revient, part, & revient encor Il s'élève enfin dans les cieux : Elle m'aima, cette volage : tantôt c'eft Damon qui l'engage. Amour ce font là de tes coups! mais n'as-tu point de maux plus doux ? Par M. LEONARD. A MADAME* En lui envoyant Thérefa. & je dois vous le confacrer; comme vous favez m'inspirer ! Par M. D'ARNAUD, LA COLOMBE ET L'ENFANT. FABLE. N enfant, fon arc à la main fe promenoit dans un bocage: une colombe au blanc plumage roucouloit fes amours fur un arbre voisin. Il entend l'oiseau folitaire ; il le voit, fon arc eft tendu, la fleche part, & fur la terre l'oifeau mourant tombe étendu. Le vainqueur enchanté s'élance; de joie il trépigne, il bondit, & barbare par ignorance, de loin à fa proie il fourit. Plus près de fa victime, il alloit la surprendre quand il l'entendit foupirer: alors il vit le fang qu'il venoit de répandre, Toi, quí vas décochant les traits de la fatire, Par M. le Marquis DE PEZAT. LES SOUVENIRS. Du plaifir que l'on a pu prendre, Eglé, vous ne voulez donc pas que, pour un cœur fenfible & tendre le fouvenir puiffe avoir des apas ! De cette erreur je devine la caufe: près de vous le plaifir renaît à chaque instant; le paffé paroît peu de chofe, à qui peut jouir du présent. Moi que l'ennui fouvent accable, & qui n'ai pas, ainsi que vous, le bonheur d'oublier un moment agréable dans des momens encor plus doux j'ai dû chercher dans ce fyftême quelque remède à ma langueur ; & quand ce feroit une erreur, le fouvenir de ce qu'on aime eft au moins l'ombre du bonheur. Voyez cette jeune bergère que fon amant vient de quitter : fon premier foin eft d'écarter tout ce qui pourroit la diftraire; aux genoux de fon directeur, écoutez la fenfible Hortense, lui racontant avec candeur le trouble de fa confcience, & les feux qui brûlent fon cœur : pour obtenir quelque indulgence des fautes qu'à sa Révérence, fa bouche vient de confier, elle confent en faire pénitence, mais ne veut pas les oublier. Lorfque la vieilleffe pefante est enfin prête à nous saisir, au moment où fa main tremblante, en nous touchant, a flétri le plaifir, dans une erreur qui nous enchante, on veut encor s'entretenir : on en parle, l'ame eft contente, on jouit par le fouvenir. Le fouvenir nous récompenfe des maux qu'amour nous fait fouffrir; i embellit par fa présence fans nous porter à l'inconftance : c'est l'enfant chéri du plaisir, & le père de l'espérance. Enfin j'aime à me rapeller tout ce qui plaît à mon ame astendrie : & fi jamais, au gré de mon envie, je parvenois à vous toucher, Eglé, duffiez-vous vous fâcher, je ne l'oubliois de ma vie. Par M. C. D. L LE RÊVE D'UN MUSULMAN. ES zéphirs fe jouoient dans les treffes de Flore les gazons parfumés invitoient les amans, & le foleil doroit de fes rayons mourans le faîte du Serrail & les flots du Bofphore. Preffant des piles de carreaux, un cercle de jeunes Sultanes, dans les jardins, loin des regards profanes, refpiroit triftement le frais & le repos. Miniftres affidus de la mélancolie, leurs affreux furveillans augmentoient leurs douleurs tels des épouventails, placés dans la prairie, écartent les oifeaux du calice des fleurs. Cependant le Muphti, dans fa belle retraite débarraffé du fervice divin, fous des bofquets de myrte & de jasmin, panché fur une efclave amoureufe & difcrete, oublioit dans des flots de vin fa raifon, la mofquée & la loi du Prophéte. il méditoit, quel emploi pour fon âge! |