4569. François de Coligny Seigneur d'Andelot, qui deceda d'une fiévre chaude à Saintes, Chevalier qui meritoit de mourir avec plus d'honneur, & de gloire, & en General d'armée, s'il eut perfeveré au service de son Roy & dans la Religion de fes peres; l'autre fut Boucard, Maistre de l'artillerie du Prince, qui mourut de mesme maladie, & fut emporté en peu d'heures; le troisieme, Genlis, qui finit malheureusement ses jours, mourant de fureur & de rage à Srafbourg, aprés avoir pilté & brûlé l'Eglise de Saint Hubert des Ardennes, où les malades de la fureur & de la rage trouvent d'ordinaire leur guerison. Voilà des fruits de la Religion Pretenduë & de la Reformation nouvelle, de brûler les temples, de piller les Eglises, de martyrizer les Prestres, d'abattre les croix, de rompre les images: de deshonorer les choses saintes; & de violer tout ce qu'il ya de plus religieux & de plus facré au monde, fans aucun respect de la Divinité. Mais voilà aussi des effets de la justice divine, dont la rigueur a puni souvent dés cette vie, & n'a laiffé jamais impunies en l'autre, de fi abominables impiétez Auffi Calvin qui en est l'auteur, auffi bien que des troubles dont nous parlons, aprés avoir ven du le Benefice qu'il tenoit en l'Eglise Cathedrale de Noyon, & sa Cure de Pont-l'Evefque en Normandie, aprés avoir épousé la veuve d'un Anabatiste, avoir levé l'étendard de la rebellion contre toute forte de Puiffances superieures, & juré la ruïne des Eglifes, des autels & des images, & mesme du faint facrifice de la Messe, qu'il s'est efforcé d'abolir de tout son pou oir, comme un avant-coureur de l'Ante-Chrift, obligea enfin la justice du ciel d'en tirez raison, & d'en faire une punition exemplaire. Car au rapport de Jerôme Bolsec Medecin de Lyon, qui avoit paflé avec luy quelques années go la fuite de ses erreurs, & embrallé aprés la Religion Catholique ; ce malheureux preflé des 1569 douleurs aiguës de la pierre, de la goutte, des hemorrhoïdes, de la phtysie, de la migraine, d'une effusion de sang, tout rongé de poux par le corps, & d'un ulcere puant aux parties secrettes, finit sa méchante & malheureuse vie par les blafphemes, qui luy firent maudire le temps qu'il avoit donné à la lecture des livres, puisqu'au lieu d'en faire profit, il n'en avoit tiré que vanité & presomption, laquelle avoit comme ouvert la porte à tous les desordres de sa vie : & invoquant à son aide les demons, il leur livra son ame qu'il leur avoit déja venduë & engagée par tant d'erreurs, de scandales, de rebellions, d'impietez & de vices.. XXX. BATAILLE. JOURNEE DE MONCONTOUR, On les HUGUENOTS furent défaits pas les 1569. A CATHOLIQUES. de Condé, les Sei PRE'S la mort du Prince gneurs & les Capitaines Huguenots allerent trouver à Tonnay-Charente la Reine de Navar-re leur protectrice, avec les deux jeunes Prin ces de Navarre & de Condé, en prefence def quels l'Admiral representa à toute l'assemblée :: > Que Dieu ayant voulu affliger le petit troupeau, ,& priver les Fideles de leur Chef, qui étoit le Prince le plus genereux de ce fiecle leurr savoit fait neanmoins la grace de leur laiffer ,, fon neveu & fon fils, lesquels quoy-que jeunes, >>promettoient déja d'être les successeurs de la gene>> rosité de leurs peres ; qu'étant les premiers Princes ,, du Sang, tous deux fils de l'Eglise Reformée, il ,,ne faloit pas avoir tant de regret de la perte reçûë, que d'esperance دو , nom d'un heureux succés, sous le auguste de ces deux fleurous des lis de France :: „qu'il sçavoit fort bien, qu'encore qu'il y eût en „cette Compagnie de grands & experimentez ., Capitaines, nul neanmoins n'étoit si presom>>ptueux que d'envier à ces jeunes Princes le com,, mandement & l'authorité que la naissance leur donnoit avec les suffrages de tous les Fideles; » qu'il ne restoit donc qu'à leur rendre les devoirs دو এ ausquels tous eftoient obligez, à les reconnoistre,, 1369 pour Chefs generaux, & à leur prester serment,, de fidelité pour vivre & mourir à leur service,,, tandis qu'ils feroient protecteurs du faint Evan-,, gile & de l'Eglise Reformée, contre l'idolatrie,” la tyrannie & l'oppression des Papistes. Toute l'assemblée d'un commun accord, approuva une proposition si avantageuse & fi honorable à, tout le parti; de forte que tous les Capitaines prestérent ferment aux deux Princes, & tous les foldars à leurs Capitaines au nom des Princes, l'autorité sur les armées du parti demeurant toûjours.. à l'Admiral, tant en confideration de sa dignité, que de fa longue experience au fait des armes. Or pour faire revenir le cœur à leurs troupes étonnées de la défaite de Jarnac, il fut conclu qu'il faloit faire quelque glorieuse entreprise, & la conduire avec tant d'adresle, qu'elles ne fuftent pointrebutées par un autre échec. En suite de quoy le Comte de Montgommery ayant mis en déroute les forces du Seigneur de Terride, se saisit d'une bonne partie du Bearn, & fit d'étranges ravages par toute Ja Guyenne: les Allemans venus au secours des Princes prirent la Charité sans resistance, à la faveur de leurs guides & par la lâcheté du Gouverneur, & pour servir de curée aux étrangers, les Rebelles l'exposérent au sac & au pillage. L'Admiral mitle fiége devant Poitiers; mais aprés y avoir perdu ou dans les combats, ou de maladie, plusieurs Capitaines, plus de cent Gentils-hommes, & plus de trois mille soldats, il fut contraint de le lever, avec cette grande & honteuse perte. Cependant le Parlement de Paris fit le procés par defaut à l'Admiral, au Comte de Montgommery, & au Vidame de Chartres, lesquels par Arreft du 28. de Septembre furent declarez atteints & convaincus du crime de leze-majesté, condamnezà la mort, & executez publiquement & en effigie, $569. Par le mesme Arrest, la somme de cinquante mille écus fut ordonnée pour recompenfe, à quiconque prendroit mort ou vif, & mesme à quiconque tuëroit l'Admiral, avec impunité, s'il estoit coupable de quelque crime. Il ne se trouva pourtant homme affez hardi qui osast entreprendre sur la vie d'un si fameux Capitaine, finon Dominique d'Albe, l'un de fes domestiques, quiavoit promis de l'empoisonner; mais sa trahison ayant esté découverte par quelques indices, il fut pendu & étrangle. La Charge d'Admiral fut donnée par le Royau Marquis de Villars, comme vacante par la mort civile de Gaspard de Coligny, qui faifoit sentir qu'il vivoit encore à la ruine de la France, & presentoit en personne la bataille à l'armée du Roy, tandis que le Parlement le faisoit traîner en effigie ignominieufement par les ruës. Les deux armées estant donc venuës en prefence, fe trouverent comme égales en nombre de combattans. Celle du Roy avoit huit mille chevaux tant François qu'Italiens, ou Allemans, & dixhuit mille hommes de pied, avec quinze pieces de canon & dix bâtardes. Celle des Princes estoit composée de pareil nombre de cavalerie, de seize mille hommes de pied François, Lansquenets, ou Flamans, & d'onze à douze pieces de canon. Enfin, les deux armées eftant tres-fortes, les Rebelles sembloient souhaiter la bataille, bien que ce fût plûtost par la loy de la neceffité, que par la generofité de leur courage: d'autant que les Provençaux, les Daufinois & les Languedociens, lassez des longues & continuelles incommoditez de la guerre, demandoient instamment leur congé, pour aller se rafraîchiren leurs maisons. avec protestation de le prendre, strefus leur en estoit fait. Les Raîtres & les Lansquenets demandoient leur folde, faute de laquelle l'Admiral apprehendoir quelque mutinerie, & mesme quelque revolte. Joint que |