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voir les premiers, si l'ordre littéraire communément observé ne les mettoit à ce rang, où d'ailleurs rien ne les surpasse et ne les efface. Les mathématiques, l'astronomie, la mécanique, réclameront toujours la prééminence de ces grands hommes et de leurs disciples. Nulle invention moderne dont on ne trouve les élémens dans Archimède : nos Ticho et nos Cassini n'ont pas été plus loin qu'Hipparque et Ptolémée ; Bernoulli et l'Hôpital ne marchent pas à une grande distance d'Aristarque de Samos et de Diophante, de Thalès et d'Anaximandre.

Un homme enfin plus grand peut-être que 'tous ces hommes, un génie qui semble tenir quelque chose de la Divinité par le constant desir de la bienfaisance envers les hommes, Hippocrate, le plus profond, le plus lumineux et le plus probe des savan's de l'antiquité, termine ce long cortége; et le mérite le plus distingué parmi ses disciples modernes s'incline encore devant l'image qui rappelle son savoir immense et sa rare vertu. Ne craignez point de rendre cet hommage religieux au seul homme illustre dont l'envie, depuis plus de deux mille ans, ait respecté le tombeau.

La mort d'Alexandre est l'époque fatale qui termine les jours heureux et brillans de la Grèce. Les sciences et les arts, dédaignés par ses successeurs, intimidés par leurs dis

cordes, cherchent long-temps un asile, et ne le trouvent enfin qu'en Égypte, à la cour des Ptolémées. Rome ignorante et barbare ambitionne la conquête d'un pays déjà ravagé; mais ses guerriers s'étonnent d'une foule de connoissances et de chefs-d'oeuvre échappés dans le tumulte ses légions s'en emparent; et cette Rome si impérieuse et si austère va mettre une partie de son orgueil à s'appro-: prier ce qu'ont produit de plus intéressant et de plus beau la Grèce et l'Asie,

11.

ÉPOQUE.

Depuis

Auguste

jusqu'à

Reposons quelques instans nos regards, et laissons aux armes romaines le soin de remplir un intervalle qui se prolonge jusqu'au mo ment où elles ont conquis la Grèce toute entière. Bientôt nous allons voir, par l'influence. Mahomet. de la paix, toutes les semences du génie se reproduire et se développer chez ces conquérans qui deviennent les disciples de ceux qu'ils ont attachés au char de la victoire, et les surpasser quelquefois, en faisant des efforts pour les imiter. Le plus beau triomphe des lettres est celui d'enchaîner, à leur tour, ceux qu'animoit une turbulence guerrière et qui ne mettoient de prix qu'aux succès des combats.

Déjà Rome triomphante s'est enrichie de tous les plus beaux ouvrages des artistes de la Grèce. Les statues, les tableaux, les vases magnifiques, ont décoré l'entrée triomphante du destructeur de Corinthe dans la nouvelle

capitale du monde ; Sicyone et Ambracie dé→ pouillées prennent le deuil de leurs chefsd'œuvré; Métellus ravit à la Macédoine les statues en bronze de Lysippe; Sylla veut avoir jusqu'aux colonnes du temple d'Athènes ; Lucullus et Pompée recueillent ce qui restoit de meilleurs artistes ; et Jules César forme la première et sans doute la plus riche collection de statues, de tableaux et de pierres gravées. Celui-ci du moins pouvoit avoir quelques droits à faire, des productions du génie, l'ornement de ses triomphes. Lui-même, ainsi que Cicéron, s'étoient formés à l'école des Grecs, et préparèrent le siècle d'Auguste, comme, dans un autre genre de littérature, l'avoient préparé les hommes célèbres qui furent leurs contemporains. Parmi eux, vous apercevez celui dont l'imagination brillante, mais abusée, voulut rendre la poésie complice de ses erreurs sur les mystères de la nature, et qui prouva sur-tout que ce n'étoit pas à l'amour seul de la vérité qu'elle accordoit un beau talent; c'est Lucrèce, le père de cette fausse et insidieuse philosophie qui fit, après lui, tant de dangereux prosćłytes.

Les Romains, en ce genre, ne trouvèrent point de modèles dans la littérature grecque; et ceux qu'elle leur offrit dans la tragédie, n'eurent qu'un foible imitateur dans la personne de Sénèque le tragique, que vous voyez seul, cherchant inutilement à recon

noître les traces brillantes de Sophocle ou d'Euripide,

Plus heureux dans le genre dramatique,qui a pour objet la peinture des mœurs ou des ridicules de leur temps, Plaute et Térence s'offrent à vos regards avec tout le mérite d'une composition originale. Ils recueillirent les suffrages et les acclamations de leurs contemporains: ne craignez point d'y joindre les vôtres, et d'y ajouter, comme un hommage qui leur est dû, celui des plus célèbres dramatistes françois, qui leur doivent tant de reconnoissance.

Des traits plus imposans et plus graves caractérisent les écrivains célèbres qui portèrent l'éloquence romaine à toute la supériorité que l'esprit humain pouvoit atteindre. Un seul homme les représente tous, comme pour servir éternellement de modèle à ceux qui voudront exceller dans l'art si peu com mun de bien penser et de bien dire. Vous nommez Cicéron, le plus beau génie de son siècle, le savant le plus aimable, le philosophe le plus éclairé, le rival, en un mot, de Platon et de Démosthène. Le sort a voulu que le mérite de ses ouvrages les fit mettre seuls en parallèle avec ceux des orateurs grecs, puisqu'à l'exception de César, les contemporains de Cicéron, dont lui-même a vanté les succès et l'éloquence, n'ont laissé aucune production que le temps ait respectée, et

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c'est leur antique renommée qui écrit audessous de leurs bustes les noms célèbres de Crassus, d'Hortensius et d'Antoine.

L'habitude de vivre avec les Grecs, dit M. Andrès, le charme de leur poésie, les émotions agréables produites par leurs ouvrages de théâtre, l'admiration qu'inspiroient leurs monumens publics, tout contribua à faire naître parmi les Romains le goût des lettres. Livius Andronicus, Nævius et Ennius, Grecs d'origine et établis à Rome, sont les premiers qui consacrèrent la poésie à célébrer la guerre de Carthage et les fastes de Rome.

Bientôt vous voyez paroître Virgile, cet heureux émule du premier des poètes grecs; celui dont la littérature romaine tire sa plus grande gloire, dont la plume élégante et facile sut traiter avec autant de goût que de génie la poésie bucolique, la poésie didactique et l'épopée ; celui dont la brillante fécondité sème de fleurs la route où s'impriment ses pas al cui passar l'herba fioriva, dit encore Pétrarque. C'est ainsi qu'un poète illustre en caractérise un plus illustre encore, et peint d'un seul trait le plaisir que donne la lecture de ses ouvrages.

Horace, le digne ami de ce grand homme; Horace, le poète de la raison, de l'esprit et des grâces, marche à côté de lui en modulant sur sa lyre immortelle le mépris de la for

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