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pages il nous donne, en peu de mots, les raisons qu'il a cru avoir de rejeter telle ou telle strophe. Ces raisons, cela va de soi, sont pour la plupart toutes subjectives: le goût de M. K. décide souverainement si tel ou tel passage est primitif ou non. Nous n'avons pas à juger ici ce procédé qui s'est condamné lui-même depuis longtemps par l'instabilité et l'incertitude de ses résultats. Le critérium adopté pour ces sortes de travaux est forcément tout ce qu'il y a de plus arbitraire. Telle strophe rejetée autrefois par Mullenhoff, Plönnies ou Ettmüller, est réhabilitée par M. K., et inversement telle autre qui avait trouvé grâce devant les critiques antérieurs est impitoyablement condamnée par lui: et, cela va sans dire, chacun a pour agir en sens opposé une foule de raisons qu'il trouve péremptoires.

Quelques citations feront mieux voir le peu de solidité des conclusions auxquelles on arrive par ce moyen. M. Müllenhoff considérait toute la fin du poëme depuis la strophe 1531 comme une addition postérieure, M. Ettmüller n'admettait plus rien après la strophe 1650, M. Plönnies s'arrête à la strophe 1648; M. K. admet comme conclusion primitive la strophe 1646. Le premier rejetait toute la scène du retour de Gudrun, de sa réunion avec Hilde, de la réconciliation qu'elle opère entre les deux partis, de son mariage avec Herwig et des unions qu'elle provoque entre Ortwin et Ortrun, Hartmut et Hildebourg; M. K. supprime seulement les fêtes célébrées pour les noces de Gudrun, d'Ortrun et d'Hildebourg et la scène des adieux. Qui nous donnera, abstraction faitt du goût de chacun, les raisons de ces traitements si divers? Et n'est-on pas tout aussi autorisé à conserver la trente-unième aventure tout entière, qui clôt d'une façon si charmante cette fête générale et cette réconciliation universelle opérée par la douceur et la persuasion de Gudrun ?

De même les critiques précédents rejetaient avec toute raison le conte insipide d'Hagen et des griffons s'il est une partie du poëme qui ait un caractère évidemment apocryphe, c'est cette robinsonade, où des lambeaux de contes orientaux se mêlent à des emprunts aussi nombreux que maladroits faits aux Nibelungen, au Duc Ernest et à d'autres poëmes de la même époque. Il ne s'agit plus ici de discerner avec plus ou moins de tact si telle ou telle strophe, tel ou tel vers a été interpolé, la critique est autorisée à repousser le morceau tout entier. M. K. l'admet néanmoins; mais çà et là il élimine quelques strophes or, parmi celles qu'il conserve, parce qu'elles lui semblent bien cadrer avec la suite du récit, combien n'en pourrait-on pas rejeter qui ne sont en tout ou en partie que des plagiats évidents?

Enfin M. Klee pousse l'arbitraire beaucoup plus loin qu'aucun de ses devanciers : non content, à l'occasion, de disloquer deux strophes pour former à l'aide de leurs débris une nouvelle strophe qu'il nous présente comme primitive, il ne respecte même pas celles qu'il conserve: il y change, selon son caprice, les passages qui lui paraissent défectueux et

les accommode au plan de l'ensemble, tel qu'il se l'est imaginé. Bien plus, lorsque la suite des idées ou le cours de la narration ne lui semblent pas avoir assez de cohésion, il n'hésite pas à introduire dans le corps même de l'ouvrage une strophe de son crû.

Nous ne saurions trop nous élever, en terminant, contre une telle manière d'agir, dont le plus clair résultat, si elle acquérait droit de cité, serait de mettre à la merci de tout traducteur la trame même de l'œuvre qu'il prétend faire connaître.

A. FÉCAMP.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 23 août 1878.

Sur la proposition de M. Egger, appuyée par MM. Deloche et de Wailly, l'Académie décide que les paroles prononcées par M. Laboulaye à la dernière séance, à propos de la mort de M. Naudet, seront imprimées à part et distribuées.

M. Duruy commence la lecture d'un travail intitulé: L'empire romain au milicu du u siècle de notre ère. C'est un tableau de la décadence romaine et de la décomposition de l'empire. M. Duruy montre le monde romain mal défendu contre les barbares qui le pressent de toutes parts, « mer d'hommes battant le pied des retranchements romains », le gouvernement devenu une monarchie élective où le souverain est créé par le choix de l'armée, l'armée dégénérée à son tour, l'ancienne discipline oubliée, la cavalerie prenant une importance toujours croissante et supplantant la vieille infanterie légionnaire, les fonctions militaires séparées des fonctions civiles, de manière à faire de l'armée une population à part, qui se désintéresse des affaires de l'Etat, les principaux grades confiés à des barbares, les transfuges portant chaque jour à l'ennemi de Rome les secrets des chefs romains, et lui enseignant l'art de les vaincre, etc., etc.

M. Deloche continue la lecture de son mémoire sur les invasions gauloises en Italie. M. Clermont-Ganneau continue la lecture de son mémoire sur le cerf africain, à propos d'une coupe phénicienne trouvée à Palestrina. Il fait remarquer que la divinité à laquelle le chasseur, dans les dessins de cette coupe, offre les prémices du cerf qu'il vient de tuer, et qui ensuite le met à couvert des attaques du gorille, est Tanit, la grande déesse carthaginoise, parèdre de Baal, laquelle était représentée dans le panthéon hellénique par Artémis ailée. Sans doute, comme Artémis, Tanit était une divinité chasseresse: c'est pour cela que le cerf lui était offert en sacrifice. Plusieurs auteurs grecs parlent des cerfs qu'on sacrifiait à Artémis, ou des bois de cerf que l'on consacrait dans ses temples. Arrien mentionne un de ces temples, situé dans une île du golfe Persique, appelée Icaros: cette île était pleine de chèvres sauvages et de cerfs, qu'il était défendu de chasser, à moins que ce ne fût pour les offrir en sacrifice à la

144 REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE déesse. Sans doute cette Artémis du golfe Persique était en réalité une divinité orientale et non grecque, probablement même phénicienne, car le nom de l'île d'Icaros paraît phénicien : il s'explique, en cette langue, par île des pâturages. — Ensuite, M. Clermont-Ganneau propose un rapprochement entre le sacrifice du cerf, tel qu'on le trouve dans les monuments phéniciens, et diverses légendes grecques qui parlent de cerfs ou de biches sacrifiées pour remplacer des victimes humaines. Les sacrifices humains étaient en usage dans le culte phénicien : pourtant l'inscription du temple de Baal, trouvée à Marseille, ne les mentionne pas; c'est la même inscription qui mentionne le sacrifice du cerf. Serait-ce que les cerfs avaient remplacé les victimes humaines dans le culte de Tanit, comme, selon la légende grecque, une biche avait été immolée à Diane à la place d'Iphigénie ? Eutrope rapporte, d'après Porphyre, quelque chose de semblable à Laodicée de Syrie, dit-il, il avait été autrefois d'usage de sacrifier, chaque année, une jeune fille; plus tard on avait remplacé ce sacrifice par celui d'une biche. Les choses n'ont-elles pu se passer de même à Carthage?

Ouvrages présentés : par M. de Longpérier : L. de RosNY, Essai sur le déchiffrement de l'écriture hiératique de l'Afrique centrale; par M. Egger: 1o Eug. Müntz, Notes sur les mosaïques chrétiennes de l'Italie, V, Sainte Constance de Rome (extrait de la Revue archéologique); 2° Euvres de Synésius, évêque de Ptolémaïs dans la Cyrénaïque, au commencement du v° siècle traduites entièrement pour la première fois en français et précédées d'une étude biographique et littéraire par Henri DRUON.

Ouvrages déposés: - MICHAUT (Narcisse), Eloge de Buffon, ouvrage couronné par l'Académie française, précédé d'une notice par M. Emile Gebhart (Paris, Hachette, 1878, in-16); Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Ve Série t. IX; - H. d'ARBOIS DE JUBAINVILLE, Une cause célèbre en Irlande au second siècle de notre ère; - Institut de droit international, travaux préparatoires de la session de 1878 rapport sur les conflits de législation en droit pénal, par Charles BROCHER: 1 partie (Gand, in-8°).

Julien HAVET.

1. On pourrait se demander aussi, dit M. Clermont-Ganneau, si, dans le récit du sacrifice d'Abraham, l'animal sacrifié en place d'Isaac est un bélier, comme on l'entend ordinairement, ou un cerf: les deux lectures sont possibles.

Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, imprimerie M.-P. Marchessou, boulevard Saint-Laurent, 23

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et ses ruines. Paris. (Gardner bon ouvrage, rempli de nouveaux renseignements, et dont la Revue critique rendra compte prochainement.) -POLLOCK, The modern french theatre. Paris, Fotheringham et Hachette. (Clarck: très-intéressant, portraits des principaux acteurs de Paris, voir surtout ceux de Delaunay, Bressant, et de MMles Reichemberg et Croizette.)

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The Athenæum, no 2651, 17 août 1878 The British Association for the Advancement of Science. 1878. Address of William SPOTTISWOODE. - W. BARNES, An Outline of English Speechcraft. Kegan Paul. (Bon). - Henry Ling RотH, A Sketch of the Agriculture and Peasantry of Eastern Russia. Baillière. (Renferme de précieuses informations, l'auteur a passé deux ans dans la province de Samara, connaît fort bien l'agriculture du pays, remarqué que le clergé russe n'aide le peuple en rien et lui donne même de mauvais exemples, efforts du gouvernement pour améliorer la situation des paysans.) BEAL, texts from the Buddhist Canon, commonly known as Dhammapada, with accompanying Narratives. Translated from the Chinese. Trübner. (Très-bon.) - LACH SZYRMA, A Short History of Penzance, St. Michael's Mount, St. Yves and the Land's End District. Simpkin, Marshall a. Co. (Mauvais livre sur l'histoire du district de Land's End.) SAMUELSON, The History of Drink, a Review, Social, Scientific and Political. Trübner. (Bon et intéressant.) BARBIER DE MEYNARD, la poésie en Perse, leçon d'ouverture faite au Collège de France. Paris. (Excellent petit livre.) Noel SAINSBURY, Calendar of State Papers, Colonial Series. Vol. IV. East Indies, China and Japan. 1622-1624. Longmans a. Co. (Consacré au massacre d'Amboine et aux événements qui le suivent). Philology: ELLIS, Catulli Veronensis Liber, iterum recognovit. Oxford, Clarendon Press. (Très-bon.) CHAVÉE, Idéologie lexiologique des langues indoeuropéennes. Paris, Maisonneuve. (Voir l'article de la Revue critique.) - GEIGER, Die Pehlevi-version des ersten Capitels des Vendidâd, hrsg. nebst dem Versuch einer ersten Uebersetzung und Erklärung. Erlangen, Deichert. (Bon.) The Eastern Desert of Egypt. (Schweinfurth.) Corpus Inscriptionum Indicarum. Vol. I. Inscriptions of Asoka, by Major-General CUNNINGHAM. (Voir l'article de M. Barth dans la Revue critique, 1878.) -- Mycena (Westropp).

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Literarisches Centralblatt, n° 33, 17 août 1878: GEIGER'S (Abraham), nachgelassene Schriften. hrsg. v. Ludwig Geiger. 4 und 5 Bde. Berlin, Gerschel. 1878-79. (Comprend une «< introduction aux écrits bibliques », conférences sur le traité d'Abott, matériaux pour une biographie d'Abraham Geiger qui fut, en somme, un noble caractère et l'un des plus remarquables représentants du judaïsme en même temps qu'un savant souvent original.) DUGAT, histoire des philosophes et des théologiens musulmans (de 632 à 1258). Scènes de la vie religieuse en Orient. Paris, Maisonneuve. (L'auteur a raison de parler de son ouvrage comme d'une «< ébauche » et d'un «< canevas », et parfois il n'a pas connu les travaux antérieurs, mais il est plein d'ingénieuses remarques et on apprend quelque chose en le lisant.)- GRUNDTVIG, Lösningostenen, et sagnhistorisk studie. Kopenhagen, Schönberg. (Excellente étude sur le pouvoir merveilleux attribué aux pierres précieuses.). SÖLTL, das deutsche Volk und Reich in fortschreitender Entwickelung von den frühesten Zeiten bis auf die Gegenwart. 3 vol. Elberfeld, Loll. 1877-78. (Bon livre pour le peuple.) HELFERT (de), Königin Karolina von Neapel u. Sicilien im Kampfe gegen die französische Weltherrschaft. 1790-1814. Wien, Braumüller. (On n'a pas là un ouvrage aussi bien ordonné que celui de Botta ou de Coletta, mais Helfert a puisé à pleines mains dans les archives de Vienne, il essaie vainement de justifier Caroline.) - PESCHEL,

Abhandlungen zur Erd-und Völkerkunde; hrsg. v. LÖWENBERG. Leipzig, Duncker u. Humblot. (Suite de cette belle publication des essais et articles du regretté Peschel.) GILLIÉRON, la Grèce et la Turquie, notes de voyage. Paris, Sandoz et Fischbacher. 1877. (Intéressantes descriptions, de la Grèce, quelques erreurs.) - Registrande der geogr. statistischen Ab. theilung des gr. Generalstabes. Berlin, Mittel u. Sohn. (fort bon.) BAUER, die Entstehung des herodotischen Geschichtswerkes, eine kritische Untersuchung. Wien, Braumüller. (Voir sur cet ouvrage l'article de M. Henri Weil dans la Revue critique (1878, no 2) que cite du reste l'auteur de l'article du Centralblatt.) BUTTMANN, des Apollonios Dyscolos vier Bücher über die Syntax, übersetzt und erläutert. Berlin, -Dümmler. 1877. (Bonne traduction et commentaires instructifs.) Cornelii Taciti Germania, für den Schulgebrauch erklärt von PRAMMER. Wien, Hölder. (Bon). TANNER, die Sage von Guy von Warwick. Heilbronn, Henninger. (Des critiques à faire.) - FORESTIER, Echoes from Mist-Land or the Nibelungen Lay revealed to lovers of romance and chivalry. Chicago, Griggs. 1877. (Traduction anglaise du poëme des Nibelungen, Mist-Land (dans le titre), est la traduction de Niflheimr, pays des nuages; beaucoup d'emprunts à Simrock; mais on lira les Nibelungen à Chicago.) - Programme des cours des Universités de Kōnigsberg, Wurzbourg, Heidelberg.

Urkunden und Acten

Jenaer Literaturzeitung, no 33, 17 août 1878 stücke zur Geschichte des Kurfürsten Friedrich Wilhelm von Brandenburg, auf Veranlassung seiner Königlichen Hoheit des Kronprinzen von Preussen. Band VII: politische Verhandlungen, herausgegeben von ERDMANNSDÖRFER. Band 4. Berlin, Reiner. 1877. (Suite de cette importante publication.) ASCOLI, studj critici. II: saggi e appunti. Saggi Italici. Saggi Indiani. Saggi Greci. Indici annotati d'entrambi i volumi. Roma, Torino, Firenze, Loescher. 1877. (Osthoff: très-bon.) - VANICEK, Fremdwörter im Griechischen und Lateinischen. Leipzig, Teubner. (Schweizer - Sidler: nouvel ouvrage de l'infatigable chercheur dont la Revue critique a récemment apprécié le dictionnaire étymologique greclatin, quelques lacunes.) ADAM, die älteste Odyssee in ihrem Verhält nisse zur Redaction des Onomakritus und der Odyssee. Ausgabe Zenodots. Wiesbaden, Niedner. 1877. (Volkmann: selon l'auteur, l'Odyssée primitive est une épopée de 2120 vers, nouvelle preuve des « chutes que peut faire dans la question homérique la prétendue haute critique ».) Eschines' Rede gegen Ktesiphon, erklärt von WEIDNER. Berlin, Weidmann (Blass: bon.) Programme des cours des Universités de Strasbourg et de Zurich. (Semestre d'hiver, 1878-1879.)

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Rassegna settimanale di Politica, Scienze, Lottere ed Arti, 2 vol., 7 fasc., 18 août : I Depositi alla Cassa d' Risparmio di Firenze. - Disciplina Militare. Le condizioni della * zone popolare in Italia. Corrispondenza da Parigi. - Corris mdenza da Washington. La Settimana. Un recentissimo libro tedesco sul Petrarca (BARTOLI). Eco. nomia pubblica. - Bibliografia Letteratura e Storia. PATUZZI. Bolle di sapone: L. MANZONI, Bibliografia statutaria e storica Italiana. — Educazione. FERRARIO, La Scola e la Costumatezza. Scienza matematiche. MAREY, La méthode graphique dans les sciences expérimentales. Il metodo grafico nelle scienze sperimentali.)- Notizie. Riviste italiane. --- Articoli che riguardano l'Italia negli ultimi numeri dei Periodici stranieri Riviste Tedesche.

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