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Le Kibbour dure d'un soir à l'autre; il commence une demi-heure avant le coucher du soleil et finit le lendemain, une demi-heure après le coucher du soleil. Al-Bêrûnî croit qu'il en est ainsi pour tous les jeûnes et que, conséquemment, il ne peut pas y avoir chez les Juifs deux jours de jeûne de suite; Jakûb al-Nikrisi dit que cela n'est vrai que pour le Kibbour, que les autres jeûnes peuvent être observés chez les Juifs comme chez les Musulmans. Pendant la fête de Kibbour, Dieu parla à Mousa ; ce jeûne rachète les fautes commises par inadvertance. Ceux qui ne jeûnent pas en ce jour, commettent un péché mortel; on y fait cinq prières et on s'y prosterne.

Quant aux autres jeûnes, Al-Bêrûnî en parle d'après le tableau des jeûnes, dont la composition remonte, selon Zunz1, aux premiers siècles du gaonat et est parvenu jusqu'à nous en des versions. diverses. L'une d'elles se trouve à la fin de Megillat Taanit. Nous ne relèverons dans Al-Bêrûnî que les observations importantes, et nous indiquerons la source où il a probablement puisé ses renseignements 2. Il 'indique, comme date de la mort de Samuel, le 28 Iyyar; cette date se retrouve chez Jacob b. Ascher 3, la Megillat Taanit donne le 29 Iyyar. Il ne mentionne pas le nom de

, en citant les événements que le jeûne du 17 Tamouz rappelle; il ne signale comme motif de ce jeûne que le siège fait par Nebukadnezar, et en cela il s'écarte aussi des leçons hébraïques. A propos du 1er Ab, jour où est mort Aron, il remarque qu'en ce jour la nuée disparut. Pour le 9 Ab, le tableau des jeûnes seul dit que la ville de Bétar a été prise à cette date. Les versions hébraïques et Al-Bêrùnî connaissent un jeûne du 18 Ab; ce dernier parle également d'un jeûne du 15 Ab. D'après

1 Ritus, p. 125 et suiv.

Nous ferons encore remarquer que l'énumération du tableau des jeûnes commence au mois de Nissan, et celle de Bêrûnî au mois de Tischri. En mentionnant les différentes raisons des jeûnes, Bêrûni parle également des événements racontés par la Bible, seulement il les raconte plus ou moins fidèlement, il y ajoute souvent des détails empruntés à l'Aggada.

Tour, Orah Haïm, ch. DLXXX. Bêrûnî fait observer, à propos de certains jeûnes qu'il énumère, qu'ils sont quelquefois reportés au lundi ou au jeudi de la semaine où ils tombent; il dit que cet usage n'est pas juif. Voir aussi, à ce sujet, Zunz, Ritus, p. 124. Le jeûne appelé 7, qui était observé le lundi entre le 9 et le 14 Siwan et dont parle également Bêrûni, fait peut-être partie des jeûnes observés après la Pentecôte et mentionnés par Gabirol.

• Parlant du jeûne du 18 Ab, Bêrûnì nomme Achaz le prophète ». Il est à remarquer qu'il existe de nombreuses divergences sur la date à laquelle les Israélites auraient expié le péché d'avoir fait le veau d'or. Jacob b. Ascher dit: (a) "

נגזרה גזירה על אבותינו שימותו בחרב וברעב ובדבר מפני מעשה העגל

Le tableau des jeûnes indique deux dates différentes, le 7 et le 10. Bêrûnî est d'accord avec Jacob b. Ascher, et il applique le mot 727 au récit de II Sam., xxII, où le

Megillat Taanit et Al-Bêrûnî, les explorateurs sont morts le 7 Ellul, Jacob b. Ascher indique le 17 Ellul. Nous devons faire particulièrement remarquer qu'en énumérant les raisons qui ont motivé la célébration de Hanukka, Al-Bêrûnî mentionne certains détails qui se trouvent dans un midrasch relatif à cette fête (Jellinek, Beth hamidrasch, I, p. 133. Cf. VI, p. 2 et suiv.). Notre auteur dit que les Juifs allument, près de la porte, autant de lumières qu'il y a de membres composant la famille, et qu'ils allument chaque jour une lumière en plus. Il raconte longuement la fête de Purim 1, et il rapporte une légende relative aux richesses de Haman; il appelle Purim la fête de la Megillat ou Haman Suz; il explique cette dernière dénomination en disant que les Juifs confectionnent des mannequins qu'ils battent et brûlent comme si c'était Haman en personne. Al-Bêrûnî a certainement ici en vue un de ces jeux d'Haman que nous retrouvons en d'autres endroits, et qui furent quelquefois punis de sanglantes persécutions.

MARTIN SCHREINER.

prophète qui réprimanda David était, selon lui, Nathan. Voir Laudauer, l. c., p. 781. Cet auteur a également déjà parlé du récit du veau d'or. Le jour où la Bible a été traduite en grec était, d'après le Tour et le tableau des jeûnes, le 8 Tebet, et d'après Bêrûnì, le 5. Sur le 9 Tebet, voir Zunz, ibid., p. 126. Tour et Berûni indiquent, comme date de la mort des justes à l'époque de Josué, le 5 Schebat, et Megillat Taanit le 8. Il y a donc là un changement de en comme pour la date de la traduction grecque de la Bible.

Je crois pouvoir lire ainsi, au lieu du mot que porte le texte de Sachau.

.ומענאה אלמסאהמה et il ajoute ,צום אלבורי Il appelle le jeine d'Esther 1

ויסמי עין : Berani dit .סוכתן Le mot me parait etre limpératif du verbe persan La justesse de cette correction אלמגלה ויסמי איצא האמאן סוז לאנהם אלך

est confirmée par une indication de Vámbéry (Utazásaim és élményeim Perzsiában, p. 42) d'après laquelle il existait chez les Perses l'usage de fabriquer des images d'Omar qu'on appelait Omar Suzani. M. Goldziher a eu l'obligeance d'appeler mon attention sur ce point.

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LES JUIFS PROTÉGÉS FRANÇAIS

AUX ÉCHELLES DU LEVANT ET EN BARBARIE

SOUS LES RÈGNES DE LOUIS XIV ET LOUIS XV

D'après des documents inédits tirés des archives de la Chambre
de Commerce de Marseille1.

La Chambre de Commerce de Marseille, fondée à la fin du seizième siècle, a précédé de cent et quelques années la création de toutes celles qui se sont successivement établies en France.

Elle avait dans ses attributions, non seulement la défense du commerce local ou provençal, mais elle devait encore prendre en mains l'administration générale de celui qu'entreprenaient les nationaux émigrés aux Échelles du Levant et en Barbarie. Ceux-ci ne pouvaient se déplacer pour ces divers points qu'après y avoir été dûment autorisés en assemblée de la Chambre. Pour obtenir cette permission il était indispensable de présenter toutes garanties de santé et de produire l'acte de baptême constatant qu'on avait vingt-cinq ans et qu'on appartenait à la religion catholique, apostolique et romaine.

La Chambre était composée des Échevins et des Députés du Commerce. Elle tenait ses réunions à l'Hôtel de Ville. Comme

1 Ces archives ont été cataloguées dans l'Inventaire historique dressé par Octave Teissier, et publié, aux frais de la Chambre de commerce de Marseille, en 1878.

Sur les observations qui lui furent faites par le cardinal de Fleury, M. de Maurepas, ministre de la marine, rappelle aux députés du commerce qu'ils ne doivent délivrer aucun certificat de résidence à des protestants, soit dans les Echelles du Levant, soit en Barbarie (25 décembre 1741, Inv. hist., p. 40). Dans sa séance du 28 mai 1723, la Chambre, saisie d'une requête adressée au gouvernement de Versailles par le sieur Meichens, originaire du Languedoc et établi à Alger, fait observer, qu'en sa qualité de religionnaire, il n'aurait jamais obtenu d'elle l'autorisation nécessaire pour résider en Barbarie, conformément aux ordres du Roy.

ceux qui les y déléguaient, ces mandataires étaient imbus des préjugés ayant cours alors aussi bien contre les Juifs que contre les Protestants. Aussi voyons-nous souvent s'élever, dans les Bureaux, des plaintes et des protestations violentes contre la tolérance dont on usait à l'égard des Juifs fixés en grand nombre à Marseille, contrairement aux édits et ordonnances qui ne leur permettaient qu'un séjour de trois journées consécutives1.

On signale particulièrement « un nommé Villereal, lequel, sous prétexte d'une lettre de cachet qui lui permet de venir négocier à Marseille avec sa famille, y a pris une maison et y a attiré plusieurs familles de Juifs, qui font une synagogue dans cette maison ». Colbert se rend à ces appels réitérés, et, à la date du 2 mai 1682, il fait rendre, par le Roi, une ordonnance qui remet en vigueur les anciens édits, et « obligeant les Juifs qui habitent Marseille à en sortir incessamment. >>

Les Juifs cependant, quoique pourchassés par les Échevins et les Députés, n'ont pas cessé de résider à Marseille, soutenus qu'ils étaient, sans doute, par la confiance et les encouragements tacites d'une nombreuse clientèle, qui profitait de la concurrence établie entre eux et les autres négociants.

Mais si les Échevins et leurs collègues étaient, dans leurs assemblées, inexorables pour les Juifs fixés à Marseille, ils semblaient moins rigoureux pour ceux qui, sous la protection de la France, se livraient aux transactions internationales dans les Échelles du Levant et les États Barbaresques.

Ce n'est pas qu'ils soient très bienveillants pour eux, ils ne pouvaient, même quand il ne s'agissait plus de servir les rancunes du commerce local, s'élever au-dessus des préjugés de l'époque contre tous ceux qui n'étaient point chrétiens ou plutôt catholiques. Mais il semble qu'ils prêtent une oreille moins docile aux doléances venant d'outre-mer. Ils sentaient qu'il était utile de maintenir des relations suivies avec les contrées du Levant. Les intermédiaires ne pouvaient pas toujours être ceux que l'ordre du Roy autorisait seuls à s'y établir. Ne valait-il pas mieux, dans ce cas, profiter de la situation favorable que s'y étaient créée les Juifs placés sous la protection de la France? Qui sait si, exclus de cette protection, ils ne la retrouveraient pas auprès de puissances mieux avisées, l'Angleterre, la Hollande ou Venise?

Aussi, la Chambre, tout en demandant, contrairement à l'avis

1 Délibérations de la Chambre des 22 décembre 1670, 6 février 1671 et 22 avril 1672. Mémoire contre les Juifs qui résident à Marseille, adressé à Louis XIV et à son ministre Colbert, cité dans l'Invent. hist.

de la plupart des Consuls, qu'on restreigne les droits des protégés et qu'on les soumette à une règlementation sévère, se défendelle de vouloir pousser les Juifs à abandonner le patronage de la France, même avec la certitude que les Anglais et les Hollandais le leur refuseront à leur tour. Il faudrait, tout au plus, changer, le cas échéant, le consul trop enclin à les favoriser.

C'est que la Chambre, outre l'intérêt général du pays et du commerce, ne perdait point de vue tous les avantages qui résultaient de la protection accordée aux Juifs pour son trésor, très souvent obéré. Elle percevait des droits considérables sur les affaires qui se traitaient dans les diverses cités turques, elle encaissait les droits de consulat sur l'entrée et la sortie des marchandises, etc. Toutes ces contributions venaient soulager singulièrement un budget qui montait à plus d'un million et demi de livres. La Chambre avait à supporter les frais d'entretien du port de Marseille, et, dans diverses Chancelleries du Levant, elle avait à payer tous les fonctionnaires, consuls, employés. Elle payait souvent les indemnités résultant de dommages de mer, tempêtes, corsaires; il lui incombait également d'encourager la navigation, de décerner des récompenses; elle avait à servir, outre le traitement (mille livres) du secrétaire particulier du Ministre de la Marine, un autre beaucoup plus considérable, quoique supplémentaire, celui du premier Président du Parlement d'Aix, Intendant Général du Commerce en Levant; enfin, au renouvellement de chaque année, elle avait soin d'envoyer des cadeaux aux principaux personnages de la Cour. Toutes ces dépenses étaient à peine couvertes par les revenus, y compris les droits que payaient les Juifs protégés. Il fallait ne pas se priver de ressources aussi précieuses en même temps qu'il importait de ne pas laisser péricliter l'influence française dans les pays musulmans, au profit des nations étrangères.

Ce sont ces préoccupations qui ont pesé d'un grand poids dans les conseils de Versailles, de Marseille, d'Aix, et des chancelleries françaises du Levant et qui, déjà avant la Révolution, ont fait de la France la protectrice des négociants juifs du Levant.

Les pièces suivantes contiennent le détail d'un épisode intéressant de l'histoire des protections accordées aux Juifs en Orient1.

JONAS WEYL.

Elles sont tirées des archives de la Chambre de commerce; elles sont placées dans des cartons où elles sont classées par ordre chronologique.

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