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département, sous peine d'être traité comme perturbateur du repos public. Perrier se retira donc à Grenoble et revint en 1795, il fut en 1802 transféré par le premier consul au siége épiscopal d'Avignon. Ancien oratorien et directeur du collége militaire d'Effiat, c'était certainement un honnête homme très-modéré. Il écrivait à Grégoire, en 1797: « La terreur aristocratique a succédé à la terreur démagogique; c'est la même chose en sens contraire; ce sont les mêmes abus, les mêmes excès; quand plaira-t-il à la bonté suprême de faire cesser ces actions et réactions, et de nous donner la paix? » L'homme qui parlait ainsi méritait sans doute que M. M. lui consacrât quelques pages, et j'en dirai autant de l'ex-jésuite Dufraisse, enfant du Puy-de-Dôme, esprit charmant et homme de cœur qui n'abandonna pas son poste pendant la terreur. Après le 9 thermidor, Dufraisse demandait avec instance la grâce de Marin Bouscarat, incarcéré alors comme complice de Couthon. « Il a été, disait-il, couthoniste et briseur de saints; mais il n'est pas le seul, et je ne désespère pas d'en faire un jour un saint et un apôtre. » Peut-être que M. M. poursuivant ses études, rencontrera sur son chemin cet homme excellent, et j'espère qu'il pourra citer de lui plusieurs fragments de lettres comme celui-ci : « Nous servons la Convention plus qu'elle ne pense; nous ne nous vantons pas de ce que nous faisons, mais nous n'en sommes pas moins utiles; nous maintenons encore le peuple, au moins en grande partie, dans les sentiments de respect qu'il doit avoir pour les autorités constituées. Non, j'ose l'assurer, elle ne serait jamais venue à bout d'établir une constitution républicaine comme nous espérons qu'elle va le faire, si des prêtres vraiment zélés pour le bien public n'avaient nourri l'amour de la République et de la patrie dans les cœurs. Et il ne faut pas se le cacher, c'est pour cela que les ennemis de la République nous haïssent tant... » (Lettre autogr. 3 août 1795). Poyet, curé de Montferrand, ne mérite pas non plus d'être appelé un « révolutionnaire des plus ardents » (p. 354) car il établissait une distinction très-nette « entre le terroriste et le patriote, » et j'ai sous les yeux quelques lettres de lui qui sont fort sages.

Mais ces desiderata, causés sans doute par le manque de documents précis, n'ôtent rien à la grande valeur du livre de M. Mège. Il serait à souhaiter qu'on en fit de semblables dans tous les départements, afin qu'un jour, avec des matériaux de ce genre, on put enfin écrire l'histoire définitive de la Révolution française.

A. GAZIER.

101.

Drei Bücher Geschichte und Politik von Ottocar LORENZ. Berlin. Theob. Grieben. Bibliothek fur Wissenschaft und Litteratur.

La place de ce compte-rendu serait plutôt à l'analyse des périodiques qu'au milieu des revues d'ouvrages. Ce livre est en effet une série d'arti

cles publiés déjà pour la plupart dans des revues allemandes. L'unité manque complétement à l'oeuvre. Du reste, M. Lorenz s'est donné un collaborateur dont la contribution est curieuse à lire; c'est le roi Charles II d'Angleterre, vaincu, proscrit et solliciteur infatigable de l'Empereur. Les lettres du monarque courtisan, que M. Lorenz a trouvées dans les archives de Vienne, donnent une assez piètre idée de celui qui les a écrites, et suggèrent cette réflexion à l'éditeur que le roi Charles n'a rien qui le distingue d'un simple Polonais. Les deux courts essais sur lord Palmerston et le petit livre de Freeman Progrès de la constitution anglaise, n'offrent pas beaucoup d'intérêt. En revanche, on lira avec beaucoup de plaisir l'histoire de la Révolution belge sous Joseph II, d'après les papiers du comte Murray, et avec profit l'Etude sur « Ottocar de Bohême et l'Archevêché de Salzbourg. »

CORRESPONDANCE

Nous recevons de M. Bordier la lettre suivante que nous nous faisons un plaisir d'insérer, car elle intéressera et instruira certainement nos lecteurs.

<< Monsieur,

G. MONOD.

« Dans le n° 16 de la Revue critique, p. 267, j'aperçois le regret par vous exprimé de n'avoir rien trouvé sur George d'Averly, pas même dans la 2o édition de la France protestante. C'est une erreur où vous ont induit les caprices de l'ancienne orthographe, desquels il faut toujours se méfier.

<< D'AVERLY, l'envoyé d'Henri IV à Strasbourg en 1587, n'est cité, à ma connaissance, que dans les Mémoires de Claude Haton, curé de Provins. Ils étaient voisins et ils ne s'aimaient pas. Le bouillant curé raconte qu'en 1562 « les voleurs et meschans garnemens (les Huguenots, naturelle«<ment), pour la plus part gentilshommes, ou pour mieux dire gens<< pille-hommes, s'adonnèrent à piller de toutes parts. Des voleurs es<< toient »>, ajoute-t-il, « ung nommé d'Averly (p. 324) ». Ailleurs il le désigne par son nom de famille : M. d'Acou ou d'Acco (nom que portent plusieurs villages de France). Il le mentionne encore sous l'année 1567; c'est un peu loin de 1587; je crois cependant que c'est bien le même, car Haton le donne comme étant « jeune gentillâtre », en 1562. Et il a dû disparaître bien peu de temps après 1587, car le P. Anselme nous

apprend (IX, 168) que, dès avant 1594, sa seigneurie était passée dans la famille de la Vallée du Fossez qui en fit bientôt un marquisat.

<< Mais vous pouvez remarquer dans les Mémoires de Claude Haton qu'en citant (par huit fois) ladite seigneurie, il la nomme cinq fois Averly et trois fois Everly. Or c'est la dernière forme qui a prévalu, c'est la seule qu'emploie le P. Anselme, et le Dictionnaire des Postes, qui n'est pas une autorité, j'en conviens, mais qui estampille l'usage moderne, bon ou mauvais, met: Everly, arrond. de Provins, canton de Bray. Ne vous étonnez donc pas de ne pas plus trouver Averly dans la France protestante que dans tout autre recueil historique, mais dites à vos lecteurs, je vous prie, qu'ils y trouveront très-bien Acou et EVERLY. Agréez, etc.

H. BORDIER.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 10 mai 1878.

M. Laboulaye, président, annonce la mort de M. Boré, supérieur des Lazaristes, correspondant de l'académie.

L'académie procède à l'élection d'un membre ordinaire en remplacement de M. de La Saussaye, décédé; M. Aug. Mariette est élu.

M. Le Blant lit une note sur une fiole du musée du Louvre, qui porte l'image de saint Ménas. Ce saint était honoré en Egypte. On racontait qu'après sa mort on avait, en vertu de ses dernières volontés, chargé son corps sur un chameau qu'on avait laissé libre, et qu'on l'avait enterré à l'endroit où le chameau s'était arrêté; à ce même endroit avait été bâtie, disait-on, l'église qui lui était consacrée. De nombreux pèlerins venaient visiter cette église; ils en rapportaient, entre autres reliques, de l'huile prise dans des vases placés à proximité du tombeau du saint cette huile passait pour sainte et miraculeuse. M. Le Blant cite un grand nombre de témoignages qui montrent ce genre de dévotion pratiqué en divers lieux de pèlerinage de l'Orient et de l'Occident, tant dans l'antiquité qu'au moyen âge et même de nos jours. Chrysostome conseille cette pratique: «Va prendre, dit-il au fidèle, la bénédiction (l'eulogie) sur le tombeau; emporte l'huile sainte »äpov ebhoylav ånd τοῦ τάφου · λάβε ἔλαιον ἅγιον. La fole du musée du Louvre porte une inscription où se trouvent à peu près les mêmes expressions: EYOAOFIA (sic) AABOMEN TOY AгIOY MHINA. A côté de cette inscription est

1. [On lit en effet dans la 2o éd. de la France protestante, I, 32 : « Le seigneur d'Acou en Brie, près Provins, lequel était en même temps seigneur en partie d'Everly, fut un des premiers gentilshommes de ce pays, qui profitèrent de l'édit de tolérance (1560) pour se déclarer ouvertement protestants. Il prit les armes en 1562 à l'appel du prince de Condé; mais le curé provinois, Claude Haton, auquel nous devons ces renseignements, n'en dit pas davantage. » Il nous eût été difficile de reconnaître là notre George d'Averly, envoyé d'Henri IV à Strasbourg. Ni cette mission, ni son prénom n'étaient connus avant la publication de la note de la Revue critique. G. M.].

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REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

l'image du saint, représenté debout et priant; à ses pieds sont figurés deux chameaux, pour rappeler la légende de son enterrement.

M. le secrétaire perpétuel lit une lettre de M. Th.-Henri Martin, relative à l'inscription de Rome dont il a été question à la séance du 26 avril (communication de M. Renan; voir le compte rendu de cette séance, no 18, p. 299). M. Th.-H. Martin pense qu'on ne peut lire, à l'endroit qui fait difficulté, ni paganos, puisqu'on trouve au commencement de la lacune les traces des lettres AL, ni alienos, parce que ce mot n'était pas usité au sens de païen (on ne trouve en ce sens qu'alienigenas), ni alumnos, parce qu'au ive siècle le christianisme était trop généralement répandu pour qu'une jeune fille chrétienne fût élevée dans une maison païenne. En outre, ces trois mots seraient, selon une remarque qui a été faite le 26 avril, tous trop courts pour la lacune. Enfin, puisque le père, auteur de l'inscription, a terminé la phrase en question par les mots qui expriment l'idée que sa fille était païenne, c'est qu'il tenait surtout à exprimer cette idée-là, et que, par conséquent, il était luimême païen et non chrétien. Le christianisme était alors la religion dominante à Rome; la famille à laquelle appartenait l'auteur de l'inscription était probablement une famille étrangère : elle était restée païenne, mais la fille avait dû se soumettre extérieurement à quelques pratiques chrétiennes. Le père, païen convaincu, tient à établir que sa fille était païenne aussi. De toutes ces considérations, M. Th.-H. Martin conclut à lire inter fedeles fidelis fuit, inter al[ienigenas] nos pagana fuit. — M. Renan ne croit pas cette conjecture admissible. Il n'est pas exact que les mots alienos et alumnos soient trop courts pour la lacune qui se voit sur l'inscription, ils sembleraient plutôt un peu trop longs. Au reste, avant de former de nouvelles conjectures, il convient d'attendre des renseignements sur l'état matériel de la pierre, renseignements que M. Renan compte recevoir prochainement de M. Amaril, associé de l'académie. M. Lenormant continue sa lecture sur les magistrats monétaires chez les Grecs. - Sur les monnaies des Ptolémées et des autres rois de pays grecs, on ne trouve généralement, dit-il, d'autre nom que celui du roi. L'atelier monétaire ou le monnayeur est désigné, le plus souvent, par un simple monogramme ou par un signe symbolique. Très-rarement quelques grands personnages, généraux, ministres, ou régents, ont obtenu ou usurpé le droit de mettre leurs noms sur les monnaies à côté de ceux des rois.

M. Benlow continue sa lecture sur la langue albanaise. Il poursuit l'exposé des règles de la déclinaison des noms dans cette langue. Cette déclinaison ressemble fort peu à celle des langues indo-européennes. Ouvrages déposés. HOVELACQUE (Abel), Zoroastre et le Mazdéisme; 1o partie, introduction : découverte et interprétation de l'Avesta (Paris, 1878. in-8°); MOURA, Voltaire et le centenaire (Paris, 1878, in-16); VASCHALDE (Henry), Tombeau du maréchal d'Ornano à Aubenas (Ardèche), documents inédits (Vienne, 1878, in-8°). Présentés de la part des auteurs: — par M. Miller: A A0qvai πepì tà téλY TOÙ δωδεκάτου αἰῶνος κατὰ πηγὰς ἀνεκδότους, διατριβὴ ἐπὶ ὑφηγεσίᾳ τοῦ μαθήματος τῆς ἑλλ. ἱστορίας ἐν τῷ ἐθν. πανεπιστημίῳ, ὑπὸ Σπυρ. Ν. Λαμπρου (Αθήνησι, 1878, in-8°); par M. Delisle : 1° DELISLE (L.), Notice sur un manuscrit merovingien de la Bibliothèque d'Epinal, communiquée à l'académie des inscriptions et belles-lettres le 14 septembre 1877 (Paris, 1878, gr. in-4o); 2o CHEVALIER (Ulysse), Répertoire des sources historiques du moyen âge, bio-bibliographie, 2° fasc., D-Í (Paris, 1878, in-8°); 3° BEAUJOUR (Sophronyme), Essai sur l'histoire de l'église réformée de Caen (Caen, 1877, in-8°).

Julien HAVET.

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, imprimerie M.-P. Marchessou, boulevard Saint-Laurent, 23.

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Recht und Gericht in Montenegro. Agram. Hartman. 1877. (Intéressant.) OSENBRÜGGEN, der Gotthard und das Tessin mit den oberitalischen seen. Basel, Schwabe. 1877. (Bon, agréable à lire.) MÜLLER, neunzehn Jahre in Australien. Bern, Jenni. 1877. (Souvenirs d'un Suisse qui a vécu en Australie de 1857 à 1876.) Alexander von Tralles, Original-Text und Ubers, nebst einer einl. Abhandl. v. PUSCHMANN. Wien, Braumüller. (Très-bonne publication d'un médecin philologue, élève de Häser et d'Iwan Müller. Ce volume, le 1er, contient la dissertation sur la fièvre, c. à. d. le dernier des douze livres des latpixá; le second volume renfermera les onze autres livres.) SCHANZ, über den PlatoCodex der Marcusbibliothek in Venedig. Leipzig, Tauchnitz. 1877. (Le plus ancien des manuscrits de « la seconde famille », celui que Bekker nomme t, est celui d'où dérivent tous les autres; c'est le manuscrit de Venise (append. class. 4. Nr. 1.) Herder's sämmtliche Werke, hrsg. V. SUPHAN, Berlin, Wiedmann. 1877. (Trois volumes ont déjà paru; édition très-importante et toute « scientifique >>.)

Jenaer Literaturzeitung, no 18, 4 mai 1878: SELL, das Christenthum gegenüber den Angriffen von Strauss. Zimmer, Frankfurt a. M. 1877. (Clüver bon.) LANGE, logische studien, ein Beitrag zur Neubegründung der formalen Logik und der Erkenntniss-theorie. Iserlohn, Boedeker. 1877. (Schuppe: long article de six colonnes, livre excellent, méthode sûre, quelques critiques à faire.) - FRAUENSTADT, neue Briefe über die Schopenhauersche Philosophie. Leipzig, Brockhaus. 1876. (Volkelt ouvrage d'un homme plein de respect et d'admiration pour Schopenhauer, mais peu remarquable et qui servira peu la philosophie du pessimisme; il n'y a là, comme disait Hegel, que des « Modificationchen »). SICKEL, Beiträge zur Diplomatik, Wien, Karl Gerold's Sohn. 1877; MÜHLBACHER, die Datirung der Urkunden Lothar I. Wien, Karl Gerold's Sohn. 1877. (Schum bons ouvrages, très-importants pour l'histoire des sources.) · MARTENS, die russische Politik in der orientalischen Frage. Petersburg, Schmitzdorff. 1877. (Caro: un des meilleurs écrits qn'aient provoqués les derniers événements; très-favorable à la Russie qui avait « le droit juridique et moral » d'établir dans la Turquie un nouvel et meilleur ordre de choses.) - BACHMANN, Böhmen und seine Nachbarländer unter Georg von Podiebrad, 1458-1461 und des Königs Bewerbung um die deutsche Krone. Prag, Calve. 1878. Caro bon travail, récit des efforts de l'ambitieux Podiebrad qui visait à la couronne impériale, précieux renseignements sur cet épisode.) — CHIPIEZ, histoire critique des origines et de la formation des ordres grecs. Paris, Morel. 1876. (Bursian : des lacunes et quelques erreurs, l'auteur est un dilettante en archéologie, mais des idées originales sur la formation des ordres grecs, la colonne ne résulterait pas de l'imitation des formes de la nature. A recommander à tous les archéologues et critiques d'art.) - GARRUCCIUS, Sylloge inscriptionum latinarum ævi romanæ reipublicæ usque ad C. Julium Cæsarem plenissima, fascic. II. Augusta Taurinorum, Paravia. 1877. (Buchholtz : excellent recueil, « addenda » des découvertes des dernières années, bon index.) SAUVÉ, Proverbes et dictons de la Basse-Bretagne, recueillis et traduits. Paris, Champion. 1878. (R. Köhler: la Revue critique a reçu ce livre, composé d'articles détachés parus successivement dans la Revue celtique, nous ne pouvons, comme le critique allemand, que louer et féliciter ce receveur des douanes du Finistère qui a glané ces proverbes « un peu partout, à l'aventure, dans la lande et sur le chemin des pardons »; les divisions du livre sont très utiles; les traductions des dictons bretons fidèles et accompagnées de remarques instructives; espérons que M. Sauvé ne s'en tiendra pas là et qu'il nous donnera d'autres études sur le peuple breton et ses traditions.)

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