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M. le Dr Gaillardot dit qu'il y a à cet égard un point qui domine toute la question; c'est l'âge géologique auquel il faut rapporter les grès de Silsilis et de la Haute-Egypte.

Figari Bey les considère comme se rapportant au trias, ce qui rendrait en effet possible la présence du terrain houiller ; M. Lartet au contraire les rattache au terrain crétacé, et M. Russegger est également de son opinion. C'est ainsi qu'on en a fait une classe particulière qu'on a appelée grès de Nubie. Malheureusement on n'a pu jusqu'ici y rencontrer des fossiles, ce qui laisse la question très incertaine.

M. Zittel répond que M. Blanford vient de trouver en Abyssinie, dans des terrains au dessus du grès de Nubie, des fossiles jurassiques et liassiques. On serait ainsi déjà certain que ce grand dépôt formé par les grès de Nubie est antérieur au systéme jurassique. Mais faut-il le rattacher au trias ou aux terrains paléozoïques ? C'est ce qui reste en question.

Ainsi, dit M. Gaillardot, les grès de Nubie n'appartiendraient pas à la même formation que ceux de Syrie, qui sont incontestablement de la période crétacée. On pensait d'abord en trouvant le grès en Syrie, en Arabie, en Egypte, et jusqu'en Abyssinie, qu'on avait affaire à une même formation. Mais rien n'empêche qu'il y en ait plusieurs.

M. Zittel ajoute qu'un voyageur anglais a découvert récemment au Sinaï, dans un terrain calcaire englobé dans les grès, des fossiles qu'il considère comme paléozoïques, mais leur conservation était assez imparfaite pour laisser encore quelque doute.

M. Mariette Bey demande à M. Zittel s'il a déjà une opinion formée sur le Bahr-Bela-må: il rappelle qu'on a prétendu y avoir trouvé des coquilles fluviatiles. Peut on admettre que ce soit un ancien lit du Nil?

M. Zittel dit qu'il ne peut avoir une opinion personnelle, n'ayant pas encore été sur les lieux, mais il a vu ce

qui avait été écrit à cet égard et cite ce que rapporte Russegger, qu'en creusant sous le sable, on trouverait le limon nilotique; seulement Russegger n'ayant pas lui même visité le Bahr-Bela-mà, il y a lieu de se demander d'où il a tiré ce renseignement.

M. Rohlfs fait observer que du reste, chez les Arabes, toute dépression de terrain, tout ouadi est souvent désigné comme un Bahr bela mâ ( fleuve sans eau) et qu'ainsi ce nom ne préjuge rien sur la nature et l'état ancien de ces sortes de vallées.

M. Mariette fait remarquer que la question dont il a parlé se rattache au problème de la formation du Fayoum.

Cette province était en effet complétement séparée, par la nature, de la vallée actuelle du Nil, et n'a été mise en communication avec elle que par un canal creusé de main d'homme; mais elle est ouverte du côté du Bahr-bela-mâ, et il ne serait pas impossible qu'elle eût dans l'origine reçu par cette voie les eaux du Nil, si le Nil avait eu autrefois cette direction.

L'Egypte serait au contraire de formation beaucoup plus récente, et aussi M. Mariette ne pense-t-il pas qu'on puisse y rencontrer des antiquités préhistoriques ; car, relativement à elle, c'est le Bahr- bela-mâ qui représente l'âge antéhistorique, et c'est là seulement, dans la vallée primitive du Nil, qu'on pourra rencontrer des restes de cet âge.

M. Gaillardot répond que, si ce raisonnement peut s'appliquer à la vallée du Nil, il ne préjuge rien pour les montagnes des chaînes Arabique et Lybique, car elles avaient alors un autre climat; il y avait de la pluie et par conséquent de la végétation, ce qui les rendait susceptibles d'être habitées. Il pense aussi d'ailleurs que le Nil n'occupait pas son lit actuel et ne séparait pas les deux chaines de montagnes. C'est ainsi qu'on a pu trouver des débris de roches ignées de la chaine arabique transportés sur la rive gauche du Nil,

où ils n'auraient assurément pas pu être transportés en traversant les eaux du Nil, si le fleuve avait coulé entre les deux montagnes. Il signale ce phénomène à l'attention de M. Rohlfs et de ses compagnons.

M. Mariette-Bey, appuyant cette observation, cite notamment les cailloux roulés qui se trouvent à Dendérah sur la rive gauche du Nil et qui proviennent évidemment des roches éruptives de la chaine Arabique.

Il revient ensuite sur la question des antiquités. Les peuples de la Cyrénaïque cités dans les inscriptions de l'ancien empire s'appellent, dit-il, du nom de Tamarhou et Taennou, qui indique des gens venus du Nord, des étrangers, comme si cette population était, non pas autochthone, mais venue par mer de l'autre côté de la Méditerranée. Ils sont représentés avec des yeux bleus, les cheveux tressés et des tatouages sur le corps. Le peuple que M. Rohlfs a vu actuellement dans la Cyrénaïque présente-til les mêmes caractères ?

M. Rohlfs répond qu'il n'a trouvé que des Arabes, parlant tous la langue arabe, à qui dans les derniers temps sont venues s'ajouter des fractions entières de tribus Algériennes. A Angelah seulement, après la Syrte, il a trouvé une population berbère, parlant une langue analogue au touareg.

M. Mariette-Bey fait observer que la langue berbère se rapproche beaucoup du copte, et par conséquent de l'ancien égyptien.

Il demande à M. Rohlfs s'il pense visiter l'oasis de Sionah. M. Rohlfs répond qu'il ne le croit pas ; il ira, comme il l'a déjà indiqué, de Siout à l'Oasis de Farafrah, puis à Coufra, et, là, se bornera à explorer le pays à l'entour dans un aussi grand rayon que possible.

M. Mariette-Bey demande si, dans son précédent voyage, M. Rohlfs a trouvé à Augelah des restes d'antiquités. M. Rohlfs répond qu'il n'en a point vu. Pacho parle des vestiges

d'un temple; mais M. Rohlfs ne les pas retrouvés. C'est à Siouah seulement qu'il a vu les restes d'un temple et d'une acropole. Mais l'acropole est aujourd'hui tellement recouverte par les habitations modernes qu'il est très difficile de l'apercevoir. L'expédion actuelle est organisée d'ailleurs de manière à pouvoir rapporter des reproductions exactes des antiquités qu'elle pourra rencontrer, car elle est accompagnée d'un photographe habile.

M. le Dr Gaillardot recommande de rapporter s'il est possible des crânes appartenant aux diverses populations et des photographies de types humains.

M. Mariette Bey ayant rappelé les divers voyageurs qui ont tenté d'explorer les mêmes régions et notamment M. Hamilton, dont on connaît les mésaventures à Siouah, M. Rohlfs dit que, quant à lui, grâce aux recommandations données par S. A. le Khédive, il a été parfaitement reçu, et que même à son arrivée, le pays étant divisé en deux fractions ennemies, toutes deux s'accusaient réciproquement devant lui d'avoir été les auteurs de l'emprisonnement d'Hamilton.

M. le Dr Gaillardot demande à M. Schweinfurth, présent à la séance, de faire part à l'Institut d'une découverte anthropologique fort importante qu'il a faite lors de son dernier voyage au Soudan et dans l'Afrique équatoriale.

M. Schweinfurth expose qu'il a reconnu, dans une peuplade habitant vers le 3o degré de latitude Nord, au pays de Monboutou, les pygmées dont parlent Hérodote et Aristote. Leur taille ne va pas au delà d'un mètre et demi au maximum; leur couleur n'est pas celle des negres, ils sont plutôt bruns que noirs; - leur face est très prognathe; la tête est ronde, le nez enfoncé, et les narines très larges. Ils n'ont pour ainsi dire pas de lèvres, et leur bouche quand elle est fermée semble une simple fissure comme celle des singes. Il avait emmené avec lui un de

ces individus, de 15 à 16 ans, qui est mort en route, mais qu'il a fait enterrer avec soin, et dont il pense pouvoir retrouver un jour et rapporter le squelette, qui sera extrêmement curieux pour la science.

Les bras allongés, la courbure de l'épine dorsale en forme de C, le ventre gros et ballonné, l'écartement des jambes, tout contribue à donner au corps un aspect spécial.

M. Mariette-Bey rappelle que M. Schweinfurth a déjà amené en Egypte un Niam-Niam. M. Schweinfurth ajoute qu'on rencontre aujourd'hui très communément des NiamNiams dans tout le Soudan et même à Khartoum.

S. E. Mariette-Bey termine la séance en remerciant M. Rohlfs et ses savants compagnons d'avoir bien voulu assister à cette réunion, et il espère qu'au retour de leur expédition, ils communiqueront à l'Institut Egyptien quelques uns des résultats de leur voyage.

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