NOTICE. DE TOUS LES OUVRAGES DE POÉSIE QUI ONT PARU EN 1773. POEMES. LA LOUISEÏDE, ou le Héros Chrétien Poëme épique (en douze chants, par M. Lejeune Paris, Merlin, 2 volumes in-8°. de près de 300 pages chacun. Première Croifade de S. Louis, expédition malheureufe. Il est fort douteux que ce foit un excellent fujet de poëme épique. Beaucoup de fécondité & d'imagination dans le plan & la difpofition des événemens, jamais dans l'expreffion. Treize mille vers médiocres. Chriftophe Colomb, ou l'Amérique découverte 3 Poëme. Paris, Moutard, 2 vol. in-8°. avec gravures. Autre Poëme épique. Au lieu de douze chants elui-ci en a vingt-quatre. L'auteur prévient tout naturellement que l'ennui a été fon Apollon Cet Apollon-là pour fuit auffi fes lecteurs. La Pharfale, Poëme par M. le Chevalier de Laurès. Paris, Ruault, in-8°. de 238 pages. Imitation très-libre de la Pharfale de Lucain. M. le Chevalier de Laurès l'a prefque abrégée de moitié, & y a ajouté de tems en tems un peu de merveilleux. Il y a de grandes beautés dans les derniers chants. Le Temple de Gnide mis en vers, par M. Colardeau. Paris, Lejay, in-8°. de plus de 100 pages, avec des gravures. : La profe poétique de Montefquieu est vive; coupée, brillante cette manière a fes écueils. Les vers de M. Colardeau font doux & harmonieux mais en fe fervant de vers alexandrins, & en mettant par-tout des tranfitions; il y avoit un autre écueil difficile à éviter, c'étoit la monotonie. On rencontre dans cette imita tion des négligences, des vers un peu maniérés res défauts font plus que compenfes par la foule de détails charmans dont elle eft remplie. Le morceau des noces de Vulcain & le chant de la jaloufie ont réuni le plus grand nombre de fuffrages. En général, là verfification de M. Colardeau a une mélodie, une molleffe, une élégance, qui, dans ce fiécle-ci fur-tout, a été donnée d bien peu d'écrivains. Pauci quos æquus amavit Jupiter, & Les quatre parties du Jour, Poëme en vers libres imité de l'allemand de M. Zacharie, par M. l'Abbé Aleaume. Paris, le Prieur, in-8°. de 43 pages, avec des gravures. D'affez beaux détails, de la facilité, de la poéfie des inégalités, des défauts d'harmonie un ftyle qui n'eft pas encore formé. Si l'auteur eft jeune, il donne des espérances. Le Luxe, Poëme en fix chants, orné de gravu res, avec des notes hiftoriques & critiques, fuivi de poéfies diverses, ( par M. le Chevalier du Coudray.) Paris, Monory, in-8°. de 260 pages. Tout ce qu'on pourroit dire de cet ouvrage ne feroit pas auffi propre que les vers fuivans d donner une idée de la manière de l'auteur. Il s'agit d'une aventure qu'il prétend être arrivée aux Tuileries. Deux femmes, par hafard, s'y difputoient un banc : c'étoient, me diras-tu, deux femmes du haut rang? point du tout. L'une étoit une jeune Comteffe à la vérité ; l'autre imitant la Princeffe Te trouva, (qui l'eut dit! n'étant pas naturel) être la femme enfin de fon maître-d'hôtel. L'Inoculation, Poëme en quatre chants, par M. fon zèle pour une pratique falutaire. Ses notes; à la fuite de chaque chant, font inftructives & curieufes. Mais on ne réuffira jamais à faire Supporter dans des vers les termes de topique, de vélicatoire, de boutons farineux, de fil variolique, &c. &c. M. R** dit que c'eft principalement pour les femmes qu'il a écrit: il eft à crain dre que ce langage-là ne les attire pas. Côme de Médicis, Grand-Duc de Tofcane, out la Nature outragée & vengée par le crime, Poëme par M. Méro. Paris, Gueffier & Moutard, in-8°. de 112 pages. Un frère qui enfonce le poignard dans le fein de fon frère, & qui enfuite eft tué du même poignard par fon père, au lieu même où le crime a été commis: voilà le fujet de ce Poëme. Peu de nobleffe dans le ftyle, des négligences. continuelles, des enjambemens, une facilité foible & lâche: ouvrage de jeune-homme. L'Art de régner, Poëme préfenté au concours des Jeux Floraux de Toulouse en l'année 1773, par M. le Feb.. Baron de S***. Lauzane, Paris, d'Houri, in-8°. de 16 pages. Voici un des meilleurs endroits de ce Poëme. Eft-ce à nous à traîner nos frères au fupplice? Fuyons les criminels, & que Dieu les puniffe ! L'auteur fe moque beaucoup dans fa préface |