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ETTE journée ne semble être proprement 150

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& ne feroit pas moins glorieuse pour les François, si elle n'étoit devenuë funeste & tragique par le malheur de leur General qui fut vaincu aprés sa victoire, & aprés un excez de courage perdit la vie, lors qu'il ne devoit penser qu'à recueillir les palmes & les lauriers d'un noble triomphe.

Pour reprendre donc la chose de plus haut, & comme remonter à sa source : les Venitiens voyans qu'ils ne pouvoient tirer raison de leurs pertes, fur les plus puissans de leur ennemis voulurent décharger leur colere fur Alphonse Duc de Ferrare le plus foible , en haine de ce qu'il avoit servy les François en cette derniere guerre; & pour cet effet envoyerent une armée Navale sur les terres de son obéïssance, afin d'y mettre tout à feu & à sang, mais il fut secouru fi à propos par les vaisseaux François, qu'étant qu' venus à la bataille, les Venitiens furent auffi malheureux par mer que par terre. Car ils y perdirent deux mille hommes, & quinze galeres urent prises sur eux par les nôtres dont il ne

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509. mourut qu'environ quarante soldats, sans aucun homme de marque.

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Or ce grand bonheur des François qui avoient seuls executé heureusement l'entreprise de touze la ligue, attira fur eux la haine des vaincus, & l'envie de ceux-là mêmes qui sans courir risque ny faire dépense, entroient en parsage du fruit de la victoire. C'est pourquoy les Venitiens ayant appris à leurs dépens, combien la voye de la force est dangereuse, eurent Tecours aux artifices , & reprirent enfin le conseil qu'ils avoient méprisé au commencement de la guerre, qui fut de se reconcilier avec le Pape, & de consentir qu'il retint ce que les François luy avoient rendu se soûmettans de Juy rendre encore les places qu'ils retenoient de 'Eglife.

Tant il est vray, Que la necessité est une puissane artificieuse Maistresse, pour humilier les efprits que le bonheur aveugle, & porte à quelque infolence. En quoy ils trouverent une grande dispofition dans l'efprit du Pape, lequel ayant vû le progrez des armes du Roy, ne defiroit pas avoir pour voisin un fi puissant Monarque, qui luy étoit d'autant plus suspect, qu'il demeuroit confederé avec Maximilian, lequel en qualité d'Empereur élû prétendoit une domination Souveraine fur #oute l'Italie. Joint qu'ayant recouvré le sien à I'amiable, il n'avoit que faire de continuer la guerre, à laquelle il ne s'étoit obligé par autre confideration que par celle de ses interêts particuZiers.

Aprés avoir donc été fatisfait, & rétably en la possession des Villes ufurpées par la Seigneurie de Venise, il s'efforça encore de separer Maximilian d'avec les François ; mais son dessein ne lay réüflit pas, comme il esperoit, à ce premier coup. Ce n'étoit pas chose beaucoup redoutable,

s'il ne se fut montré que Promoteur de la guer-1508 te contre la France mais fa mauvaise volonté fut suivie de tous les effets qu'elle pouvoit produire. Car en même temps il dresla un grand appareil d'armes ,tant spirituelles que temporelles, contre les François & leurs alliez. Le Duc d'Urbin fon neveu étoit General de son armée, mais luy - même contre la coûtume ordinaire des Souverains Pontifes ne laissoit pas d'y commander en perfonne.

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En suite de quoy, il commença de lancer ses foudres contre le Duc de Ferrare, un des Confe derez de la France, attendant l'occasion de luy courir sus, avec son armée. Il sollicira aussi Ferdinand Roy d'Arragon & de Naples, de rompre avec les François, à quoy ce Prince déloyal prêta de bon cœur l'oreille, & par une perfidie honreuse, accompagnée d'une noire ingratitude, aprés avoir reçû de leurs mains les places que les Venitiens luy retenoient des dépendances du Royaume de Naples, manqua de parole & de Foy, viola son serment, & se départit de l'alliance de France.

Ceux qui veulent colorer ce crime, le couvrene d'un autre qui n'est pas moins honteux à un Roy, je veux dire de lâcheté, alleguans qu'il en usa de la forte, ponr la crainte qu'il eut que ces nouvelles conquêtes des François sur les Venitiens, ne donnassent quelque envie à une Nation belliqueuse, de porter ses armes plus loin dans l'Italie, & particulierement dans le Royaume de Naples, far lequel elle avoit des prétentions justes & legitimes.

Maximilian demeurant encore dans les termés du Traité de Cambray avec la France, fit paflex une armée d'Allemans en Italie, sous la conduite du Prince de Hainaut ; mais les nerfs de la guerre luy défaillans, les troupes se débande

1509. rent, & se dissiperent à faute de paye, après avoir pris quelques places, & exercé autour de Vicenze des cruautez barbares. Les François neanmoins ne laifferent pas de continuer la guerre, & prirent Legnague, Lescale, & Montefelice; ils mirent aufli le fiege devant Veronne, mais ils y furent repoussez, & s'ennuyans de soûtenir seuls. la dépense, la peine & tout le poids de la guerre, ils se retirerent à la fin au Duché de Milan.

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Cependant le Pape tourna ses foudres contre la France, excommunia le Roy, mit son Royaume en interdit, & l'exposa au premier occupant, comme un païs de conquête, ou comme quelque region des Indes nouvellement découverte. Le Roy d'abord ne s'étonna pas de cette rigueur, proteftant avec une modestie digne d'un Roy Trés-Chrê, zien, qu'il en viendroit le plus tard qu'il pourroit aux prises avec le Souverain Pontife, qui est le Vi caire de Nôtre Seigneur, & le successeur de faint Pierre, & defendit aux siens de faire aucun acte d'hostilité sur les terres de l'Eglife.

Jules qui devoit se laisser fléchir par ce modeste & humble respect du Roy Trés - Chrétien envers • le faint Siege, sembla en vouloir tirer avantage.. Mais comme il ne cessoit de remuer contre les François, & leurs alliez, le Roy se trouva contraint de pourvoir à la défense de sa personne, & au salut de son Royaume, par le moyen des Decrets du Concile de Tours, ou des resolutions de l'assemblée de toute l'Eglise Gallicane, & ayant en suite permis aux fiens d'entrer hoftilement sur les terres de l'Eglife, les, Bentivoles furent rétablis dans la Ville de Bologue, dont ils avoient depuis peu été chassez en faveur du Pape, pour fai re voir que les François ne sont pas moins redoutables à leurs ennemis , que secourables à leurs amic.

Le Duc d'Urbin General de l'armée du Pape, 150 étant prés de Bologne, non seulement n'eut pas le cœur ny le courage de se presenter devant les François, mais au seul bruit même de leurs approches, il prit l'épouvante & la fuite, & leur abandonna tout fon bagage, avec toute fon artillerie. Le Pape demeurant plus irrité qu'il n'étoit étonné de cette perte, joignit ses forces à celles de Ferdinand & des Venitiens, & tous ensemble mirent une groffe & puissante armée en campagne, sous la conduite de Raymond de Cardonne Vice-Roy de Naples, avec resolution d'exterminer les François de toute l'Italie.

Pour cet effet, il suscita aussi les Suifles contre la France, & les Suisses, par le seul defir de le contenter, & de luy plaire, descendirent en fort grand nombre dans l'Italie, à dessein de se jetter dans le Milanez. Mais Gaston de Foix, Duc de Nemours, & neveu du Roy, qui avoit succedé au gouvernement de Milan, par le trépas de Charles d'Amboise Seigneur de Chaumont, s'y opposa avec tant de vigueur & de prudence, qu'ils furent contraints de retourner en leur païs.

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Là-dessus Maximilian retourna aussi sur les terres des Venitiens prit la Ville de Vicenze, & aprés avoir ravagé tout le plat-païs, se retira faute de finances qui luy manquerent, pour faire subsister ses troupes. D'ailleurs l'armée du Pape, & de ses Confederez ayant pris la Bastide de Genivole dans la Romagne, alla mettre le fiege devant Bologne. Mais Gafton de Foix étant venu au secours, le fit lever, fans beaucoup de refiftance.

De-là il prit sa marche avec l'armée droit à Brefle, dont le Château tenant toûjours pour les François, étoit aussi assiegé par les Venitiens, partie desquels il défit en une rencontre, & rien ne l'empêcha de pafler outre, ny d'entrer dans la Vil-

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