Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

De 1450

à 1550.

Votre attention, un moment suspendue, ÉPOQUE. va bientôt se porter sur trois événemens contemporains qui signalent le xv. siècle où nous sommes arrivés, et qui vont concourir à répandre le plus brillant éclat sur les productions du génie dans la dernière moitié de ce siècle et jusqu'à la fin du suivant. Ces trois événemens sont la destruction de l'Empire d'Orient par les Turcs en 1453, l'invention de l'imprimerie, et, vers la fin de ce même siècle, la découverte du nouveau monde; époque éclatante, où les règnes simultanés de Charles-Quint, de François I.cr des Médicis et de Léon X, vont, en servant de point fixe à votre mémoire, y tracer successivement la marche et les progrès des connoissances humaines dans leurs divers développemens.

[ocr errors]

Au moment où les Turcs deviennent maîtres de l'Empire d'Orient, vous voyez les Muses effrayées fuir devant leurs drapeaux victorieux. Les Grecs, chargés par elles des manuscrits anciens qui plaisent aux savans de l'Italie, vont inonder Rome, Florence, Naples, Venise, Ferrare et Milan. Si les ouvrages des Pétrarque, des Boccace, des Salutati, &c. empêchent qu'on n'attribue aux Grecs réfugiés la renaissance des lettres et les premiers progrès de la littérature moderne, au moins faut-il convenir qu'ils contribuèrent beaucoup au perfectionnement de la langue

main se réveille et s'agite dans l'ordre le plus relevé des connoissances qu'il acquiert; les sciences éclairent et guident les talens et les arts; un feu secret, comme celui qui ranime la nature, fermente de toutes parts, et, dans une foule d'estimables productions, laisse distinguer un petit nombre de chefs-d'œuvre.

Voyez cette ravissante association de sciences, de talens et de beaux-arts, de l'imagination avec l'esprit, du génie avec la grâce, dans les grands hommes de tout genre que ce beau siècle met sous vos yeux. Voyez, discourant ensemble, l'Arioste et Michel-Ange,. le Tasse et Raphaël, Ange Politien et Palladio, le Bembo et Léonard de Vinci ; et concevez, s'il est possible, l'intérêt d'un tel entretien. Faut-il vous nommer encore les plus distingués parmi ceux qui les précèdent ou qui les suivent, et qui forment le groupe le plus brillant autour de ces hommes illustres! C'est d'abord ce Laurent de Médicis qui, heureux imitateur de Pétrarque, et un siècle après lui, fut en même temps politique profond, ami de tous les hommes de lettres et protecteur de tous les artistes ; c'est ce Boiardo, déjà célèbre par ses poésies latines, mais plus connu par son Roland amoureux, qui donna peut-être à l'Arioste l'idée de peindre ses fureurs dans un poème ingénieux, plein de feu, de grâce et de génie. Vous le voyez à peu de distance de François Phi

Jelphe, poète, orateur et philosophe, et de Jean-Jovien Pontanus, premier directeur de l'ancienne académie de Naples. Viennent ensuite Jean Ruccelai, Pierre Gravina, Jérôme Vida et Fracastor; George Trissino, et Guarini, dont l'aimable talent produisit l'un des poèmes les plus gracieux dont l'Italie puisse se glorifier (il Pastor fido); Sadolet, qui, comme Bembo son ami, fut secrétaire apostolique et cardinal, l'un des membres les plus illustres des sociétés littéraires qui se formèrent sous Léon X, et qui écrivit en latin, sur l'éducation, l'un des meilleurs traités qu'on ait faits en ce genre; Marc-Antoine Flaminio, l'ami de Fracastor, et dont les poésies latines rappellent le génie d'Horace et les grâces de Tibulle; Gabriel Faerne, qui rendit tellement Phèdre à l'Italie, qu'on put le soupçonner de s'en être approprié quelques fables; enfin Sannazar, dont le génie poétique brille également dans les deux langues latine et italienne, plus recommandable encore par les qualités de son cœur que par la supériorité de ses talens (1).

(1) Sannazar vendit ce qui lui restoit de patrimoine pour subvenir aux besoins de Frédéric II, dernier roi de Naples de la maison d'Aragon lorsque ce prince malheureux, trahi par Gonzalve de Cordoue, fut obligé d'abandonner ses états. Il se retira en France, où il mourut, en 1504, entre les

Au milieu de ce cercle que réunit le génie poétique, vos yeux cherchent le nom de ces femmes illustres dont les charmes furent célébrés autant que leurs talens, et que les Grâces couronnent de myrtes, de roses et de lauriers. Reconnoissez la belle Vittoria Colonna, marquise de Pescaire, dont les vers tendres er passionnés se modelèrent sur ceux de l'Arioste et de Pétrarque; Véronique Gambara, son amie intime et son heureuse émule ; Tullie d'Arragone, qu'admirèrent tous les littérateurs d'Italie; et Laure Terracine, et la duchesse d'Amalfi, et Laure Battifera, la Sapho de son temps (1).

Les historiens s'entremêlent avec ces poètes, qui furent, pour la plupart, des littérateurs distingués. Marsile Ficin et Paul Émile précèdent Guichardin, le Tite - Live de l'Italie moderne; Philippe de Nerli, Jacques Nardi, et ce Machiavel, dont le nom seul rappelle

bras du poète, qui, de son protégé, étoit devenu son bienfaiteur.

genre,

(1) Je ne parle point de beaucoup d'autres également distingués par leurs talens dans le même tels que les trois frères Capilupi de Mantoue; Honoré Fascitelli et Basile Zanchi, dont les poésies latines méritent d'être citées avec les meilleures productions de ce siècle; Benoît Lampridio, le seul qui ait obtenu quelques succès dans les hautes régions où s'est soutenu Pindare; Guido Posthumo, bon poète et célèbre

tout ce que la politique et l'histoire ont de plus sévère et de plus profond.

Les sciences ne vous offrent pas des hommes d'un moindre mérite: Celio Calcagnini, Gregorio Giraldi ; Octavien Ferrari, célèbre professeur de philosophie à Padoue et à Milan; Latino Latini, critique d'une grande érudition; Paul Gallucci, savant astronome; Ambroise Calepin, dont le dictionnaire est une encyclopédie grammaticale; Alde Manuce, fameux imprimeur, plus savant peut-être que ceux dont il imprima les ouvrages, et chef de tous ces Aldes dont les éditions sont encore si estimées : voilà une partie des hommes célèbres dans les sciences et la littérature que le court espace d'un siècle offre à vos regards.

Si vous les tournez maintenant du côté de ceux qui ont acquis la plus haute renommée

professeur de l'académie de Bologne; Jean Mazarello, distingué par la grâce et la facilité qu'on remarque dans ses poésies latines et italiennes, et dont l'enjouement et les talens lui concilièrent la bienveillance de Léon X, de ce même pape qui trouvoit un singulier plaisir à entendre Brandolini, Maroni ou Querno, lui récitant des vers qu'ils composoient à l'instant sur des sujets qu'il leur donnoit, et qui souvent prenoit à ce divertissement plus de part encore, sans croire déroger à sa dignité. Voyez RosPontificat de Léon X.

coe,

« VorigeDoorgaan »