Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1873

Présidence de S. E. Colucci-Bey, Président.

Le procés-verbal de la séance du 5 décembre est lu et approuvé.

M. le Dr Bimsenstein annonce que M. Schwinfurth est à Alexandrie et pourra probablement assister à une prochaine séance de l'Institut.

M. Pereyra demande quelle langue parlent les nouveaux pygmées découverts par ce voyageur. M. le Dr Bimsenstein dit que, d'après les renseignements qu'il avait entendu donner par M. Schweinfurth, ce serait une langue encore inconnue, ne se rattachant à aucun autre idiôme et composée d'ailleurs de très peu de mots. L'individu que M. Schweinfurth avait emmené avec lui, montrait une intelligence très bornée et n'avait presque rien pu apprendre des langues que l'on parlait autour de lui.

M. Schweinfurth d'ailleurs n'a vu que quelques individus de cette espèce, non chez eux, mais chez les Niam-Niams; ce qu'il dit de leur conformation semble exiger une nouvelle étude plus approfondie, car il est difficile de concilier ses indications sur la courbure de l'épine dorsale avec l'agilité qu'il leur prête; mais la question est des plus intéressantes au point de vue anthropologique, car on semblerait avoir là une race intermédiaire entre le singe et l'homme.

M. Gatteschi pense qu'il pourrait très bien s'agir simplement d'une espèce de crétinisme et non d'une race distincte.

M. le professeur Panceri est invité à communiquer à l'Institut les principaux résultats de ses travaux sur l'Egypte.

Le Professeur, après avoir remercié l'Institut de son admission au titre de membre correspondant et promis de concourir autant qu'il le pourrait à ses études, dit que les communications qu'on lui demande en ce moment, ne peuvent porter que sur quelques travaux faits par lui dans son précédent voyage et dont il va donner un aperçu général.

La première de ces études se rapporte à des cryptogames trouvés par lui dans un œuf d'autruche.

Il rappelle à cet égard qu'au milieu de la grande lutte entre les hétérogénistes et les panspermistes, on avait voulu tirer argument en faveur de la théorie de la génération spontanée, de certaines végétations cryptogamiques qui se rencontrent quelquefois dans les œufs.

M. Panceri avait étudié au microscope ces végétations et décrit toute cette faune si singulière; mais il restait la question de savoir comment elle se produisait : si c'était spontanément, ou par l'introduction de germes étrangers. Au premier abord on pourrait croire que la coquille qui enferme hermétiquement l'œuf ne permet l'introduction d'aucun germe; mais M. Panceri a pu se convaincre que la coquille est perméable aux liquides et que des germes peuvent ainsi pénétrer.

C'est de cette façon, qu'après avoir produit â l'air libre sur de l'albumine cette même moisissure qui avait d'abord été observée dans l'intérieur de l'œuf, il a pu en introduire les germes dans les œufs entiers.

Il faut observer seulement que les cryptogames nés à l'air libre différent assez sensiblement de ceux qui se reproduisent dans l'œuf entier et à l'abri de sa coquille. La fructification

mème se trouve modifiée; et l'on a ainsi un véritable exemple de générations alternantes.

M. Panceri avait déjà présenté au Congrès de Botanique de Lugano en 1859 ses études sur ce sujet; mais l'an passé, il a eu l'occasion de les renouveler en Egypte.

Il lui a en effet été donné au Caire un oeuf d'autruche encore frais où la poche à air n'était même pas formée, et où il a bientôt aperçu, à travers la transparence de la coquille des taches foncées. Il a brisé l'œuf pour étudier ces taches, et s'est trouvé en présence d'une végétation cryptogamique, dont il a soigneusement pris les dessins, et qui a été reconnue pour appartenir à ces mêmes cryptogames déjà trouvés dans l'intérieur des autres œufs.

Un second travail, sur un sujet d'anatomie, se rapporte à l'étude des glandes du chameau.

On sait en effet déjà que les glandes salivaires sont en général très fortes et très actives chez les ruminants, pour aider à leur mode particulier de digestion ; c'est ce qui arrive chez le chameau; mais M. Panceri a pu constater en outre que les glandes des molaires, qui sont ordinairement dissimulées derrière le bulbe qui contient la dent et se confondent presque avec lui, se groupent chez le chameau en un même point, pour y former une masse assez considérable, et offrent notamment une glande centrale, presque aussi grosse qu'un ceuf de poule d'Egypte, et qui communique avec un conduit excréteur, de manière que ce système agit à la façon du pancréas, et doit avoir pour but d'émulsionner les aliments. Il devra du reste reprendre cette étude pour déterminer la nature et l'action du suc produit par ces glandes.

Un troisième mémoire concerne l'albinisme de certains poissons du Nil, communément appelés Harmout par les Arabes. (Clarias Anguillaris.)

Il a trouvé en effet au marché du Caire deux de ces pois

sons tout à fait blancs, ce qui est un cas bien caractérisé d'albinisme.

Or, comme on le sait, ce phénoméne, qui est assez fréquent chez l'homme et chez les mammifères, et qui se rencontre encore quelquefois chez les oiseaux, est très rare dans les classes inférieures d'animaux, et ne se rencontre presque jamais chez les poissons.

Il a donc porté son attention sur ce point, et après avoir examiné les différents cas déjà connus, il a conclu que les deux poissons dont il s'agit avaient dù vivre dans des eaux souterraines, dans des puits par exemple, ou même dans de véritables nappes d'eau intérieures, ce qui n'aurait rien d'étonnant si l'on se rappelle que Figari-Bey a plus d'une fois, en creusant des puits, rencontré de ces nappes d'eau, qui en affleurant au sol amenaient avec elles diverses espèces de poissons.

Un autre fait anatomique important a été signalé par M. Panceri dans une lettre à M. Mantegazza, lettre qui a été insérée dans le journal Anthropologique.

Il s'agit de la permanence de la suture de l'os frontal que l'on dit en général être très fréquente chez les Arabes en Egypte, sans que le fait ait pu être encore scientifiquement étudié.

Après avoir cherché longtemps en vain à rencontrer des crânes en quantité suffisante pour examiner la question, il a été assez heureux, dans une course du côté de la forêt pétrifiée du Caire, pour trouver un ancien cimetière arabe complétement bouleversé et où se voyaient plusieurs centaines de crânes, tous appartenant bien à la race arabe.

Il les a examinés, et a pu voir que la suture frontale existe sur un dixième environ de ces crânes, dont il a emporté plusieurs caisses, déposées aujourd'hui à l'Université de Naples.

Le même phénomène d'ailleurs ne se retrouve pas dans les

« VorigeDoorgaan »