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conséquent d'une époque où depuis longtemps il n'était plus question de Voués à Metz. Nous avons de plus démontré alors que cette maison n'est pas même située sur l'emplacement occupé aux xпie et XIIIe siècles par l'hôtel du Voué; que celui-ci se trouvait dans l'espace compris aujourd'hui entre la rue des Clercs et la rue Nexirue, et que si quelqu'une de ses parties donnait, comme cela est probable du reste, sur cette dernière rue, ce ne pouvait être que du côté de ses numéros pairs actuels, c'est-à-dire du côté opposé à celui où nous voyons la maison de Gargan.

Les arguments qui nous ont servi à justifier cette proposition étaient fournis par les deux faits que nous venons de mentionner, de la substitution de l'aumônerie de la Cathédrale et de la maison de la Trinité à l'ancien hôtel du Voué, et par ce qu'on sait de l'emplacement de ces nouveaux établissements la maison de la Trinité dans la partie extrême de la rue des Clercs, à l'entrée de l'Esplanade actuelle; et l'aumônerie de la Cathédrale dans la partie moyenne de cette rue, avec la chapelle Saint-Nicolas qui s'y rattachait, remplacée dans la suite par la chapelle Sainte-Reinette, qui a subsisté presque jusqu'à nos jours. Cette chapelle est représentée sur le grand plan du XVIIIe siècle qui est aux Archives de la ville; elle y figure dans l'endroit où se trouve la maison qui porte actuellement le no 13 de la rue des Clercs.

Il nous avait semblé, lors de notre premier travail en 1863, qu'il pouvait y avoir contradiction entre ces deux faits, et qu'il fallait peut-être choisir entre les deux emplacements de la Trinité et de l'aumônerie de la Cathédrale, pour celui de l'ancien

hôtel du Voué. L'une ou l'autre hypothèse aboutissant également à la conclusion que nous poursuivions alors, à savoir que cet hôtel du Voué n'était pas la maison de Gargan, nous n'avions pas poussé plus loin notre examen, et nous avions laissé sans solution la question de décider, dans l'alternative qui paraissait se présenter, lequel des deux emplacements propoposés, de la Trinité ou de l'aumônerie, était celui de l'hôtel du Voué.

Reprenant aujourd'hui le problème, il nous a paru, à y regarder de plus près, qu'il n'y avait ni alternative ni contradiction, mais accord entre les deux propositions, et que l'hôtel du Voué occupait, non pas l'un ou l'autre des deux emplacements de la Trinité et de l'aumônerie, reconnus tous deux dans la rue des Clercs, mais l'un et l'autre à la fois, aux deux points que nous venons d'indiquer. L'existence de la rue du Heaume (aujourd'hui rue Poncelet) qui sépare maintenant ces deux points, semble à première vue fournir une objection à cette conclusion. Mais l'ouverture de cette rue n'est pas trèsancienne; elle est en tout cas postérieure, comme nous le montrerons tout à l'heure, à un état de choses qui ne remonte pas même jusqu'à l'époque gallo-romaine; et l'ancien hôtel du Voué était originairement un édifice gallo-romain, dont il existe encore des restes importants entre les points extrêmes où avaient été construites, comme il vient d'être dit, sur deux portions distinctes de son emplacement, la Trinité d'une part et de l'autre l'aumônerie de la Cathédrale.

La construction de la Trinité et celle de l'aumônerie de la cathédrale sont deux faits d'une certaine importance pour l'histoire de l'hôtel du Voué à

Metz. Il peut être bon d'étudier les termes dans lesquels ils se produisent, à la fin du XIIIe siècle et au commencement peut-être du xive.

III.

L'établissement en ce lieu de la Trinité porte une date positive, 1266, époque à laquelle un particulier, comme nous l'avons dit, Abert des Arvolz vend aux religieux de cette maison, une portion de l'antique logis, la principale peut-être, puisqu'elle donnait son nom à la rue où elle était située, la rue le Voué. Nous possédons l'acte lui-même de cette vente, dont le texte nous a été conservé par Philippe de Vigneulles. Il est ainsi conçu :

« Conue chose soit à tous ke li menistres et li » freres de la maison de la Trinitez de Mez ont » acquaisteit en eu et en trefons (a) à tousiourmaix à » Abert des Arvolz la maixon et la court que fut lou » Voueit de Mez et tous lou resaige, que ciest en la > roue lou Voueit en alne (en alue) (b). Et de cest

(a). En eu et en trefons, que le manuscrit original permettrait peut-être de lire aussi en en et en trefons, est une variante de la locution en aine et en fond que nous avons expliquée ailleurs. Etude sur le régime ancien de la propriété (à Metz), §§ 16-18, dans la Nouvelle Revue historique de droit français et éiranger, 1880.

(b) On a généralement considéré jusqu'à présent ces mots en alne comme une indication de lieu, complétant la dénomination de la rue au XIIIe siècle (d'Hannoncelles, Metz ane. t. II, p. 11). Nous croyons que ces mots doivent être lus en alue, ce que permet le manuscrit original, et qu'ils se rapportent au verbe ont acquaisteit. Cette interprétation et la lecture en alue sont justifiées par le rapprochement du texte ci-dessus et de celui-ci qui est du même temps: 1267- -«Bauduyns Wichars prent > ban por les Cordelières sus la maison que fut lo conte de Castes, en la >> rue lo Voueit, qu'elles ont aquasteit as signors de la Triniteit en

> acquaist est Abers bien solf et paiés. Et cest > acquaist ont fait ly menistres et ly freres par le > crant de Monss" Renalt lou conte de Castes et par

le crant de la contesse Ysabelz sa femme, qui > cest héritaige ne peut jamaix niant demander ne > reclamer, ne aultres pour ous. Cist escript fut fait » à feste sainct Nicolas, quant ly milliaires corroit > par mil ij c et lxvi ans (a). »

Philippe de Vigneulles ajoute que les religieux de la Trinité établirent alors dans cette maison leur Communauté, et qu'ils y construisirent une église que lui-même il a vue « en la rue, dit-il, on elle » est encor à présant, que nous disons la rue des » Clerc (b). » L'église de la Trinité a été détruite au XVIe siècle, vers l'année 1563, à l'occasion de la construction de la Citadelle, qui obligea d'en faire le sacrifice. On voit d'après cela que, située rue des Clercs, cette église devait s'élever dans la partie extrême de cette rue, vers l'Esplanade actuelle qui s'étend de ce côté jusque sur l'emplacement du fossé et du glacis de l'ancienne citadelle. Le souvenir existait encore à Metz au siècle dernier, qu'en cet

alluet (en alleu). » (Rôle des bans de 1267. Archives municipales de Metz, carton 932). Ajoutons que de tous les autres textes qui ont passé sous nos yeux avec la mention de la rue le Voué, de 1233 à 1610 (voir la note où ils sont énumérés ci-après), pas un ne reproduit cette expression « en alne >> qui semble ici soudée à son nom, ni aucune autre analogue. Sur la tenure en alleu et sa mention dans les actes relatifs aux mutations, acquets, vestures, prises de ban, etc., voir notre Etude sur le régime ancien de la propriété (à Metz), § 42.

(a) Phil. de Vigneulles, Chroniques de Metz, à la Bibl. de Metz, mss. fonds hist. no 88-90, t. I, fo 233, ro. Cf. Huguenin, Les Chroniques de la ville de Metz, p. 23, col. 2.

(b) Ibid., Vigneulles, t. I, fo 234, vo, et Huguenin, p. 24, col. 1.

endroit la Trinité était très-près, mais en dehors cependant du périmètre de cet ouvrage (a).

Nous avons des renseignements très - précis, on le voit, sur ce qui concerne la transformation d'une partie importante de l'hôtel du Voué, « la maixon >> et la court que fut lou Voueit de Mez... en la roue > lou Voueit, » devenue vers la fin du XIIIe siècle la maison de la Trinité, laquelle a subsisté jusqu'au xvie, dans un emplacement parfaitement déterminé. Nous les devons à un titre authentique qui nous donne pour ce fait une date positive.

IV.

C'est à un document d'un tout autre genre, moins précis il est vrai à certains égards, mais tout aussi positif dans ses indications, que nous empruntons ce qui concerne l'autre portion de l'ancien logis, celle qui contenait les prisons; entrée à quelque temps de

(a) On sait qu'après 1552, la destruction d'un grand nombre de maisons religieuses, nécessitée par la défense aussi bien que par l'attaque de la ville, eut pour conséquence une opération qu'on appela « le relogement, »> laquelle consista en une nouvelle distribution de celles qui subsistaient encore. Les pères de la Trinité, entre autres, quittèrent leur établissement de la rue des Clercs et furent installés à la cour d'Orme, près la place Sainte-Croix, dans une rue qui a conservé leur nom. Leur maison de la rue des Clercs fut donnée alors aux religieuses de l'Ave-Maria dont le couvent, situé précédemment au Grand-Meiz (l'arsenal actuel), avait été détruit par la construction du retranchement de Guise. Installées dans l'ancienne Trinité de la rue des Clercs, ces religieuses y restèrent, est-il dit, «< jusqu'aux environs de l'an 1563, que cette maison fut démolie pour » les arrangements extérieurs de la citadelle. » Ce texte justifie parfaitement ce qui est dit ci-dessus de l'emplacement de l'ancienne Trinité, vers le bout à peu près de la rue des Clercs actuelle. Il est emprunté à une table critique dressée pour accompagner un extrait des chroniques de Vigneulles en 2 vol. in-4; mss. du siècle dernier de la Bibliothèque de M. le baron de Salis (n° 88 bis).

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