Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Malgré le pronostic savant mentionné ci-dessus, la journée se passe sans orage et, par suite, sans grêle.

Juin.

1er. - Beau temps; on nous apporte une couvée de Cailles (13 œufs). Il en résulte qu'à peine arrivés dans nos pays, ces oiseaux commencent à pondre.

[blocks in formation]

Légère pluie le matin. Beau temps le soir.

4. Légère pluie le soir par vent N.-E., suite d'un orage que l'on entend gronder au loin, dans cette direction. Le soir, dans les allées de notre jardin, nous assistons à la chasse faite aux moucherons par une grenouille; s'élançant à leur poursuite, elle les atteint à une certaine hauteur. Jusqu'alors, nous avions pensé que pour ses chasses, la grenouille restait immobile, se bornant à haper les insectes au passage.

6. 7.

8.

[ocr errors]

Chaleur extrême, orage violent pendant la nuit.
Belle journée, mais pluie le soir.

Saint-Médard.

Depuis plusieurs jours, le Serein est en crue, les oiseaux ont presque cessé leurs chants; ils semblent s'être mis à l'unisson avec ce temps maussade, pendant lequel on ne constate qu'orages, débordements de rivières, prairies rouillées. Aussi, vous tous, MM. les pluviométreurs, si février vous a laissé des loisirs, mai et la première décade de juin ont pu vous procurer de nombreuses et variées occupations.

12. Si notre rivière tend à rentrer dans son lit, le beau temps étant revenu, nous n'en avons pas moins une gelée blanche le 13 dans les vallées.

Un couple de Hérons Bihoreaux a dû s'installer quelque part dans la vallée pour y établir son nid. Voilà deux fois, à quelques jours d'intervalle, que ces oiseaux passent au-dessus de notre tête à si petite hauteur, qu'il est facile de déterminer à quelle espèce ils appartiennent.

20. Les Draines construisent un second nid. On nous apporte un Coucou dont l'estomac est garni de chenilles.

Les jeunes Étourneaux, réunis en bandes avec les vieux, fréquentent les cerisiers.

21. — Naissance de cinq Oisillons hybrides de Canada et Guinée. La mue de ceux de l'an dernier commence. Celle des Canards est presque terminée; loin d'avoir leur belle robe d'hiver, les males ont un manteau d'une teinte grise générale, la belle couleur verte du cou et de la tête ayant disparu.

23. Nos poiriers, le doyenné d'hiver, sont toujours bien malades; les traitements à la bouillie Bordelaise ne paraissent

pas avoir enrayé les progrès du Fusisporium pirinum. - Nouvelle invasion de pucerons de pêchers et de poiriers, contre lesquels nous commençons la quatrième pulvérisation de jus de tabac. Cela devient fastidieux et désespérant, et cependant il faut reconnaître que c'est encore le meilleur procédé pour détruire ces parasites.

26. Été témoin d'un combat dans lequel une Pie-Grièche d'Italie, assistée d'un Loriot et d'une Draine, ont obligé une Pie à abandonner le pillage du nid du dernier oiseau.

27. Préparation d'un Loriot. Notre attention est attirée, à l'ouverture de son corps, par la couleur jaune de ses testicules, de ses os creux, humérus, cubitus, radius; cette teinte fait défaut au tibia, qui n'est plus un os creux. On peut rapprocher cette teinte jaune des os et des testicules de cet oiseau au plumage jaune, la teinte noire des mêmes organes chez la fauvette à tête noire.

28. Nous observons avec intérêt la façon de boire d'une Corneille noire. Pour satisfaire sa soif, cet oiseau plonge son bec dans l'eau presque jusqu'à la base, l'ouvre largement, le relève, absorbant ainsi tout le liquide qui se trouve pris entre les mandibules.

Devant les fenêtres de notre salle à manger, au tronc robuste d'un Févier (Acacia triachanthos) est fixé un nid artificiel. Un Grimpereau familier y a établi sa nichée; combien de fois par jour va-t-il porter la becquée à ses petits? nous n'avons pas eu la patience de les compter; mais, chaque fois, c'est toujours en prenant toutes les précautions que nous avons notées déjà, n'arrivant jamais directement à l'ouverture du nid. Et pour quitter son arbre, c'est encore le même manège en sens opposé; après être sorti de son nid, ce n'est qu'après mille tours qu'il prend son vol. Un beau jour, un ouvrier chargeait du sable dans une brouette au pied de l'arbre; jusqu'à ce que l'homme soit parti, notre oiseau n'a pas quitté l'arbre, ce qu'il fit aussitôt après le départ de l'ouvrier. Maintes fois nous avons pu faire cette observation.

Juillet.

1. Vent S.-O. Temps nuageux. Chants du Coucou et du Bruant Zizi. - Deuxième ponte des Tourterelles. Ayant eu l'occasion d'ouvrir de jeunes Oisons tués par un chien, nous pouvons constater chez eux l'existence d'une glande qui ressemble au thymus.

Constamment on peut voir les jeunes Hirondelles posées sur des branches mortes au-dessus de l'eau. Ce ne peut être un effet

du hasard; il faut plutôt en conclure que les parents y amènent leurs petits pour les isoler davantage, les mettre à l'abri d'une attaque venant d'en bas, et, par suite, les considérer comme en sûreté.

16. Sur Milly, des bandes de Linots se montrent dans les vignes, ainsi que quelques Ortolans. C'est d'un bon augure, car le Linot est friand de cochylis. Dès le matin, entre 3 et 4 heures, les Loriots commencent leurs chants, qui se prolongent jusque vers 5 heures, puis cessent et reprennent avec une nouvelle ardeur vers 11 heures. Si on ne les entend plus dans la première partie de l'après-midi, c'est pour devenir assourdissants dans la soirée.

Les jeunes Gobe-Mouches font une chasse active aux insectes ailés. On peut constater que les blés de printemps qui ont reçu un stimulant de végétation par le nitrate de soude sont superbes ; commençant à mûrir, ils se trouvent même en avance sur les blés d'hiver qui, au 20 juillet, ne sont qu'en fleurs.

1er.

Août.

Les Loriots quittent notre vallée; hier soir encore, presque à la nuit, il était facile d'entendre leurs chants: deux familles nées chez nous s'en donnaient jusqu'à nous étourdir. Ce matin, silence absolu, bien que le Loriot soit très matinal et que dès 3 heures du matin il commence ses chansons.

Un départ a donc eu lieu cette nuit.

7. Bandes de Linots. Entendu un seul Loriot.

8.

-

Trois ou quatre Loriots passent dans la journée, voltigeant de peuplier en peuplier, mais ne chantant que le matin.

---

9. Nous trouvons un nid de Fauvette Grisette. Jusqu'au 13 on peut voir des Loriots, et c'est à cette époque que les deux ou trois plumes frisées qui ornent le dessus de la queue des Canards, sauvages commencent à pousser.

Est-il bien vrai, comme l'affirment les gens de la campagne, que l'Ædienème criard (vulg. Courlis) emporte ses œufs en cas de danger?

13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20. - Rien de particulier, si ce n'est toujours des pluies avec tempêtes.

[ocr errors]

23, 24. Nouveau passage de Loriots; celui des Fauvettes, des Becs-Fins en général s'accentue, et c'est plaisir de les voir dévorer groseilles, baies de sureau et baies d'épine-vinette non encore mûres.

Les Hirondelles auraient-elles commencé leur mouvement de départ; ce serait de bonne heure. Cependant, il n'y aurait rien

d'étonnant, les nuits sont si froides après toutes ces pluies des semaines dernières.

Le passage du Chevalier Guignette a manqué cette année.

--

Vent S.-O. en tempête, dont les Tourterelles profitent pour nous quitter. Passage de douze Bondrées se dirigeant du S. au N. — Une Tourterelle risque encore un roucoulement le 30 dans notre jardin, et malgré le beau temps et un vent S.-O. chaud, les Hirondelles de fenêtre continuent à se rassembler pour nous abandonner.

31. A Auxerre, on nous parle d'un passage de Grues, il y a quelques jours. Nous ne pouvons y croire et pensons qu'il y a eu erreur, qu'il s'agit de cigognes qui, assez fréquemment, se montrent dans nos pays pendant ce mois.

Septembre.

1. Par beau temps, vent S.-O. chaud, trente Grues sont vues au territoire de Chéu, se dirigeant du N.-E. au S.-O. Il n'en faut plus douter, c'étaient bien des Grues que l'on avait vues sur Auxerre. L'apparition prématurée dans nos contrées de ces oiseaux quittant le Nord, leur pays d'habitat, pour se rendre dans les régions méridionales, n'est pas normale. Si extraordinaire que soit ce passage, il est confirmé par la capture de l'un de ces oiseaux que nous venons de voir chez M. Martineau, empailleur.

Du 5 au 15 septembre, il s'est fait un passage abondant de Rubiettes de différentes espèces. Le beau temps, la chaleur sont revenus; malgré cela, les départs et les passages d'Hirondelles ont lieu chaque jour.

Le 18, le 20, ils continuent. C'est dans ces jours qu'un Rollier est tué à Vigny, hameau de Venizy. (Musée de Saint-Florentin.) Les Pouillots chantent comme au printemps. Un grand nombre d'espèces de petits oiseaux du pays, réchauffés par un beau et bon soleil, ont niché de nouveau. Nous recevons un jeune Bruant Zizi tombé du nid; malgré tous nos soins, la pauvre petite bête n'a pu vivre.

25. -Les Hirondelles ont presque complètement disparu. Les raisins mùrissent bien. L'espoir revient au cœur des vignerons qui, du désespoir passant à l'extrême contraire, annoncent que nous pouvons même faire de très bon vin. Que Dieu les entende! C'est fort bien, mais la destruction des Cailles continue comme par le passé.

Sous la rubrique : Destruction des Oiseaux, on annonce de Marseille, le 24 septembre, que le paquebot la Gironde, des Messageries Maritimes, venu du Levant, a apporté 39,000 Cailles vivantes provenant du Pirée.

L'arrivage de ce jour est le second de la saison, qui durera jusqu'au milieu d'octobre. Nous ne devons plus nous étonner maintenant que les sauterelles, les criquets pullulent à l'envi.

[ocr errors]

29. Vent N.-E. Beau temps; les Bergeronnettes grises passent en abondance.

[ocr errors]

30. Toujours beau temps, chaud. La maturité des raisins marche à souhait. Vent N. E. Les passages de Becs-Fins continuent. Les Rouges-Gorges chantent à gorge déployée.

RÉFLEXIONS

C'est en plein cœur d'un hiver rigoureux, rare, que l'année dernière nous avons arrêté, au 31 décembre 1890, la relation de nos observations sur les passages d'oiseaux.

C'est au milieu d'un va-el-vient continuel de palmipèdes et d'échassiers que les chasseurs et les amateurs de Sauvagine ont pu garnir leur garde-manger, et les musées enrichir leurs collections.

Partout accueillie à coups de fusil, incessamment pourchassée, la gent emplumée voyageuse, s'est montrée d'une abondance exceptionnelle, aussi, a-t-elle laissé de nombreux témoignages de sa présence parmi nous.

C'est qu'en effet, l'hiver 1890-91 peut être au point de vue ornithologique, le seul dont nous nous occupions en ce moment, considéré comme exceptionnel.

Oiseaux nageurs de toutes sortes, canards, sarcelles, fuligules, harles, plongeons et grèbes, oies et cygnes, goëlands et sternes, que nous avions observés en décembre ont continué en compagnie d'échassiers, de coureurs, à séjourner dans nos contrées pendant le mois de janvier et même au delà.

Leur séjour dans notre région était nécessité par l'impossibilité dans laquelle se trouvaient ces voyageurs, de rentrer dans leurs pays d'origine, où les glaces et les neiges leur cachaient toute nourriture.

A la moindre élévation de température tout le convoi de cette gent emplumée se mettait en marche vers le nord, avec autant de promptitude qu'elle en mettait à regagner le midi à la moindre reprise du froid.

Après avoir assisté à ces départs, à ces tentatives de retour, il était facile de présager une nouvelle reprise des gelées, en voyant ces oiseaux revenir.

Aussi, dès les premiers jours de janvier, le dégel ne continue-t-il pas, et le thermomètre descend de nouveau avec accompagnement de neige.

« VorigeDoorgaan »