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Cerfs du palais ducal. Cette idée, approuvée par la commission des antiquités du département de la Meurthe, prônée par M. Henri Lepage, et ensuite par la société d'archéologie lorraine, a eu assez de crédit pour détourner le conseil général du département de la Meurthe d'employer cette salle comme grenier au service de la gendarmerie. Certes, nous ne faisons pas opposition au plan de M. Dumast, mais nous avons lieu de craindre que ces idées, toutes belles qu'elles soient, ne rencontrent un obstacle sérieux dans la grande dépense qu'occasionnerait son exécution; car il faudra 100,000 fr. rien que pour mettre les lieux en état de recevoir le premier dépôt, plus de 100,000 fr. pour garnir le local, et peut-être n'y parviendra-t-on jamais, tant il est vaste. En plus, il faudra construire des logements pour les gardiens et payer un personnel spécial.

Nous avons conçu un autre plan qui, à l'avantage d'être moins coûteux, joindrait celui d'améliorer et d'utiliser d'une manière remarquable les collections appartenant maintenant à la ville. Notre plan consiste à placer le Musée dans les bâtiments de l'Université. Ces bâtiments contiennent maintenant la bibliothèque de la ville, un cabinet d'histoire naturelle, un de numismatique et d'antiquités, un d'anatomie, les salles pour le professorat de l'école de médecine, une grande salle pour les expositions de l'agriculture et les solennités universitaires, enfin le logement de M. le recteur de l'académie. La ville vient d'acquérir une très-vaste maison, voisine de son Hôtel-de-Ville; elle pourra loger dans cette nouvelle acquisition M. le recteur. Les appartements qu'occupe maintenant ce fonctionnaire étant vacants, on logera le Musée lorrain au premier étage. Il pourra s'y trouver une pièce où seront vus, dans des verrières ou des montres, les trésors numismatiques de la ville. Les antiquités auront une pièce, en plus le vestibule et l'escalier de montée. Il y aura suffisamment place pour les produits naturels du sol de la Lorraine et même les produits industriels. Au rez-de-chaussée seront placés le cabinet d'histoire naturelle et celui d'anatomie. Le second étage, occupé maintenant par les cabinets de numismatique et d'histoire naturelle, le rez-de-chaussée, par les collections anatomiques, pourront former un fort beau logement pour un des conservateurs. Le second étage, dépendant du logement de M. le recteur, servira de pièces d'attente pour le cas probable de l'augmentation des collections. On mettra à la bibliothèque de la ville des ventaux grillés de deux mètres de haut qui permettent de voir les livres. Au moyen de cette précaution, toutes ces collections pourront être ouvertes au public plusieurs fois par semaine.

Nous avons dit que notre plan utiliserait d'une manière remarquable les collections appartenant à la ville. Effectivement, dans l'état des

choses actuelles, la bibliothèque n'est jamais ouverte au public; le curieux doit demander l'entrée et est toujours suivi d'un sous-bibliothécaire, ce qui est souvent gênant et toujours humiliant pour le visiteur. Quand au cabinet de numismatique et d'antiquité, au cabinet d'histoire naturelle, j'ai vécu soixante-six ans sans me douter de leur existence, et ce n'est qu'au hasard que je dois de les avoir vus. Il est certain que plus des quatre cinquièmes des personnes qui s'occupent d'histoire naturelle ou de numismatique ne les ont pas vus et ignorent leur existence. Les membres du congrès scientifique, parmi lesquels il se trouvait des naturalistes et des numismates, sont allés visiter la bibliothèque et en sont sortis sans se douter le moins du monde qu'il dépendait de l'établissement des monnaies au nombre, dit-on, de six mille, dont quelques-unes fort rares, un cabinet d'histoire naturelle peu considérable, beaucoup d'objets ayant été détruits par la vermine, cependant contenant encore des objets curieux. Il y a aussi un commencement de collection iconographique, mais bien enfermé et à l'abri des yeux du vulgaire. Les conservateurs de ces choses si utiles à l'instruction disent manquer de surveillants pour les montrer au public.

On ne peut motiver ces séquestrations sous le prétexte que des indiscrets ou des voleurs pourraient gâter ou soustraire les objets; tous ces dépôts ont des surveillants qui doivent garantir de ces accidents: s'ils manquent, il faut en créer, et sur le motif qu'il y a des fripons, ne pas priver les honnêtes gens des jouissances et de l'instruction dont ils ont besoin, ou les entraver par des moyens plus ou moins gênants d'obtenir des permissions qu'on ne doit jamais refuser. C'est le public qui achette les objets, qui paie les salaires des gardiens, des surveillants; c'est le public qui doit jouir, ou cesser de payer.

Le personnel attaché maintenant à la bibliothèque est insuffisant. Nous proposons la création d'un conservateur en chef, chargé spécialement de la bibliothèque et du cabinet de lecture; d'un premier sousconservateur, chargé du Musée lorrain, des collections numismatiques et des antiquités; d'un second sous-conservateur, chargé du cabinet d'histoire naturelle, des collections anatomiques et du jardin botanique1. Celui-ci doit être un médecin faisant partie de l'école de médecine; il pourrait être logé dans les appartements que nous avons indiqués. Au conservateur en chef serait attaché deux sous-bibliothécaires, l'un pour la surveillance du cabinet de lecture, l'autre pour le service de la

* Le jardin botanique remplace celui qui, à Pont-à-Mousson, appartenait à l'université, comme dépendant de la faculté de médecine. Notre jardin a eu pour premier directeur M. Bagard, célèbre médecin-professeur. Certes, il ne pouvait entrer dans les intentions de Stanislas, en créant cet établissement, d'ouvrir un champ de bataille aux botanistes dissidents sur les classifications des beautés de la nature, ou pour rendre compte des

bibliothèque. Il serait attaché au premier sous-conservateur un sousbibliothécaire chargé de la surveillance lorsque le Musée est ouvert au public; il doit aussi surveiller les curieux qui demandent communication de certains objets. La lecture des livres et documents relatifs au Musée aura lieu dans le cabinet de lecture de la bibliothèque. Il sera également attaché un sous-bibliothécaire au second sous-conservateur; il sera chargé de la surveillance du cabinet d'histoire naturelle et des collections anatomiques, lorsqu'elles sont ouvertes au public; il pourra cumuler les fonctions de sous-secrétaire ou commis de l'école de médecine. Enfin, il y aura deux hommes de peine chargés de nettoyer, balayer, faire les commissions relatives au service de l'établissement. Lors de l'ouverture au public, ils surveilleront les personnes entrantes et sortantes. Au moyen de ces dispositions, le public pourra être admis plusieurs fois par semaine à visiter les collections.

Ainsi peut être formé un sanctuaire scientifique, peut-être le plus riche, le plus remarquable de France hors de Paris. Une fois établi, les collections s'enrichiront continuellement et sans frais. Des personnes qui possèdent des choses curieuses qui, isolées, ont peu de valeur, s'empresseront de les donner pour compléter ou fermer un vide dans les collections; elles se croiront suffisamment payées par la mention de leur nom sur l'objet avec ex dono. MM. le comte de Riocourt et Luxer désiraient donner à la ville, le premier, sa magnifique collection d'oiseaux, le second, ses collections de papillons. M. de Raulecourt, maire de la ville, les a refusées, parce qu'on n'avait pas de local pour placer ces belles choses, parce que leur entretien serait une charge onéreuse pour la ville. D'après notre plan, pareil refus n'aura plus lieu, il y aura place. Nos collections s'enrichiront encore des envois que s'empresseront sans doute de faire tous les Lorrains des livres publiés par eux. Les peintres, les graveurs enverront de leurs ouvrages pour les transmettre à la postérité.

3° Quels sont les avantages résultant de nos offres?

Il nous semble que cette question ne présente aucune incertitude à celui qui a lu notre catalogue. Cependant, nous croyons devoir faire observer que plusieurs objets sont uniques, qu'un grand nombre sont de première rareté. Toutes les brochures sur la lutte entre le parlement et la cour de Stanislas, celles sur l'affaire de Nancy en 1790, celles qui sont

amours du cornichon avec la citrouille et nous faire connaître la monographie de leurs descendants, mais bien pour nous apprendre les vertus des plantes, nous faire distinguer les utiles des nuisibles. C'est sous ce rapport que la botanique est une science utile à l'humanité et devient une dépendance de l'art de guérir.

relatives à la lutte entre les prêtres assermentés et les non-assermentés, celles sur la garde nationale et les temps de la terreur sont de la même importance pour notre histoire que peuvent l'être pour l'histoire de France ou de Paris les Mazarinades et les brochures publiées pour ou contre les Guise, et l'on sait combien ces dernières sont chères et recherchées. Lorsque nous avons entrepris de former nos collections, il était déjà trop tard pour recueillir toutes ces pièces fugitives; heureusement, d'autres avant nous s'en étaient occupés. Nous avons été assez heureux pour acquérir ce qu'ils avaient amassé. Nous devons indirectement à MM. Protin de Vulmont et Gérard d'Hannoncelle, tous deux conseillers au parlement, les pièces relatives aux contestations de leur cour avec celle de Stanislas; à M. Fachot, décédé bibliothécaire de la ville, ce qui regarde l'affaire de Nancy; à notre ami M. Bertier de Roville, une partie des brochures des temps de la terreur; à notre autre ami Ficher, décédé curé de Flavigny, celles relatives à la lutte entre les prêtres ; à M. Oudinot, ce qui est relatif à la garde nationale. A ces collections primordiales nous avons ajouté bon nombre de pièces résultat de nos recherches incessantes, et nous avons amené ces spécialités à être les plus riches, les plus complètes que nous sachions exister, au point de donner le défi de pouvoir former de seconds recueils aussi complets que les nôtres.

Il en est à peu près de même pour quelques anciens documents historiques que nous possédons. Nous les avons recueillis de ceux qui nous ont devancé dans la carrière des recherches historiques. C'est avec bonheur et empressement que nous avons mis dans notre bibliothèque tout ce que nous avons pu nous procurer provenant du respectable Mory d'Elvange, des savants Dupont et Desgenete. Aux ventes récentes de la bibliothèque de M. Emmery, nous n'avons pu nous procurer tout ce que nous désirions, non pas précisément que la concurrence et les hauts prix y aient mis obstacle, mais bien le mauvais vouloir des agents chargés de la vente; car, pour plusieurs objets, nous avons offert des prix supérieurs à ceux qui ont été atteints par les enchères. Mais un fait que nous avons diverses fois remarqué, même chez des libraires de Paris, c'est qu'en nous voyant marchander un livre, on supposait qu'il devait être bien rare puisqu'il nous manquait, et on semblait nous tâter le pouls pour savoir de combien on pourrait nous surfaire. Nous avons été souvent obligé d'envoyer des personnes tierces acquérir pour notre compte. Ainsi M. Boulay de la Meurthe, viceprésident de la république, nous a acheté pour 50 fr. le n° 160 qu'on nous faisait 200 fr. et qu'on ne voulait pas nous céder pour 120 fr. Si, en commençant nos collections, nous avons fait d'excellents marchés, en dernier lieu nous n'avons pu en faire que de très-onéreux.

Nous avons estimé pièce par pièce tous les objets. Nos estimations sont en général inférieures aux prix indiqués dans les bulletins des bibliophiles, dans ceux de la librairie, dans les publications du libraire Charavay, aux prix obtenus dans les ventes de l'Alliance des arts, à ceux connus des manuscrits Libri ou à ceux provenant de M. le comte Emmery.

Nos estimations les plus hautes sont : no 5555, tableau de Claude Gelée, 15,000 fr. C'est le prix le plus bas auquel aient été vendus les paysages certains de ce maître. En 1854, les brocanteurs de Paris nous en offraient 10,000 fr. No 5507, 1,200 fr. A Paris, en 1834, on nous a offert, au nom d'un ministre, une somme supérieure à ce prix. Nous estimions alors cet objet 2,500 fr. No 5609, 1,000 fr., somme offerte diverses fois par les brocanteurs voyageurs. Le recueil commençant au no 4825, 600 fr., évidemment inférieur à sa valeur, à raison du dessin original de Callot. No 179, 1,200 fr. On ne relierait pas, on ne copierait pas pour cette somme les 12 vol. in-fol. qui sont le fruit de trente ans de travail. No 2074, 100 fr. Pour cette somme, l'original des lettres de noblesse de la famille Callot est un cadeau, etc., etc. La totalité de nos estimations se porte à la somme de 64,520 fr., sur laquelle somme, faisant abandon ou perte du quart au tiers, le terme moyen serait 18,818 fr., et il resterait à payer 45,702 fr. Mais nous adoptons le chiffre rond de 45,000 fr., ce qui porte la perte à 19,520 fr., sacrifice que nous faisons volontiers pour coopérer à la formation d'un Musée lorrain.

Nous prions les bibliophiles, les paléographes, les numismatistes, les iconographes d'estimer nos collections d'après le catalogue, en supposant que les objets, sans être dans une condition de luxe exceptionnelle, sont en général dans un état de conservation satisfaisant, excepté les articles indiqués comme étant mal conservés. Nous sommes intimement convaincu que leur estimation dépassera de beaucoup la nôtre. Nous ne communiquerons pas le détail de nos estimations; la raison en est que nous n'avons pas encore rencontré un curieux qui, sur des prix demandés, ait eu la bonne foi de dire: C'est trop bon marché. Quand ils croient les estimations basses, ils les approuvent; quand ils les pensent trop hautes, ils discutent. Il faudrait soutenir des débats toujours irritants et fâcheux, sans qu'il puisse jamais en résulter pour nous aucun avantage, puisqu'on ne rectifierait pas ce qui est trop bas. Les personnes qui peuvent se souvenir de quelques-uns de nos prix d'achat voudront peut-être les prendre pour base; mais nous nous tiendrions fort heureux si l'on consentait à nous rembourser en principal, intérêt, écoles, faux-frais, voyages, enfin réparer la brèche faite à notre fortune par notre amour pour les collections lorraines. Ces sortes de détails mercantiles, bons entre tire-liards, m'offensent

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