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munication étant rétablie, rien ne peut faire supposer qu'ils ne conserveront pas leur eau comme par le passé.

De même, les dépôts de sel qu'on y a observés ne datent nullement de l'époque où ils étaient remplis par l'eau de mer et ne sont pas le produit d'un dessèchement graduel.

Ils ont été formés après le dessèchement complet des lacs et par l'évaporation de l'eau salée que les grandes marées y jetaient encore périodiquement.

Tous les 15 ou 20 ans, en effet, la mer Rouge a des marées assez fortes pour faire pénétrer ses eaux presque dans l'ancien lit des lacs amers; M. de Lesseps et M. Ruyssenaers ont été témoins de ce spectacle. Or, on sait que l'eau de mer, quand elle est en petite quantité et peut s'évaporer entièrement, laisse des dépôts de sel considérables.

C'est ce qui arrivait dans les lacs amers comme le démontrent d'ailleurs les couches alternées de sel et de sable qu'on a pu observer et qui seraient inexplicables si le sel s'était lentement déposé au fond des lacs pendant qu'ils étaient pleins.

Les couches ainsi formées et dont la production a encore été facilitée par des infiltrations d'eau douce qui, comme on le sait, favorisent toujours la création des salines, sont fort irrégulières, comme le phénomène des marées qui les a produites. Elles laissent souvent des vides entre elles et c'était un sol très dangereux à parcourir. Des gens s'y sont enfoncés et y ont péri.

M. le Dr Gaillardot confirme ce qui vient d'être dit en ajoutant qu'en effet les autres lacs salés connus en Egypte, comme le lac Mariout ou le lac Menzaleh, ne forment pas de dépôts de sel comme ceux observés aux lacs amers. On est donc naturellement amené à chercher une autre cause. Aujourd'hui, d'ailleurs, continue M. de Lesseps, que les lacs soient remplis d'eau de mer, on ne voit nulle

ment augmenter leur salure. Les poissons y vivent parfaitement, et il y a pèché des poissons de la Méditerranée.

Au lieu même de voir s'augmenter le dépôt de sel, celui qui existait précédemment se fond peu à peu, quoique trèslentement, et les pointes qui existaient ont disparu.

Il n'y a donc sous ce rapport aucune crainte à avoir. Le climat même semble changer d'une manière favorable à cet égard, et M. de Lesseps a assisté récemment à Ismaïliah à un orage de vingt-quatre heures accompagné d'une pluie torrentielle, de tonnerres et d'éclairs fort inattendus à coup sûr dans une pareille saison et dans ces parages.

M. Sauvaire demande à M. Mariette de donner à l'Institut quelques renseignements sur les deux statues récemment trouvées au Fayoum.

M. Mariette répond que ce sont de fort beaux monuments, mais qu'il n'a pas de détails particuliers à donner. Elles remontent à la fin de la IIIe dynastie.

M. le Dr Abbate dit qu'il a été extrêmement frappé par la beauté du travail : il a été étonné des yeux en émail que portent les deux statues et qui semblent modernes.

M. Mariette dit que ces statues devraient être sérieusement examinées au point de vue ethnologique. Les types et la forme de la tête notamment ne semblent pas appartenir à la race égyptienne. Immédiatement après l'époque à laquelle se rapportent ces deux monuments, dès la IV dynastie, on trouve d'ailleurs un autre art et d'autres types. Il y a donc là un problème fort curieux à éclaircir.

M. le Dr Gaillardot compare ce type à certains crânes de forme écrasée trouvés dans d'anciens tombeaux.

M. Mariette répond que les crânes dont parle M. le Dr Gaillardot et qu'on a, en effet, trouvés dans des tombeaux de l'Ancien-Empire, appartenaient à des esclaves d'une race étrangère; mais ici, il s'agit évidemment d'un prince

et d'une princesse, ce qui crée une question du plus grand intérêt.

L'Institut, à la suite d'observations qui rappellent la résolution précédemment prise par lui de tenir l'hiver une partie de ses séances au Caire, exprime le vœu que Son Altesse le Khédive lui assigne dans la capitale un local à cet effet.

M. de Lesseps est chargé par ses collègues de présenter ce vœu à Son Altesse.

SÉANCE DU 12 OCTOBRE 1872

Présidence de S. E. Colucci-Bey, Président.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et approuvé.

Après diverses questions d'ordre intérieur, l'Institut prend communication de la correspondance.

S. E. Colucci-Bey communique une lettre de M. de Lesseps annonçant que S. A. le Khédive a favorablement accueilli le vœu émis par l'Institut dans la précédente séance.

Il paraitrait cependant, ajoute S. E. Colucci-Bey, qu'il se présente quelques difficultés pour le choix d'un local.

Une lettre de M. de Martino, Consul Général d'Italie, invite l'Institut à s'associer aux recherches qui sont faites pour retrouver le corps du savant Brocchi.

L'Institut sait, dit S. E. Colucci-Bey, qu'en ce moment de renaissance nationale pour l'Italie, chaque ville s'efforce de remettre en lumière ses grands hommes, de retrouver leurs restes et de leur rendre les honneurs qu'ils méritent. C'est ce qui se passe en ce moment pour la mémoire de Brocchi.

On sait que ce dernier était un des géologues les plus distingués de son époque, et qu'après des travaux qui l'avaient déjà rendu célèbre, il avait tenté de pénétrer au centre de l'Afrique et était mort ainsi en 1827 dans le Soudan.

Il avait pendant ce voyage fait des recherches du plus grand intérêt pour les sciences naturelles, et formé d'importantes collections, qui après sa mort furent envoyées au Consulat d'Autriche, sa ville natale, à cette époque, faisant parties des états autrichiens. Ces collections, dont on n'avait pas d'abord compris l'importance, restèrent longtemps oubliées et grand nombre d'objets furent perdus ou détériorés; une petite partie seulement fut sauvée par M. Acerbi et se trouve maintenant à Milan.

M. le Consul Général d'Italie demande aujourd'hui des indications qui puissent faire retrouver l'endroit où a été enseveli Brocchi.

M. le Président a déjà fait des démarches dans ce but. Les restes de Brocchi paraissent avoir été transportés dans le cimetière catholique de Karthoum. Le Président a demandé pour les religieux de cette ville une lettre du Consulat Général d'Autriche-Hongrie, duquel ils dépendent, afin d'avoir à cet égard des renseignements précis.

Mais l'Institut devra s'occuper d'une manière toute spéciale d'un homme de ce mérite, dont les derniers travaux ont été consacrés à l'Égypte, et qui y est mort au milieu même de ses recherches. Il se réserve dans une autre séance d'entretenir de nouveau l'Institut de cet objet.

Avant de passer à la lecture des mémoires portés à l'ordre du jour, M. le Président communique à l'Institut un projet formé par M. Paolo Colucci-Bey, et relatif au grand ouvrage de M. Amari sur la domination des Arabes en Sicile.

On connait l'importance de cette œuvre où M. Amari a réuni les grandes qualités de l'historien à la science de l'orientaliste. C'est aux sources mêmes, dans les ouvrages et les manuscrits arabes, que M. Amari a cherché les éléments de son histoire. Courageusement commencées dans l'exil, à Paris, ses études lui assuraient bientôt la sympathie universelle, et l'Empereur de Russie lui-même n'hésita

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