La composition chimique du venin des serpents, dit-il encore, est quelque chose de fort singulier. C'est une simple modification de l'albumine, présentant les mêmes phénomènes, et n'ayant pas même, comme le venin de certains arachnides, un principe cristallisable. C'est une espèce de gomme qui se coagule avec la chaleur, qui est soluble dans. l'eau, et qu'on prendrait facilement, si l'on n'était averti, pour de l'albumine. M. Neroutsos Bey dit qu'il avait toujours considéré comme des fables les prétendus empoisonnement causés par des fruits ou des her bages envenimés par un serpent, mais il voit, d'après ce qu'a dit M. Panceri, que le fait pourrait arriver. M. Panceri répond que sans doute le poison peut être absorbé per la membrane digestive comme il l'a déjà dit; mais on ne doit pas oublier qu'il faudrait qu'il y eût vraiment du venin absorbé; que d'autre part la membrane digestive ne se prête pas à cette absorption quand elle est en fonction, et qu'ainsi il est difficile d'admettre que l'empoisonnement se produise en prenant des aliments. Cette influence des circonstances particulières ressort encore d'une expérience de M. Claude Bernard faite sur la grenouille, dont la peau se refuse à l'absorption quand elle est mouillée, et s'y prête au contraire très bien quand elle est sèche. M. Moustapha Magdali dit qu'il a cherché à analyser chimiquement le poison du scorpion, et qu'il y a trouvé les caractères des substances neutres. M. Panceri ajoute que le poison du scorpion est en trèspetite quantité, qu'il le projette immédiatement dès qu'on veut le saisir, et que par suite il est très difficile d'en recueillir. M. Panceri, revenant sur le venin de la Naïa, dit que M. Fayrer, dans son ouvrage sur les serpents de l'Inde, rapporte que le venin de la Naïa Indienne conserve son efficacité même après avoir traversé le sang d'un animal et qu'ainsi il avait pu tuer jusqu'à trois poulets avec la même dose de poison passant successivement de l'un dans l'autre. La même expérience n'a pas réussi avec la Naïa Egyptienne. M. Sauvaire rappelle la tradition du scorpion entouré de charbons incandescents, se piquant lui-même de sa queue et mourant empoisonné. M. le professeur Panceri et M. le Dr Bimsenstein répondent que c'est là une illusion; que le scorpion ne se pique pas du tout et meurt tout simplement par la chaleur du feu qui l'entoure. M. Pereyra rappelle à M. Panceri la découverte qui lui a été attribuée par certains journaux au sujet des expériences de catalepsie qu'on peut faire sur les serpents Egyptiens. M. Panceri répond qu'il s'agit simplement d'une méprise de journaliste. Il n'y a là aucune découverte. On a pensé depuis longtemps que le serpent dont il s'agit dans les narrations de la Bible relatives à Moïse est la naïa. On sait en effet que la naïa, quand on la presse d'une certaine manière par le cou, se raidit et reste immobile comme un bâton, dans la position même où elle se trouvait. Cela provient de ce que, les vertêbres du cou étant très faibles et presque cartilagineuses, on arrive en pressant à serrer la moëlle allongée, ce qui produit la catalepsie. L'animal reste ainsi pendant environ dix minutes. C'est ce que M. Panceri avait rappelé dans un de ses mémoires et que le journaliste a pris pour une découverte. Mais on peut voir tous les jours au Caire les montreurs de serpents user avec plus ou moins d'habileté de ce procédé, qui s'explique, comme on le voit, par des moyens fort naturels et n'a rien de nouveau. OUVRAGES OFFERTS A L'INSTITUT EGYPTIEN : Fouilles et découvertes archéologiques en Egypte, (texte grec) par le Dr Neroutsos-Bey. - Athènes 1873.1 volume petit in-8°. 125 pages, don de l'auteur. Journal de la société statistique de Paris. Paris quatorzième année, no 7. Juillet 1873. Bollettino Consolare pubblicato per cura del Ministero per gli affari esteri di S. M. il Re d'Italia. Roma.- Vol. IX. fascicolo VII. Luglio id id VIII. Agosto id IX. Settembre 1873. R. Comitato Geologico d'Italia, Bollettino No 9 et 10, Settembre ed Ottobre 1873, Brochure in-8°. Bulletin de la Société de Géographe de Paris, Août, Septembre et Octobre 1873. Revue archéologique, Paris, 14 année, X. Novembre 1873. Annales du Commerce extérieur. Paris 1873. Livraisons de Septembre, Octobre et Novembre. Le Globe (Journal Géographique). Tome XII. Livraisons 1 à 3, 1873. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1873 Présidence de S. E. Colucci-Bey, Président. Le procès-verbal de la Séance précédente est lu et approuvé. Les catalogues de numismatique de la collection de M. Giovanni de Demetrio dressés par M. Feuardent sont présentés par M. de Régny-Bey à l'Institut, qui remercie M. de Demetrio de cet envoi. La correspondance comprend une lettre de l'Athénée des sciences, des lettres et des arts de la ville de Bassano, en date du 9 Décembre courant, et par laquelle l'Athénée remercie l'Institut de sa participation aux recherches qui ont été faites pour retrouver le corps du savant Brocchi. L'Institut prend connaissance de la notice de M. Delchevalerie sur l'Embrevade, notice qui contient une étude complète de cette légumineuse au point de vue scientifique et pratique, et rend compte de son acclimatation en Egypte, ainsi que des services qu'elle peut rendre. Sur la proposition de M. le Président, M. le Dr Schweinfurth est nommé à l'unanimité membre correspondant. M. de Régny-Bey prie M. le Dr Gaillardot de donner à l'Institut quelques renseignements sur le dépôt de statues et de statuettes dont il est question dans sa lettre à M. Renan, communiquée à l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres de Paris, dans sa Séance du 28 Novembre. M. le Dr Gaillardot dit que la ville d'Amrith, l'ancienne Marathus, formait autrefois le port commercial et la ville de plaisance des habitants d'Aradus. Marathus a été détruite 150 ans environ avant J.-C., et comme aucune ville nouvelle ne s'est élevée sur son emplacement ou dans le voisinage, ses ruines ont pu se conserver assez intactes pour fournir de riches matériaux aux recherches et aux explorations archéologiques. On y retrouve encore un certain nombre de monuments debout; et M. Renan dans sa mission en Phénicie a pu y étudier dix ou onze édifices publics, des tombeaux, et un grand cirque. Aux environs de ce cirque, on avait remarqué un grand espace carré taillé dans le roc, et qui avait dù contenir un monument dont la destination parait peu douteuse. On voit encore les arrachements des piliers qui formaient tout autour une espèce de galerie; au milieu est un rocher surmonté d'une sorte de Cella où probablement on exposait des statues de divinités, et à l'angle Nord-Ouest du monument, une construction dont on ne voit plus que les débris, formés de pierres assez grosses, mais aujourd'hui complètement en désordre. Dernièrement, des paysans de la localité ont apporté à Beyrouth, à M. Peretié, plus de soixante têtes de statues de diverses grandeurs, trouvées par eux dans ce monument; et c'est de cette découverte que M. le Dr Gaillardot avait entretenu M. Renan dans la lettre soumise à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Cette trouvaille rappelle, comme le fait observer M. Renan, les dépôts considérables de statuettes découverts par M. de Vogüé dans l'île de Chypre, où on trouve quantité de têtes, les unes en pierre tendre, les autres en terre cuite. Dans certains endroits, continue M. le Dr Gaillardot, on a |