NATIONALE ET ÉTRANGÈRE POLITIQUE, SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE TOME SIXIÈME PARIS AU BUREAU DE LA REVUE NATIONALE 28, QUAI DE L'ÉCOLE, 28 1861 Réserve de tous droits Centin Sansen 4.6 54 86672 BENJAMIN CONSTANT' X ADRIEN DE LEZAY. Des effets de la terreur. LE CLUB DE SALM. PORTRAIT DE M. DE TALLEYRAND. Dans les Conseils et dans la presse les partis étaient en présence; la lutte devenait chaque jour plus âpre et plus vive; on sentait dans l'air cette agitation trop connue qui en France annonce une révolution. Les royalistes gagnaient du terrain; ils n'avaient pas, comme les conventionnels, à soutenir le poids d'un passé odieux. Les échafauds de la terreur jetaient dans l'ombre les fautes et les crimes de la monarchie; on ne se souvenait que d'une chose, c'est que sous la prétendue tyrannie de Louis XVI, il n'y avait ni confiscation, ni proscription, ni bourreaux; on écoutait donc avec faveur des hommes qui ne parlaient que de liberté, et qui proposaient des mesures réparatrices au nom de la justice, de la religion et de l'humanité. Ainsi se relevait peu à peu un parti qui se rattachait à de grandes traditions, tandis que la république s'affaissait, écrasée par le sanglant héritage de la Convention. Ce fut alors qu'un publiciste qui ne manquait pas d'esprit essaya de réhabiliter la terreur. En 1797, au moment où Benjamin Constant publiait ses Réactions politiques, Adrien de Lezay fit imprimer dans le Journal d'économie politique de Roederer un écrit anonyme, intitulé: Des causes de la Révolution et de ses résultats. Ce pamphlet fit sensation. C'était le premier essai d'un système souvent réfuté, et qui de nos jours a fait fortune, au grand dommage de la liberté. L'auteur justifiait, ou plutôt excusait les crimes de la Convention, au nom de l'inexorable nécessité. « Ceux qui fondèrent la république en France, disait-il, ne savaient pas ce qu'ils fondaient. C'étaient pour la plupart des hommes perdus de crimes, qui sentaient que dans une démocratie, ce sont les plus factieux que la 1. Voir les 19e et 20 livraisons. |