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mine très-féconde pour l'histoire du pays où ils résident, il convient, lorsqu'on use de semblables documents, de ne pas oublier le point de vue très-déterminé, où se plaçaient ces diplomates. L'agent d'une puissance étrangère ne fait pas œuvre d'historien: de tout ce qu'il voit, lit, entend, il ne rapporte que ce qu'il croit intéressant pour son gouvernement. Tout fait, tout propos, consigné dans un rapport diplomatique, n'est point par cela même un fait ou un propos historique; mais il dénote toujours, de la part de l'agent et de la part de la société qu'il fréquente, un certain état d'esprit qu'il est important de considérer. C'est surtout quand il s'agit de trouver la nuance, qu'une pareille correspondance est précieuse. M. H. me paraît avoir fait un usage fort intelligent des documents qu'il a consultés; peut-être ne prend-il pas assez garde à un certain esprit de dénigrement contre le roi, sa famille et sa cour, qui était alors de bon ton dans le monde ou plus exactement dans les coteries que fréquentaient les diplomates étrangers. En général, on connaît peu dans ces coteries les grands mouvements de l'esprit public; on ne sait rien ou presque rien de ce qui se passe dans le monde de la science et de l'industrie; enfin, par étroitesse de pensée aussi bien que par manie du bel esprit, on est trop disposé à supposer aux grands effets de petites causes et à résoudre les problèmes de l'histoire par des anecdotes.

Quelques mots des principaux chapitres du livre : I (août à septembre 1830). Le portrait de Louis-Philippe est très-fouillé, trop fouillé : l'auteur étale trop complaisamment les défauts du roi et rabaisse injustement ses qualités. Ce que M. H. montre bien, c'est que Louis-Philippe ne pouvait pas être à la fois, comme on le lui demandait, Louis XVIII et Napoléon. « Il ne croyait ni à la force du droit ni au droit de la force >>> (p. 5); mais il croyait, peut-on ajouter, à l'expérience, au tact, au sens commun, ce qui était capital lorsqu'il s'agissait de gouverner une Révolution qui s'était faite contre ce que l'on appelait «< la force du droit », et qui ne pouvait, ni ne devait, ni ne voulait s'appuyer sur ce que M. H. appelle assez hardiment « le droit de la force. » En général, M. H. exagère les critiques qu'il adresse à la politique personnelle du roi. Je ne nie point que cette politique n'ait eu, par certains côtés, quelque chose d'intéressé qui était, en réalité, plus bourgeois que dynastique; mais Louis-Philippe, et M. H. l'a très-bien montré, était roi, très-roi, très-Bourbon, malgré les serments civiques, la Marseillaise et les fameuses promenades au Palais-Royal. Enfin, il connaissait l'Europe, que les partis connaissaient et jugeaient si mal, et sur laquelle des hommes supérieurs, et d'opinions bien diverses, se méprirent si complètement en 1840. En ce premier chapitre, la partie des relations extérieures du nouveau gouvernement, à ses débuts, est bien exposée, et c'est un point essentiel pour qui veut juger avec équité la monarchie de Juillet. Ch. II. Affaires intérieures (septembre 1830-mars 1831.) Les fautes, les contradictions de l'opposition libérale au début du règne sont l'objet d'une critique pénétrante; il y a là beaucoup à apprendre. — Ch. III.

Il traite des rapports de la révolution de Juillet avec l'Europe: l'affaire de Belgique, la conférence de Londres, la révolution de Pologne, les évènements d'Italie (septembre 1830-mars 1831). C'est peut-être le chapitre principal de l'ouvrage. Ce n'est certes pas celui où M. H. s'est montré le plus bienveillant et où il a fait le plus d'efforts pour comprendre et expliquer les erreurs dont il retrace l'histoire et montre les conséquences; mais c'est une étude, avec ses pointes et ses piqûres, extrêmement instructive. Ce que M. H. dit de l'alliance anglaise est juste; il parle fort bien du grand rôle qu'a joué Talleyrand et des services que ce diplomate rendit à la France dans la conférence de Londres, et que ses contemporains ont trop peu appréciés. Il fait ressortir les graves dangers qu'une autre politique aurait fait courir à la France. Mais il me semble beaucoup moins équitable dans ce qu'il dit de l'état de la Pologne et de sa révolution. Il me paraît véritablement injuste à l'égard de la Belgique: il méconnaît ce qu'il y avait d'abusif en soi et d'insupportable pour les Belges dans la formation du royaume des Pays-Bas. Une nation catholique a, comme une autre, le droit d'être libre; et si même, par aventure et pour friser le paradoxe, on imagine une nation libre se constituant librement en théocratie, on ne voit pas quelle atteinte en recevrait le droit public. - Ch. IV (mars 1831, mai 1832), le titre: Le gouvernement gagne l'estime de l'Europe, indique ici une appréciation élogieuse de Casimir Périer: M. H. place ce ministre très-haut; il fait de lui, sans aucune comparaison, le premier hommé d'état du temps, et il a raison. Le chapitre V continue le précédent et nous mène jusqu'à la mort de Casimir Périer. Le chapitre VI contient un récit vif et coloré des conspirations légitimistes, du soulèvement de la Vendée et de l'affaire de la duchesse de Berry: les relations des ministres étrangers ont ici fourni à M. H. des détails neufs et trèspiquants. Ch. VII. Etude très-critique, souvent railleuse, mais bien intéressante des conspirations révolutionnaires de 1834 à 1836.-Ch. VIII. Politique extérieure de 1832 à 1836: instructif, plein de renseignements nouveaux; mais exempt de sympathie, dépourvu de bienveillance et parfois même de justice en ce qu'il critique et blâme chez les hommes d'état, les publicistes et le public français des erreurs, des visées, des illusions qui ont été et sont le fait de tous les peuples; les peuples allemands, en particulier, n'ont à cet égard rien à reprocher à personne. Il serait nécessaire de rétablir les proportions et de remettre, pour les bien apprécier, les choses et les gens dans leur vrai milieu européen. -Ch. IX (1836 et 1837). M. H. paraît regretter que le roi n'ait pas suivi la politique de M. Thiers en Espagne. Je doute que les Français éclairés soient de son avis. Il y a là une étude fort attentive de la conspiration de Strasbourg; l'auteur de cette conspiration est apprécié avec une extrême indulgence. En résumé, le livre de M. H. est un livre à étudier, j'ajouterai un livre à traduire. On le lira parfois avec impatience, toujours avec profit. Du reste, il suffira, pour rétablir l'équilibre, de relire la partie correspondante des mémoires de M. Guizot. M. Guizot corrigera ce qui

est défectueux dans le livre de M. Hillebrand, et, lorsqu'il se rencontrera avec lui dans ses jugements, il donnera aux critiques qu'il convient d'adresser à cette époque, l'élévation nécessaire et cette noble sympathie qui nous fait recevoir les leçons, si dures qu'elles soient par moments, avec reconnaissance.

Albert SOREL.

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105. — Bibelkunde des Neuen Testamentes für die oberen Classen von Gymnasien und anderen hoeheren Lehranstalten, sowie zum Selbstunterricht, bearbeitet von Dr. Eduard KRÆHE, ordentlichem Lehrer am Friedrichs-Werderschen Gymnasium zu Berlin. Berlin, SW., 1877, Verlag von Carl Habel. In-8°, vii-292 p. Voici un manuel dont la publication a paru en Allemagne non-seulement utile, mais tout-à-fait naturelle, et qui causerait en France, si quelque chose de semblable y pouvait être tenté, une bien grande émotion. C'est l'introduction de la critique biblique la plus indépendante et de ses résultats scientifiques considérés comme acquis et incontestables par l'auteur, dans l'enseignement officiel et régulier des Gymnases, c'est-à-dire dans les établissements d'instruction secondaire. Rien ne saurait mieux faire sentir la différence qui sépare la culture des deux pays. En France, l'enseignement religieux n'est donné dans les lycées. que par des ecclésiastiques et reste soigneusement distinct de l'enseignement profane. En Allemagne, il n'y a pas d'aumôniers attachés aux Gymnases, c'est un professeur ordinaire qui est chargé de cette partie de l'enseignement et qui la traite avec la même liberté que toutes les autres. 11 professe sur la littérature biblique comme sur la littérature profane, et vise moins à « édifier » les élèves qu'à les instruire. Voici la réflexion que fait M. Krähe dans la préface de son manuel : « Quand la contradiction a éclaté entre la science et l'usage pratique, et qu'on continue à suivre celui-ci en ignorant totalement celle-là, il ne peut qu'en résulter un grand dommage pour l'éducation nationale. Le dommage est d'autant plus grand dans le domaine de l'enseignement religieux que cet enseignement, qui doit donner la culture morale, agit d'une façon précisément démoralisante, lorsqu'il s'appuie sur une fiction reconnue comme telle, mais admise ou tolérée comme nécessaire. » M. K. a voulu mettre en harmonie cet enseignement, dont il est chargé dans un des premiers gymnases de Berlin, avec les résultats de la critique biblique. Nous doutons bien un peu que les jeunes Berlinois, quel que soit leur développement intellectuel, puissent bien comprendre tout ce que le professeur leur propose et se rendre bien compte des difficultés et des problèmes qu'il discute devant eux. Sans doute, M. Krähe s'en tient aux points qu'il regarde comme acquis et certains. Mais c'est lui seul qui s'est fait juge de ces points, et un autre professeur en jugerait autrement. Il a été amené ainsi à mêler le vieux et le nouveau, les données traditionnelles et les données scientifiques d'une façon souvent arbitraire et parfois étrange. Il a dû simplifier bien des discussions qui, pour les savants et en réalité, sont bien autrement complexes. Il a dû trancher bien des questions où la vraie science reste dans le doute. Mais il va sans dire que nous n'avons pas à faire la critique d'un livre qui n'est pas un ouvrage de science. Il a les mérites et les inconvénients des manuels moitié laires, moitié scientifiques. C'est comme phénomène pédagogique qu'il fallait le signaler.

A. SABATIER.

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REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

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Séance du 17 mai 1878.

M. Miller présente quelques observations au sujet de l'inscription en l'honneur de saint Ménas, communiquée par M. Le Blanc à la dernière séance. Cette inscription est ainsi conçue: EYOAOTIA AABOMEN TOY ΑΓΙΟΥ ΜΗΝΑ. Dans ΕΥΟΛΟΓΙΑ, qui est la pour εὐλογίαν, la chute du y final doit-elle être considérée comme un fait de phonétique (cev final est tombé en grec moderne), ou faut-il y voir une faute de syntaxe? Bien que la chute du dans un grand nombre de mots terminés par cette lettre se rencontre très-anciennement dans les manuscrits, M. Miller croit qu'ici il y a plutôt une faute de syntaxe. L'emploi du nominatif là où la grammaire demanderait un autre cas, est fréquent dans les inscriptions de cette région : M. Miller cite des inscriptions ainsi conçues : ΤΟΥ ΑΓΙΟΥ ΑΒΒΑ ΙΣΙΔΩΡΟΣ, ΤΟΥ ΑΓΙΟΥ ΠΟΛΥΟΚΤΟΣ. — Le petit monument qui porte les mots ΤΟΥ ΑΓΙΟΥ ABBA ΙΣΙΔΩΡΟΣ est en la possession de M. Muller, qui l'a rapporté d'Eléphantine. On ne sait qui est ce saint Isidore, abbé; c'est la première fois qu'on le trouve mentionné.

M. Lenormant continue sa lecture sur les magistrats monétaires chez les Grecs et sur les mentions de ces magistrats qu'on trouve sur les monnaies. Il s'occupe des monnaies frappées sous l'empire romain par les cités grecques d'Asie. Il signale ce fait que l'emploi du mot äpyOVTOS avec un nom d'homme, sur ces monnaies, n'indique pas toujours que cet homme fut un archonte au sens restreint de ce mot, mais simplement qu'il exerçait une magistrature quelconque. On trouve ce mot employé en parlant de magistrats dont le titre propre était stratége, prytane,

etc.

M. Wallon lit en deuxième lecture le mémoire de M. Th. H. Martin sur les hypothèses astronomiques du philosophe Parménide.

M. Benlow continue sa lecture sur la langue albanaise. Il poursuit l'exposé de la grammaire de cette langue.

Ouvrages présentés : — par M. Maury : Légendes et récits populaires du pays basque, par M. CERQUAND, III (Pau, 1878, in-8°); — par M. Pavet de Courteille : DABRY DE THIERSANT, Le mahométisme en Chine et dans le Turkestan oriental (Paris, 1878, 2 vol. in-8°); par M. de Rozière; FINOT (Jules). Etude sur la géographie historique de la Saône et de ses principaux affluents (Vesoul, 1878, in-8°).

Ouvrages déposés : brochure in-8°);

CASTAN (Aug.), Vesontio colonie romaine (Besançon, 1878, Recueil des ordonnances des Pays-Bas autrichiens, 3a série 1700-1794, tome IV, contenant les ordonnances du 9 janvier 1726 au 25 octobre 1734, par M. GACHARD (Bruxelles, 1877, in-fol.).

Julien HAVET.

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, imprimerie M.-P. Marchessou, boulevard Saint-Laurent, 23.

Suisse). -BRÜGEN (Von der), Polens Auflösung. Leipzig, Veit. 1878. (Trèsbon, sévère pour la Pologne, qui fut perdue par le jésuitisme et l'égoïsme de la noblesse, qui n'eut pas de renaissance et resta attachée à la scolastique. « La Pologne sortit de l'école dès la quatrième, tandis que les autres nations suivaient le cours d'études jusqu'au bout. » C'est surtout sous les Augustes de Saxe que se montre l'effroyable décadence et, sous Stanislas Auguste, il était trop tard.) - WAGNER (Major), Geschichte der Belagerung von Strassburg im J. 1870. 3 Th. Berlin, Schneider u. Co. (Très-bon, utile aux ingénieurs et aux artilleurs qui, comme le prouve le siége de Strasbourg, doivent unir leurs efforts dans l'attaque d'une place.) — BURNELL, on the Aindra School of sanskrit grammarians, their place in the Sanskrit and subordinate literatures. Mangalore and London. 1875, Basel, Missionsbuchh. (Vi. Il y aurait eu une école de grammaire, Aindra School, que Panini n'a pas détruite, mais qui s'est conservée jusqu'à nos jours, etc., idées originales, fort bon livre). WATTENBACH, Schrifttafeln zur Geschichte der griechischen Schrift und zum Studium der griechischen Paloeographie hrsg. II Abtheil. Berlin, Burchard. 1877. (W. A. très-utile, permet pour la première fois de faire avec succès un cours de paléographie grecque, cp. Revue Critique, 1878, no 13, art. 66, p. 201). DUNGER, Dictys Septimius, über die ursprüngliche Abfassung und die Quellen der Ephemeris belli Troiani. Dresden, 1878. (M. L'Ephemeris de Dictys est une œuvre romaine originale et son auteur est L. Septimius, qui ne se nomme que comme traducteur; l'ouvrage est dirigé contre Körting, qui croyait à l'existence d'un Dictys' grec; très-bon). - HAYM, Herder nach seinem Leben und seinen Werken dargestellt. 1 Bd) 1 Hälfte. Berlin, Gärtner. 1878. (Excellent, cp. Revue Critique, 1878, n° 7, art. 37, p. 111.)

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Jenaer Literaturzeitung, no 19, 11 mai 1878. IMMER, Theologie des neuen Testamentes. Bern, Dalp. 1878. (Lipsius: bon.) - ERNESTI, prælectiones in libros symbolicos ecclesiæ Lutheranæ ab anno 1752 et 1777, mit einem Vorwort hrsg. v. REDLING, vol. I, continens tria symbola oecumenica, Augustanam confessionem et apologiam ejus. Berlin, Wiegandt u. Grieben. 1878 (Pünjer pourquoi cette réimpression des conférences d'Ernesti? ouvrage vieilli.) RITTNER, pravo koscielne katolickie. Tom. I, Lwow, Schmidt. 1878. (V. Schulte; ouvrage en polonais sur le droit ecclésiastique, au courant de la science.) JÜLFS und BALLEER, die Seehäfen und Seehandelsplätze der Erde. Band III. Spanien, Portugal u. Süd-Frankreich. Oldenburg, Schulze. 1878. (Kirchhoff: très-soigné et très-complet.) WEILENMANN, aus der Firnenwelt. Gesammelte Schriften. Band 3. Leipzig, Liebeskind. 1877. (Kirchhoff: esquisses de voyages dans les Alpes.) AvÉ LALLEMANT, Wanderungen durch Paris aus alter und neuer Zeit. Gotha, Perthes. 1878. (Kirchhoff: livre agréable.) GILLIERON, Grèce et Turquie. Notes de voyage. Paris, London et Fischbacher. 1878. (Kirchhoff: intéressant.) - The journal of speculative philosophy, edit. by HARRIS. Published quarterly. (Eucken : cette revue qui paraît à Saint-Louis, aux Etats-Unis, initie ses lecteurs à la philosophie allemande.) - ELZE, die Universität Tübingen und die Studenten aus Krain. Tübingen, Fues. (Schott: bon ouvrage d'un pasteur de Laibach sur l'université de Tubingue et ses rapports avec l'Autriche, surtout avec la Carniole.) — JAMES DARMESTETER, Ormazd et Ahriman, leurs origines et leur histoire. Paris, Vieweg. 1877. (Long article en 9 colonnes de Spiegel, très-bon ouvrage, cp. Revue critique, 1877, n° 43, art. 204, p. 241.) RITTER, de Apollinarii Laodiceni Legibus metricis. Programm des Progymn. zu Bischofsheim. Lang. 1877. (Ludwich bon.) KAELBERLAH, Curarum in Commodiani Instructiones specimen. Sueti, typis Freihoffianis. 1877. (Ludwig: corrections souvent

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