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SUR LES SERVICES

RENDUS

PAR LES ALLEMANDS

A LA BIBLIOGRAPHIE.

Si les peuples qui habitent la partie occidentale

et méridionale de l'Europe, n'ont point encore suffisamment reconnu l'importance des services rendus par les Allemands aux sciences et à la littérature; si ces mêmes peuples ne leur ont point accordé jusqu'ici le juste hommage qui leur est dû, ce n'est sans doute qu'à la difficulté avec laquelle on y apprend l'allemand qu'il faut principalement en attribuer la cause. Cette langue, par sa qualité de langue-mère ou langue primitive, diffère non seulement de celles des autres peuples qui dérivent du latin, mais elle réunit en outre, sous le rapport de la construction des mots et de la manière de les placer dans le discours, tant de propriétés qui la distinguent de chaque autre langue-mère que l'on parle en EuPremière année.

A

rope, qu'il ne faut nullement s'étonner si ces difficultés seules ont suffi pour effrayer la plupart des personnes qui auroient eu le desir de se familiariser davantage avec la littérature allemande (*).

(*) On s'imagineroit peut-être que les traductions, à l'égard de la France, auroient pu servir à y faire mieux connoître les principaux ouvrages classiques de la littérature allemande; mais jusqu'à présent on s'est occupé, en général, de ce genre de travail, ou d'une manière gauche, ou sans avoir un plan raisonné pour y réussir. On ne s'est point donné la peine de faire un choix convenable, et l'on s'est borné à prendre indistinctement dans la masse de la littérature allemande tout ce qui s'est d'abord présenté sous la main; on l'a traduit, et les feuilles publiques ont prononcé sur ces productions, en jugeant d'après cela, d'un ton tranchant, la source d'où elles avoient été tirées. Si, par un heureux hasard, il est arrivé de choisir un sujet avantageux, ce sujet, pour la plupart du temps, a été traduit avec si peu de succès par celui qui l'a entrepris ; le jugement que l'on a porté de l'original, a été dicté par un esprit de partialité si rebutant, une prévention tellement nationale, qu'il n'en est résulté aucun honneur, ni pour les Allemands, ni pour les Français. Il me seroit très-facile de prouver ce que je viens d'avancer, si cette discussion n'étoit étrangère à mon sujet. Il ne faut plus s'étonner, d'après cela, si, dans de telles. conjonctures, les journaux consacrés spécialement à la littérature allemande n'ont pas eu plus de vogue en France, et n'y ont pas été plus répandus. Tout ce que l'on a pu

Une autre cause qui s'oppose à ce que les services rendus par les Allemands aux sciences et à la littérature soient encore plus généralement connus, c'est, sans contredit, parce qu'il n'existe point parmi eux de véritable esprit national: ce qui vient, comme tout le monde le sait, de l'imperfection de la constitution politique de l'État germanique, qui favorise si peu cet intérêt général pour la patrie, qui devroit animer et remplir le cœur de tous les peuples disséminés sur le sol de l'Allemagne. Des Allemands qui réunissent le génie au talent, ne trouvent donc point dans leur pays, ainsi que, par exemple, les Français et les Anglais dans le leur, cet encouragement et cet appui dont ils auroient besoin pour enhardir leur essor dans l'impossibilité d'attirer et de fixer l'attention du Gouvernement, la reconnoissance nationale, cet aiguillon si puissant chez toute autre nation, devient une considération indifférente pour eux ; et il résulte de-là qu'ils restent aussi étrangers aux autres peuples, qu'il leur est arrivé très souvent de l'être dans leur

entreprendre dans ce genre jusqu'à ce jour, n'a eu qu'une existence éphémère dans la littérature, et a paru servir plutôt à multiplier les preuves de l'ignorance de ses auteurs, en fait de littérature allemande, qu'à faire connoître les trésors nombreux qu'elle possède.

propre patrie. Obligés par conséquent d'être tout, de devenir tout par eux-mêmes, ils ont contracté l'habitude d'exécuter sans bruit et dans le silence ce qu'ils entreprennent pour le bien des sciences, et d'abandonner à la cause même qu'ils ont embrassée, le soin de se frayer tôt ou tard un chemin vers d'autres nations.

La plupart des Allemands qui ont la gloire de figurer d'une manière distinguée dans la carrière des sciences et des belles-lettres, ne sont parvenus à occuper cette place qu'après avoir eu la courageuse constance de surmonter des obstacles et des difficultés sans nombre ; et l'on peut dire d'eux, en quelque sorte, que leur vie, chez leur nation, n'a commencé qu'à l'époque de leur mort. Ces vérités se trouvent confirmées dans les Biographies les plus authentiques des hommes célèbres qui ont existé en Allemagne, à commencer depuis Kepler, qui fraya la route à Newton, jusqu'à Bürger, l'un des poëtes modernes le plus original qu'ait produit l'Allemagne.

Il faut avoir un caractère prononcé et être capable, comme l'Allemand, d'allier un zèle infatigable, une opiniâtreté des plus constantes à un rare contentement de soi-même, pour s'occuper continuellement et avec la même énergie, des moyens de surmonter les obstacles rebutans qui ne cessent de se présenter à chaque pas dans la

carrière de la littérature. C'est dans ces qualités, qui font le caractère propre et distinctif des hommes de cette nation, qu'il faut chercher principalement la raison pour laquelle les savans alle. mands possèdent à un degré de supériorité qu'aucun autre peuple ne peut leur disputer, ce que l'on désigne, à proprement parler, par le mot d'érudition. Cette preuve incontestable se trouve presque dans tous les ouvrages scientifiques qui ont obtenu un certain rang dans la littérature. C'est avec un zèle infatigable que les savans allemands se livrent à l'étude de toutes les langues anciennes et modernes, usitées dans la république des lettres, afin de se mettre par-là en état de recueillir dans leurs ouvrages, d'y classer tout ce qui est utile, et d'arracher ainsi à l'oubli des siècles ce que la littérature des nations de tous les pays enfante, ou peut avoir enfanté depuis les temps les plus reculés.

C'est donc avec raison que, sous ce rapport, les journaux critiques de littérature qui ont paru en Allemagne, sous différentes formes, depuis une longue suite d'années, et que les ouvrages sur la littérature même, auxquels ces journaux ont en partie donné naissance, doivent être considérés comme des modèles, puisqu'il n'existe rien de semblable chez aucune autre nation. Ces jour naux, en s'étendant sur toutes les branches de la

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