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REVUE CRITIQUE

D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

RECUEIL HEBDOMADAIRE PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION

DE MM. M. BRÉAL, G. MONOD, G. PARIS

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ERNEST LEROUX, ÉDITEUR

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE

DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, ETC.
28, RUE BONAPARTE, 28

Adresser toutes les communications à M. A. CHUQUET (Au bureau de la Revue : 28, rue Bonaparte, 28).

ANNONCES

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR

VIENT DE PARAITRE

le

VIE OU LÉGENDE DE GAUDAMA, Boudha

des Birmans, et Notice sur les Phongyres ou Moines Birmans, par Monseigneur P. BIGANDET, traduit en français par Victor GAUVAIN, lieutenant de vaisseau. Un beau vol. in-8° de 540 pp.

10 fr.

CHRONIQUE DE MOLDAVIE depuis le milieu

du xiv siècle jusqu'en l'an 1594, par Grégoire URECHI. Texte roumain en caractères slaves, et traduction française, notes historiques, tableaux généalogiques, glossaire et tables, par Emile PICOT. Un beau vol. gr. in-8° (Première partie seule parue). 20 fr. La seconde partie paraîtra en décembre et sera fournie gratuitement aux souscrip

teurs.

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Forme le Tome VII des Publications de l'École des Langues orientales.

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The Academy, n° 325, 27 juillet 1878 French Pictures in English Chalk, Second Series, by the Author of The Member for Paris. Smith, Elder a. Co. (Wentworth Webster : peintures vivantes et curieuses de la vie française, caricatures politiques.) Tacitus and Bracciolini, The Annals forged in the fifteenth Century. Diprose a. Bateman. (Wolfe Capes thèse ingénieuse et qui prouve que son auteur connaît fort bien l'histoire de la Renaissance italienne, mais il est tout-à-fait invraisemblable que Bracciolini ait écrit les Annales de Tacite.) Philochristus, Memoirs of a Disciple of The Lord. Macmillan. (Simcox: très-curieux.) Iter Persicum ou Description du voyage en Perse entrepris en 1602 par Etienne Kakasch de Zaloukemeny, relation rédigée en allemand, traduction publiée et annotée par SCHEFER. Paris, Leroux. (Goldsmid très-intéressant volume de la Bibliothèque orientale elzévirienne.) BARBIER DE MEYNARD, La Poésie en Perse. Paris, Leroux. (Goldsmid très-bon ouvrage.) — Lowe, Twelve Odes of Hafiz done literally into English. Together with the corresponding portion of the Turkish Commentary of Sudi, for the first time translated. Cambridge, Spalding. (Goldsmid: bon.) - SCHÜTZ WILSON, Alpine Ascents and Adventures, or Rock and Snow Sketches, Sampson Low. (Hancock impressions de voyage, fort intéressantes, d'un touriste passionné.) W. BRIGHT, Chapters of Early English Church History. Oxford, Clarendon Press. (Mullinger: livre très-utile et à consulter.) Current Literature (entre autres, S. GUYARD, Un GrandMaitre des Assassins au temps de Saladin. (excellent ouvrage); A. DARMESTETER et HATZFELD, Le seizième siècle en France (très-bonne publication). — Babylonian Creation Legendes (Boscawen). — WALLACE, Tropical Nature and other Essays, Macmillan. (Alston.) - ABEL, Koptische Untersuchungen. Berlin, Dümmler. (Le Page Renouf.) Philology: MUFF, die chorische Technik des Sophocles. (Cp. Revue critique, 1877, art. 92, p. 329, Henri Weil.) BAUQUIER, Bibliographie de la Chanson de Roland. (Très-soigné). Christian Art at Ephesus. (Jean-Paul Richter.)

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The Monuments of

The Athenæum, n° 2648, 27 juillet 1878 DAVENPORT ADAMS, English Party Leaders and English Parties, from Walpole to Peel, including a Review of the Political History of the Last One Hundred and Fifty Years. 2 vol. Tinsley Brothers (trop long). LEES, The Abbey of Paisley, from its Foundation to its 'Dissolution, with Notices of the Subsequent History of the Church, and an Appendix of Illustrative Documents. Paisley, Gardner. - MAYERS, The Chinese Government : a Manual of chinese Titles, Categorically Arranged and Explained, with an Appendix. Trübner (bon). Tacitus and Bracciolini, the Annales forged in the fifteenth Century. Diprose d. Bateman (voir plus haut, anal. de l'Academy: livre très amusant, dû certainement à un homme d'esprit et de savoir). STEEVENS, The Crimean Campaign with the Connaught Rangers. 1854-55-56. with a map. Griffith a. Farran (Récit intéressant de la campagne de Crimée par le lieutenant-colonel Steevens). DUNWELL, The Four Gospels as interpreted by the Early Church: a Commentary on the Authorized English Version of the Gospel according to S. Mathew, S. Mark, S. Luke and S. John, compared with the Sinaitic, the Vatican, and Alexandrine MSS. and also with the Vulgate. Clowes a. Sons. Antiente. Epitaphes, collected by RAVENSHAW. Masters. (Recueil d'épitaphes souvent curieuses.) Henry VII, prince Arthur and Cardinal Morton: from a Group representing the Adoration of the Three Kings, on the Chancel Screen of Plymtree Church, in the County of Devon, London, printed for

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Sommaire : 139. LIPSIUS, SCHULTZ, Kähler, Conférences scientifiques sur des
questions religieuses; KREYENBÜHL, Religion et christianisme. 140. QUESADA,
Les bibliothèques d'Europe et quelques-unes de l'Amérique latine.
RON, Les ducs de Guise et leur époque. Académie des Inscriptions..

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141. FORNE

139.

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Wissenschaftliche Vortræge über religiose Fragen. In-8°,

p. 80. Frankfurt am Main. M. Diesterweg 1877

– Religion und Christenthum von J, KREYENBÜHL, Prof. der Philosophie. In 12, p. 148. Luzern. C. M. Hærdi, 1877.

Nous réunissons ces deux ouvrages qui abordent des sujets analogues et les traitent dans le même esprit, celui du protestantisme libéral.

I

Les Conférences scientifiques sur des sujets religieux sont au nombre de trois : elle sont dues à trois théologiens distingués, MM. Lipsius, Schultz et Köhler: elles traitent, dans le même ordre, de l'idée de Dieu, de la foi chrétienne en Jésus envisagée dans son rapport avec la question historique de la vie de Jésus et du royaume de Dieu envisagé dans ses rapports avec l'Eglise. Cette prétention à un caractère scientifique, non moins que les noms des auteurs, méritent d'attirer l'attention. Il est intéressant de voir aborder devant des auditoires mélangés et par la bouche d'hommes que leurs fonctions, non moins que leur éducation, rattachent à l'Eglise, quelques-uns des plus gros problèmes religieux du temps présent. On ne peut manquer de rendre un juste hommage à la franchise et à la hardiesse de tels essais.

M. Lipsius aborde avec une intrépidité méritoire la question de l'idée de Dieu. Il commence par rappeler habilement la réserve que beaucoup de docteurs autorisés ont montrée dans la définition de Dieu, - réserve plus apparente que réelle, puis il passe à l'examen des idées courantes sur la divinité. Il constate avec sincérité que la foi en Dieu est abandon. née par un grand nombre d'hommes cultivés et, en particulier, par des savants du plus grand mérite. Mais, par un contraste frappant avec l'habitude prise chez nous par les représentants autorisés des églises, M. L. ne cherche point la cause de cet athéisme dans la dépravation de ses adversaires, et il n'abandonne point un seul instant à leur égard le ton de la plus respectueuse courtoisie.

M. L., avec une largeur d'esprit des plus louables, admet même la lé

Nouvelle série, VI.

6

gitimité de la critique philosophique des Fichte, des Schelling, des Hegel, des Schleiermacher, signalant la contradiction logique qu'il y a à désigner Dieu, d'une part comme l'absolu et l'infini, de l'autre comme personnel, à l'image d'une individualité humaine. Il est impossible à notre pensée d'attribuer à Dieu la conscience et la volonté, sans lui enlever par cela même son caractère infini. Ce que nous appelons en effet chez l'homme conscience et volonté, ne peut se concevoir sans une succession, dans le temps, de pensées déterminées qui se limitent mutuellement. Appliquer à Dieu ces catégories, c'est le transporter sur le terrain du fini, en faire une sorte d'homme indéfiniment grossi qui n'a plus rien de commun avec l'absolu. On aboutit forcément par la voie de la pure dialectique à une notion panthéiste de la divinité.

Mais, en face de l'intérêt théorique qui réclame l'existence d'un fondement dernier, d'une unité supérieure du monde, d'un Etre infini manifestant son activité dans la vie finie et que peut satisfaire l'idée d'un absolu impersonnel, nous trouvons en nous un intérêt religieux, appuyé sur les expériences pratiques de la vie de l'âme, qui demande un Dicu personnel capable d'entrer avec l'homme en un rapport également personnel.

M. L. combat à ce point de vue tant l'idée panthéiste que le système des matérialistes. Il abandonne sans hésiter tout le bagage des anciennes preuves de l'existence de Dieu. « Ces preuves, dit-il, ne sont bonnes à convaincre que ceux dont la foi en Dieu n'a pas besoin de preuves; depuis Kant, la critique ne s'est pas lassée de remettre sans cesse au jour les paralogismes qui sont à la base de ces prétendues preuves. » M. L. accorde que notre pensée n'arrivera jamais à éliminer toute contradiction de l'idée divine. « Nous ne pouvons nous faire une idée ni d'une pensée infinie, ni d'une volonté infinie. Aussitôt que nous l'essayons, nous nous engageons dans des contradictions, où c'est tantôt l'absoluité de Dieu qui sombre au profit de sa personnalité, tantôt sa personnalité au profit de son absoluité. Mais nous ne saurions néanmoins suivre le conseil que nous donne le panthéisme de sacrifier la personnalité de Dieu à son absoluité, car ce serait sacrifier l'intérêt spécifiquement religieux de la foi en Dieu au profit d'une abstraction philosophique. » Or qui vous garantit que l'Absolu de la philosophie panthéiste ait une base plus solide que la foi en Dieu, affirmée au point de vue religieux? Cette base est purement psychologique, elle se ramène forcément à des nécessités subjectives de l'âme humaine, et c'est là aussi la base du raisonnement sur lequel se fonde notre foi au Dieu personnel. Nous justifions ainsi, par voie critique, le droit de nos intérêts religieux d'entrer en ligne de compte dans la détermination de l'idée divine.

Ce serait une erreur d'assigner à la croyance en Dieu, comme origine principale, l'intérêt de l'intelligence qui recherche une cause à chaque effet. Ce n'est pas, d'après M. L., le besoin d'unité qui l'a provoquée, mais le besoin d'affirmer notre liberté spirituelle en face de la force aveugle de

la nature. « La conscience que nous avons du moi se partage entre le sentiment de notre dépendance à l'égard de la nature et celui que nous avons de pouvoir nous élever par un effort intérieur au-dessus de cette dépendance. En tant qu'il appartient à la nature, l'homme est soumis au mécanisme aveugle de l'agencement de la nature. En tant que, par un effort intérieur, il s'élève au dessus de sa destination finie naturelle, il cherche à affirmer son moi en face du destin commun de tous les objets finis, il reconnaît en lui-même un moi libre et spirituel. » L'homme, parvenu à ce degré de connaissance, sent le besoin d'une conception du monde qui corresponde à ses aspirations, qui donne satisfaction au besoin pratique de son esprit en lui donnant la solution de l'énigme de la vie. Cette solution, c'est la foi en Dieu. Seule, la foi en la dépendance commune de tous les éléments finis d'une Intelligence et d'une Liberté suprêmes nous donne la force d'affirmer notre liberté intelligente en face du mécanisme aveugle de la nature. Cette foi plonge donc ses racines dans la conscience que nous avons de notre dignité humaine en face de la nature inconsciente. Et l'acte par lequel nous nous élevons à Dieu nous donne d'ailleurs la conscience d'un rapport de personne à personne. Une fois établie la nécessité logique de notre foi, il importe peu qu'on y signale tel défaut philosophique, le besoin pratique de la vie étant plus puissant que toute logique. Nous n'en serons que plus modérés dans ce que nous affirmerons des attributs divins, plus réservés dans nos assertions touchant la nature intime de la divinité.

Notre analyse donne une idée suffisante de la loyauté ingénieuse de cet essai. De tels raisonnements sont de nature à réconcilier beaucoup de personnes avec l'idée de Dieu, telle qu'elle peut trouver des interprètes indépendants jusque dans le sein des Eglises. Nous aurions désiré toute

fois

que M. L. ne passât pas sous silence ce qui nous semble constituer une grande difficulté pour sa thèse. Il s'agit de ce rapport personnel entre l'homme et Dieu que M. L. prétend conserver. Les anciens apologistes, qui ne tenaient nul compte de l'ordre régulier de la nature, trouvaient cet échange très-naturel; les lois de la nature n'existaient guère à leurs yeux que pour être tournées ou violées par le miracle et l'exaucement des prières. J'aurais voulu que M. Lipsius nous dît plus clairement comment il concilie ce commerce entre l'homme et Dieu avec le respect pour les lois naturelles dont sa pensée témoigne constamment. J'entrevois là un élément de dualité peu rassurant pour la solidité du système.

M. le docteur et professeur Schultz s'est proposé de démontrer que la foi en Jésus n'avait rien à craindre des recherches concernant la personne de Jésus. Pour M. S., la foi du chrétien au Christ est absolument indépendante de la certitude historique des narrations évangéliques. Que la critique et l'histoire fassent leur œuvre : on ne songe point à la contester. Notre foi en Jésus n'est point à la merci de pareilles recherches, si dangereuses qu'elles paraissent à certains. Elle est absolument indépendante des résultats de l'examen historique de sa vie. Qu'est-ce

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