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cas. Deux d'entre elles disparurent sans qu'on ait jamais pu savoir comment. Deux autres furent données par les religieuses à un chirurgien qui avait bien mérité de l'hôpital. Les héritiers de celui-ci la vendirent au célèbre Sauvageot, qui, plus tard, la légua au Louvre. Enfin les huit autres furent cédées, moyennant 20.000 francs, au musée de Cluny, en 1880. Un prix de 30.000 livres offert quelques années auparavant par un collectionneur n'avait pas été accepté. (V. Bull. de la Soc. des Sciences, 1880, comptes-rendus, p. xxix. V. aussi dans l'Art, t. xxvIII, p. 106, les Tapisseries de l'ancien chapitre d'Auxerre, par H. Monceaux, secrétaire de la Société des Sciences de l'Yonne.)

Viennent maintenant les Dinteville, prélats de cour, absolument imbus de la renaissance subalpine.

Le premier, FRANÇOIS (1513-1530), donne au trésor de somptueux ornements, éclipsés seulement, s'il faut en croire les rééditeurs de Lebeuf, par ceux de la Sainte-Chapelle de Bourges. Ils furent en grande partie volés par les protestants en 1567, mais le chapitre parvint à en recouvrer quelques-uns. Parmi ceux-ci il faut citer l'un des parements d'autels, avec quelques-unes des chappes et des dalmatiques. Le parement fut dérobé durant le dernier siècle. Quant aux chappes et aux dalmatiques, elles parurent de mauvais goût aux chanoines de l'époque, et ils les vendirent à vil prix à quelques juifs de passage à Auxerre. François Ier Dinteville légua de plus au trésor quatre chappes, le reste d'une pièce de drap d'or pour en faire un parement d'autel, et en outre deux autres parements de fin or, en l'un desquels était représenté l'arbre de Jessé, et en l'autre les SS. patriarches.

Sous FRANÇOIS II DINTEVILLE, qui lui succéda (1530-1554), un peintre auxerrois de mérite, Florent Chrétien, fit le tableau de la lapidation de saint Étienne qui se trouve actuellement en l'un des bas-côtés de la cathédrale, et dans lequel on prétend que ce prélal s'est fait représenter.

JACQUES AMYOT (1570-1593), donna à son église qui en avait grand besoin, des ornements et des chappes, deux chandeliers d'argent avec un bénitier, ainsi que deux encensoirs avec leurs navettes (1).

A partir de cette époque, il devient de tradition dans l'église d'Auxerre, que chaque prélat lors de son entrée en fonctions, donne au trésor de son église un ornement complet, auquel il ajoute parfois une modeste pièce d'argenterie, telle que calice, en

(1) Voir pour les donations faites par Amyot, ainsi que ses successeurs, au trésor et à l'église cathédrale, Lebeuf, Prise d'Auxerre, pièces justificatives, p. III et suiv.

censoir, chandelier ou navette, aucun de ses objets n'ayant une valeur artistique, ainsi qu'on peut s'en assurer par les inventaires des XVII et XVIIIe siècles, dont quelques-uns seront annexés à cette introduction, je crois devoir n'en pas parler.

C'est sous le pontificat du cardinal de la BOURDAISIÈRE, (15631570), lequel ne vint pas même prendre possession de son siège en personne, que les protestants s'emparèrent par surprise de la ville d'Auxerre, en septembre 1567. Le trésor de la cathédrale, alors fort riche, comme on le verra tout à l'heure, et d'une valeur vénale considérable, celui de Saint-Germain, l'argenterie des autres églises, tant monastiques que paroissiales, tout fut pillé et fondu. L'art fit en ces tristes jours des pertes irréparables. Après l'expulsion des Calvinistes, le chapitre, en l'absence de son évêque, fit, il faut en convenir, les plus nobles efforts pour retrouver quelques débris de ce précieux dépôt. A défaut des registres capitulaires qui nous manquent pour cette époque, on en trouve la trace dans un recueil de pièces attribué au chanoine Frappier (1). On signale fort en abrégé, à l'année 1568, le 22 mai, du métal et des ornements rendus; d'autres ornements restitués le 21 mai; - des chappes, sans autre désignation, sont rapportées par le capitaine Brusquet (2), le 24 juin. On déclare brièvement que le 19 juillet, M. l'Évêque, toujours absent, veut bien disposer d'une petite somme pour réparations urgentes à Saint-Étienne, et pour récompenser ceux de Notre-Dame la D'hors qui ont rapporté des ornements, des chappes et des bannières. Le 13 septembre, on rend le tableau de la lapidation de saint Étienne. Le même jour est restituée une partie de la châsse de saint Amâtre, dont j'ai parlé plus haut. Les Gesta pontificum, retournent à la bibliothèque du Chapitre le 12 octobre. La chappe rouge de François Ier Dinteville, est recouvrée le 26 du même mois. En 1569, le 7 janvier, on retrouve un épistolier et un évangéliaire, une tunique rouge, et des titres, le 9 novembre. En 1570, le 12 mai, un maçon auquel on remet une petite rente qu'il devait au Chapitre rend des ornements. Le 4 septembre, d'autres ornements sont retirés des mains d'un soldat qui reçoit un pourboire. Le 2 octobre, on achète un

(1) Dans le recueil de Frappier, on trouve dès 1563, une vente de joyaux, argenterie et reliquaires, jusqu'à 100 marcs d'argent pour subvenir aux besoins pressants de l'église (G. 1854).

(2) Le capitaine Brusquet, chef d'une bande de catholiques, était auxerrois. V. Lebeuf, Prise d'Auxerre, pièces justificatives, p. XLI, une lettre du lieutenant général de Bourgogne, en 1572, où il est question des vexations que ce capitaine et un nommé Laprime, de Cravant, exercent contre les protestants.

calice d'argent de dix écus, et le même jour le seigneur de Fleury, qui a remis des chappes et autres vêtements sacerdotaux, est gratifié de deux arpents de bois à Merry. En 1571, le 19 octobre, le doyen du chapitre d'Auxerre se fait donner par un soldat des joyaux d'argent doré. Le 2 avril 1572, on rachète à un marchand nommé Laurent Regnaud, une chappe, et plusieurs autres sont retrouvées dans l'église des Jacobins. Le 27 juillet 1573, le pontifical d'Auxerre est réintégré, etc., etc. Mais tous ces recouvrements partiels ne reconstituaient point le richissime trésor de SaintEtienne. On ne le voit que trop en 1790. Plus de deux siècles s'étaient écoulés, et la cathédrale ne possédait qu'une argenterie misérable, en comparaison des chàsses merveilleuses qu'elle pouvait exposer dans les grandes cérémonies avant l'invasion protestante. Il est pourtant bien fàcheux que les registres capitulaires de cette époque soient perdus; on y rencontrerait certainement entre autres choses intéressantes, des détails curieux sur les restitutions indiquées d'une façon vraiment trop concise par le vénérable chanoine Frappier, dans les numéros G. 1854 et 1855 de l'inventaire sommaire de nos archives historiques (1).

II

Inventaires du Trésor de la Cathédrale d'Auxerre.

Il paraît convenable de dire ici quelques mots des divers inventaires du trésor de la cathédrale d'Auxerre. Le premier est sans contredit l'énumération très sommaire des objets d'argenterie que l'évêque Didier a donnés à son église. On le trouvera à partir du folio 49 du manuscrit des Gesta conservé à la bibliothèque de la ville. Il a été publié par MM. Quantin et Challe, p. 5, no 4 du IV volume de leur réédition des Mémoires ecclésiastiques de l'abbé Lebeuf, et par M. l'abbé Duru (Bibliothèque historique de l'Yonne, t. Ier, p. 333 et suiv.).

Vient ensuite un catalogue des reliques de l'église cathédrale d'Auxerre, tel qu'il fut dressé environ l'an 1420, tiré d'un manuscrit de la reine Christine de Suède, conservé à Rome au Vatican, (ms 1283), avec des variantes provenant d'un autre manuscrit imparfait. Ce catalogue, qui contient aussi les mentions de quelques châsses et de leurs donateurs, a été reproduit dans le même ouvrage (Lebeuf, t. IV, p. 240).

Mais le document de beaucoup le plus important, et d'ailleurs

(1) V. dans Lebeuf, Prise d'Auxerre, aux pièces justificatives, p. XXXI, le détail très concis de ces restitutions tiré d'un registre capitulaire aujourd'hui perdu.

nous le possédons en original, sous la rubrique G. 1824, est l'inventaire du trésor de la cathédrale d'Auxerre, dressé en présence du trésorier et des principaux dignitaires du chapitre, du 3 juillet 1531 au 6 du même mois. Par conséquent à ce moment, ledit trésor, malgré les pertes qu'il avait pu subir durant les incendies et autres vicissitudes de la ville d'Auxerre, malgré la prise de cette ville par les Anglais (1), était presque dans son entier, et n'avait pas été pillé par les Calvinistes. Il était même plus complet qu'en 1567, puisque quatre ans auparavant on avait cru devoir vendre cent marcs d'argenterie pour subvenir aux besoins urgents de l'église. Ce titre est non seulement très précieux et très intéressant pour l'histoire locale, mais en outre je crois qu'il est presque inédit. En effet, l'honorable M. Quantin, mon éminent prédécesseur, en a fait deux copies, la première, en 1846 pour être adressée au Comité des Monuments historiques. Il n'y a pas apparence qu'elle ait jamais été publiée, sinon M. Quantin n'en aurait point fait une seconde en septembre 1869. Celle-ci devait être remise à M. Darcel, membre du Comité des Travaux historiques, si compétent en pareille matière. Nul doute que M. Darcel n'ait reconnu de suite l'importance de cette pièce. Malheureusement les événements de 1870 en détournèrent son attention, ou peut-être ne lui fut-elle pas remise et se trouve-t-elle encore dans les cartons des bureaux. Le fait est que je n'ai pu la retrouver dans les fascicules de la Revue des Sociétés savantes. Il ne me paraît pas possible qu'elle ait été éditée ailleurs, M. Quantin ayant envoyé cette copie comme correspondant du ministère de l'Instruction publique, je crois donc ce document inédit. D'ailleurs mon honorable prédécesseur y est revenu vers 1887, et en a donné une analyse très sommaire (2) et une publication incomplète.

Cet inventaire est divisé en deux parties, l'argenterie et les ornements. On remarque plus de soixante pièces d'orfévrerie, parmi lesquelles l'une d'elles qui pesait 61 marcs était célèbre sous le nom de joyau. Des châsses, des croix et des reliquaires pesaient jusqu'à 20, 24, 26 et 28 marcs, et des fractions. Plusieurs de ces pièces étaient ornées de pierres précieuses; d'autres faites de bois, de cuivre ou d'ivoire étaient recouvertes de métaux précieux, les chappes, les chasubles et autres vêtements, ou linges à l'usage du culte étaient innombrables. Et la masse de l'or et de l'argent, y compris celle qui décorait les ornements sacerdotaux,

(1) 1359 le jour des Brandons. Voir Les Grandes Chroniques de SaintDenis.

(2) V. Bull. de la Soc. des Sc., 1887.

ne pouvait guère être moindre de 600 marcs. Si l'on y ajoute le prix d'une main-d'œuvre très artistique, et qui était certainement fort élevé, on voit que la valeur du trésor de la cathédrale d'Auxerre représentait en 1567 une somme très considérable.

Il y avait en effet non seulement à Saint-Étienne, mais encore dans toutes les églises de la ville de notables quantités d'argenterie, puisque dans la déposition de Claude Villain, pionnier, demeurant dans la paroisse de Saint-Martin-du-Pré-lès-Donzy, avec sa femme Claudine Ravier, témoin oculaire, on lit qu'elle vit décharger onze charrettes, escortées par quatre-vingts ou cent soldats, sur chacune desquelles il y avait trois bahuts, scavoir un grand de long et deux petits de travers (1) tous étaient remplis d'objets précieux, parmi lesquels se trouvait la chàsse de saint Germain recouverte d'une serge verte. Claudine Ravier ajoute qu'elle vit fondre à l'aide d'un orfèvre d'Auxerre (2) plus de quarante croix et calices qui furent réduits en lingots, et enfouis avec la châsse de saint Germain.

Or ce butin n'était sans doute que la part de Jacques Loron de la Maison Blanche (3), l'un des capitaines calvinistes qui surprirent Auxerre. On peut en conclure que les autres, voire même les simples soldats, ne négligèrent pas leurs intérêts, et prirent une large part au pillage général. Ce vol ne porta pas bonheur à Jacques de Loron et à sa descendance. Enveloppé dans le tourbillon des guerres civiles et religieuses, un de ses fils fut pris, conduit à Auxerre et exécuté, l'autre fils mourut probablement avant l'àge, et sa fille devenant alors l'unique héritière de cette maison, épousa un seigneur de Domecy. Il est à remarquer que dans un inventaire des titres de l'abbaye de Cure, se trouve inscrite la mention de lettres patentes du roi Henri III, données aux Grands Jours à Troyes, le 4 février 1582, par lesquelles il est mandé au bailli de Saint-Pierre-le-Moutiers d'informer du sacrilège, vol et spoliation faits du trésor, titres et papiers de l'abbaye de SaintMartin-de-Chore, par Lazare de Loron, seigneur de Domecy (4). Les religieux de Chore avaient eu auparavant de nombreuses difficultés avec lui au sujet d'un moulin qu'il avait fait construire

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(1) Voir Lebeuf. Prise d'Auxerre, pièces justificatives, p. 19. Voir Arch. de l'Yonne. H. 1000.

(2) On dit qu'il s'appelait Mamerot. Voir Lebeuf, prise d'Auxerre, pièces justificatives, p. 19.

(3) La Maison-Blanche, commune de Crain, autrefois château fortifié et seigneurie importante ayant titre de bailliage dont relevait Asnière, cant. de Vézelay. Voir Dict. topographique de l'Yonne, no 76.

(4) Voir Arch. de l'Yonne, H. 1906-1907.

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