Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Açoriens l'estimation d'une plantation est faite contradictoirement par les agens du propriétaire

[ocr errors]

et ceux du marchand. L'acheteur court des risques graves. Outre les voleurs et les rats, il doit craindre les ouragans, qui jettent tous les fruits à terre. On n'embarque jamais les oranges ramassées; on les vend au marché, où elles n'ont presque aucune valeur : aussi le prix d'une plantation s'élève-t-il à mesure qu'on approche de l'instant de la récolte. Il seroit moins hasardeux d'acheter à cet instant même les oranges au millier; mais la concurrence le permet rarement, chaque marchand s'efforçant, long-temps d'avance, de s'assurer de plusieurs jardins.

[ocr errors]

L'embarquement des fruits a lieu du mois de novembre au mois de mai. Pendant tout ce temps, des navires en grand nombre se rendent aux Açores; il n'est pas rare d'en voir sur la côte de San Miguel jusqu'à quarante à la fois qui restent à l'ancre, attendant leur cargaison et ayant beaucoup à souffrir du défaut absolu d'un bon port. Les bâtimens anglois apportent des toiles, des étoffes de coton et de laine, de la bonneterie, des chapeaux, des poteries et du charbon de terre; les Américains, de gros meubles, du poisson, de l'huile, du lard, du bœuf, du beurre, des fromages et des chandelles. Ces marchandises sont payées partie en argent et partie en fruits."

La récolte des fruits se fait avec assez d'adresse

et de promptitude pour que, chaque jour, dans une seule quinta, on remplisse plusieurs centaines de caisses, et qu'une cargaison entière puisse être complétée en trois jours. Les oranges, détachées avec soin de l'arbre, sont enveloppées chacune dans une feuille de maïs soigneusement desséchée, puis placées dans la caisse. Les caisses pleines sont sur-le-champ fermées, puis portées sur des ânes jusqu'au magasin, où on les prend pour les embarquer.

Quarante mille caisses d'oranges, environ, sont annuellement consommées dans l'île, ou détruites par les ouragans; on en exporte de 50 à 60 milles, et jusqu'à 80,000 dans quelques bonnes années. L'exportatiou des citrons n'excède pas 3,000 caisses. On peut évaluer à 30,000 tonneaux la cargaison des vaisseaux qui se chargent à San Miguel de blé ou de fruits.

On marcotte les orangers et les citronniers; on a récemment fait avec succès beaucoup de nouvelles plantations.

Dans quelques jardins on cultive l'orange amère (orange de Séville); on en envoie quelques oaisses en Angleterre et en Russie, la plus grande partie pourrit chaque année au pied des arbres.

On cultive des citrons doux, très-estimés pour leur goût et leur parfum; on en fait des présens, mais il y en a trop peu pour devenir un objet de commerce.

On greffe quelquefois, sur un citronnier ou un oranger à fruits acides, un arbre de même espèce à fruits doux; il en provient des fruits d'une forme bizarre, dont une partie est douce et l'autre acide.

Pour cultiver la vigne, on écarte, sur un sol choisi, les fragmens de lave dont il est couvert; on les amoncelle de manière à ce qu'ils en forment un trou de 5 pieds de profondeur, et de 6 ou 8 de largeur; on remplit le trou de 4 pieds de terre formée par la décomposition de la lave. C'est là qu'on plante la vigne qui, dès qu'elle s'élève, étend et accroche ses vrilles sur la surface de la lave qui l'environne. Ainsi le sol conserve toujours de l'humidité, et l'arbuste profite de la chaleur du soleil et de celle que réfléchissent les quartiers de lave.

On vendange à la fin de septembre. On fait le vin, comme à Madère, en foulant le raisin avec les pieds. San Miguel produit plusieurs milliers de pipes de vin qui suffisent à peine à la consommation intérieure.

L'île San Miguel offre de toutes parts des traces de volcans éteints; peut-être n'est-elle même en entier que le produit de volcans sous-marins. Un fait encore récent fortifie cette conjecture. En juillet et août 1810, de violens tremblemens de terre se firent sentir les secousses continuèrent, mais légèrement, jusqu'en janvier 1811. Le 28 et le 30, elles furent plus fortes. Le 31, un TOME XVII.

:

4

*

[ocr errors]

épouvantable tremblement de terre ébranla la ville de Ponta Delgada. Le 1er février, une forte odeur de soufre, des nuages de cendres portés par le vent d'ouest, et des monceaux de lave lancés en l'air jusqu'à deux mille pieds de hauteur ne laissèrent plus de doute sur l'éruption d'un volcan à deux milles de la côte. On voyoit sortir de la mer une colonne surmontée de fumée, et d'où s'élançoient des matières enflammées. L'éruption cessa au bout de huit jours, ayant produit un écueil sur lequel la mer venoit se briser...

[ocr errors]

2

[ocr errors]

Le 13 juin suivant, une vive odeur de soufre et des secousses fortes et répétées annoncèrent que l'éruption avoit recommencé; elle eut lien deux milles et demi plus loin que la première. Le vent éloignant la fumée, on put jouir de ce spectacle en se tenant sur les hauteurs de la côte, dont le sol éprouvoit une sorte de trépidation plus ou moins prononcée, suivant que l'éruption étoit plus ou moins violente, et dont un rocher se dé tacha et s'élança dans la mer. On vit alors le volcan dans toute sa grandeur lançant, du milieu des flots, des matières enflammées, mais à des intervalles assez réguliers.gi sono fa aj

Le 17, une masse immense de fumée blanche reposoit sur la surface de l'eau; tout-à-coup il en jaillit successivement des colonnes de cendre d'un noir foncé, et mêlées de pierres qui s'éle

voient perpendiculairement à près de huit cents pieds au-dessus de la mer; leur poids les faisoit retomber; et, rencontrant la fumée blanche dont elles s'imprégnoient, elles produisoient une variété de teintes plus ou moins sombres, et s'arrondissoient comme les branches pendantes d'un saule pleureur. Ces explosions étoient accompagnées d'éclairs d'une vivacité éblouissante et d'un bruit semblable à celui d'un feu d'artillerie et dé mousqueterie bien nourri. Les nuages de fumée, chassés par le vent, aspiroient de la surface de la mér une multitude de trombes qui ajoutoient à la grandeur et à la magnificence de cet étonnant spectacle. On distingua graduellement un cratère qui s'étoit formé au-dessus de la surface de la mer, quoique le volcan n'eût que quatre jours d'existence. Quelques observateurs courageux tentèrent de s'en approcher en bateau, ils ne purent y réussir; ils trouvèrent qu'au point le moins éloigné, la mer avoit 150 pieds de profondeur.

Le 4 juillet, l'éruption apaisée laissa apercevoir une petite île dont on estima la circonférence à 1,000 pieds; et l'élévation au-dessus de l'eau, à peu près à 300 pieds. L'île s'accrut graduellement, son extrémité nord-est avoit une forme conique ; à l'extrémité opposée étoit un cratère profond d'environ 500 pieds de diamètre, où là marée précipitoit ses flots, et dont, pen

« VorigeDoorgaan »