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autres machines de jet »; on sait que Bog ne signifie pas sculement << projectile »>, mais aussi, très-souvent, « machine à lancer des projectiles, machine de guerre ». Il est juste d'ajouter que le sens que nous rappelons ici est - chose curieuse totalement inconnu aux lexiques. Mais pour les mots τοῖς ἴσοις καταπέλταις, nous avouons ignorer absolument ce qu'ils peuvent vouloir dire. Les rendre par; « avec le nombre correspondant de catapultes, » c'est traduire pour traduire. Il vaudrait peut-être mieux, en pareil cas, ne pas traduire du tout. Nous croirions assez volontiers, pour notre part, que le texte réclame la conjecture zł τριακοσίοις καταπέλταις (ou mieux, comme dans les inscriptions du temps, xatañáktais), « et 300 catapultes. >>

« Le nombre des pièces mises en batterie dans les sièges antiques, dit dans un récent article le capitaine A. de Rochas d'Aiglun 2, était tout à fait comparable à celui qu'on employait il y a bien peu de temps encore. Ainsi, à l'attaque de Jotapata, Vespasien avait 160 machines en ligne. Les Romains trouvèrent à Carthagène 120 oxybèles de gros calibre et 281 de petit, 23 grands lithoboles 3 et 52 petits, en tout, 476 pièces d'artillerie proprement dite, sans compter plus de 2,500 armes de jets dites scorpions et analogues, pour l'usage, à notre ancien fusil de rempart. Les Juifs avaient, à la fin du siège de Jérusalem par Titus, environ 40 lithoboles et 300 oxybèles. » Le chiffre de 300 catapultes pour faire le siège d'Athènes serait donc raisonnable et rentrerait tout à fait dans les données ordinaires.

Charles GRAUX.

185.

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Zur Geschichte des deutschen Kriegswesens in der Zeit von den letzten Karolingern bis auf Kaiser Friedrich II, von Martin BALTZER. Leipzig, Hirzel, 1877, vш-116 p. in-8°. - Prix: 1 mark 60 (2 fr.),

Ce volume est le début scientifique d'un jeune docteur dans une branche des antiquités germaniques assez peu cultivée jusqu'ici. Les ouvrages sur les antiquités militaires allemandes ne manquent pas, il est vrai; depuis celui de Stenzel, qui a plus d'un demi-siècle de date, ont paru ceux de Barthold et du général de Peuker, et d'ailleurs il n'est point d'histoire générale de la civilisation allemande un peu complète où quelque chapitre ne soit consacré à ce sujet. Il reste néanmoins beaucoup à faire pour arriver à une connaissance approfondie de la matière, les militaires qui ont traité la question n'ayant pas, en général, l'érudition requise pour

1. Chez M. F. tais loais. par erreur.

2. Coup d'œil sur la balistique et la fortification dans l'antiquité, dans l'Annuaire de l'Association pour l'encouragement des études grecques en France, 11 année (1877), p. 279.

3. '06λ, avec ou sans xatarákts, catapulte, machine à lancer des traits; les lithoboles ou pétroboles lançaient des pierres ou autres masses pesantes.

l'étude des vieux textes, et les savants de cabinet manquant de la pratique et de l'expérience professionnelle également nécessaire pour maîtriser le sujet.

M. Baltzer a pris la [sage précaution de limiter nettement son sujet à l'organisation militaire de l'Allemagne du xe siècle au XII°. Dans ce cadre une fois choisi, il a tâché de recueillir tous les renseignements possibles par un dépouillement méthodique de tous les auteurs contemporains et des documents historiques et juridiques qui se rattachent à l'époque 1.

L'opuscule de M. B. se compose de deux chapitres dont le premier traite particulièrement de l'organisation militaire du pays. Il nous montre les levées populaires devenant de plus en plus rares et de moins en moins utiles à la guerre, à mesure que la chevalerie les remplace. Il établit que les obligations féodales sont à la base de toute l'organisation des armées de l'empire, la propriété foncière, comme telle, n'étant pas astreinte au service militaire, mais seulement les vassaux et les ministériaux distinction purement théorique d'ailleurs, car il n'y avait guère de chevaliers qui ne pussent être rangés dans l'une ou l'autre catégorie. Depuis Henri IV, les princes et les grands décident la guerre ou refusent de s'y engager. Ministériaux et vassaux ne peuvent être convoqués que par leurs seigneurs immédiats, de sorte qu'en dehors du consentement des princes, le souverain ne peut disposer que de ses propres milites, qui paraissent avoir dépendu des domaines impériaux, à l'origine du moins. Le contingent de chaque prince était fixé pour la campagne prévue et ne restait pas toujours le même. La levée s'opérait par les soins du seigneur et la montre des troupes précédait leur incorporation à l'armée royale. Le second chapitre s'occupe de l'art militaire d'alors, au point de vue technique. On peut y suivre le développement de l'armement primitif, comprenant épée, lance et bouclier, à mesure que la chevalerie prédomine; peu à peu l'homme d'armes lui-même, trop pesamment armé, est obligé de s'associer des servants, le dextrarius, le palafredus, etc. Un des paragraphes les plus intéressants du travail de M. Baltzer traite de l'approvisionnement des armées au moyen âge. Les troupes avaient le droit de prendre en passant les fourrages nécessaires, mais, jusqu'au xie siècle, elles traînaient avec elles leurs provisions de bouche; plus tard, l'on achetait ou bien encore on réquisitionnait les vivres, etc.

Il est certains points de détail où l'opinion de l'auteur sera peut-être réfutée dans la suite, mais, dans son ensemble, c'est une très-estimable contribution à l'histoire des antiquités germaniques et permet de bien augurer des futurs travaux de l'auteur. Si nous devions adresser un reproche à son opuscule, c'est celui d'avoir un peu trop parfois confondu les prescriptions légales avec la réalité des faits et d'avoir accepté trop de règles et de définitions pour une branche de l'activité humaine qui, sur

1. Il s'est aussi tout naturellement aidé de l'ouvrage de M. Ficker, d'Innsbruck, et des travaux de Waitz, Roth et Nitzsch sur la féodalité, etc.

tout au moyen âge, se manifestait au hasard des caprices et des impulsions individuelles, bien plus que d'après un code et des instructions officielles. R.

VARIÉTÉS

MYTHOLOGIE ICONOGRAPHIQUE

(Suite et fin).

VI

Non-seulement les Grecs ont traduit à leur guise les sujets qui avaient déjà sur leurs modèles orientaux une signification soit symbolique, soit même mythologique, mais, suivant un penchant invincible, ils ont prêté cette signification à d'autres sujets de même provenance qui appartiennent manifestement à la vie réelle. On entrevoit dès maintenant tout ce qu'ont pu produire de telles métathèses quand on songe que le contact qui les a produites s'est prolongé pendant des siècles, sur une surface étendue, dans une aire géographique comprenant des races diverses.

C'est de cette manière que les épisodes, succinctement décrits plus haut, qui se déroulent autour de la coupe de Palestrina, et qui présente en eux-mêmes un sens à la fois clair et humain, ont été repris en sous-œuvre et traités comme des épisodes du cycle d'Hercule: la chasse au cerf est devenue la poursuite du cerf d'Arcadie; l'assomption du char est devenue l'apothéose d'Hercule enlevé au ciel dans un char par Athéné 1, etc... Autre exemple. Sur les coupes et les cratères phéniciens est souvent reproduit le sujet suivant fait à souhait pour animer les longues zones qui y sont tracées: une armée en marche, file de soldats, fantassins, cavaliers, guerriers en char, bêtes de somme (chameaux, mulets, etc.)... Ce sont exactement les Stratiótica que Pausanias voyait encore sur le troisième côté du coffre de Kypselos (style oriental) conservé à Olympie. Or, les Grecs se creusaient l'esprit pour trouver l'explication historique, l'exégèse, comme dit Pausanias, de cette expédition militaire. Histoire tout à fait fabuleuse, bien entendu. Pour les uns, c'était Oxylos à la tête des Etoliens attaquant les Eléens. Pour les autres, c'étaient les Pyliens et les Arcadiens combattant à Pheia et sur le Jardanos; pour d'autres encore, c'étaient Mélas et son armée, etc. Il est plus que probable que ce n'était rien de tout cela: c'était une copie pure et simple, sans prétention et sans intention, de quelque sujet oriental, identique au sujet militaire de nos coupes 2. Ce

1. A vrai dire, c'est peut-être cet épisode miraculeux qui a été la première fissure par laquelle la mythologie s'est infiltrée dans cette histoire.

2. Et particulièrement du grand cratère trouvé à côté de la coupe de Palestrina.

qu'il y a de plus piquant, c'est que ce sujet, devenu une sorte de motif banal de décoration, pourrait fort bien avoir été, en effet, originairement un sujet historique emprunté aux annales en images des grands conquérants de l'Egypte et de l'Assyrie! Les Grecs avaient au fond raison en y cherchant instinctivement de l'histoire à l'époque de Pausanias. A un autre moment, ils y avaient cherché de la mythologie pure. Ces mêmes Stratiôtica avaient été regardés et traités, par les mêmes Grecs, tantôt comme l'expédition d'Hercule (à l'ouest, dextrorsum), tantôt comme la pompe triomphale de Bacchus son antithèse (à l'est, sinistrorsum).

Nous voilà presque ramenés à un système bien discrédité, à l'evhémérisme. Oui, mais à un evhémérisme d'une espèce toute particulière, supportable pour la critique, puisque tout s'y passe dans le monde des images et qu'il ne s'agit plus de l'histoire mise directement en fables, mais de tableaux de la vie réelle interprétés abusivement par la mythologie 3. Les Grecs ne paraissent pas d'ailleurs avoir été ici les premiers coupables. Les Phéniciens leur ont donné l'exemple. Nos coupes nous permettent de saisir sur le fait une manifestation bien instructive de cette évolution mythologique, de ce mouvement des images allant à la fable, quand la fable n'allait pas à elles. Parmi les sujets qui reviennent le plus fréquemment, est une sorte de pastorale dramatique, tout à fait terre à terre, et qui, entre parenthèses, ressemble étrangement à l'une des scènes du bouclier d'Achille : l'attaque d'un troupeau de bœufs par deux lions et la lutte engagée par les bergers contre les ravisseurs. Sur l'une de ces coupes, un des épisodes, un des moments de l'action, a été extrait du cycle et placé au centre en médaillon : L'homme combattant à l'épée l'un des lions dressé. La scène est identique de point en point, seulement ici l'homme n'est plus un homme, c'est un dieu; il lui a poussé quatre ailes 4. Le papillon est sorti de la chrysalide; un mythe est éclos, et cette fois, en plein milieu sémitique.

Les Phéniciens ne se sont donc pas contentés de conserver aux scènes qu'ils copiaient la signification mythologique qu'elles pouvaient primitivement avoir; ils avaient déjà été entraînés, eux aussi, à attribuer cette signification à des scènes de la vie réelle, probablement même à des scènes historiques. Les formes allégoriques et symboliques employées avec une évidente complaisance par les Egyptiens et les Assyriens ne pouvaient que favoriser cette tendance, et les auteurs mêmes de ces images conven

2. Cf. une des coupes de Chypre avec un chameau figurant dans la colonne en marche. Cet animal caractéristique se retrouve plusieurs fois dans les défilés dionysiaques que je rapproche de ce monument oriental.

3. Il y a eu naturellement des cas inverses, c'est-à-dire des images à signification mythologique interprétées abusivement comme scènes de la vie réelle. Il serait intéressant de montrer comment et pourquoi la mythologie abandonne parfois des images qui lui appartiennent légitimement, ou en évacue d'autres dont elle s'est indûment emparée.

4. Les quatre ailes données au EL phénicien par Sanchoniathon.

tionnelles, qui sont comme les métaphores plastiques du langage idéogra phique comme des images d'images ont dû être les premiers à se laisser prendre aux pièges qu'elles tendaient à leur imagination.

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Il m'est impossible d'indiquer, même sommairement, toutes les combinaisons auxquelles a pu donner naissance cette transmission d'images et de légendes réagissant les unes sur les autres. On pourrait cependant, en se plaçant au point de vue de l'hellénisme, admettre un certain nombre de cas principaux :

1° L'image grecque reproduit purement et simplement l'image phénicienne;

2o La signification originelle de l'image est conservée;

3o La copie grecque est altérée involontairement;

4o Les altérations graphiques font naître des altérations dans l'interprétation;

5o L'interprétation est altérée de prime abord et fait naître des altérations graphiques;

6o L'image, altérée ou non, est interprétée d'une façon tout à fait arbitraire dans ses détails ou dans son ensemble, soit sur de nouveaux frais d'imagination, soit par l'adaptation d'une légende préexistante.

7o Une même image donne naissance à plusieurs interprétations d'ordre différent réagissant ensuite sur elle pour la différencier.

8o Des images, sans rapport entre elles, mais juxtaposées dans un même ensemble décoratif, ont été reliées narrativement, cycliquement, par la glose populaire.

VII

Cette imagerie orientale, avec son cortège de légendes, a envahi, sous couleur d'ornementation, toutes les choses grecques, Meubles, ustensiles divers, bijoux, monnaies, pierres gravées 1, bas-reliefs, etc,, etc., et surtout vases peints ont multiplié à l'infini et popularisé ces sujets exotiques, tout en les déformant, ou plutôt en leur donnant cette forme exquise que l'hellénisme a su imprimer à tout ce qu'il a touché. Les vases peints ont été probablement le premier essai d'imitation des artistes occidentaux qui, n'ayant pas à leur disposition les matières métalliques précieuses des Phéniciens et ne sachant pas d'ailleurs encore les travailler, ont traduit en céramique la toreutique coûteuse et laborieuse pratiquée par les Orientaux. Au lieu de ciseler des vases d'or, d'argent, de bronze,

I. Beaucoup de sujets peu compliqués ornant ces petits monuments et d'autres de même taille ne sont que des extraits, mais des extraits textuels, de nos cycles d'images, Cette remarque s'applique aussi bien aux gemmes phéniciennes elles-mêmes. Rien n'est plus facile que de réintégrer dans le cycle originel tel personnage, tel animal, tel groupe, etc., qui en faisait partie et qui, isolé sur une médaille ou sur une intaille, avait perdu toute signification. C'est exactement comme un mot détaché à l'état de flexion; il ne peut reprendre sa valeur que replacé dans la phrase à laquelle il appartient.

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