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L'HOTEL DU VOUÉ

A METZ

PAR M. AUG. PROST

Membre titulaire.

(Lu à la Séance du 28 août 1879.)

I. La vouerie de Metz et l'hôtel du Voué.

-

II. L'emplacement de l'hôtel du Voué occupé ultérieurement par la maison de la Trinité et par l'aumônerie de la Cathédrale. III. La maison de la Trinité. IV. L'aumônerie de la Cathédrale.

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- V. Souvenirs d'un grand édifice

gallo-romain dans le même emplacement.

- VI. Observations sur

l'état ancien des lieux. VII. La rue du Heaume. VIII. La rue le Voué ou du Voué, et la rue Rome-Salle. IX. Restes de constructions gallo-romaines dans l'emplacement de l'hôtel du Voué. -X. Conclusion.

I.

L'hôtel du Voué où se trouvaient à Metz les prisons, et devant lequel se faisaient les exécutions jusqu'au XIIIe siècle, était le logis d'un officier investi d'attributions diverses, administratives et judiciaires. Suivant la tradition recueillie au xvie siècle par Philippe de Vigneulles, touchant l'office du Voué, il était dit que dans la cité de Metz « la > chose publicque... estoit... gouvernée, régentée › et aministrée soubz (les) Ampereur, Roy et

> aultre grant seigneurs, par ung Awoués qui en » leur non y régentoit, et par les V noble lignée >> avec le Commun,.. lesquelles depuis ont tousiour » augmentés et méliorés... en telle fasson que depuis > ce tamps il (elles) ont obtenus par acquaist ycelle » Wouerie et avec ce ont obtenus d'iceulx Ampe› reur, Roy, Duc, et aultre grant prince plusieurs » biaulx previlaige (a). »

Il y a dans ce naïf tableau quelque chose de la vérité, mais non pas la vérité tout entière, ni sans mélange d'erreur. A l'époque où fonctionnait à Metz le gouvernement auquel appartenaient les Voués, il n'y était pas encore question de celui des Paraiges. Il serait plus juste de dire que ce dernier régime a succédé à l'autre. Cette évolution dont on est loin de connaître les termes précis, s'est accomplie au XIIIe siècle (b), et ce qu'on appelle l'acquet de la Vouerie par la Cité, en 1345, lui est tout à fait étranger.

L'histoire de la Vouerie à Metz n'est pas encore faite. Elle ne saurait être abordée ici d'une manière purement incidente, et nous la réservons pour une étude spéciale qui est en préparation. Nous nous bornerons à dire aujourd'hui, qu'à la fin du XIIe siècle et au commencement du XIIe, Metz avait simultanément deux voués: l'un qui est nommé dans les documents Advocatus, et qui était l'ancien

(a) Phil. de Vigneulles, Chroniques de Metz, à la Bibl. de Metz, mss. fonds hist. no 88-90, t. I, fo 155, v°. Cf. Huguenin, Les chroniques de la ville de Metz, p. 3, col. 1.

(b) Les Paraiges messins, dans les Mémoires de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, t. XIV, 1876, p. 343. Cf. Le patriciat dans la cité de Metz, dans les Mémoires de la Société des antiquaires de France, t. XXXIV, 1872.

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Judex (a); l'autre qui est dit Major advocatus, et qui était le Comes, Comes Meltensis et Dasburgensis, le comte de Metz et de Dagsbourg (b). Le comté de Metz était alors tenu héréditairement par la famille des comtes de Dagsbourg (Alsace). Dans un vieux document du commencement du XIIIe siècle le record des droits de l'Empereur, de l'Evêque et de la Cité, il est dit : « Messire le comte de Daubore si » est le Voués de tous les frans hommes don pallais, » où qu'ilz soient, et ces doit warder et warantir à » son povoir (c). » Dans un autre document du même temps, intitulé « Les drois du Vowé de Mets, >mons le conte de Dabor (d),» il est dit que le voué a « sa justice en Mets, pour jugier de cas de » crimme, et qu'il y perçoit à son profit le tiers des amendes. C'est à cet officier, selon toute vraisemblance, qu'appartenait le logis où étaient les prisons, et devant lequel se faisaient les exécutions.

La famille des comtes de Dagsbourg, en possession du comté et de la vouerie de Metz, s'éteint au commencement du XIIIe siècle, par la mort sans enfants,

(a) « Cum... eos (xv solidos à carnificibus annuatim debitos) predeces» sores nostri judicibus civitatis, qui nunc advocati dicuntur, in feodo >> reddidissent... >> Charte de Bertram, év. de Metz. 1193. — Histoire

de Metz, preuves, t. III, p. 159.

(b) « Ego Albertus dei gratia comes Mettensis et de Dasborch notifico...

« quod.... » — - Charte pour l'abbaye de Villers. Sans date, com du XIIIe Cartul. de Villers f. 96 ro, aux Arch. départ. de Metz.

S.

<< Comes Albertus de Dasborch major advocatus Metensis. >> Charte de Phil. roi des Rom. pour St Thiébault. 1200. - Cartul. de S' Thiébault, f. 21 ro, au Secrétariat de l'Evêché de Metz.

(c) Histoire de Metz, preuves. T. VI, p. 311.

(d) Copies mss. anciennes à la Bibl. nat. à Paris. Coll. Lorr. Vol. 229, no 10, et vol. 324, dre pièce.

vers 1225, de Gertrude, fille unique d'Albert qui en était le dernier héritier mâle, mort lui-même vers 1211. Ultérieurement, on voit la Cité en possession de la juridiction criminelle, qui était tenue précédemment par les Voués, sans qu'on sache comment s'est opérée cette transmission, dont le fait est incontestable du reste. La justice criminelle cesse donc, au XIIIe siècle, d'être exercée à Metz par le Comte Voué, Comes mettensis, Major advocatus.

Quant à l'autre office, celui de l'Advocatus, ancien Judex, il existait encore au moment où le premier disparaissait. Il lui survit même assez longtemps; mais il semble à cette époque réduit à la jouissance de certains droits utiles d'un caractère fiscal, possédés par une famille dont les membres se les transmettent à titre héréditaire. Achetés vers le milieu du XIIIe siècle et convertis en fief par l'Evêque de Metz (a), ces droits sont finalement acquis dans ces conditions par la Cité, des mains d'un dernier détenteur, en 1345 (b), moyennant consentement et confirmation de l'Evêque, seigneur du fief (c), et avec renonciation absolue de sa part, à tout droit de rachat (d). Il s'agit, on le voit, dans cette dernière acquisition, de tout autre chose que de la juridiction criminelle principal attribut de la grande Vouerie, de la Vouerie proprement dite; droit fort important, dont la ville était saisie depuis longtemps déjà, en 1345.

(a) Gesta Episcoporum Mettensium. Pertz, Mon. Germ. hist. Script. X, p. 550, 1. 32.

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On comprend par ce qui vient d'être dit, comment la ville de Metz pouvait être, vers la fin du XIIIe siècle ou au commencement du XIVe, en possession des prisons, anciennes dépendances de l'hôtel du Voué, qu'elle vend à cette époque à l'Aumônier de la Cathédrale. Une autre portion de l'ancien hôtel du Voué se trouvait, antérieurement à ce fait, nous ne savons à quel titre (a), entre les mains d'un particulier, Abert des Arvolz, et avait été vendue par lui en 1266 aux religieux de la Trinité qui s'y étaient installés.

II.

Nous avons eu précédemment déjà occasion de parler de ces faits, et de nous occuper de l'ancien hôtel du Voué, dans un travail publié en 1863 (b), où nous combattions l'opinion que cet antique logis fût la maison qui, à Metz, appartient aujourd'hui à la famille de Gargan, rue Nexirue, no 9. Cette maison, malgré son ancienneté, ne peut guère remonter plus haut que le xve siècle, et date par

(a) Il n'est pas sans intérêt de faire observer à cette occasion, que le comte de Castres avait alors certains droits mal définis sur cet hôtel du Voué, qu'on appelait la cour le Voué. Quand Abert des Arvolz vend cette maison aux religieux de la Trinité en 1266, le comte de Castres et sa femme interviennent dans la transaction par un engagement, par un crant de renoncer à toute prétention ultérieure, touchant la possession de ce vieux logis. C'est ce qu'on verra par la teneur de l'acte de vente que nous donnons plus loin. Nous donnons aussi dans une note ultérieure un texte de 1267, où il est question de « la maison que fut lo conte de Castes » en la rue lo Voueit, » particularité qui pourrait bien avoir quelque rapport avec ces mêmes droits.

(b) Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, 1863, p. 166-172.

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