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HISTOIRE DE LA CONGREGATION

DE

NOTRE-DAME (1)

Par M. ALBERT GANDELET,

Associé-libre.

(Lu en séance les 24 février et 31 mars 1881).

A notre Lorraine, déjà si fameuse par la gloire de ses Ducs et la fertilité de son sol, était réservé l'honneur de voir naître au xvIe siècle, Pierre Fourier, Instituteur de la Congrégation de Notre-Dame et Alix le Clerc, fondatrice et co-Institutrice de ce grand Ordre.

C'est à ces deux âmes d'élite que l'Eglise est redevable de l'Institut de cette Congrégation, qui a tant consacré de Vierges au service de Dieu et du prochain, depuis son établissement, et tant formé de jeunes

(1) Cette histoire que nous publions est extraite d'un volumineux manuscrit en plusieurs tomes in-fol. intitulé: Mémoires sur Metz. Tom. III. par Dom Sébastien Dieudonné ex manuscriptis D. Nicolai Tabouillot, Monachi Benedicti Congregationis S. S. Vitoni el Hydulphi. Nous avons scrupuleusement respecté dans tous les documents, l'orthographe des manuscrits.

filles pour la société chrétienne, par l'éducation gratuite à laquelle sont dévoués tous les Monastères de cet Ordre. Pour en montrer l'origine, il faudrait nécessairement rappeler l'histoire de ces saints personnages, que la divine Providence a appliqué spécialement à former les premiers sujets de cette société religieuse.

Mais comme il nous est impossible d'entrer ici dans de longs détails, on nous pardonnera de n'esquisser que les principaux traits de la vie de Pierre Fourier, d'ailleurs très-connue. Quant à la sainte fondatrice Alix le Clerc, son cher souvenir que l'on ravive actuellement avec le plus grand enthousiasme en Lorraine, le CULTE PRIVÉ dont elle est l'objet, le désir d'éminents Prélats de la voir placer sur les autels à côté du saint Instituteur, nous permettront de n'en toucher également ici que les grandes lignes.

<< Le saint homme que la Lorraine eut le bonheur de voir naître et briller dans son sein, et que l'on y révère plus communément sous le nom de B. Père de Mattaincourt, reçut au baptême le nom de Pierre. Il y fut présenté comme fils du légitime mariage d'honorables personnes, Dominique Fourier et Anne Naccard ('), ses père et mère, honnêtes bourgeois de Mirecourt (2), plus recommandables par leur probité

(4) Ce nom s'écrit ordinairement Nacquart.

(2) Dominique Fourier appartenait à la haute bourgeoisie et joignait à une piété solide une grande instruction. Sa capacité, la loyau'é de son caractère frappèrent Charles III: le duc le fit venir à la cour et se l'attacha comme officier de sa maison. Enfin, en 1591, voulant récompenser son mérite, Charles lui accorda des lettres de noblesse et la Seigneurie de Charonval. Les armes de D. Fourier concédées par Lettres patentes du Duc de Lorraine Charles III, en date du 5 janvier 1591 étaient:

et par l'abondance des dons célestes dont leurs cœurs étaient remplis, que par les trésors périssables de la fortune.

<< Pierre Fourier, né à Mirecourt (1), le 30 novembre 1565, y reçut une éducation conforme aux sentiments de ses parents. A mesure qu'il croissait en àge, il sçut se distinguer autant par sa piété et ses bonnes mœurs, que par ses rapides progrès dans les sciences humaines. Ce fut en l'université de Pont-àMousson qu'il se perfectionna dans la connaissance des langues grecque et latine, il y fit ses cours de rhétorique et de philosophie, mais il ne cultiva ces sciences que comme un moyen de tendre avec plus de perfection à sa sanctification et à celle des autres.

« Agé de vingt ans, il se décida à embrasser l'état « ecclésiastique et à cette fin il se rendit à l'abbaye « de Chamousey ou Chaumousey, à une lieue et demie « d'Epinal, pour y être reçu chanoine régulier de << Saint-Augustin. L'année du noviciat accomplie et « employée dans tous les exercices réguliers et au << milieu des épreuves les plus humiliantes, il fut < admis pour faire profession en ce même lieu, l'an «< 1587, et retourna ensuite, par ordre de ses supé

D'azur à trois bandes d'or au Chef d'argent, chargé d'une tête de lion arrachée de gueules, accompagnée de deux roses de même, pointées d'or; timbré d'un armet morné surmonté d'un lion naissant de gueules, tenant dans ses pattes une rose d'argent, pointée de gueules, aux lambrequins des couleurs de l'écu

(1) Mirecourt est une ville assez considérable de France, en Lorraine, et dans le diocèse de Toul; elle est située sur la rivière de Madon à 8 lieues de Nancy, 9 lieues de Lunéville et 3 lieues de Vézelise, longtemps renommée par ses violons, ses turlutaines et ses dentelles. (Note de Dom Dieudonné.]

<rieurs, faire son cours de théologie à Pont-à-Mousson, << après lequel ayant été élevé au sacerdoce, il revint << à Chamousey, où, se montrant par l'éclat de ses « vertus l'exemplaire de tous ses frères, qui cependant << ne l'imitaient pas, il ne fut pas moins exposé à leurs << persécutions intestines que par le passé (1).

<< Sa charité parfaite jointe à son humilité profonde « le fit triompher de toutes les attaques que lui por<< tait l'ennemi de son salut; et la Providence, qui << avait ses vües sur lui, le fit approuver pour le gou« vernement des âmes le 27 mai 1597; il fut nommé « à la cure de Mataincourt (2), bourg situé sur la « rivière de Madon (3), à une demi-lieue de Mirecourt. « Il préféra le soin de cette paroisse à deux bénéfices «< considérables qu'il lui était libre d'accepter. Il quitta a donc par obéissance le séjour de la tribulation où il « sçavoit se sanctifier et vint dans une paroisse plon« gée dans le désordre pour travailler efficacement à

(4) On ne lui épargna ni les injures ni les menaces, et cette persécution fut telle, qu'on est allé jusqu'à dire que, furieux de ne pas l'entraîner à leur suite, les plus pervertis d'entre ces moines, voulurent s'en débarrasser par le poison.

(2) Mattaincourt: village d'environ deux cents feux, à gauche du Madon, à une demi lieue au dessus de Mirecourt, cure du diocèse de Toul; Patron St.-Epvre. Le B. P. Fourier, qui avait été curé de Mattaincourt, était inhumé dans l'Eglise paroissiale; mais le 30 août 1732, M. de Bégon, Ev. de Toul, étant à Mattaincourt, on mit les restes dans une Chasse. (Durival: Description de la Lorraine et du Barrois. Nancy 1778.]

(3) Madon

belle rivière qui a sa source près de Vioménil, très près de celle de la Saône; elle passe à Mirecourt et à Craon, et se perd dans la Moselle au dessus du Pont-Saint-Vincent, entre les Evêchés de Toul et de Nancy (Durival. ibid.)

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