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mémoire de l'homme était exacte, deux causes alors pourraient peut-être seules, ce nous semble, fournir une explicacation à peu près satisfaisante à la découverte dont nous nous occupons: 1° les incessantes, les sanglantes luttes dont notre province fut fréquemment le théâtre surtout pendant l'occupation anglaise ; 2o l'une des épidémies violentes qui, par intervalles, dans les siècles derniers, désolèrent trop souvent notre contrée.

Avons-nous besoin de remonter aux époques gauloise, romaine ou aux invasions normandes ? Chaque siècle n'eutil pas à subir d'affreuses tourmentes, de mortelles agitations? On sait que la formation de VAUDRINGHEM en village ne remonte qu'à 1450, époque à laquelle un banneret du nom de JEHAN De Wabringhem fit bâtir une église à clocher?

Quoiqu'il en soit, dans aucun cas, selon nous, ces sépultures ne sauraient s'appliquer à une époque aussi reculée. Elles sont toutes incontestablement postérieures au X° siècle. Le niveau où gisaient les ossements, la forme, la direction, la nature de la tombe de pierre blanche évidemment contemporaine des autres, tout concourt à rapporter cette date à un temps moins éloigné de nous.

Les fragments de poterie sont pour nous d'un bien faible secours pour préciser l'époque de ces sépultures; d'une part ces débris étaient séparés les uns des autres, peut-être même n'appartenaient-ils pas tous au même vase, ensuite la terre où ils ont été trouvés était bien probablement de la terre rapportée. Quelle conséquence chronologique pourrionsnous dès-lors en tirer?

Mais à défaut de preuve plus claire, l'obole de Philippe de Valois trouvée exactement au-dessus d'un squelette complet, ne pourrait-elle pas nous fournir une date probable et nous reporter à une époque beaucoup plus vraisemblable où les graves événements n'étaient pas rares dans nos provinces en général et en particulier sur les frontières de la Flandre, de l'Artois, du Boulonnais et du Calaisis.

Combien d'événements se rapportent à ce règne ? et combien se sont passées, tout près de nous, la prise de Calais en 1348 et l'occupation d'une partie de notre belle province par l'Angleterre.....

A cette époque aussi, un fléau plus terrible que la guerre, la peste, dite de Florence, envahit la France et l'Artois où à diverses reprises elle porta la misère, la dévastation et la mort......

Ne peut-on pas sans invraisemblance considérer l'ossuaire de VAUDRINGHEM comme l'une des conséquences cruelles des graves événements qui, vers le milieu du XIVe siècle, se déroulèrent si près de nous dans ces villages frontières du Boulonnais?

Ces cadavres ainsi cntassés les uns sur les autres ne seraient-ils pas ceux d'une de ces bandes de pillards qui dans ces temps de triste mémoire portaient la désolation dans nos campagnes? Repoussés par les habitants de VAUDRINGHEM dans une attaque contre le rempart en terre qui défendait l'église, ils auraient été enterrés sur les lieux mêmes exclus de la terre sainte comme les criminels exécutés par le pendeur de larrons et les excommuniés.

Nous soumettons modestement ces appréciations aux lumières de nos honorables collègues, avec l'espoir que les explorations commencées sur ce point par la Société des Antiquaires de la Morinie, pourront se continuer un jour (sous les auspices de M. le président QUENSON mieux en mesure que personne de les suivre), amener, nous l'espérons aussi, une nouvelle et plus heureuse rencontre donnant les moyens d'éclairer un intéressant épisode de notre histoire nationale.

En l'absence de documents plus précis et l'état d'incertitude où nous sommes, c'est le seul vœu que nous puissions émettre

Hri DE LAPLANE,
Secrétaire-Perpétuel Adj'.

NOTE

SUR UN MANUSCRIT RELATIF A LA CONFRÉRIE DE NOTRE-DAME

DES MIRACLES.

Un amateur zélé d'archéologie de notre ville, M. Marois, a fait l'acquisition, il y a quelque temps, d'un manuscrit plein d'intérêt qu'il a bien voulu nous permettre de décrire dans le bulletin. Ce manuscrit concerne l'ancienne confrérie de Notre-Dame des Miracles, existant dans la chapelle sur la place du marché à St-Omer, jusqu'en 1785 époque de sa destruction. Il renferme les réglements de la confrérie, une liste de noms des confrères et de plus la mention de quelques-uns des revenus qui y étaient attachés. Nous allons transcrire les parties les plus intéressantes de ce manuscrit en commençant par le réglement (1).

El nom du père du fil et du St Esprit, amen. Che sont les ordenances de le confrarie de le messe du dimance (2) que on cante en le capelle Notre Dame ou markiet de St-Aumer qui fu commenchié par grant dévotion en l'oneur de le bénoite virgene Marie l'an de grace mil CCCXLIII le jour St-Pierre en...... qui a dont fu jours des brandons.

A la loenge et honeur de Notre S. Jhésus xprist (sic) et de la bénoite virge Marie, Nous compaignon chi apres nommé mut en grant dévotion pour nourrir amour fraternele entre nous et nos successeurs avons ordonné ceste confrarie en le manière qui s'ensieut

Premièrement est ordonné que cascun dimence et cascun jour

(1) Le titre est en rouge, les lettres initiales en rouge ou en bleu ; quelques mots sont effacés, on les, a laissés en blanc.

Le manuscrit se compose de sept feuilles de parchemin.

(2) C'est le premier nom de la confrérie, mais il est incontestable par la uite du manuscrit, que cette confrérie s'est appelée par suite de NotreDame des Miracles.

de Notre-Dame au matin à soleil levant, une messe soit cantée solennelment à note en l'onneur de la bénoite virge Marie en ledite capielle Et cascun lundi del an à l'eure de le cloke des ouvriers au matin, on lira une messe de requiem pour les confrères trépassés. Item ordené est que el prochain dimenche après le purification Notre-Dame, tout lé confrère sassanlent, et soient le samedi devotement as vespres, et le dimenche à le messe que on cantera solennelment à heure de grant messe à dyakene et à subdyakene. Et fera on convive à le maison du doyen, ou ailleurs là ou il sera ordenés par le pourvéance des procureurs, et paiera cascun sen escot selonc ce que les cous se porteront (1).

Et après disner, on portera de renc en autre cest livre, le painture de Notre-Dame descouverte (2), et chil qui le rechevera sera doyens pour l'année avenir, liquels sera tenus à sen convive délivrer taules et napes et de donner fu davantage, et se plus en faut c'est de grace. Et après ce fait on par commun assent on eslira .II. nouviaus procureurs avoec .II. des viels de l'année passée, liquel .IIII. procureur prendront warde que nulle défaute ne soit des divins offices. Et après che on donra à cascun confrère .I. mérel (3) pour donner as povres, liquel povre iront len demain a le maison le doyen, et y arront .I. pain bis et une pièche de char.

Item il est ordenés, que après le disner du convive on doit mener le doyen à se maison (se le convive ni est) (1) Et tantost après che on doit aller à le devant dite capielle, et illuec canter vespres de Notre-Dame, et vigilles pour les confrères trespassés. Et lendemain à heure de le cloke des ouvriers on cantera à note une messe de requiem, et quiconques des confrères ni sera dedens l'épistle, il sera

(1) L'on doit voir dans ce repas l'origine de ceux qui ont lieu chaque année dans la confrérie actuelle de Notre-Dame des Miracles. Seulement, aujourd'hui, le repas composé d'un certain nombre de plats déterminés par le réglement, est entièrement à la charge du doyen.

(2) Ce passage prouve que le manuscrit n'est plus complet, puisque la peinture en question n'y est plus.

(3) Nouvel exemple de l'emploi des méraux. Jusques ici on n'en a pas encore retrouvé; ils devaient certainement porter en empreinte l'image de Notre-Dame des Miracles,

(4) Les mots entre parenthèses sont barrés en rouge dans le manuscrit,

à amende de IIII deniers, et y doit on offrir .II livres de candeilles, Et puer.t li compaignon deswagier pour les dites amendes qui payer ne vaurront, et che est davantage pour les compaignons qui après ledite messe de requiem se, doivent assembler en certain lieu pour compter des coses avenues en l'année passée.

Item ordonné est, que cascuns des confrères doit payer pour sannée une .O. d'or ou XIIII gros de Flandres.

Item ordené est, que on ne doit rechevoir nul confrère se n'est sour le jour du convive, et par l'assent de tous les compaignons.

Item ordené est, que nuls débas ne soit entre les confrères que li doyens n'en fache le pais avoec ses confrères, ou cils qui ne vaura pacifier soit privés de le confrarie.

La liste des confrères commence avec le second feuillet. Elle se compose de deux parties distinctes: la première s'arrête à l'année 1395 et la seconde commence en l'année 1515. Il est impossible de savoir à quoi attribuer la lacune considérable qui s'y trouve, et qui est d'autant plus difficile à expliquer que les premiers noms de la seconde liste commencent au haut du verso du feuillet sur le recto duquel se termine au bas de la page la première liste. Nous allons donner un extrait des deux, en choisissant les noms que nous croyons les plus propres à intéresser nos lecteurs (1). Che sont li confrère de la confrarie de le messe de Notre-Dame du dimenche.

Monsigneur Jehan de Sainte Audegonde, sire de Norkelmes; S. Willaume de Sainte Audegonde, sen frère; S. Ghilebert de Sainte Audegonde, sen frère; Monsigneur Jehan de Sainte Audegonde,

(1) Dans la première liste, plusieurs noms sont accompagnés d'une indication soit un D, une croix, ou un point. Quelques-uns ont toutes ces indications réunies. Nous les considérons comme voulant dire que ces personnes ont été doyens une ou plusieurs fois dans la confrérie. Ces marques accompagnent d'ailleurs aussi les noms de quelques femmes qui figurent parmi les confrères. Remarquons en outre que dans cette première liste, aucune année n'indique la date de réception des confrères, si ce n'est vers la fin.

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