« Plusieurs mots, ajoute M. Sauvaire, sont, comme on le << voit, restés pour moi indéchiffrables jusqu'à présent. << Moharrem 491 correspond à Décembre 1097 - Janvier << 1098; le Khalife d'Egypte était le fathemite El Mousta'li « billah Abou'l Qasem, fils d'El Monstanser Billah. « Je n'ai pu rencontrer aucune indication sur les person<<nages qui figurent dans ces deux inscriptions. » M. le Dr Gaillardot, au sujet de la première des inscriptions coufiques de M. Del Valle, dit que le mot El Qodsi, au lieu de se rapporter à l'origine du personnage, comme l'a pensé M. Sauvaire, pourrait bien être un nom. Il désigne en effet un des attributs de Dieu et pourrait très bien former le nom d'Abd el Qodsi; et souvent ces qualificatifs forment à eux seuls un nom propre. On éviterait ainsi deux adjectifs se rapportant tous deux au pays de l'individu el Qodsi, el Ascaloni. : M. Sauvaire répond que l'emploi de Qodsi comme nom propre ne lui parait pas probable, mais d'ailleurs le nom de Qodsi ou d'Ascaloni, de Jérusalem, d'Ascalon, peut très bien être appliqué à un individu pour avoir été simplement élevé dans la ville ou y avoir habité quelque temps; de sorte que la réunion des deux adjectifs n'a rien d'extraordinaire. M. de Régny-Bey demande, si ces inscriptions paraissent à M. Sauvaire pouvoir faire partie du Corpus inscriptionum semiticarum, et s'il y a lieu de les communiquer à l'Académie des Inscriptions et Belles lettres de France. M. Sauvaire dit qu'elles lui paraissent d'une époque postérieure à celle indiquée par le projet de l'académie; néanmoins la formule de l'inscription appartenant à M. Del Valle est assez rare pour être intéressante. M. le Docteur Gaillardot donne lecture d'un mémoire intitulé L'Expédition d'Ibrahim-Pacha contre les Druses du Haouran, et celles des troupes Américaines contre les Modocs. Le but de M. le Docteur Gaillardot n'est pas de retracer l'histoire de ces deux campagnes; il a assisté à la première, et pense pouvoir en communiquer un jour à l'Institut le récit complet; mais aujourd'hui son but est de comparer la topographie des lieux qui en ont été le théâtre, et qui offrent de singuliers rapprochements; rapprochements qui se retrouvent d'ailleurs encore dans le caractère même de ténacité et de ruse des deux populations: les Druses et les Indiens. Il commence la description de cette partie du Haouran où a eu lieu cet épisode de la campagne d'Ibrahim-Pacha en Syrie. Le Haouran correspond aux trois anciennes provinces que les Romains appelaient : L'Auranitide, la Batanée et la Trachonitide; qui formaient l'angle Nord-Est de la Pérée, c'està-dire de la Palestine au-delà du Jourdain. Sa limite au Nord arrive jusqu'à quelques heures de Damas. Le Haouran se trouve naturellement divisé en trois parties : le Haouran proprement dit, plaine peu accidentée et très fertile; le Djébel Haouran ou montagne du Haouran, massif volcanique à l'Est de la plaine, assez semblable à celui de l'Auvergne, et contenant aussi des puys d'où se sont échappées des coulées de lave qui ont formé au Nord-Ouest le Ledja, troisième partie de la province et qui est le véritable sujet de cette étude. Le Ledja forme à la surface de la plaine une croûte de Lave de 200 mètres en moyenne, toute fendillée et coupée d'innombrables crevasses plus ou moins larges, qui se croisent dans tous sens et forment un inextricable labyrinthe de ravins et de précipices, avec des mamelons et des entonnoirs plus ou moins profonds, et de vastes cavernes produites par le refroidissement de la matière ignée. Les bords de cette coulée, qui a environ 12 heures de marche de longueur du Nord au Sud, et 8 heures de l'Est à l'Ouest, s'élèvent le plus souvent presque à pic au-dessus des plaines environnantes. Deux torrents, à see pendant l'été, bordent le Ledja à l'Est et à l'Ouest; celui de l'Est, Ouadi Loua, se perd dans. le lac Merdj et appartient ainsi au bassin du Barada; le torrent de l'Ouest, Ouadi Tibné, va, avec d'autres torrents des contrées voisines, former le Chériat-el-Mandour (Hieromax) et se rattache ainsi au bassin du Jourdain. Un petit nombre de sources se trouvent aussi près des bords du Ledja, mais ne fournissent que très-peu d'eau. On comprend qu'une pareille localité ait pu de tout temps servir de refuge aux persécutés et aux révoltés. Strabon nous dit que de son temps les bandes de brigands qui ravageaient les riches environs de Damas cachaient dans le Ledja le fruit de leurs rapines. Des débris de coustructions trèsanciennes portent des croix et des emblèmes qui autorisent à croire que, pendant les persécutions des premiers siècles de l'ère chrétienne, de nombreuses populations y ont trouvé un asile presque inviolable; et enfin, sous les dominations Arabe et Turque, le Ledja, comme l'indique son nom, a souvent servi de refuge soit à ceux qui voulaient échapper aux désastres des guerres et des invasions, soit à ceux qui avaient quelques démêlés avec le Gouvernement; en sorte qu'il est devenu de siècle en siècle plus difficile à prendre, à raison des travaux de défense que tant de générations y ont accumulés. M. le Dr Gaillardot décrit ces ouvrages qui se présentent partout où les ravins, les précipices, les éminences ont prêté un emplacement favorable, et sont formés de murs en pierres sèches (en arabe Matrasse) qui tantôt peuvent à peine cacher un homme, tantôt sont de vrais murs cyclopéens. En outre, des tours rondes qui couronnent toutes les hauteurs à un quart d'heure au plus de distance l'une de l'autre, et dans toutes les directions, permettent aux habitants de s'a vertir immédiatement d'un bout à l'autre du Ledja de tout ce qui se passe autour de leur refuge. Toutes ces difficultés sont encore augmentées sur un grand nombre de points par une végétation d'arbustes épineux formant des buissons et parfois même d'épais taillis. Le Ledja est habité à sa périphérie par des Druses et des Chrétiens. Les premiers occupent le Djebel Haourau et la falaise Orientale: les seconds vivent dans les villages de l'Ouest et dans le Sud avec les Musulmans de la plaine. L'intérieur est habité au printemps par plusieurs tribus Arabes, qui n'ont d'importance que par leur alliance avec les grandes tribus du désert. M. le Docteur Gaillardot compare ensuite le Ledja avec la plaine de Thingvalla en Islande, observée en 1856 par les géologues qui accompagnaient le Prince Napoléon dans son voyage, et décrite par Lord Dufferin dans ses Lettres écrites des régions polaires. Cette plaine présente une surface de 8 milles en tous sens, découpée par un réseau d'innombrables crevasses et de fissures profondes de 50 à 60 pieds. Mais la plaine de Thingvalla se trouve au fond d'une dépression située au milieu d'un massif de montagnes, et entourée, comme un vaste cirque, d'une muraille et d'un fossé; de sorte que les eaux, ne pouvant s'échapper, ont formé dans la partie la plus déclive un vaste lac au fond duquel on aperçoit encore la même nature de roches. Le Ledja au contraire, s'élevant au milieu de la plaine, ne conserve pas ses eaux qui vont former les deux torrents dont nous avons parlé. M. le Docteur Gaillardot cite ici un passage de Lord Dufferin, qui cherche à expliquer la formation de la plaine de Thingvalla. Il s'agit, en somme, comme dans le Haouran, d'une éruption de laves; mais en Islande elle se produisait au milieu des montagnes, et par suite de la température glaciale du pays, les laves paraissent s'être rapidement solidifiées sur place en comblant les vallées et les inégalités du sol; tandis qu'en Syrie la lave s'est répandue en nappe sur la plaine, et grâce à la haute température de l'air, a pu conserver plus longtemps sa fluidité et couvrir un plus grand espace de terrain, aux dépens il est vrai de son épaisseur. Les laves ont-elles jailli de la plaine ou plutôt des montagnes voisines? C'est ce qu'une étude plus approfondie pourait seule déterminer. M. Elie de Beaumont disait en 1856 à M. G. Rey, qui a publié un voyage dans le Haouran, qu'il considérait la plaine de Thingvalla comme le seul exemple à comparer au Ledja. La région où se poursuit la guerre des Modocs en forme un autre. M. le Dr Gaillardot cite la description donnée par le Dr Stevenson attaché à l'expédition scientifique dirigée par le professeur Hayden. Cette région à laquelle les Américains ont donné le nom significatif de Lava Beds (Lits de lave), est située entre le lac Tule et le lac Clear; elle a plusieurs milles de long du Nord au Sud, et est toute hérissée de roches basaltiques, soulevées en masses énormes par une action volcanique. La lave, épaisse de 20 à 30 pieds, est entrecoupée de fissures nombreuses qui communiquent avec des cavernes spacieuses où coulent des rivières qui disparaissent ensuite, et où vivent des animanx, comme des lapins, des lézards et diverses espèces de rongeurs. Un habitant de l'Orégon, compare l'aspect général à celui de la glace accumulée sur une rivière par suite d'une débacle. M. le Dr Gaillardot rappelle ensuite les principaux incidents de la campagne entreprise contre les Modocs réfugiés dans ces parages, et, sans douter du résultat final, il estime par ce qu'il a vu dans le Haouran, que l'union |