et la traduction dans la Zeitschrift 2. On y retrouvera la trace des hérésies qui avaient si profondément troublé les esprits quelques années auparavant. Les inscriptions de Spéos Artémidos nous transportent au milieu de la XVIII dynastie et au commencement, de la XIX. Thoutmos III avait orné la grotte consacrée à la déesse Pakhet, qu'on a si longtemps confondue avec Sakhet, la grande aimée de Ptah, et dans laquelle les Grecs ont reconnu leur Artémis. Séti Ier, arrivant deux siècles après Thoutmos III, mit son nom à la place du nom de son glorieux prédecesseur. Le texte, malheureusement fort mutilé, raconte comment en l'an 1, « le roi << s'étant rendu vers la ville de Memphis pour faire hommage à son père, «< Ammon-Rá, maître de Karnak, habitant les chapelles de Thèbes, à « Toum, maître d'Héliopolis, à Harmakhi, à Ptah, maître du quartier Res« ânb-ew et seigneur [du quartier Ankhtouï] de Memphis, à... Pakhet, la << grande dame de Spéos Artémidos, dame du ciel, à la déesse Oïr-hikaou, « à tous les dieux et à toutes les déesses de l'Egypte, parce qu'ils lui << avaient donné toute la durée de Râ, la royauté de Toum, toute terre « égyptienne et toute contrée étrangère prosternée devant lui 3, » après s'être fait décerner de longs éloges, « rechercha les rites et droits de sa « mère la déesse Pakhet, dame de Spéos Artémidos, pour restaurer [son «[temple] 4... » Sur quoi, la déesse prit la parole et le remercia dans un langage orné de toutes les fleurs de la rhétorique égyptienne. Cette inscription vient compléter heureusement ce qu'on savait déjà du sanctuaire de Spéos Artémidos par les grands ouvrages de Champollion et de Lepsius.

La demi-planche consacrée à Déir el Médineh (pl. CXLVIII) ne renferme que le nom de quatre dieux taureaux. M. de R. avait négligé le temple d'époque ptolémaïque, dont les ruines sont en cet endroit, pour copier les inscriptions beaucoup plus importantes de Médinet-Habou. Quelques-unes sont de Thoutmos III (pl. cxxx), indiquent la restaura

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tion de l'édifice construit à Médinet-Habou par Thoutmos III, sous les règnes successifs d'Harmhabi (Armaïs), de Séti et de Ramsès III (pl. CXLVIII), donnent une date de l'an II de Ménephtah (pl. cxlviii), descendent jusqu'au temps de Psamitik Ier (pl. cxxvi). Le plus grand nombre célèbre les triomphes de Ramsès III sur les Libyens et sur les peuples de la mer. Depuis que M. de R., s'appuyant sur les textes que son fils publie aujourd'hui, proposa d'identifier les peuples de la mer avec les Tyrséniens, Danaens, Lyciens, dont il est si souvent question dans les traditions classiques, plusieurs savants ont émis sur cette question des avis opposés 1. M. Chabas a voulu reconnaître, dans les bandes qui envahirent l'Egypte à plusieurs reprises, les troupes d'une vaste coalition où les nations de l'Italie et de la Grèce, les Sardes de Sardaigne (Shardanes), les Siciliens (Shakalosh), les Etrusques (Tursha), les Dauniens (Danaouna) et les Osques (Ouashash) d'Italie auraient figuré à côté des Achéens (Aqaïousha) de Grèce, des Lyciens et des tribus de l'Asie-Mineure. Pour M. Unger, ce sont des nations de la côte libyenne, Prosoditæ, Khartanoi, Zygritæ de Ptolémée 2, et pour M. Brugsch, des hordes de race caucasienne transportées des rivages de la Colchide aux côtes d'Afrique. Les traditions grecques ne nous permettent guère d'admettre la probabilité d'aucune de ces hypothèses. Elles marquent des migrations des peuples d'Asie-Mineure vers la Grèce, vers la Palestine, vers la Libye, vers l'Italie, mais n'indiquent nullement qu'il y ait eu à cette époque des migrations ou même de simples expéditions de peuples italiens vers l'Orient. Je tiens, quant à moi, que les Toursha sont les Tyrséniens de Lydie, les Shardanes, la tribu qui donna son nom à la ville de Sardes, les Danaou (Danaouna), les Danaens, et les autres peuples de la mer, des peuples d'Asie-Mineure, qu'une cause inconnue, peut-être l'arrivée des Phrygiens, des Bithyniens, des Maryandiniens et des autres peuplades d'origine thrace, contraignit, pendant plus de deux siècles, à chercher fortune en pays lointain, en Syrie, en Egypte ou en Italie. Le nom des Ouashash, qui n'a de commun avec celui des Osques (Obsci, Opici) qu'une ressemblance très-lointaine de son, a la tournure de ces noms cariens et lyciens en -assos, -essos, -issos, comme Assos, Jassos, Tamassos, Halicarnassos, Prynassos. Les Shakalash, des monuments égyptiens, représentent la ville de Sagalassos: il n'est pas nécessaire d'y découvrir une transcription du nom des Sicules.

En résumé, le second volume du Recueil renferme autant de textes intéressants qu'en renfermait le premier. Certains sont publiés là pour la première fois. D'autres avaient déjà été publiés, mais incorrectement : la copie de M. de Rougé permet de les rétablir et d'en comprendre la teneur exacte. Quelques fautes de gravure se sont glissées dans l'ouvrage,

1. Extrait d'un Mémoire sur les attaques des peuples de la mer Méditerranée dans la Revue archéologique, 1867.

2. Chronologie des Manetho, p. 218.

pl. cvi su-shes SPER iut-w qu'il faut remplacer par su-shes R iut-w; pl. cv, 1. 3, il faut lire hi mâ n SHE, au lieu de hi má n тo, etc. Le lecteur les reconnaîtra et les corrigera aisément.

G. MASPERO.

97. Bonifacius der Apostel der Deutschen und die Romanisierung von Mitteleuropa. Eine kirchengeschichtliche Studie, von August WERner. Leipzig, T. O. Weigel.

Les autorités que M. Werner aime à citer quelquefois au bas des pages ne sont pas les annalistes du moyen âge ou les recueils de lettres pontificales : c'est Rettberg, l'auteur de l'histoire ecclésiastique allemande, c'est le D'. de Muller et le Dr. Ebrard qui ont récemment publié des ouvrages sur Boniface et les missionnaires irlandais. Il les suit, en protestant parfois, il est vrai, à travers tout son sujet. Il accepte en définitive et exagère même leurs conclusions. Malgré ses promesses d'impartialité, il ne peut s'empêcher de regarder un peu Boniface comme s'il avait personnellement à s'en plaindre et ne trouve absolument rien de bon dans son apostolat; ce livre est une œuvre de parti. On y voit éclater à chaque pas la haine de ce qui est latin et catholique. Ce sont des sentiments dont l'exagération a tout au moins l'inconvénient grave de nuire à la clairvoyance historique et rendent impossible une équitable appréciation de tout ce qui est soit ami soit adversaire.

98.

Histoire de la Russle depuis les origines jusqu'à l'année 1877, par A. RAMBAUD. Ouvrage contenant 4 cartes. I vol. in-18 de 728 pp. Paris, Hachette, 1878. Prix : 6 fr.

L'ouvrage de M. Rambaud sur l'Empire byzantin au x° siècle a révélé depuis longtemps chez son auteur de réelles qualités d'historien. Le présent volume comble une lacune sérieuse de notre littérature : c'est la première fois que l'histoire de Russie est mise à la portée du grand public par un écrivain, joignant à une large culture générale, une connaissance solide de la Russie étudiée dans les documents originaux. La note bibliographique qui termine le volume indique avec quel soin M. R. s'est mis au courant d'une littérature jusqu'ici presque inaccessible et par quelles nombreuses lectures il a préparé le travail qu'il nous offre aujourd'hui. Le mérite de ce résumé et d'autant plus estimable

(est)

qu'il n'existe dans la langue russe aucun ouvrage similaire. Les histoires de Karamsine et de Soloviev sont trop développées, les manuels trop courts et incomplets; l'ouvrage de M. Bestoujev-Rioumine en est resté au premier volume. D'ailleurs les historiens n'ont pas la main absolument libre en Russie; les préjugés patriotiques chez les uns, les nécessité de la censure chez les autres obligent en maint endroit l'écrivain à transiger avec la vérité. M. R. a complété les Russes sur plus d'un point et a su habilement louvoyer entre les écueils qui s'offrent à l'étranger inexpérimenté. Ainsi dans une question qui a été signalée dernièrement ici-même, il s'est prononcé, judicieusement, quoiqu'un peu mollement peut-être, pour les origines scandinaves de l'ancienne Rous. Il a entremêlé habilement dans la trame de son récit des notions précises sur la civilisation et la littérature de chaque époque. Chacun de ses chapitres forme un tout lumineux et bien ordonné et nous n'avons que des éloges à donner à la façon dont les événements et les hommes sont présentés. Sur plusieurs questions controversées, sur les origines ethnographiques des Slaves moscovites, sur les causes du conflit russo-polonais, ce volume offre une réfutation à la fois solide et élégante des préjugés qui ont eu longtemps cours parmi nos publicistes, nos hommes d'état et nos his

toriens.

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Nous n'avons pas à analyser cet ouvrage qui ajoute un excellent volume à la collection Duruy; nos critiques ne porteraient que sur des points de détail sans grand intérêt, par exemple la transcription des noms russes en of ou ef que les slavissants ne sauraient admettre. Ces chicanes sérieuses dans un ouvrage philologique n'ont au point de vue historique qu'une importance de troisième ordre. En revanche nous demanderons à M. R. de restituer aux noms polonais la forme nationale sous laquelle ils sont connus dans l'histoire; il s'est contenté de transcrire en français l'orthographe russe : on a quelque peine à reconnaître la szlachta polonaise sous la forme schliachta, Mniszek sous la forme Mnichek, Zolkievski, sous la forme Jolkievski, Chodkiewicz sous la forme Khodkevitch, Jezierski sous la forme Ezerski. Les polonais ayant l'alphabet latin, nous n'avons pas le droit de modifier l'orthographe des noms historiques pas plus que nous n'avons celui d'écrire Baïronn et Chekspir 2. Cette rectification est la seule que nous réclamions de M. R. en vue d'une prochaine édition. Peut-être ferait-il bien d'ajouter à la période moderne quelques pages sur le Panslavisme dont le nom ne se rencontre pas une fois sous sa plume.

Louis LEGER.

1. Voir la Revue critique, no 8, année 1878.

2. Ce que M. R. dit p. 711 du mot czar (tsar) considéré comme polonais est inexact. La forme polonaise actuelle est Car, c polonais ayant la valeur de ts.

99.

L'esprit révolutionnaire avant la révolution, 1715-1789, par Félix ROCQUAIN. Paris, Plon, 1878, in-8°, x1-541 pages.

Plusieurs écrivains et, récemment M. Taine on sait avec quelle force et quel éclat, ont cherché à dégager d'une étude sociale et politique de l'ancien régime les éléments des idées et des passions qui ont fait la Révolution française. M. Rocquain s'est proposé de nous faire suivre, à travers l'histoire du xvIIIe siècle, les manifestations progressives de ces passions et de ces idées. Euvre moins vaste, moins générale que celle des historiens philosophes, mais œuvre très-profitable. Il n'y a rien de plus nécessaire que de placer les faits à leur date : la chronologie restera toujours la trame fondamentale de l'histoire. Le mérite et l'intérêt du livre de M. R. est d'avoir suivi l'ordre des temps et n'avoir pas confondu les effets et les causes. L'enchaînement des uns et des autres a été bien observé, et je ne crois pas qu'on l'ait ailleurs fait ressortir avec autant de méthode, de suite et de précision. Le livre commence à la mort de Louis XIV et on y voit poindre, dès les premières pages, un fait important malgré ses dehors pompeux et l'éclat de sa puissance extérieure, le gouvernement du grand roi n'avait détruit aucun des germes de l'agitation religieuse, politique et sociale qui régnait au xvre siècle et produisait au XVIIe les mouvements populaires de la Fronde. Les désastres des dernières années aidant, la guerre, l'invasion, la famine provoquaient des murmures et, ici et là, des émeutes. Les historiens ont, en général, attribué, trop peu d'importance à ces émeutes. Avec les mêmes formes de superstition sauvage, elles sont, au commencement du siècle, comme elles le seront à la fin, le symptôme d'une crise profonde de la société et de l'état. Mais alors, pendant la Régence, de 1715 à 1720, le sentiment monarchique est encore vigoureux : si on insulte le cadavre de Louis XIV, on acclame le berceau de Louis XV; on en appelle du vieux roi au roi-enfant; on crie, en pleine sincérité « Le Roi est mort, vive le Roi! » On ne conteste point le principe du gouvernement, et le gouvernement, bien que déjà atteint dans ses organes essentiels du mal qui doit l'abattre, conserve son prestige et sa force apparente : il domine, il réprime facilement l'opposition. Cette opposition d'ailleurs n'a rien de politique. Elle est toute religieuse : c'est la querelle des jésuites et des jansénistes; mais cette querelle passionne la société ; les parlements s'en mêlent, les partis en appellent tour-à-tour à l'opinion et, de religieuse qu'elle était au début, l'opposition devient politique. L'étude de cette transition est la partie capitale du livre de M. R. C'est entre les années 1749 et 1754 (livre IV et livre V) que se manifeste cette transformation des idées. Le roi est menacé les mécontents, en 1751, invoquent Jacques Clément et Ravaillac (p. 145). Le parlement de Paris joue à l'Assemblée nationale. On parle des Etats généraux. Le mot de révolution est partout. « On ne parle plus, écrit d'Argenson, le 1 mai, 1751, que de la nécessité d'une prochaine révolution par le mau

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