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il paraît avoir mal compris les explications verbales qui lui avaient été données. Ainsi, lorsque, en parlant de la Bibliothèque nationale de Paris, il affirme que «< el edificio está aislado de todo otro, y hasta donde es posible á cubierto de los peligros del fuego. Recibe aire y luz de suz cuatro frentes....» (p. 36); ou lorsqu'il nous apprend que la salle de la rue Colbert a été ouverte au public en 1858, et que celle de la rue de Richelieu, réservée à certaines classes de lecteurs, est la salle ancienne (p. 38). Les documents officiels que quelques administrations ont mis à la disposition de l'auteur ont été choisis au hasard. La bibliographie est fort incomplète. Les noms propres sont souvent altérés et méconnaissables, les chiffres inexacts. Une critique que l'on peut adresser à M. Q., aussi bien qu'aux écrivains qui se sont occupés de ces questions avant lui, c'est d'attacher trop d'importance à certains détails de second ordre, tels par exemple que le chiffre exact des volumes conservés dans les différentes bibliothèques. Il est clair que, dans ce cas, c'est la qualité, et non la quantité, qui est l'essentiel. L'institution du dépôt légal dans la plupart des Etats d'Europe amène, chaque année, à ces établissements des milliers de volu. mes sans valeur, des quantités énormes de papier imprimé qui constituent plutôt une charge qu'une richesse.

Si l'on considère les conditions difficiles dans lesquelles l'auteur s'est trouvé en composant cet ouvrage, on hésitera à insister sur des erreurs faciles à corriger. C'est, en somme, un livre fort utile pour faire connaître aux habitants de l'autre hémisphère l'un des côtés les plus brillants de la civilisation européenne. Quant à nous, c'est le second volume que nous promet M. Q. et qui sera consacré aux bibliothèques de l'Amérique latine, qui nous intéressera et nous instruira davantage. Déjà, en différents endroits du présent volume, l'auteur compare l'état florissant des bibliothèques d'Europe avec la situation précaire de plusieurs établissements littéraires de l'Amérique du Sud. Mais c'est dans le second volume qu'il se propose de traiter avec détail ces questions et c'est là qu'il nous fournira des renseignements vraiment nouveaux. En attendant, nous ne pouvons qu'approuver l'avis que M. Quesada émet en passant, à savoir que le principal objet des bibliothèques de ces contrées devrait être de réunir tous les ouvrages relatifs à l'Amérique et publiés dans cette partie du monde, comme l'a si bien compris la bibliothèque de Santiago de Chili.

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141.

Les ducs de Gulse et leur époque, étude historique sur le seizième siècle, par H. FORNERON. Paris, Plon, 1877, in-8°. T. I de 11-420 p. T. II de 448 p.. · Prix : : 7 fr. 50 le vol.

Le livre de M. Forneron, hâtons-nous de le dire, n'est pas un livre d'érudition. L'auteur nous l'apprend lui-même en déclarant, dès la pre

mière ligne de sa courte préface, que ses devanciers «< ont fait connaitre tout ce qu'on peut extraire des manuscrits conservés dans nos archives». C'est là une singulière erreur et l'on voit bien que M. F. n'a pas pris la peine de faire la plus petite recherche dans nos grands dépôts publics, où les documents inédits relatifs à l'histoire de la maison de Guise se comptent par centaines. Ce qui montre encore que M. F. n'a pas écrit pour ceux qui savent, c'est le jugement qu'il porte (note de la page 1) sur l'Histoire des ducs de Guise de M. René de Bouillé à ses yeux, c' << est une véritablé encyclopédie de tout ce qui a pu être dit ou écrit sur les Guises. » L'exagération de cet éloge amusera ceux qui ont sérieusement examiné cette prétendue encyclopédie où ce qui manque est autrement considérable que ce qu'il y a. Qui s'attendrait à voir citer, auprès des quatre volumes de M. de Bouillé, lesquels constituent, pour M. F., la Loi et les Prophètes, un bouquin aussi vieilli que la Vie de François de Lorraine, duc de Guise, par J.-B.-H. du Troussot de Valincourt 1, et une brochure aussi superficielle que les Observations sur plusieurs lettres de François et Henri ducs de Guise par Berryat-Saint-Prix, tan. dis que nul souvenir n'est donné à un ouvrage très-important, Les Guises, les Valois et Philippe II, par M. Joseph de Croze 2?

M. F. a cru faire assez en utilisant les recherches des historiens étrangers. « Il est,» dit-il (p. 1), « devenu difficile de parler des événements du XVI° siècle sans étudier les travaux de Gachard en Belgique, de Froude en Angleterre, de Ranke en Allemagne, de Prescott et de Motley en Amérique, d'Alberi en Italie. » Cette énumération, quelque peu fastueuse, ne doit pas être prise à la lettre. Sans doute M. F. a emprunté quelques-unes de ses meilleures pages aux célèbres historiens des DeuxMondes qu'il invoque, mais combien d'autres pages de son livre ne proviennent que de nos histoires françaises, où déjà du reste — ai-je besoin de le rappeler? - les travaux étrangers, surtout ceux d'Alberi, de Gachard et de Ranke, avaient été largement mis à profit! Je ne voudrais pas paraître trop sévère pour un ouvrage qui n'est pas sans mérite, soit que l'on en considère le fond, soit que l'on en considère la forme. Pourtant il m'est impossible de ne pas blâmer le ton pompeux avec lequel l'auteur nous annonce qu'il va renouveler, en quelque sorte, à l'aide de ses citations exotiques, la face de l'histoire du xvre siècle. Importons ce qui est bon, ce qui est nouveau; augmentons autant que possible le trésor des

1. Paris, 1861, in-12.

2. Paris, Amyot, 1866, 2 vol. in-8°. L'auteur, dont le système diffère entièrement de celui de M. F., a toujours eu soin de remonter aux sources et il a reproduit, dans les appendices de ses deux volumes, un grand nombre de documents tirés pour la première fois de nos archives et de nos bibliothèques. - M. F. a mentionné le volume publié par MM. Loiseleur et Baguenault de Puchesse sur l'expédition du duc de Guise à Naples, mais il n'a pas connu un curieux travail du second de ces érudits, Les ducs François et Henri de Guise d'après de nouveaux documents (Paris, 1867 in-8°).

connaissances nationales, mais ne proclamons pas si haut la gloire de nos scientifiques conquêtes. Le conseil donné aux poètes par le sage Boileau est bon aussi pour les historiens :

Que le début soit simple et n'ait rien d'affecté!

Le livre de M. F. s'étend de la bataille de Marignan (13 et 14 septem. bre 1515) jusqu'à la mort du dernier duc de Guise (juillet 1675), et embrasse ainsi une période de cent soixante années. M. F. glisse sur ce qui, dans cette période, est peu intéressant; il insiste, au contraire, sur ce qui est dramatique. Généralement le style est vif, animé, brillant, et son éclat justifie la couronne accordée par l'Académie française 1. Parmi les morceaux les plus dignes d'attention, j'indiquerai, dans le premier volume, le récit de la bataille de Marignan, où Claude de Guise reçut vingt-deux blessures, le récit de l'opération faite par Ambroise Paré au Balafré (p. 83), le portrait du cardinal Charles de Lorraine (p. 97-100), celui de Catherine de Médicis (p. 105-106), le récit du duel de Jarnac et de la Châtaigneraie (p. 111-116), le récit du siège de Metz (p. 153-174), le portrait du duc d'Albe (p. 207-209); dans le second volume, le récit de la bataille de Dreux (p. 4-12), le portrait de François de Guise (p. 2224), le récit de la Saint-Barthélemy, récit qui est le chef-d'œuvre de l'écrivain (p. 142-161) 3, le portrait de la reine Elisabeth (p. 306-309), le récit de la mort de Marie Stuart (p. 323-326), enfin le récit de la mort du duc de Guise (p. 382-388). Ce sont là les morceaux à effet, et M. F. en a préparé le succès avec tout le soin, que dis-je? avec toute la coquetterie d'un brillant artiste.

Voici quelques-unes des observations que l'on peut adresser à l'auteur des ducs de Guise et leur époque.

Le passage sur la bataille navale du cap Saint-Mathieu (t. I, p. 12) est plus légendaire qu'historique : « Hervé Primauguet, amiral de Bre

1. Parfois ce style s'éloigne trop de la grave simplicité du genre historique. Je ne citerai que cette phrase à la Théophile Gautier (t. I. p. 206) sur Philippe II s'entêtant à occuper la ville de Saint-Quentin : « Comme le taureau des jeux de son pays oublie un moment les picadors pour s'acharner sur la carcasse du cheval qu'il vient d'éventrer, ainsi Philippe II s'attarde sur les débris de la ville prise.»

2. Le souvenir du duc de Wellington (p. 6) était bien inattendu au sujet de Marignan. De même, on s'étonne (p. 185-186) du rapprochement établi entre CharlesQuint et Alfred de Musset. L'idée de comparer (p. 262) Calvin à Robespierre est un peu moins étrange, mais elle l'est encore suffisamment.

3. M. F. a donné, un peu plus loin (p. 179), le tableau des chiffres des assassinats commis à Paris et dans tout le reste de la France, depuis le 29 août jusqu'à la fin d'octobre 1572, tels qu'ils sont indiqués par les principaux narrateurs. Ce tableau ne comprend pas moins de vingt-sept indications. Il faut y joindre le témoignage de Pierre Fayet (Journal historique sur les troubles de la Ligue publié d'après le manuscrit inédit et autographe, par VICTOR LUZARCHE) (Tours, 1852), et celui du poète Guillaume du Sable/La Muse chasseresse, Paris, 1611). Voir, au sujet de ce dernier témoignage, une note des Vies des poètes agenais (1868, p. 42).

tagne, mena contre la flotte anglaise, à Ouessant, les escadres de France et de Bretagne enveloppé sur son navire, la Cordelière, par dix bâtiments anglais, il s'attacha aux flancs de la Régente, le vaisseau amiral ennemi, et se fit sauter avec lui. » Rétablissons d'abord avec M. Jal (Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, au mot Cordelière, p. 428) le nom du célèbre guerrier: « Hervé Portzmoguer est, » dit l'ancien archiviste de la marine, «< celui dont le nom s'est transformé en Primauguet, francisation ridicule contre laquelle le bon sens proteste en vain depuis longtemps et qui a offensé à bon droit nos compatriotes de la Basse-Bretagne. » M. Jal (p. 917) raconte ainsi la mort de Portzmoguer : « L'issue de cette lutte fut également funeste aux deux capitaines : le Régent [ailleurs Jal l'appelle la Régente] et la Cordelière furent incendiés, l'un à l'autre attachés par les grappins d'abordage; le capitaine anglais périt dans l'incendie; Hervé de Portzmoguer se jeta tout armé à la mer pour éviter la mort par le feu, mais le poids de ses armes l'entraîna au fond des eaux, où il périt. » Ajoutons que Portzmoguer, loin d'être amiral de Bretagne, n'était peut-être pas même capitaine de mer, comme l'a remarqué M. Jal (article Portzmoguer, p. 992).

M. F., s'appuyant (p. 17) sur Mme la comtesse d'Haussonville (Marguerite de Valois, p. 93), raconte que la reine de Navarre fut souffletée par son mari. Ce soufflet est-il bien authentique? L'anecdote n'a-t elle pas été imaginée après coup? Hilarion de Coste, un de ceux qui ont le plus contribué à répandre le bruit de ce soufflet, n'allègue (Eloge des dames illustres, t. II, p. 274) d'autre témoignage que celui de Pierre Mathieu, et l'on sait combien l'auteur de l'Histoire de France sous les règnes de François Ier, Henri II, etc., (1631, 2 vol. in-f.), est souvent inexact. L'autorité d'aucun contemporain ne pouvant être, ce me semble, invoquée sur ce point, ne faut-il pas douter de la rude protestation tombée de la main d'un époux intolérant sur la joue de la gracieuse Marguerite?

Tous ceux qui apprécient tant les belles publications de M. Armand Baschet liront avec une pénible surprise la note de la p. 27, où M. F. dit de ce vaillant érudit : «< On peut regretter qu'il semble songer plutôt à se créer des portefeuilles de documents curieux qu'à livrer au public le résultat de ses travaux. » Rien n'est plus inexact et plus injuste que cette assertion. Si quelqu'un, au contraire, a mis en toute occasion la lumière sur le boisseau, c'est assurément l'auteur de La diplomatie vénitienne, et, loin de mériter les reproches de cachottier, d'accapareur, M. Baschet mérite d'être à jamais remercié pour l'infatigable zèle avec lequel il nous a signalé les trésors cachés dans les archives de Venise 1.

1. Si M. F. avait vu l'important Mémoire de M. Baschet sur le recueil original des dépêches des ambassadeurs vénitiens pendant le xvi, le xvii et le xvin' siècle et sur la copie qui en a été entreprise pour être déposée au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale (Archives des missions scientifiques et littéraires, 3a série,

Qui croirait qu'à propos de Beaune de Semblançay, M. F. cite (p. 29) et encore par ricochet, c'est-à-dire d'après Petitot, les très-suspects Mémoires historiques dits d'Amelot de la Houssaye, et qu'il passe sous silence le récit d'un contemporain sûrement informé, le Journal d'un bourgeois de Paris sous François Ier si bien publié par M. Ludovic Lalanne? Encore si, pour nous consoler du renvoi à la compilation de 1722 injurieusement attribuée à Amelot de la Houssaye, M. F. avait cité l'estimable travail de feu M. Pierre Clément (de l'Institut) sur le malheureux surintendant des finances! Mais non... par une nouvelle fatale préférence, c'est l'Abrégé du président Hénault qui est allégué, et M. F. se montre, en ce passage, aussi dédaigneux des récits originaux du xvi° siècle et des savantes études du xix, que confiant dans les anecdotes des écrivains du xviije 1.

Noël Beda, le syndic de la Sorbonne, mourut le 8 janvier 1536, et non (t. I, p. 51) en 1537. — Quand M. F. nous montre (Ibid., p. 52) le duc d'Alençon expirant «< accablé de honte sous le regard de sa femme, » il oublie qu'au ver rongeur de la honte, il convient de joindre les suites d'une grave blessure reçue à la bataille de Pavie.-M. F. mentionne (Ibid., p. 53) la frappante leçon infligée par Antoinette de Bourbon à son infidèle mari Claude de Guise, qui s'était épris d'une paysanne des environs de Joinville. Malheureusement il n'offre pour garant de son historiette que Varillas (Histoire de Charles IX, t. I, p. 139), et fran chement ce n'est pas assez 2. - Je suis fâché de retrouver (t. I, p. 68), la vieille et fabuleuse étymologie que voici : « Antoine de Mouchy, en latin Democharès, a donné naissance au mot mouchard, par le zèle avec lequel il savait épier et faire dénoncer les hérétiques. » Mouchard vient

t. IV, 1877, p. 495-524), il aurait probablement remplacé le blâme par l'éloge, voyant là tout ce qu'a fait M. Baschet pour mettre à la disposition des érudits la série des principales dépêches relatives à la France, écrites par les ambassadeurs vénitiens pendant 300 ans.

1. Pour relever quelques vétilles, en passant, je note que M. G. écrit (p. 50) Montluc et (p. 62) Grammont. C'est, comme on l'a maintes fois rappelé ici, un t de trop dans le nom de l'auteur des Commentaires, un m de trop dans le nom de l'évêque de Tarbes, de la famille du futur maréchal de Gramont. Du reste, ce dernier nom est régulièrement imprimé (t. II, p. 108). M. F. moins que personne pourrait se plaindre de la minutie de ces observations, lui qui (t. I, p. 139) veut que le capitaine appelé maintenant le duc d'Albe soit appelé le duc d'Alva.

2. C'est encore au même ouvrage de Varillas que M. F. emprunte (t. I, p. 296) les renseignements que voici sur une innovation due à Catherine de Médicis : « Le beau tour de ses jambes luy faisoit prendre plaisir à porter des bas de soie bien tirés, suivant la galanterie du temps, et ce fut pour les montrer qu'elle inventa la mode de mettre une des jambes sur le pommeau de la selle en allant sur les haquenées. » M. F. aurait pu fortifier le mince crédit de Varillas du crédit autrement considérable d'un témoin oculaire tel que Brantôme, qui a dit que Catherine « est la première qui ait mis la jambe dans l'arçon, d'autant que la grâce y estoit plus belle et apparaissante que sur la planchette. » Quant aux bas de soie propagés par la même princesse, on peut voir l'Histoire du costume en France de M. Jules Quicherat (2 édition, 1877. P. 432.)

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