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tribue tour à tour le blame ou l'éloge, aux sociétés savantes qui ont pour mission d'élucider l'histoire de la contrée où elles siégent. Ici, tel département n'a pas une seule société savante; là, tel autre en compte jusqu'à douze; plus loin, un troisième manque de travailleurs ou de ressources pécuniaires; là-bas, les études intellectuelles sont comprises dans les encouragements du conseil général. M. Thierry, lui aussi, a revêtu d'une forme littéraire cette vaste exposition qui eût été intolérable sans cet ornement. C'est ainsi qu'il fait passer devant nos yeux le mouvement historique accompli depuis une dizaine d'années dans le midi, au nord, à l'est, à l'ouest, au centre et jusqu'au fond de notre colonie algérienne.

On peut dire que, pour un esprit qui n'est pas obsédé du fantôme de la centralisation intellectuelle, et qui veut bien voir les choses telles qu'elles sont, dès qu'on les lui montre, ces deux discours sont une véritable révélation.

Ch. Em. RUELLE.

HISTOIRE DE LA COMMUNE DE LORGUES, par le Dr F. CORDOVAN, membre correspondant de la Societé des sciences, belles-lettres et arts du département du Var. 1 vol. in-12.

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En écrivant dans cette excellente monographie l'histoire de son pays, l'auteur, avec une modestie qui ajoute à son mérite, n'a eu l'intention de s'adresser qu'à ses compatriotes, à ceux qui habitent Lorgues, comme à ceux qui, pour en être éloignés, n'en ont pas perdu le souvenir. Dix ans il a résisté à la tentation de faire de la publicité de famille. Lorgues, aujourd'hui bien prisible petite ville de Provence, a joué son rôle dans l'histoire générale de sa province. « En parcourant ses rues « sombres et étroites, en passant fréquemment sous les voûtes du Ruou, « où semble encore apparaître l'ombre des Templiers, en entrant dans « cette vieille maison commune, témoin des luttes de ses ancêtres, « siége de la vie municipale, pleine de charmes et de périls, il est « vrai, mais que l'excès de tranquillité peut bien faire regretter un « peu, » M. Cordouan a voulu conserver le souvenir des faits que l'histoire évoquait pour lui, et il l'a fait avec une simplicité qui est loin d'exclure l'intérêt. Pensant avec raison que la vérité a plus d'attrait que les hypothèses les plus ingénieuses, il relève les exagérations de ses prédécesseurs pour se borner aux faits bien constatés. Les événements sont racontés tels qu'ils se sont passés.

L'histoire générale forme la matière de plusieurs chapitres, celle des établissements religieux de l'abbaye du Thoronet est traitée à part; en

fin, comme conclusion, on trouve les renseignements qui n'avaient pu

er dans le récit, sous le titre de Topographie, statistique, notices biographiques, liste des maires de la commune; nomenclature à peu près complète de ces magistrats annuels, véritables pères du peuple, depuis 1390 jusqu'à 1789. L'écusson de Lorgues porte un lion et un chien, et sa devise: FORCE ET FIDÉLITÉ; si le lion et la force peuvent lui être contestés, elle a mérité de tout temps d'avoir l'autre symbole et d'inscrire dans sa devise le mot : Fidélité.

Nous souhaitons à son historien cet accueil bienveillant qu'il mérite pour son œuvre et qu'il semble croire plus rare dans une petite ville que dans une capitale.

L'abbé Valentin DUFOUR.

UN MOT AU SUJET DE DEUX BIBLIOTHÈQUES D'ITALIE. Un bibliophile allemand, M. Neigebaur, qui a fait un long séjour en Italie, en s'occupant par-dessus tout d'y parcourir les bibliothèques et les archives, fait successivement connaître les résultats de ses investigations; il vient de donner dans l'Anzeiger, de M. Petzholdt, quelques détails sur la bibliothèque Leopardi, à Recanati, petite ville de la marche d'Ancône, qui n'a occupé d'ailleurs dans l'histoire qu'un rang bien secondaire.

Nous n'avons pas besoin d'insister sur le mérite de Leopardi, poëte et philologue distingué, penseur hardi et misanthrope, qui a marqué sa trace dans le mouvement intellectuel contemporain (voir entre autres notices qui lui ont été consacrées en France, celles de M. SainteBeuve, Revue des Deux-Mondes, septembre 4844, et de M. Léo Joubert, Revue européenne, juin 1860). Son père, mort il y a une quinzaine d'années, jouissait d'une fortune considérable et était sincèrement. dévoué aux sciences et aux lettres. Il profita des troubles qui agitèrent l'Italie à la fin du siècle dernier, de la suppression des maisons religieuses, de la décadence de plusieurs grandes familles. Des collections précieuses qu'on croyait à l'abri des chances de dispersion, furent mises en vente, et bien des livres d'une haute valeur se donnèrent à très-hon compte dans des moments de crise où personne, saufun trèspetit nombre d'amateurs, ne songeait à de vieux imprimés. Le comte Leopardi profita des malheurs publics, il réunit une collection de 24,000 volumes environ. Il s'y trouvait des manuscrits importants pour l'histoire, notamment les Memorie di frate Giovanni di Niccolo di

Camerino, écrits au commencement du xive siècle; le comte les a publiés à Pesaro en 1835. Il a prescrit par son testament que sa bibliothèque resterait dans sa famille comme un fidéi-commis sans pouvoir être dispersée, et qu'elle serait ouverte au public. C'est ce qui a lieu en effet. Elle occupe quatre chambres dans le palais de la famille; elle est disposée dans un ordre parfait, et il existe deux très-bons catalogues, l'un alphabétique, l'autre par ordre de matières. La littérature ancienne surtout est amplement représentée, et on distingue une collection intéressante d'éditions d'Horace. Rien d'important en fait d'éditions du xve siècle. Parmi les manuscrits italiens relatifs à la littérature, on remarque une traduction des tragédies de Sénèque datée de 1409.

Disons aussi quelques mots de la bibliothèque appartenant à la république de Saint-Marin, cet imperceptible État placé sur une haute montagne près de l'Adriatique et qui, depuis une longue série de siècles, jouit d'une indépendance qui n'a été détruite qu'un instant par César Borgia (personnage célèbre par ses vertus, selon l'expression de H. Beyle). Napoléon Ier reconnut cette très-petite nationalité; il faut espérer que Victor-Emmanuel en fera autant. La république compte une population de 9000 âmes et une force armée de 60 hommes. Les sages administrateurs de Saint-Marin n'ont jamais voulu qu'il s'établit d'imprimerie dans leur ville; ils craignaient qu'on voulût profiter de son indépendance pour mettre au jour des livres hostiles à la religion et aux gouvernements voisins, ce qui serait un motif de tracasseries. La république a d'ailleurs produit quelques littérateurs estimables, tels que Giovanni Bertoldi qui a traduit le Dante en vers latins, travail d'ailleurs assez superflu. La bibliothèque de la ville doit son origine à un archéologue distingué, Borghèse, et elle s'est enrichie, grâce à des dons venant de divers côtés, d'ouvrages importants. L'empereur Napoléon III lui a fait don de la belle publication de M. Louis l'erret sur les Catacombes de Rome, et de quelques autres livres de prix. Elle occupe trois salles du palais Valloni, et elle est ouverte tous les dimanches de neuf heures à trois. C'est l'inverse de ce qui se pratique habituellement, mais il est à croire qu'à Saint-Marin on est trop occupé les jours ouvrables pour pouvoir songer à lire. La collection, qui compte 5,000 volumes, possède un bon catalogue; elle n'offre d'ailleurs ni manuscrits, ni éditions du xve siècle.

Il existe aussi à Saint-Marin quelques bibliothèques particulières dignes d'attention; celle du comte Borghèse est très-riche au point de vue de l'archéologie; son propriétaire, en mourant, l'a léguée, ainsi que sa riche collection de médailles, à son neveu, le comte Borghèse

Manzoni, qui est encore mineur et dont le père, le comte Giaccomo Manzoni, établi à Lugo, est lui-même un bibliophile très-distingué.

C. V.

CORRESPONDANCE

Monsieur,

Quelques auteurs du règne de Louis XIV, qui ne sont pourtant point sans mérite, sont encore ignorés ou bien peu connus. De ce nombre sont les poésies de Marc-Antoine Romagnési.

On a publié diverses éditions des œuvres dramatiques de Jean-Antoine Romagnesi, auteur et acteur, mais je n'ai vu citer nulle part les poésies de son oncle Marc-Antoine, et sa famille même en ignorait l'existence.

Cependant, son volume in-12, imprimé tout en italique avec soin et dédié au roi Louis XIV, a dû être assez répandu et bien accueilli lors de sa publication, si l'on en juge par les éloges de divers auteurs recommandables, réunis à la fin du livre.

Ce volume de 518 pages en italien très-pur, intitulé: Poesie liriche di Marc-Antonio Romagnesi : divise in quattro parti consecrate all' immortale, nome di Luigi, redi Francia et di Navarra (Paris, M.DC.LXXIII), contient effectivement quatre parties ou livres: Il giglio, la Rosa, la Grandiglia, il Tulipano, composées de sonnets et de poésies adressées au roi, au dauphin, aux princes et princesses, au duc d'Orléans et au duc d'Aiguyon, au prince de Condé, au pape, au ministre Colbert, etc., et à un grand nombre d'hommes marquants dans les armes, les sciences et les lettres, enfin à l'un de ses fils, chevalier, combattant en Pologne sous Sobieski. On y lit ce sonnet à Chapelain :

Al signor Capellano

Per il suo famosissimo poema heroico,
Intitolato la Pucelle d'Orléans.

Spirar Borea nevoso aliti algenti;
Coprir torbido nembo il cielo intorno ;
Arturo, et Orion far guerra al giorno ;
Star frà ceppi di gel fermi i torrenti:

Erger monti di spume à l'etra i venti;
Portar le nubi al sole horrido scorno;
L'herba languir, morirne il faggio e l'orno,
Vedeasi, è l'ladi minacciar portenti.

Capellan prende il Pleltro: et ecco nato
April; squarcia la luce à i nombi il velo,
Zeffiro torna, e Spira Clinio fiato;

Spiaga l'ali il suo stil; si stempra il gelo
Nasce il fior, corre il fiume,e vide il prato,
Splende il sol, posa il mar sindora il cielo.

Et vers la fin du livre on trouve, entre autres vers en l'honneur du poëte, ce distique de l'abbé de Pure, si maltraité injustement par le satirique Boileau.

Ad. M. Ant. Romanensem, ingeniosissimum poetam.

Par M. l'abbé de Pure.

Ne timeas Romanensem libro quod fama negetur ;
Ingenium vincet tengora et invidiam.

Le hasard m'a fait rencontrer ce volume, provenant jadis de la bibliothèque de M. le duc de Penthièvre, à Châteauneuf, et je le signale aux littérateurs, pour la pureté et l'harmonie de ses vers, et aussi pour bien des renseignements historiques et du temps qu'on rencontre dans des pièces de vers sur la mort de la duchesse d'Orléans, sur le canal de Languedoc et sur bien des personnages de l'époque de l'auteur.

C. F. J. VERGNAUD-ROMAGNESI.

LES ARTISTES ORLÉANAIS, par H. HERLUISON. 1863, 4 vol. in-8. 2

Il serait à désirer que chaque province fût dotée d'un travail aussi soigneusement fait que celui consacré par M. Herluison aux artistes orléanais. C'est une liste qui comprend cent vingt-six noms de peintres, sculpteurs, graveurs, orfévres et architectes, suivie d'indications. détaillées, d'actes de l'état civil relatifs à quatre-vingt-six d'entre eux. Ce petit volume est excessivement curieux; il mérite des éloges, et surtout d'être signalé pour servir de modèle.

E, de B.

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