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vre une contradiction où je ne puis voir que l'accord et l'identité des vues. C'est que, tout en lisant avec une attention minutieuse, il lit mal, parce qu'il apporte à la lecture des opinions préconçues. Signalons une erreur singulière où de telles opinions l'ont fait tomber. A l'entendre (p. 49), les prêtres égyptiens qu'Hérodote fait parler pour critiquer indirectement les usages de la fête d'Olympie, trouvent mauvais que ce concours ne soit pas international: c'est qu'ils croient toujours être, comme autrefois, les maîtres du monde. L'observation est piquante; malheureusement elle ne repose que sur l'explication erronée des mots Želvolat ¿ywviotici (II, 160). Hiérodote dit très-clairement sur quel point portait la critique des Egyptiens.

Il va sans dire que nous ne croyons pas qu'Hérodote soit allé à Thurium pour échapper à la réprobation que ses vues anti-helléniques avaient soulevée contre lui à Athènes. Hécatée avait déclaré au début de son histoire : Οἱ γὰρ Ἑλλήνων λόγοι πολλοί τε καὶ γελοῖοι, ὡς ἐμοὶ φαίνονται, eicív. Hérodote n'est pas plus vif. S'il s'écarte de la tradition épique, les lyriques en avaient fait autant. Il nous semble difficile d'admettre qu'un historien aussi religieux à sa manière et aussi respectueux des croyances générales qu'Hérodote, ait été inquiété à Athènes, au temps où Périclès s'y trouvait tout-puissant; plus incroyable encore que, s'il y avait été inquiété pour ses opinions, il y fût revenu juste au moment où le pouvoir de Périclès fut ébranlé, et où ses amis se virent exposés à des accusations haineuses. Nous ne voyons pas, d'ailleurs, ce qui pourrait autoriser de pareilles suppositions.

On raconte que les Thébains refusèrent à Hérodote un secours d'argent et le droit d'instruire la jeunesse, mais Plutarque qui rapporte cette anecdote avoue lui-même (De malignitate, 31) qu'elle ne repose sur aucune autre preuve que ce que l'historien dit de la trahison de Thèbes. C'est ainsi que d'autres imaginèrent qu'Hérodote se vengea par la calomnie du dédain des Corinthiens. Ce sont là de vaines inventions, toutes semblables à ce qu'on peut lire ailleurs sur les démarches faites par les mêmes Corinthiens auprès du poëte Euripide à propos de sa Médée. Il ne faut pas non plus abuser de ce que disent Suidas et l'Epitaphe en vers de la malveillance qui aurait obligé Hérodote de quitter Halicarnasse et de chercher une nouvelle patrie à Thurium. Il est vrai qu'Hérodote n'alla pas directement d'Halicarnasse à Thurium, mais qu'il fit d'abord un assez long séjour à Athènes. Cependant il n'est pas permis de substituer dans ces deux témoignages Athènes à Thurium, et des susceptibilités nationales et religieuses à la malveillance des factions politiques. Suidas et l'auteur de l'Epitaphe n'ont pas fait une méprise si grossière; il n'y a même rien à redire à leur assertion, si on veut se donner la peine de la bien comprendre. Hérodote s'est fait citoyen de Thurium, non pas immédiatement après avoir quitté Halicarnasse, mais parce qu'il en était exilé et qu'il voulait avoir une patrie.

Disons, en terminant, que tout en ne partageant pas les vues exposées

dans ce livre, nous rendons justice à l'esprit ingénieux du jeune auteur et à son travail consciencieux. Mais il nous a semblé utile d'avertir ceux qui entreprennent des études de ce genre, combien il peut être dangereux de lire des textes la loupe à la main. On s'expose à grossir démesurément de petits détails, à mal voir en s'efforçant de trop bien voir. Se servir de petits indices pour en tirer des conclusions importantes, c'est là sans doute un beau triomphe pour la critique; mais il faut bien se garder d'abuser de cette méthode. Gravir un mur de rocher en se retenant à des brins d'herbe, c'est un tour de force qui ne réussit guère.

Henri WEIL.

7.

- De libello πept youç, Dissertatio philologica quam ad summos in philosophia honores publice defendit scriptor Ludovicus MARTENS. Hamburgensis, Bonnæ, 1877, in-8', 42 p.

Le traité grec sur le sublime qui est arrivé jusqu'à nous, a donné lieu, dans les cinquante dernières années, en Allemagne, en France, en Hollande et en Suisse, à des travaux considérables. La question n'est pas épuisée; elle n'a pas même été considérée encore sous toutes ses faces. Ce n'est pas naturellement dans une thèse de 42 pages qu'on peut espérer en trouver le dernier mot. Elle ne sera pas cependant inutile à ceux qui s'occuperont plus tard de ce sujet. M. Martens traite dans la première partie de son travail (p. 5-22) des livres de Cécilius sur le sublime; ce livre, il est vrai, est perdu; mais les quelques fragments qui en restent, ont été recueillis, en même temps que les fragments des autres ouvrages de cet écrivain.

M. M. essaie d'en donner une idée plus précise qu'on ne l'avait fait jusqu'ici. Et cela est d'une grande importance; le traité du sublime qui nous a été conservé, est en effet dans d'étroits rapports avec celui de Cécilius; l'auteur, quel qu'il soit d'ailleurs, s'exprime sur le traité de Cécilius en termes tels qu'on est autorisé à croire qu'il eut l'intention de le rectifier, de le compléter, peut-être même de le réfuter. Dans tous les cas, il lui a fait des emprunts, entre autres le fameux passage sur Genèse 1, 3, passage qui nous remplirait d'étonnement sous la plume d'un écrivain païen des premiers siècles de l'ère chrétienne, mais qui n'a rien que de fort naturel sous celle de Cécilius, qui était un affranchi juif. Dans la seconde partie, M. M. examine le traité du sublime qui porte depuis longtemps le nom de Longin (p. 23-33). Il prouve : 1o qu'il n'est pas de cet écrivain, et 2° qu'il est du premier siècle de notre ere. Les preuves qu'il donne sous ces deux points, me paraissent décisives. Dans les quelques pages qui suivent, M. Martens propose quelques additions et quelques corrections à l'édition de John de ce traité.

M. N.

8.

Festschrift zur Begrüssung der xxx¤ Versammlung Deutscher Philologen und Schulmænner zu Wiesbaden. Anecdoton Holderi, ein Beitrag zur Geschichte Roms in Ostgothischer Zeit von Hermann USENER. 1877, in-8°, 79 P.

Cet opuscule, composé par M. Usener à l'occasion du congrès des philologues allemands réuni à Wiesbaden, contient des recherches fort bien faites sur la biographie et les ouvrages de Symmaque (l'arrière-petit-fils du défenseur du paganisme) de Boëce et de Cassiodore. Ces recherches sont présentées comme le commentaire d'un morceau inédit, que M. Holder a communiqué à l'auteur. M. Holder a trouvé dans un manuscrit de Carlsruhe (Cod. Augiensis, n. cvI, x° s.), à la suite des Institutiones Romanarum rerum de Cassiodore, un court fragment qui commence ainsi : « Excerpta ex libello Cassiodori senatoris monachi servi dei ex patricio, ex consule ordinario quæstore et magistro officiorum, quem scripsit ad Rufium Petronium Nicomachum ex consule ordinario patricium et magistrum officiorum. Ordo generis Cassiodoriorum qui scriptores extiterint ex eorum progenie vel ex civibus eruditis ». Suivent quelques lignes sur Symmaque, Boëce, Cassiodore, extraites de cette lettre de Cassiodore à Nicomachus. Voici celles qui concernent Boëce : « Boethius dignitatibus summis excelluit. Utraque lingua peritissimus orator fuit. Qui regem Theodorichum in senatu pro consulari filiorum luculenta oratione laudavit, scripsit librum de sancta trinitate et capita quaedam dogmatica et librum contra Nestorium. Condidit et carmen bucolicum . Sed in opere artis logicæ id est dialecticae transferendo ac mathematicis disciplinis talis fuit ut antiquos auctores aut aequipararet aut vinceret. >> M. U. reconnaît dans cette énumération, à une exception près, les différents traités de théologie qui portent le nom de Boëce, dans le 1. de Sancta Trinitate le traité I adressé à Symmaque, dans le 1. contra Nestorium le traité V Contra Eutychen et Nestorium, enfin dans Capita quædam dogmatica les traités II et III dédiés au diacre Johannes. M. U. n'admet pas que le traité IV De Fide christiana soit de Boëce. Quant aux autres, ce témoignage de Cassiodore en établit incontestablement l'authenticité. Mais comment le théologien peut-il être l'auteur de la Consolatio? M. U. me semble avoir résolu le problème. Il lui a suffi de faire usage de la remarque que l'on doit à l'un des savants qui connaissent le mieux l'histoire de la philosophie grecque, M. Bywater, auteur d'une édition récente des fragments d'Héraclite. M. Bywater (Journal of philology, 1869, p. 59) a signalé, dans la Consolatio, des traces nombreuses de l'emploi d'un ouvrage perdu d'Aristote 2. Boëce a donc

1. On ignorait que Boëce eût composé une pastorale.

2. Il était intitulé Пlpoτрentinós. M. U. fait commencer l'emploi de cet écrit, II, 4: Quis est enim tam compositae felicitatis... et pense qu'il cesse IV, 6: Tum velut ab alio orsa principio ita disseruit.

traduit du grec pour faire diversion à ses chagrins, et n'exprime pas, dans cet ouvrage célèbre, des idées purement personnelles. D'ailleurs, ces traités de théologie, qui portent la marque du temps de Boëce 1, ne paraissent à M. U. offrir rien qui autorise à penser que l'auteur porte à ces controverses un autre intérêt que celui d'un exercice de dialectique. M. U. établit encore que le traité De definitione n'est pas de Boëce, mais de Marius Victorinus. On voit quelle est l'importance de la publication de M. Usener. Ajoutons qu'à l'intérêt qui vient du fond des choses s'y joint celui qui naît de la manière dont elles sont présentées.

X.

9. — Gœthe und Frankfurt am Main. Die Beziehungen des Dichters zu seiner Vaterstadt, von Dr Wilhem STRICKER, 55 p. (Sammlung gemeinverstaendlicher Vortraege. h.g.g. von R. VIRCHOW und Fr. von HOLTZENDORF. Heft 261.) In-8°, Berlin, 1876. Verlag von Carl Habel.

Je ne sais si cette conférence a jamais été réellement faite, ni quel succès elle a pu avoir en Allemagne; ce n'est pas d'ailleurs comme telle; je crois, qu'il convient de la juger ici; il nous importe, en effet, assez peu, à nous qui la lisons et ne l'entendons point, qu'elle paraisse médiocrement propre à réussir en public; et ce que nous y cherchons, c'est moins un passe-temps agréable, ce que l'auteur sans doute n'a point voulu nous donner, que des renseignements précis sur la vie de Goethe. Si donc elle ne nous en offre point une lecture facile, nous nous en consolons en y trouvant largement tout ce qui a trait aux rapports de Goethe avec sa ville natale; c'est une étude approfondie, telle qu'on pouvait l'attendre de l'historien de Frankfort 2, et dans laquelle pas un nom, pas un fait n'a été oublié. Ce n'est pas à dire que tout soit nouveau dans ce petit écrit, mais M. Stricker y a rassemblé tout ce qui concerne la jeunesse du grand poëte; on y trouve des renseignements sur tous les Frankfortois avec lesquels il a été en relation; et par suite cette conférence peut être considérée comme une source précieuse d'informations, comme un moyen de contrôler ce qui a été dit sur les premières années de Goethe et même de rectifier certaines traditions acceptées trop légèrement sur sa vie.

C. J.

1. M. U. approuve complètement sur ce point les observations de M. Jourdain, Mém. prés. à l'Ac. des inscr., t. VI, 1, 330 et suiv.

2. M. Stricker a publié en 1876 une Histoire de Frankfort pendant les temps modernes.

10.- Schillers Leben von Caroline von WOLZOGEN, 5o éd, pet. in-8°, Stuttgart, Cotta, 1876 (vi-383 p.).

A. v. SCHLOSSBERGER, Archivalische Nachlese zur Schillerlitteratur, in-8°. Stuttgart, Krabbe, 1877 (32 p.).

La Vie de Schiller par Caroline de Wolzogen, dont nous présentons à nos lecteurs la cinquième édition, voit, succès bien rare, s'affirmer et croître la faveur qui l'a accueillie à ses débuts, il y a plus de 40 ans 1. On pourra, en effet, écrire et l'on a écrit des biographies de Schiller plus méthodiques et plus scientifiques jamais on n'en composera une qui nous fasse entrer plus intimement dans l'esprit du poëte et mieux comprendre son génie. Remercions donc la librairie Cotta d'avoir mis cette fois le livre à la portée de tous en en publiant une édition à bon marché. La brochure de M. Schlossberger nous offre au contraire, concernant Schiller, quelques renseignements pour la plupart inédits. Ce sont des documents très-curieux relatifs au séjour de Schiller à l'Académie de Charles, et trouvés par M. S. à la suite de longues recherches tant dans les dossiers de cette académie que dans les archives de la couronne à Stuttgart.

Un tel recueil ne se prêtant naturellement à aucune discussion, contentons-nous de l'analyser brièvement. Il contient : 1. ordre grand-ducal pour la réception de Schiller à l'académie; -2. Jugements de quelques élèves de l'académie sur Schiller alors âgé de 15 ans. C'est une des parties les plus intéressantes du volume. Le duc Charles avait eu l'idée originale de demander à chaque élève de son académie un jugement écrit et motivé sur tous ses condisciples. M. S. a extrait du dossier, dans lequel sont conservés ces jugements, toutes les appréciations qui concernent Schiller. On y constate ce fait curieux que, tout en rendant pleine justice à la noblesse et à la franchise de son caractère, à la régularité de sa conduite et à son assiduité au travail, la plupart de ses condisciples ne lui reconnaissent que des qualités d'esprit très-médiocres; à peine quelques-uns vantent-ils la puissance et la vivacité de son imagination : enfin deux ou trois seulement font mention de son goût pour la poésie. -3. Jugement du duc Charles sur le « génie éminent » de Schiller, à propos de sa Dissertation intitulée Philosophia Physiologiae, dissertation qui s'est perdue depuis, Charles, tout en reconnaissant le mérite, ayant refusé de la laisser publier. 4. Rapports de Schiller sur l'élève Grammont, un de ses condisciples qui, atteint d'hypocondrie, avait été confié à ses soins médicaux et à sa garde amicale. - 5. Suppléments (à la dernière éd. critique de ses œuvres) concernant sa Dissertation Sur la différence des fièvres inflammatoires et putrides. 6. Pétition du père de Schiller, à l'effet de voir son fils autorisé à porter le costume

1. La première édition date de 1830; la dernière est, comme toutes celles qui l'ont précédée, la reproduction pure et simple de celle de 1845, c'est-à-dire de la deuxième.

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