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NOTES

EXTRAITES

DES REGISTRES DE CATHOLICITÈ

DE LA PAROISSE DE SAINT-ÉTIENNE DE VÉZELAY

DE 1738 A 1778

Par M. J. SOMMET.

Avant 1789, les registres de l'état civil, dits alors registres de catholicité, étaient tenus par les curés des paroisses, qui, très souvent, y consignaient, avec les actes de baptêmes, de mariages et de décès, des faits intéressant leurs localités.

C'est ainsi que l'abbé Manin, qui fut curé de la paroisse SaintÉtienne de Vézelay, de 1738 à 1778, laissa dans ses registres, sur les événements du jour, la température, les récoltés, etc., des notes éparses dont nous avons fait quelques extraits en laissant de côté tout ce qui se rapportait trop exclusivement aux cérémonies religieuses.

La lecture de ces extraits peut bien n'avoir rien d'attrayant, mais elle suggérera sans doute à d'autres chercheurs l'idée de compulser aussi les registres de catholicité de leur paroisse; peutêtre y découvriront-ils quelques récits ayant une certaine connexité avec l'histoire locale.

1739. 15 mars. Promotion au cardinalat de Monseigneur

Guérin de Tencin, prince d'Embrun, abbé et seigneur de Vézelay. << Monseigneur de Tencin, dit le curé Manin, s'est signalé par son grand zèle à résister aux erreurs des Jansénistes, et à les réfuter par de savants écrits, qui rendront son nom illustre et immortel. »

Quoi qu'en dise le bon curé de Saint-Étienne, l'abbé de Tencin ne laissa pas un très bon souvenir dans la mémoire des Vézéliens; car, tracassier, turbulent et avide, cet abbé fut constamment en opposition avec la commune qui lutla contre ses exigences, ses empiètements et ses usurpations. La commune lui intenta, du reste, plusieurs procès.

Le cardinal de Tencin dut sa fortune politique et sa célébrité à sa sœur, Claudine de Tencin, religieuse sans avoir prononcé de vœux. La maison de cette femme, célèbre par son esprit, était le rendez-vous des beaux esprits, malgré les scandales qui s'y passaient quelquefois.

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1740.- 18 octobre. «Baptême de la seconde cloche de l'église Saint-Étienne parrain, M. Philibert Turgot, fils de Antoine Tur. got, conseiller du roi, receveur des tailles en l'élection de Vézelay; marraine, Mlle Claudine Le Breton, fille de Messire Jean-Jacques Le Breton, seigneur de Villette et de Corbelin, écuyer, commissaire des guerres pour la seconde compagnie des mousquetaires. L'acte constatant ce baptême » est signé : Lemvel de Moreceau, doyen de Vézelay, Turgot, Claudine de Corbelin, Turgot, F. Durozet, Manin, curé-archiprêtre de Saint-Père, Breton de Corbelin, Bouché, Turgot, Quantin, principal du collège, et Manin, curé.

L'année 1740 a été très fâcheuse. L'hiver fut très rude et très long. C'est à peine si, sur la fin de mai, les vignes commencèrent à pousser.

Des pluies torrentielles endommagèrent beaucoup les mois

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Le 6 octobre, une gelée, qui fut suivie d'autres, — perdit la récolte des vignes; car le raisin ne commençait alors que verrer», aussi récolta-t-on du vin de très mauvaise qualité. Sur la fin de décembre, il tomba des pluies tellement fréquentes et abondantes que les rivières débordèrent et causèrent de grandes inondations.

A Paris, dit le chroniqueur, on allait en bateau sur plusieurs places et dans plusieurs rues.

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1741. Triste année. Grande disette. La sécheresse fut si grande et si prolongée que les menus grains n'ont pu pousser, faute d'humidité.

Le blé se vendait de 12 à 13 livres le bichet (1), et encore n'en trouvait-on que peu.

(1) Le bichet de Vézelay, mesuré ras, pesait 90 livres et valait, en mesure actuelle, 59 litres 35, ou en chiffres ronds, 3 doubles-décalitres.

Un arrêté du Parlement ordonna des quêtes dans toutes les paroisses.

A Vézelay, tous les dimanches, on distribuait aux pauvres de la ville 300 livres de pain.

On faisait également, tous les jours, une distribution de riz tout préparé le matin, aux pauvres de la paroisse Saint-Étienne, et le soir à ceux de la paroisse Saint-Pierre.

Les curés et officiers de ville étaient chargés par l'intendant de veiller à ces distributions, qui durèrent de juin à fin d'août. Le riz était envoyé par le roi. Les dames et les demoiselles de la ville le préparaient et le faisaient cuire au château abbatial.

1742.1 janvier. Le roi Louis XV nomme commandeur de ses ordres et honore du Cordon Bleu, Guérin de Tencin, archevêque de Lyon, abbé et seigneur de Vézelay.

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13 mai. Accord intervenu entre le curé Manin et ses paroissiens à propos du « droit de Passion ».

D'après un usage immémorial, les curés de Saint-Étienne disaient la Passion tous les jours, depuis le 3 mai jusqu'au 14 septembre pour cela, chaque laboureur devait un charroi, et chaque manœuvre une journée.

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Mais la perception de ces droits présentant souvent des difficultés, il fut alors convenu entre le curé Manin et ses paroissiens que, dorénavant, chaque laboureur donnerait 10 sols, et chaque manœuvre des hameaux 1 sol, et que la collecte de ces droits se ferait chaque année à la Toussaint.

L'accord est signé : Roy, clerc tonsuré; Jean Guéreau, Fauleau et Manin.

16 septembre. - Grandes démonstrations de joie dans toute la ville à l'occasion de la dignité de premier ministre de France, dont le roi Louis XV a pourvu le cardinal de Tencin.

1743. Année très abondante en blé et en vin. Néanmoins, ces denrées se vendent bon marché, car l'argent est rare et les impôts nombreux et élevés.

La guerre (guerre de la succession d'Autriche), allumée par toute l'Europe, rend le peuple digne de compassion.

1744. Récoltes également abondantes, mais grandes aussi sont les misères du peuple à cause de la guerre.

Un incident est soulevé par MM. du Chapitre de l'église de la Madeleine à propos de processions. Ces messieurs prétendent avoir le droit de rétablir leurs processions dans les églises paroissiales de Saint-Pierre et de Saint-Étienne.

Les curés de ces paroisses nient aux chanoines le droit qu'ils veulent s'arroger et résistent tout d'abord. Mais après de nombreux pourparlers avec le Chapitre, ils tolèrent ces processions dans leurs églises. Seulement à titre gracieux, par esprit de paix, de charité et de << pure honnêteté » et non comme un droit appartenant aux chanoines.

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On pourrait conclure de là que les curés de la ville et les chanoines de la grande collégiale vézélienne ne vivaient pas toujours en bonne intelligence.

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1745. Le chroniqueur relate les conquêtes faites cette année par Louis XV en Savoie, en Piémont, dans le Milanais, ainsi que la prise des villes de Tournai, Gand, Ostende et Bruges.

Il se réjouit de la défaite des Anglais. Et, ce qui est le plus intéressant, ajoute-t-il, pour tous les catholiques, c'est que les peuples d'Écosse, d'Irlande et de plusieurs provinces d'Angleterre on reconnu Georges Stuart pour leur prince légitime. >> Mais ces guerres, quoique justes », accablent le peuple d'un grand nombre de taxes et d'impôts.

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Heureusement que les trois dernières années qui viennent de s'écouler ont été fertiles en blé, lequel vaut 3 livres le bichet; mais les vendanges n'ont pas été aussi abondantes que les mois

sons.

1746. Relation des nouvelles conquêtes de Louis XV dans les Pays-Bas et de la défaite de Charles Édouard, prétendant d'Angleterre.

Il y a à Vézelay 361 soldats hollandais du régiment de Nassau, qui ont été faits prisonniers à la prise de Mons. Ces prisonniers, dont le langage est inconnu des habitants, peuvent à peine se faire comprendre.

Grande mortalité sur les bêtes à cornes dans tout le royaume. Cette mortalité sévit fort à Vézelay et dans les environs. En 1746, le blé se vendait 5 livres le bichet.

1747.

Chaleurs excessives en août et en septembre, ce qui occasionne des maladies.

Malgré ces chaleurs, les vins n'ont pas été de bonne qualité. En quantité, les vignes n'ont donné qu'un muids de vin par arpent.

Le blé est cher: de 7 à 9 livres le bichet. Cette cherté serait due à la présence, à Vézelay et dans les environs, de nombreux prisonniers hollandais.

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