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trait de fa fituation actuelle en deux mots un peu effrayans, des pertes, & point d'acquifi tions. Nous allons confacrer quelques lignes à l'éloge des deux Actrices qu'on vient de perdre. Nul monument n'annonce à la poftérité le talent d'un Comédien; fa gloire demeure comme en dépôt dans la mémoire des hommes; mais puifqu'il ne peut être loué que par l'hiftoire ou la tradition, il y auroit de l'injuftice & de l'ingratitude à ne pas chercher à multiplier, autant qu'il eft poffible, les garans de fa célé brité. D'ailleurs c'eft à l'instant des adieux qu'on fent mieux le prix de ce qu'on va perdre, qu'on eft plus difpofé à accorder & à permettre la louange, & nous avons la jufte ambition de vouloir acquitter la reconnoiffance du Public.

de l'ancienne & bonne Comédie, une grande connoiffance du Théâtre, de la facilité, des graces, & cet art de fe parer avec autant de goût que de vérité, tout cela donne à cette Actrice des droits à nos regrets & à nos éloges; mais ce qui lui donne des droits à l'eftime perfonnelle, c'eft fon éloignement pour ce qui tient à l'ef; rit de parti & de cabale, & fa fenfibilité qu'elle a furtout manifefté il y a trois ans ou environ. Un hyver rigoureux ayant doublé les befoins & fufpendu les travaux de ces êtres infortunés qui ne fauroient vivre un feul jour fans achetez leurs alimens par l'exercice de leurs bras, la Dlle. Hus fit chercher dans tout le quartier St. Germain ces malheureux Ouvriers, & les charités qu'elle fit diftribuer allerent jufqu'à 500 ou La Dame Drouin, reçue en 1742, a tou-600 liv. par semaine. Voilà un détail dont on jours joui des applaudiffemens les plus univer-nous garantit la vérité, & que nous avons du fels & les plus mérités. On a diftingué dans plaifir à croire. tous les Rôles qu'elle a joués, l'intelligence la plus fine, la vérité du coftume, un jeu muet toujours ingénieux fans affectation, certe attention continue à la scene fi néceffaire à L'illufion théâtrale, une imitation toujours vraie du perfonnage, en un mot toutes les qualités propres aux divers emplois qui lui ont été confiés. Ceux qui ont vecu dans l'intimité de la Dame Drouin peuvent ajouter à cet éloge: ils favent que fa converfation réunit à tous les agrémens de l'efprit le charme d'une aimable gafté; enfin pour paffer aux qualités de fon cœur, ils favent qu'après avoir mérité la gloire par fes talens, & avoir acquis par les travaux le droit de fe repofer, elle n'a différé fa retraite que pour faire le fort de tout ce qui lui appartenoit: heureuse encore de l'avoir pu fans compromet-avide de nouveautés. tre fa réputation, & de s'être retirée affez tard pour avoir fait des heureux, & affez tôt pour

n'être pas avertie par le Public du moment de

L'emploi de la dame Drouin a été partagé entre la dame Préville & la dame Bellecourt.

La fomme totale des nouveautés qui ont paru fur ce Théâtre, se monte à trois Pieces nou→ velles & à neuf Pieces remifes, tant tragiques que comiques. Nous finirons cet article par fouhaiter aux Comédiens ce zèle qui peut ajoûter aux talens par le travail, cet accord des goûts & des cœurs dans l'administration intérieure, qui en facilite les fuccès; & cette honnêteté encourageante qui applanit la carriere dramatique aux Athletes littéraires que la nature deftine à la parcourir ; à ces homines estimables faits pour alimenter un Théâtre riche en chef-d'œuvres, mais qui ne peut fe foutenir par le feul fecours de fes anciennes richesses, chez un peuple auffi

COMÉDIE ITALIENNE. Ce Théâtre vient de perdre auffi des talens dignes des regrets du Public. Le fieur Julien, reçu en fa retraite. 1772, recommandable par l'intelligence de fon La Dile. Hus, reçue en 1753, a joué juf-jeu, & qui a été des premiers à introduire fur ce qu'aujourd'hui les Amoureuses, & toujours avec l'illufion la plus complette. Sa figure, dont les charmes fe font toujours fidélement confervés, n'a jamais fait difparate avec le jeune emploi, qu'elle a tenu jufqu'au dernier moment, & qu'elle eût pu garder encore. On n'oubliera de long-tems la vérité aimable & piquante qu'elle mettoit dans l'Amoureufe de l'Ecole des Femmes, celle du Florentin, dans la Fauffe Agnès, & nombre d'autres Comédies, qui ont établi fa réputation. Elle a toujours confervé la tradition

Théâtre l'art du véritable chant, l'entente de la nouvelle mufique, ou plutôt de la mufique perfectionnée; la Dlle. Beaupré, reçue en 1764, qui a toujours confervé les graces & le talent de la jeuneffe, qui a captivé le fuffrage unanime des Connoiffeurs, par la fineffe & la naïveté piquànte dont elle a fçu embellir tous fes rôles; & enfin le fieur Nainville, reçu en 1769. Le Public a été douloureusement étonné de la retraite inattendue & prématurée de cet Acteur. Nous fommes difpenfés de faire fon éloge,

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fur les Boulevards; le feur Saint-Preux, dont `on a vu un très-jufte éloge dans notre Journal, éloge que nous fommes loin de retracter, de

parce qu'il eft dans la bouche de tous les Amateurs de ce Spectacle. On fait & l'on répéte par tout qu'au mérite d'un jeu perfectionné par l'ufage fans avoir rien perdu de fon naturel, il joi-puis que nous l'avons vu dans d'autres rôles; gnoit, ce qu'on n'acquiert point, une des plus enfin ce Théâtre compte auffi parmi fes Acteurs belles voix qu'on ait jamais entendues. Nous ne à penfion, la dame Julien, qu'on a vue avec dirons point, de peur de décourager les Suc- plaifir l'année derniere fur le Théâtre François. ceffeurs, qu'il ne pourra jamais être remplacé: Voici le tableau des nouveautés qu'on a vues mais nous ne cefferons point de le donner pour fur le Théâtre Italien dans le courant de l'année. modele à ceux qui doivent courir la même car-Huit Pieces à ariettes, neuf Pieces de l'ancien riere, & de les exhorter à tâcher de compenfer Répertoire, & cinq nouvelles Comédies Franpar le fecours de l'étude & du travail ce que laçoises. nature lui avoit accordé fi liberalement. Nous ne reprocherons au fieur Nainville que fon infouciance pour la célébrité, indifférence qui vient d'arrêter fa marche au milieu de fes fuccès, & qui dérobe aux plaisirs du Public de longues années de jouiffances.

WAUX-HALL D'HIVER.
Il fera ouvert Dimanche, & continuera les
Dimanches, Fêtes & Jeudis jusqu'à nouvel ordre.
PAYEMENS de l'Hôtel-de-Ville

Si le Théâtre Italien a perdu d'anciens ta-6 lens, il vient au moins d'en acquérir de nouveaux; & nous defirons bien fincérement que fes nouvelles acquifitions puiffent bientôt le dédommager de fes pertes.

C'eft avec plaifir que le Public apprendra la réception du fieur Remond, jeune Acteur qui a débuté dernierement avec fuccès dans le Jeu de

l'Amour & du Hazard, & qui a donné des preuves d'un talent qui a beaucoup acquis & qui peut acquérir encore; de la dame Verteuil, déja connue dans la Capitale, & qui destinée à jouer les Amoureufes dans la Comédie, arrive fur ce Théâtre, précédée d'une réputation qu'elle foutiendra fans doute, & qu'elle augmentera peut-être par la préfence; de la Dile. Lefcaut, qui en prolongeant fon début, n'a fait qu'en affermir le fuccès, & qui a captivé de plus le fuffrage du Public, loin de le refroidir par l'habitude; de la Dlle. Adeline, qui a fixé l'attention du Public par des progrès fenfi bles, & qui furtout, dans l'année qui vient de s'écouler, s'eft rendue utile par un travail continu; & enfin de la Dlle. Dufayel cadette, dont le brillant début avoit été interrompu par une maladie très-longue & très-dangereuse, & qui fournira fans doute un excellent fujet à ce Théâtre, fi fa fanté ne contrarie point fon zele & les efforts.

On a reçu à l'effai la Dlle, Carline, qui dans une extrême jeuneffe, donne déja de très-grandes espérances; le fieur Volange, Acteur célèbre

de Paris, d'hier.

derniers mois 1779.
M. Defchapelles, Viageres, Perpétuel. A.

M. de Courmont, Viag., Perpét. id.
M. Alifant, Tontines, Viageres, id.
M. Nau, Tont. Viag. Perpét. idem.
M. de S. Janvier, Viageres, id.
M. Delamotte, Viageres, Perpét. idem.
M. Certain, Tont. Perpét. Viag. idem.
A&t. des Ind. de 2500l....1875. 72 -
Bourse d'hier.
Portion de 1600 liv....... 1220.
Idem de 3 12 liv. 10 f...... 245.
Idem de 100 liv..............

101.10.1.

Empr. d'Oct.des oo liv.... 381.
Billets des Fermes............
Refcriptions..........
Viagers.....

A 60 jours de date.

1 1
2
4. 2

Cours des Changes d'hier.

AMSTERDAM......

LONDRES.

HAMBOURG........

MADRID.......................
CADIX......

GENES..........................

LIVOURNE...........................

LYON pt. des Rois.

Sans cours.

ENTERRE MENS.

De M. Louis Jourdain, Servant d'Armes de l'Ordre de St. Jean de Jérufalem, Commandeur de Chevru, ancien Agent général dudit Ordre, rue des Fontaines.

De M. Pierre Joli, Avocat en Parlement, rue des

Barres.

JOURNAL DE PARIS.

er

Samedi 1 AVRIL 1780, de la Lune le 27.

Le S01211 fe leve à 5 heures 35 min. & fe couche à 6 heures 26 minut.

La Luna fe leve à 4 heur. 53 min. du mat., & fe couche à 2 heur. 39 min. du foir.
Rapport du Tems vrai au Tems moyen. Au midi du Soleil, la pendule doit marqo b. 3 m 43.
Hauteur de la Riviere. Le 30 à 4 p. 9 pouc & le 31 à 4 p. 6 p.
Reverberes. Allumés à 7 heur. o m. éteints à 3 heur. ò m.

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64 pages.

qui lui ont été confiés par des perfonnes de
leurs familles.

Cet Ouvrage aura huit Cahiers d'environ
quatre feuilles d'impreffion; il en paroît un le
quinze de chaque mois, & nous rendons compte
en ce moment des deux premiers Cahiers. Le
premier contient les exploits matitimes du neveu
du Cardinal de Richelieu, du Duc de Breze,
nommé Surintendant-général de la navigation
& du commerce de France en 1643 ; & ceux
du Duc de Beaufort, tué au
du Duc de Beaufort, tué au fiége de Candie
après des prodiges de valeur. Le fecond Cahier
renferme l'Hiftoire de la guerre de Hollande,
celle du fecours envoyé à Meffine par Louis
XIV, & le précis de la vie du Maréchal de
Vivonne, qui commanda cette glorieuse ex-

Cer Ouvrage contient un abrégé de l'Hiftoire de la Marine Françoife depuis 1643. On fent combien les circonftances préfentes doi-pédition. vent ajouter d'intérêt à cette Hiftoire. L'Auteur y a joint un précis de la vie des plus illuftres Marins François; il a mis à la tête de fon Livre cette Epigraphe, tirée de l'Eloge de Duguay-Trouin, de M. Thomas: Expofer les faits, c'eft louer le Héros; & il fe conforme toujours à cette maxime qui annonce une grande fimplicité dans la narration. Il n'a pas été moins jaloux de ne s'écarter jamais de la plus exacte vérité les précis qu'il donne de la vie de nos plus illuftres Marins font rédigés, à ce qu'il nous affure, d'après les mémoires & les titres

Un avantage qui rend précieux cet abrégé de l'Hiftoire de notre Marine, eft la collection des Portraits des plus célebres hommes de mer que la France ait produits. Il y a deux de ces Portraits dans chaque Cahier. Les quatre premiers font les Portraits du Duc de Breze, du Duc de Beaufort, du Maréchal de Vivonne & du fameux du Quefre. M. Graincourt, Auteur de l'Abrégé, l'eft auffi des Deffins, & ils font très bien exécutés par M. Hubert, Graveur dont les talens font déjà connus par plufieurs Portraits des perfonnes les plus diftinguées.

J

MÉDECINE.

Nous avons annoncé dans le N°. 31 de cette

quelques détails relatifs à la vie de ce respectable Littérateur.

année, que M. Goetz, Chirurgien Major de la forti de la plus tendre enfance, qu'il ne tarda M. le Chevalier de Jaucourt étoit à peine Citadelle de Strafbourg, paroiffoit difpofé à fe fixer à Paris. La réputation juftement méritée pas à le faire connoître par les difpofitions les dont il jouit en Alface, où il a le premier fait plus heureufes, & par le defir particulier qu'il connoître & pratiqué l'Inoculation, l'a fait ap-moire excellente déterminerent fes parens à culavoit de favoir. Un jugement fain, une mé

tiver fon éducation avec soin.

peller auprès de Madame Elizabeth. Le fuccès de l'inoculation de cette Princeffe ayant décide En Novembre 1712, il fut envoyé à Geneve la confiance de plufieurs perfonnes de la Cour en faveur de M. Goetz, il s'eft vu contraint de for- pour y faire fon cours d'Etude, dans lequel il mer un établissement au grand Montreuil, près excella. Parvenu à l'âge où l'efprit humain commence à fentir la portée de fes connoiffances, il Veifailles, & dans ce moment il en forme un fecond à Neuilly, où il inoculera dès les pre-goût dominant qu'il avoit pour l'étude, goût ne chercha plus qu'à fe livrer entierement au miers jours du printems.

que

Une obfervation qui intéreffe particuliere-qui, chez lui, s'acciût au point de devenit une paffion à laquelle rien ne put réfifter, & que ment le fexe, c'est fur environ deux mille ce célebre Littérateur conferva jufqu'au dernier inoculations, faites par M. Goetz, il n'y a qu'une moment de fa vie. feule perfonne à qui il foit refté des marques de la petite vérole, encore cela fe réduit-il à cinqniverfité de Cambridge; il y fit les progrès les En Février 1726, il paffa à Londres à l'Ufeulement, & M. Goetz n'épargne cependant pas les boutons : rarement en a-t-on par fa mé-plus rapides; il en partit en 1729 pour aller en Hollande. Là, fon amour pour les Sciences le thode moins de 50 ou 60; non qu'un beaucoup porta a à s'adonner à l'étude de la Médecine, & moindre nombre ne foit plus que fuffifant pour ce fut dans l'Univerfité de Leyde, fous le protranquillifer contre le retour de cette maladie. fefforat de l'immortel Boerhaave, qu'il fut de concert avec le célebre Tronchin, admis au Doctorat. La haute réputation que M. le Chevalier de Jaucourt avoit fi justement acquife, le fit eftimer de tout ce qu'il y avoit de grand en Hollande, & fur-tout des gens de Lettres qui s'empreffoient de lui donner des marques de la confidération dont il a toujours joui.

CÉRÉMONIE.

Demain Dimanche de Quafimodo, l'Archiconfrérie Royale du St. Sépulchre de Jérufalem fortira en proceffion des Cordeliers à huit heures du matin, au fon des tambours & de la mufique, pour se rendre au Grand Châtelet, où elle dé livrera foixante Prifonniers pour dettes, qu'elle conduira fuivant l'ufage à l'Eglife du St. Sé-pellé à Paris, il s'y fixa, & étant parvenu, En 1736, des affaires de famille l'ayant rappulchre, rue St. Denis, & les ramenera aux Cordeliers où il fera célébré une grand'Meffe. L'après-midi il y aura Vefpres, Sermon, le

Salut & Bénédiction du St. Sacrement.

VARIÉTÉ.

Aux Auteurs du Journal.
MESSIEURS,

après le facrifice prefque entier de fa fortune, Lettres, il fe livra entièrement à fon goût pour à fe procurer le repos néceffaire aux gens de l'étude, & s'immortalifa fur-tout par la grande part qu'il eut à l'Encyclopédie, ouvrage qui feul fait fon éloge. Je ne dirai rien ici de ceux que fa modeftie lui a fait cacher, quoiqu'ils annoncent en tout une fupériorité de talens & de connoiffances qui conftituent l'homme de Lettres

La reconnoiffance confidérée comme un des liens les plus facrés de la Société, doit fe mani-véritablement profond. fefter & fe reproduire dans toutes les circonf tances; celle dont je fuis redevable à la mémoire de M. le Chevalier Louis de Jaucourt, né à Paris en 1704, le 26 Septembre, Membre des Académies de Stockolm, Berlin, & de la Société Royale de Londres, &c., me fait efpérer que vous voudrez bien inférer dans votre Journal

Perfonne n'ignore que M. le Chevalier de Jaucourt favoit parfaitement parler & traduire les langues Angloise, Italienne, Allemande, &c.. Auffi le célebre Traducteur des Nuits d'Young n'a-t-il pas dédaigné de foumettre entierement fa Traduction, au jugement de ce Savant. Le 12 Mai 1779, il quitta Paris pour fe retirer à

Compiegne, où il jouit d'une bonne fanté jufqu'en Janvier 1780, qu'il fut attaqué d'une maladie cutanée qui, en annonçant la décompofition totale de fon fang, marquoit le terme où il devoit terminer fa glorieufe & pénible carriere, qu'il finit le 3 Février fuivant, à l'âge de 75 ans, 4 mois & 8 jours.

le parfait honnête-homme, le Savant éclairé, & l'excellent Littérateur, dont l'immense étendue des connoiffances ne laiffoit rien à defirer.

Il ufoit volontiers (circonftance qui ajoute encore infiniment à fa gloire, fi toutefois elle peut-être fufceptible d'accroiffement) de fes ta lens & de la médiocrité de ses revenus pour foulager ceux qu'il croyoit en avoir besoin : il alloit jufqu'à fe dépouiller lui-même, & il employoit avec fatisfaction fon crédit pour obliger ceux qui y avoient recours, même au rifque de faire des ingrats. Ce malheur, qui au refte doit être prévu par un Philofophe, lui eft souvent arrivé

M. le Chevalier de Jaucourt n'avoit jamais été malade depuis l'âge de 14 ans, quoique, par une chute grave qu'il fit en Janvier 1772, on eût tout lieu de craindre pour les jours; mais par les foins multipliés & affidus qu'il recevoit de la part de ceux qui lui avoient voué une affection peu commune, parcequ'il les aimoit véritable-fans affoiblir fon humeur bienfaifante, & fans ment, fa fanté devint inaltérable jusqu'au der

nier moment.

Il étoit d'une taille fort au-deffus de l'ordinaire, férieux & fort réfervé avec ceux qu'il ne connoiffoit pas, mais fe laiffant aller avec fes amis à une gaîté douce & tranquille, qui peignoir toute la férénité de fon ame. Ami de la vérité, il ofoit la dire en face, même au rifque de déplaire, quoique fans aucun deffein de choquer. On peut bien juger qu'avec ce caractere, il étoit incapable d'aucun fubterfuge: il étoit extrêmement égal & modéré dans toute fa conduite, & d'un défintéréffement fi parfait & fi connu, qu'il lui a mérité fans le favoir, un éloge complet de la part de M. de Voltaire. (Voy. les Queft. Encyclop. au mot Argent.) Il n'a jamais follicité aucune grace, ni fait un pas vers la fortune, refufant conftamment dans toutes les occafions ce que l'on vouloit ajouter à la fienne, quoique fort modique, auffi n'a-t-il jamais été l'apologifte de fes faveurs.

Mais fon extrême modeftie & la modération

de fes defirs lui tenoient lieu d'opulence, & il eft peut-être plus aifé d'être heureux en retranchant les defirs inutiles, qu'en travaillant à fe mettre en état de les fatisfaire.

Son efprit étoit de la plus grande netteté: le même ordre, la même clarté se trouvent dans tous les écrits, & lui ont valu plus d'une fois de fon vivant l'éloge de fes Confreres. Jamais il ne prit part dans aucune difpute; la douceur de fon caractere ne lui permettoit point; auffi fut-il toujours refpecté de tous les Ecrivains, & à l'abri des piquans farcalmes des critiques de fon fiécle.

diminuer en lui l'envie de faire plaifir; auffi le Public, ce juge fi integre & fi éclairé, n'a pas befoin d'un détail plus ample pour prononcer en fa faveur.

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Manibus date lilia plenis : Purpureos fpargam flores....& fungat inani Munere. VIRG. Æneid. lib. VI.

Tels font, Meffieurs, les fentimens dont, j'ai l'honneur de vous faire part. Ils feront a janrais, gravés dans mon cœur, par une reconnoiffance qui ne fe bornera que quand ma cendre fera confondue avec la lenne. Faffe le ciel qu'elle foit un monument éternel de la fincérité de mes regrets, & que rien ne puiffe jamais ternir la memoire d'un homme digne du refpect & de la vénération de tous ceux qui ont eu le bonheur de le connoître. J'ai l'honneur d'être, &c. THIBAUT.

CHANGEMENT DE DOMICILE. L'Hôtel de la Police, ci-devant rue Neuve St. Augustin, eft actuellement rue Neuve des Capucines. Tous les Bureaux y feront établis

très-inceffamment...

EXTRAIT du Regifire des Scollés appofès dans : la Ville & Fauxb. de Paris, après décès:

De Dile Marie-Elizabeth Brefut de la Grange, veuve de Pierre- Michel Bourlier, ancien Marchand, Bourgeois de Paris, rue Geoffroy Lafnier; Commiffaire, M. Gillet

Du fieur Thomas Stuard, Md. Mercier, rue St. Honoré, & par fuite en fon Magafin à Verfailles; Commillaire, M. le Gretz

Du fieur Bourgeois, ancien M. Rotiffeur, rue du Petit Pont; Commiffaite, Me. Formel, Du fieur Claude Credillon, Me. VinaigrierLimonadier, rue Montorgueil; Commiffaire,

En un mot, on peut dire qu'il a vécu aufli rempli de vertus que de favoir, & qu'il ne lui a manqué aucune des qualités qui caractérisent | Me. Leger.

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