vous n'aurez pas, fans doute, la manie de me voir en cérémonie pour vous parler, a-t-on befoin d'atours? c'est bien affez qu'on vous écrive, peut-être trop qu'on mette la millive dans les vignettes des amours. Mais, après tout, qu'est-ce qu'une vignette? ne fait-on rien pour un Comte charmant? c'est bien le moins qu'un vernis d'agrément lui pare un peu l'ennui d'une Requête. Une Requête? Oui, Comte, exactement ; vous allez devenir Mecène : l'efprit doit l'être des talens. Mon protégé vaut bien la peine qu'on l'offre à vos foins bienfaj fans. Ce n'est point un de ces pédans, empaquetés d'un lourd bon fens & toujours coëffés d'argumens. Mon petit Collet eft aimable, il ne veut point être admirable, ni fe parer des talens qu'il n'a pas : il a l'efprit doux & raitable; il est moins né pour décider des cas que pour prêcher une beauté il est très-bien fur les fophas: mais il feroit très-mal en chaire. trop fière; Vous jugez bien, fur ce portrait fidèle, que cet enfant, d'un vieux bonnet quarré, ne peut avoir ni le ton, ni le zèlě. Anacréon peut-il être Curé? Il eft fi doux ! deviendroit-il févère ? Iroit-il au bon fens, à lui-même contraire, fronder les danfes fous l'ormeau, & s'indigner qu'une jeune Bergere mais fáiffez-lui la tolérance: 360 3 L'HEUREUSE CRAINTE. CLHot me craint: je la crains davantage; comment donc faire? Elle est belle, elle est sage: fans tout cela, je ne la craindrois pas. Je fuis difcret, je l'aime, je foupire, & n'ai parlé que par mon embarras : Clhoé m'entend; fes yeux femblent me dire: fans tous cela, je ne vous craindrois pas. O! ma Clhoé, finiffons ce martyre, & fans rifquer des efforts fuperflus, laiffe à l'amour le foin de nous inftruire du feul moyen de ne nous craindre plus. Par M. le Marquis DE BIEVRE. BOUTS RIMÉS, Propofés à un Vieillard par trois Dames. M ESDAMES, j'aime encor: je fuis donc encor jeune ; fans ceffe après vos cœurs 3 mon cœur court au C'est l'amour, c'est sa flamme qui brille dans fes yeux. je croyois que fon ame brûloit des mêmes feux : Lifette, à fon aurore, refpiroit le plaifir: hélas! fi jeune encore, Sa voix, pour me féduire, avoit plus de douceur ; LA QUEUE DU DIABLE, Mot de M. le Marquis de Conflans. N Cardinal, en fortant de la Cour, En s'entretenoit un jour. avec I il n'eft rien de plus ordinaire lui difoit-il, que nobleffe & misère } la pauvreté du noble eft le poifon : en doutez-vous, quand j'ai pour caudataire un Gentilhomme, & de votre maison ? Conflans repart je plains le pauvre Here : mais j'aurois pris un tout autre chemin ; la garde rouge, ou bien la garde bleue m'auroit ouvert an azile certain, & j'euffe mieux aimé périr de fain que de tirer le Diable par la queue. Par M, DE LA CONDAMINE. |