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à ses résumés historiques; cette critique me semble injuste en présence de l'opportunité qu'il y avait à réunir, à l'usage des numismatistes, le plus d'éléments de recherches, disséminés jusqu'à ce jour. Où trouver, par exemple, l'histoire des despotes d'Epire, des sébastocrators de Vlaquie; celle des seigneurs des Iles, en dehors de Hopf, rédigé en allemand et que chacun n'a pas sous la main? - Les critiques que j'ai à faire portent sur d'autres points; ainsi je ne puis admettre l'excuse de M. S. en ce qui touche à la numismatique des rois chrétiens de la Petite Arménie : leur place était marquée dans ce volume; ensuite, et ceci est plus grave, M. S. a oublié de compléter son œuvre par une carte géographique et une table complète des noms de lieux et d'hommes; je lui recommande ces trois annexes importants pour le premier supplément qu'il donnera. Je lui cherche querelle enfin pour son excès de modestie et un certain défaut de méthode.

Il est trop modeste lorsqu'il insiste, à maintes reprises, sur les emprunts faits par lui à différents auteurs. Indiquer ses sources est un devoir, et l'excellente bibliographie dressée par M. S. fait connaître tous les ouvrages qu'il a consultés; mais il a oublié qu'il y a un mérite à savoir résumer les travaux d'autrui et qu'ici ce mérite lui est personnel. Avouons, toutefois, qu'il est plus honorable de s'attirer la critique que je fais en ce moment que de s'exposer au soupçon de plagiat, accusation qui n'effraie pas ceux qui font le métier, ridicule et peu délicat, de pirates d'érudition.

Quant au défaut de méthode, mon reproche est fondé sur ce fait qu'en exposant le plan du livre je n'ai pas toujours suivi l'ordre de l'auteur. M. Schlumberger, par exemple, a pris chacun des grands fiefs de Palestine d'après la date de sa formation; en prévenant le lecteur au moyen d'un tableau récapitulatif des dates elles-mêmes, et en suivant ensuite un ordre méthodique, il n'eût pas séparé le royaume de Jérusalem des deux premières pages de son livre qui le concernent spécialement; il ne l'eût pas séparé une seconde fois de ses fiefs par le comté d'Edesse. Je crois aussi qu'il eût été préférable de faire suivre le résumé historique de chaque roi ou baron par la description de ses monnaies.

Je n'aborde pas les erreurs typographiques; quel est le gros volume où on n'en trouverait pas? La numismatique de l'Orient latin est, en somme, un ouvrage de grand mérite qui comble une lacune; il fait honneur à l'auteur comme à la société qui n'a pas hésité à le prendre sous son patronage. Je ne crois pas être contredit lorsque j'affirmerai que c'est certainement, par son texte et par ses planches, le livre le plus important et le plus utile qui ait été édité, depuis plusieurs années, sur la numismatique du moyen âge.

Anatole DE BARTHÉLEMY.

122.

Die Politik Schwedens im Westphaelischen Friedenscongress und die Gründung der Schwedischen Herrschaft in Deutschland, von C. T. ODHNER, Prof. der Geschichte an der Universitaet Lund. Gotha, Perthes, 1877, xv, 353 p. in-8°. - Prix: 6 fr. 25.

Le présent ouvrage, écrit en suédois par l'auteur et traduit en allemand par l'un de ses compatriotes, est une étude méritoire sur l'un des points les plus intéressants de l'histoire de la guerre de Trente Ans, l'établissement de l'influence et de la domination suédoise en Allemagne. Ce n'est pas que les travaux sur les traités de Westphalie, sur les négociations qui le précédèrent, sur ses conséquences immédiates, nous manquent en aucune manière. Il est peu de sujets sur lesquels on ait autant écrit. Les in-folio des Meyern, des Chemnitz, des Pufendorf et des Dumont, pour ne point parler des autres, composent à eux seuls une petite bibliothèque. Néanmoins les hommes d'Etat de cette époque fameuse ont été si prodigues de leur encre et de leur papier, qu'on trouve encore toujours dans les archives des documents inédits. M. Odhner en a consulté bon nombre dans les collections de Venise, de Stockholm et de Vienne; il n'a point poussé jusqu'à Paris et nous le regrettons pour ses lecteurs. Mais ce ne sont pas les renseignements nouveaux qui constituent l'utilité principale de son livre. Ce que nous louons principalement en lui, c'est la netteté avec laquelle l'auteur a circonscrit son sujet au milieu de tant de matériaux épars, et la brièveté voulue avec laquelle il a, dans ce sujet même, résumé tout ce qui ne lui semblait que d'une importance secondaire.

Ecrire en trois cents pages une histoire générale des traités de Westphalie, serait une tâche assez facile aujourd'hui; mais savoir se former à l'étude du rôle que la Suède a joué dans ces négociations aussi longues qu'embrouillées; refouler à l'arrière-plan ce qui n'était qu'histoire militaire ou relations diplomatiques étrangères; apprécier sans parti pris l'attitude et les efforts de la Suède pour entrer dans le concert européen et pour siéger sur les bancs de la diète de l'Empire, c'était une tâche plus difficile et à laquelle M. O. ne s'est point montré inférieur. Son livre débute, mais en courant, avec la descente de Gustave-Adolphe en Allemagne; un seul chapitre d'introduction nous mène jusqu'en 1637. La prise de possession de la Pomeranie occupe le second et nous fait connaître l'organisation administrative donnée par Oxenstjerna aux provinces conquises. Les préliminaires de Hambourg nous montrent ensuite pour la première fois les diplomaties française et suédoise aux prises, en la personne d'Adler Salvius et du comte d'Avaux. Trois chapitres sont consacrés aux délibérations de Münster et d'Osnabrück. Nous y voyons la Suède insister avec toute l'énergie possible sur la liberté des Etats de l'Empire. Avec combien plus d'énergie encore Trautmannsdorf, l'envoyé impérial, aurait-il protesté contre ce principe qui renfermait la dissolution virtuelle de l'Empire, s'il avait pu lire la dépêche où Salvius

disait de ce principe « qu'il devait être entretenu comme une petite souris pour ronger les racines, jusqu'à ce que l'arbre tombât par terre » (p. 203)! La possession définitive de la Poméranie, les négociations opiniâtres entre la Suède et le Brandebourg à ce sujet, remplissent naturellement un nombre de pages assez considérable. L'adjonction d'une petite carte aurait été bien désirable, afin de pouvoir suivre, avec quelque chance de succès, les contestations multiples sur les frontières de la nouvelle province suédoise.

Ce qui nous plaît encore dans le livre de M. Odhner et ce qui prouve qu'il possède le tempérament du véritable historien, c'est la manière calme et scientifique dont il parle des personnages les plus illustres de son pays, de Gustave-Adolphe, par exemple. Nous ne pouvons aussi qu'approuver ce qu'il dit du rôle de la Suède par rapport aux protestants d'Allemagne. Grâce au vainqueur de Breitenfeld et du Lech, à l'habileté de son grand chancelier Axel Oxenstjerna, la monarchie suédoise était devenue la patronne de la Réforme allemande au moment où Louis XIV quittait l'ancienne politique de la France à cet égard. Elle aurait pu longtemps encore le rester. Mais la conversion de Christine, les stériles lauriers qui attirèrent Charles-Gustave du côté de la Pologne, empêchèrent le développement de la puissance septentrionale en Allemagne même, et permirent l'agrandissement du Brandebourg qui devint ainsi l'héritier naturel de son protectorat sur le protestantisme allemand '.

R.

123. OEuvres du cardinal de Retz, publiées par MM. FEILLET et GourDAULT. Tome IV. Paris, Hachette, 1876, in-8°. Prix 7 fr. 50.

Le IVe volume des Euvres du cardinal de Retz, publié par M. Gourdault dans la collection des grands écrivains de la France, contient la fin des Mémoires depuis le mois de septembre 1651 jusqu'à l'évasion de Retz et son arrivée en Italie.

Le manuscrit original, pour cette partie, est tout entier de la main du cardinal. Il semble à M. G. que l'auteur n'a pas eu le temps dé le revoir comme il a fait pour le commencement. En voici une preuve curieuse. Aux pages 166 et 167, Retz a laissé en blanc, à trois reprises différentes, le mot Gergeau (Jargeau), dont la restitution n'est point douteuse; dans la suite, il s'est souvenu du mot oublié, et il l'a écrit aussitôt en marge de la page même qu'il avait sous les yeux, avec l'intention de le mettre à sa vraie place; les lacunes qu'il voulait combler subsistent pourtant.

1. Quelques fautes d'impression déparent le volume. Ainsi, p. 216 et par tout le volume, on lit Erskein au lieu d'Erskine. P. 298, lisez Salvius au lieu de SerP. 313, lisez Vautorté pour Vautorte, etc., etc.

vius.

Les exemples que cite encore M. G. ne sont pas aussi convaincants; néanmoins, ils confirment celui que je viens de mentionner.

Pour contrôler, quelquefois même pour déchiffrer le texte en manuscrit autographe, l'éditeur s'est servi d'une copie qu'il appelle « la copie Caffarelli.» Elle a d'abord l'avantage d'être moins surchargée et plus lisible. En outre, elle reproduit « une rédaction qui souvent s'écarte beaucoup du manuscrit, mais que çà et là on retrouve partiellement sous les ratures de l'auteur et qui paraît bien être aussi son œuvre, retouchée peut-être en certains passages par un réviseur autorisé, ou du moins bien informé, sans doute Caumartin. » (Avertissement, p. 2.) Les retouches dont il est question ici ont presque toujours pour but de rendre le texte original plus clair, soit par un léger changement de tournures ou d'expressions, soit par l'addition d'un membre de phrase complémentaire.

Comme dans le tome III, M. G. donne la plupart des variantes des éditions publiées de 1837 à 1866. Quelques-unes sont insignifiantes. Mais il en est aussi qui s'éloignent sensiblement du texte authentique et qui montrent combien était nécessaire une récension attentive du manuscrit de Retz. A titre d'exemple, j'en citerai plusieurs prises au hasard. Page 9, note 6, propositions au lieu de préparatifs. P. 12, 7, résolution pour révolution. P. 39, 1, de chanceux p. de chacun. P. 42, 6, qu'on ne songeait pas à Monsieur le prince p. qu'en ne se soignant pas. P. 46, 5, il m'assurait d'argent p. il m'assisterait d'argent. P. 77, 6, parenté p. postérité. P. 84, 2, allusions p. illusions. P. 166, 2, Gien p. Gergeau. P. 322, 1, promis p. proposé. Quant aux variantes du manuscrit lui-même, que M. G. reproduit scrupuleusement, elles offrent un intérêt d'un autre genre. Elles permettent de suivre, à travers les tâtonnements de l'écriture, les efforts que fait le cardinal pour rendre sa pensée. On remarquera à cet égard, qu'en général Retz n'a point de peine à trouver ses expressions; il y arrive presque toujours du premier coup; ce qui l'embarrasse parfois, c'est la construction de ses phrases.

Le commentaire a été l'objet des mêmes soins que dans les volumes antérieurs. M. G. ne laisse passer aucun mot vieilli sans en donner le sens et le guide qu'il suit en pareil cas est la première édition du dictionnaire de l'académie. Les termes techniques sont éclaircis surtout à l'aide de Furetière. Les locutions qui, au xviie siècle, étaient d'un usage peu fréquent, sont notées exactement. Je reprocherai seulement à M. G. de n'avoir pas expliqué les phrases obscures qu'il n'est pas rare de rencontrer dans Retz. J'en rapporterai une qui m'a frappé : « Les grandes affaires consistent encore plus dans l'imagination que les petites; celle des peuples fait quelquefois toute seule la guerre civile » (p. 386). On entrevoit bien ce que l'auteur veut dire; mais il faut un instant de réflexion pour le deviner et l'on saurait gré à l'éditeur d'éviter cette peine au lecteur. J'exprimnerai un regret analogue en ce qui concerne les éclaircissements historiques. M. Gourdault donne des renseignements brefs mais précis sur les

personnages que Retz met en scène; il rectifie les erreurs de dates ou de noms que le cardinal laisse échapper; souvent aussi il complète et confirme ses assertions par des citations empruntées aux documents contemporains. Mais on désirerait quelque chose de plus. On voudrait que, dans les nombreux passages où Retz altère sciemment la vérité, une note éveillât les défiances du lecteur et le prévînt du mensonge.

Paul GUIRAUD.

124.

La famille de Jean-Jacques. Documents inédits publiés par Eugène RITTER, professeur à l'Université de Genève. Genève, imprimerie Ziegler, 1878, brochure in-8° de 31 p. (Extrait du tome XXIII des Bulletins de l'Institut genevois).

M. Eugène Ritter tous les lecteurs de la Revue critique le savent est un des meilleurs travailleurs de cette ville de Genève où l'on travaille beaucoup. Je m'excusais ici, l'autre jour, de parler d'une toute petite brochure. Celle que vient de nous donner M. R. n'est guère moins petite, mais elle n'est pas moins intéressante. Les documents inédits retrouvés par le zélé chercheur, s'ils ne nous apprennent rien sur Jean-Jacques lui-même, nous font du moins connaître son père, sa mère, son oncle, ses tantes et permettent d'avoir « quelque idée de l'intérieur et du cercle de famille où notre célèbre concitoyen a passé sa première enfance, de l'atmosphère morale où il s'est développé. » Répondant à certaines objections qui pourraient lui être adressées, le savant professeur continue ainsi (p. 8): « Une plus juste appréciation du caractère de cet homme malheureux ressortira, pensons-nous, de tous les documents qui nous aideront à connaître le niveau moral de son premier entourage et de sa parenté. Il y a des foyers domestiques où l'on respire un air de délicatesse et d'innocence. Ce n'est pas une petite avance pour la vertu, a dit SainteBeuve quelque part, que d'être sorti de la race des justes. »

Des pièces diverses empruntées par M. R. aux registres du Consistoire et à ceux du Conseil, il résulte que, selon sa pittoresque expression, <Jean-Jacques a des origines un peu troubles et limoneuses. » C'est ainsi que l'on voit (p. 9) que la sœur du père de Rousseau se maria avec le frère de la mère dudit Rousseau « après avoir anticipé de sept mois, >> d'où un résultat trop facile à prévoir : le scandale d'un baptême survenant après quelques jours de mariage seulement. C'est ainsi que l'on voit encore (p. 11) qu'Isaac Rousseau, le père de l'auteur de la Nouvelle-Héloïse, fut mis en prison et frappé d'une amende de 25 florins (30 et 31 octobre 1699) pour tapage nocturne, compliqué de « querelle et baterie avec des jeunes seigneurs anglais. » Plus loin (p. 18 et 19), trois tantes de Jean Jacques sont censurées pour avoir joué aux cartes « sur la porte dans l'allée de leur maison, un jour de dimanche. » Le péché

1. N° du 15 juin dernier, p. 389.

du

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