civil, lorsqu'il fait ses visites de médecin à ses malades de la ville. Le duc Charles y répondit par ces simples mots mis en marge de l'original: « Son fils portera l'uniforme. » — 7. Preuve que Schiller n'est pas l'auteur du Discours fait en réponse à cette question du duc Charles: « L'amitié d'un prince est-elle la même que celle d'un simple particulier ? >> M. S. prouve que ce discours fut prononcé à l'Académie en janvier 1781 et que Schiller n'y eut aucune part, ayant quitté la Carlsschule le 15 décembre 1780 (et non le 14, comme on l'avait admis jusqu'ici, cf. p. 32, n. 1.)

A. FÉCAMP.

II.

Morale et progrès, par Francisque BOUILLIER, inspecteur général de l'instruction secondaire. Paris, Didier, 1875, 12, Iv et 338 p.

Dans cet ouvrage, M. Bouillier discute l'idée de progrès et tous les problèmes qui s'y rattachent. Que faut-il entendre par progrès? En quoi consiste le progrès ? Comment peut-on l'apprécier ? Que doit-on attendre de l'avenir? Il examine toutes les solutions qui ont été données à ces questions par Herbert Spencer, Schopenhauer, Hartmann, Auguste Comte, Buckle et d'autres penseurs plus anciens. Il conclut que sans l'élément moral qui est purement individuel, invisible, intransmissible, sans l'élévation des âmes, sans la fermeté des caractères, sans le sentiment du devoir, l'intelligence, qui façonne les éléments et les instruments du progrès, ne prépare que la corruption, la décadence et la servitude. Je crains que M. B. ne soit persuadé que cet élément moral manque à notre temps, qu'il ne paraît pas voir en beau. Il avoue lui-même (p. iv) qu'il ne s'est pas défendu « de certaines préoccupations sociales et politiques » dont le sujet « est inséparable » ; mais il n'a voulu que «< jeter un cri d'alarme ». Sans donte, il a fait de sérieux efforts pour demeurer «< à une juste distance de l'actualité » « dans la région plus sereine des principes et des idées générales ». Mais ces efforts n'ont pas toujours réussi; à son insu, M. B. est souvent descendu sur la terre, dans la poussière des combats politiques. Il a cru que la plupart des questions qui s'agitent aujourd'hui étaient plus étroitement liées à son sujet qu'elles ne le sont réellement. Cette erreur est regrettable et a nui à la partie philosophique de son livre, qui a un mérite sérieux. Nous signalerons en particulier le premier chapitre où l'idée de progrès est très-bien discutée et analysée dans sa généralité. Quant au fond de la doctrine, M. B. a insisté trop exclusivement sur l'un des côtés du problème embarrassant qui arrête, quand on étudie ces questions. M. B. n'accorde de valeur morale qu'aux actes de volonté dont l'individu a la responsabilité et le mérite; mais il n'a pas assez pensé que cette responsabilité et ce mérite sont à peu près impossibles à apprécier, et qu'à prendre les choses en cette rigueur, on ne sait trop si un acte moral a du mérite, non seulement chez un autre,

mais même chez soi-même. Comment faire la part de ce qu'un individu doit uniquement à ses efforts personnels, et de ce qu'il doit à son tempérament, à son éducation, à la société où il vit? Ensuite, sans soutenir, comme l'ont fait Socrate et Platon, que la vertu est une science, que personne n'est méchant volontairement, que le vice n'est qu'ignorance, il faut bien concéder que pour faire son devoir, il faut le connaître, que pour le connaître, il faut de l'intelligence et une intelligence éclairée, et que les lumières sont absolument indépendantes de la volonté individuelle. Il ne dépend pas de notre volonté de voir, par exemple, que les procès pour sorcellerie, que la conduite de Louis XIV à l'égard des protestants, etc., sont une abomination, et si on ne le voit pas, on s'expose à pécher gravement contre l'humanité. Il n'y a certainement aucun démérite dans l'ignorance et aucun mérite dans la connaissance de la vérité relative à ces questions; pourtant, il y a du mal moral à brûler des sorcières et à persécuter des hérétiques, et il y a du bien moral à traiter les sorcières dans des hospices et à laisser les hérétiques tranquilles, quoique les individus n'aient la responsabilité ni de l'un ni de l'autre 1. L'intelligence n'est sans doute pas tout en morale, mais la volonté n'est pas tout non plus. M. B. a fait à la volonté une part trop exclusive.

Au reste, tout en n'étant pas de l'avis de M. Bouillier, on doit rendre justice à la sincérité de ses convictions, à l'élévation de ses discussions, qui ne s'attaquent qu'aux doctrines sans toucher aux personnes, et au véritable talent d'argumentation dont il fait preuve dans tout l'ouvrage.

Y.

CORRESPONDANCE

A M. Michel Bréal, Directeur de la Revue critique.

Paris, 16 décembre 1877.

MONSIEUR LE DIRECTEUR,

Permettez-moi, non de rectifier, mais de compléter, sur un point l'article si bienveillant que vous avez consacré à notre Revue des Revues dans votre n° du 15 décembre 1877. L'exécution du plan que vous vou

1. M. Janet a très-bien développé ces difficultés dans son Traité de morale, au chapitre Du péché.

lez bien approuver a été dirigée non par moi, comme quelques-uns de vos lecteurs pourraient le croire, mais par M. Charles Graux : c'est ce qu'atteste au surplus la préface signée de lui, qui précède la Revue des Revues; c'est ce que devrait indiquer, et indiquera désormais, le titre même de cette 4o livraison de notre recueil.

Agréez, etc.

Ed. TOURNIER.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 4 janvier 1878.

M. Laboulaye est élu président de l'académie pour 1878; M. de Rozière est élu vice-président. MM. Ravaisson, président sortant, et Laboulaye prononcent chacun une courte allocution. L'académie. vote des remerciements à M. Ravaisson.

Il est procédé au vote pour le renouvellement de plusieurs commissions. Ces commissions sont ainsi composées pour 1878:

Commission des travaux littéraires : MM. Naudet, Egger, de Longpérier, Ad. Regnier, Maury, Renan, Delisle, Hauréau.

Commission des antiquités de la France: MM. de Saulcy, de Longpérier, L. Renier, Maury, Delisle, Hauréau, Desnoyers, G. Paris.

Commission des écoles françaises d'Athènes et de Rome: MM. Egger, de Longpérier, L. Renier, Miller, Waddington, J. Girard, Heuzey, Perrot.

MM. Garcin de Tassy et Jourdain sont réélus membres de la commission centrale administrative de l'Institut pour 1878.

Ouvrages présentés : - par l'auteur: GARCIN DE TASSY, La langue et la littérature hindoustanies en 1877, revue annuelle; - par M. Desnoyers: Les plus principalles et générales coustumes du duchié de Lorraine, texte inédit précédé d'une introduction par Ed. BONVALOT.

Ouvrages déposés : --- CORBLET (J.), Étude philologique et littéraire sur les noms de baptême et les prénoms des chrétiens (extrait de la Revue de l'art chrétien); - LUCHAIRE (A.), Les origines linguistiques de l'Aquitaine; SAINT-GENIS (Victor de), Dép. de la Vienne, Inventaire des

40

REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

archives municipales de Châtellerault antérieures à 1790 (Châtellerault, gr. in-4o); — BLANCARD (L.), Essai sur les monnaies de Charles Ier, comte de Provence (Paris, 1868); Chroniques de Douai recueillies et mises en ordre par M. le président TAILLIAR (Douai, 1877); - Corpus inscriptionum graecarum, vol. IV (Berolini, 1877, in-fol.); - FAGNIEZ, Études sur l'industrie et la classe industrielle à Paris au x et au XIV° siècle (Paris, 1877); - GIRY (A.), Histoire de la ville de Saint-Omer et de ses institutions (Paris, 1877, fasc. 31 de la Bibliothèque de l'École pratique des hautes études, sciences historiques et philologiques); HANAUER (A.), Études économiques sur l'Alsace ancienne et moderne, t. I, les monnaies (Paris et Strasbourg, 1876); - The international numismata orientalia part V, the parthian coinage (with 8 plates) by Percy GARDNER (London, 1877, gr. in-4o); — LONGNON (A.), Géographie de la Gaule au vr° siècle (Paris, 1877, gr. in-8°); - MAUGUIN, Études historiques sur l'administration de l'agriculture en France (Paris, 18761877, 3 vol.); — POOLE (Stanley Lane), Essays in oriental numismatics, 2nd series (London, 1877); - SALIES (A. de), Les prieurés de Marmoutiers dans le Vendomois, études historiques et archéologiques: prieuré de Saint-Martin de Lancé; avec planches (Vendôme, 1877); SEPET (Marius), Le drame chrétien au moyen âge (Paris, 1877); - SEPET (Marius), Les prophètes du Christ, étude sur le théâtre au moyen âge (Paris, 1878, extrait de la Bibliothèque de l'École des chartes); - SOLDI (E.), L'art et ses procédés depuis l'antiquité : la sculpture égyptienne (Paris, 1876, gr. in-8°); - SOLDI (E.), Comptes-rendus de mémoires se rapportant à l'histoire de l'art; lus à l'académie des inscriptions et belles-lettres, à la société française de numismatique et d'archéologie (Paris, 1874, gr. in-8°).

Julien HAVET.

ERRATA.

1877, no 51, p. 387, 1. 27, au lieu d'objections, lisez obligations; p. 388, 1. 14, au lieu de méhodique, lisez méthodique; p. 388, 1. 24, au lieu de Le Geay, lisez Le Roy.

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, imprimerie M.-P. Marchessou, boulevard Saint-Laurent, 23.

en fr. par BOTKINE. Havre, Lepelletier; 5 fr. (bonne traduction). KÖLBING, La Chanson de Roland. Heilbronn, Henninger; 6 fr. 25 (reproduction exacte du manuscrit de Venise). MANNHARDT, Wald-und Feldkultz. Berlin, Bornträger (recherches très-approfondies). - Becker, Charikles. Neu bearb. v. GöLL. Berlin, Calvary; 7 fr. 50 (bonne réimpression d'un ouvrage devenu classique). - LAU, BRUNN u. KRELL, Die griechischen Vasen. Leipzig (sujet d'une importance à la fois scientifique et industrielle, traité avec beaucoup de méthode). - H. Rückert in seinem Leben u. seinen kleineren Schriften dargestellt v. STOHR U. REIFFERSCHEID, I. II. Weimar, Böhlau (témoignage d'une activité littéraire trop dispersée; esprit patriotique. Voir la Revue critique du cembre).

22 dé

Analecta juris pontificii. 144 livraison. Juillet-août 1877. Remarques sur le décret de Gratien, d'après Thomassin. - Lettres (ou plutôt chartes) de saint Louis, roi de France (bon nombre de ces documents ne sont pas inédits). - Décrets inédits de la S. congrégation des évêques et réguliers (1818-1824). — E. GRANDCLAUDE. Les censures pontificales. - Le vénérable Gérard Majolla († 1755), de l'institut des Rédemptoristes. Décret relatif aux vertus héroïques.

145 livraison. Septembre-octobre 1877. Le vénérable Louis-Marie Baudouin (1835). Biographies par Dom Grenier 1. Calvin; 2. Jean Dartis, célèbre canoniste. Catalogue de ses œuvres; 3. La Fontaine; 4. Gédéon Brugniatre, historiographe de Laon; 5. Mabillon. - De la matière première et de la forme substantielle. Définition du concile de Vienne. Décrets inédits de la S. congrégation des évêques et réguliers (1824-1834). — Les ouvrages de Bernard Gui. (Résumé des lectures de M. Léopold Delisle à l'Académie des inscriptions).

GUIDES BAEDEKER

POUR L'ITALIE ET L'ORIENT

Italie septentrionale jusqu'à Livourne, Florence, Ancône et l'Ile de Corse, avec les routes conduisant de France, de Suisse et d'Autriche en Italie. Avec 8 cartes et 38 plans. 8° édition, 1877. 6 M.

Italie centrale et Rome. Avec 7 cartes, 24 plans et un panorama de Rome. 5° édition, 1877. 6 M.

Italie méridionale et la Sicile, avec excursions aux Iles Lipsari, à Malte, en Sardaigne, à Tunis et à Corfou. Avec 8 cartes et 12 plans. 5o édition, 1876. 6 M.

En préparation en langue française:

L'Égypte. Ire partie. La Basse Égypte jusqu'au Fayoûm et au Sinaï. Avec 16 cartes, 29 plans et 76 vignettes intercalées dans le texte. 16 M.

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Sous Presse. Paris. 2o édition.