Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

leurs de pierres ou maçons, dans ce moment occupés à des démolitions sur la place du Carrousel, pour leur porter de sa part l'ordre de venir à l'hôtel au nombre de soixante. Ces ouvriers, d'abord surpris de cette invitation dont ils ne peuvent deviner le motif, prennent leurs habits, se lavent la figure et les mains, et se préparent à paraître dans l'état le plus propre qu'il leur est possible devant S. A. S. Le valet les introduit dans la salle à manger. Le prince leur avait fait préparer des chaises, et avait même fait placer des assiettes sur la table; il ordonne de se placer. Quelquesuns d'entre eux, gens bien élevés et connaissant le monde, se font des civilités, et tous croient que monseigneur, ayant sans doute reçu de bonnes nouvelles des armées, veut, par un beau mouvement de popularité, qu'ils boivent les premiers à la santé de l'empereur. Ils étaient en fort bonnes dispositions, lorsque l'archichancelier, au lieu de les faire servir, leur commande les évolutions suivantes: Faites semblant de boire, Faites comme si vous découpiez quelque chose sur votre assiette, etc., etc. Les pauvres diables exécutèrent ainsi tous les exercices de bouche avec la plus grande précision, et S. A., après avoir acquis la certitude que sa table était assez vaste pour y réunir soixante convives, les renvoya à jeun comme ils étaient venus, et sans même les récompenser par la plus légère gratification de la peine qu'ils avaient prise.

La cuisse d'un cheval de bronze,

artistement sculpté, ayant été trouvée dans la Saône, à l'extrémité de la ville de Lyon, on douta d'autant moins de découvrir une belle statue de quelque Empereur Romain, que plusieurs fragmens précieux, qu'on avait tirés de ce même lieu semblaient en annoncer l'existence. L'érudition des antiquaires s'exerça sur un objet aussi intéressant. On prétendit prouver dans de savantes dissertations, lues à l'académie des sciences, que ce ne pouvait être que les débris d'une statue équestre de Jules César, érigée sur la montagne voisine: on supposa des tremblemens de terre, des éboulemens successifs, qui l'avaient entraînée jusqu'à la rivière, où elle avait été engloutie: Enfin on ne douta pas de faire en cet endroit, les découvertes les plus précieuses, et une société d'amateurs opulens, souscrivit pour les frais d'une recherche qui devait être fort dispendieuse. M. de Varrax de Gage, se mit à la tête des souscripteurs. On construisit un énorme bâtardeau! on y établit des pompes pour dessécher jusqu'à fond, une partie du lit de la rivière, et cette opération ne produisit aucune autre découverte, que celle du sable. On demandait à M. de Gage, quel avait été le fruit de ce grand travail, auquel il avait sacrifié beaucoup de tems, de peines et d'argent, il répondit par ces deux vers:

Mon espérance, hélas! a bien été

trompée;

Je croyais voir César, et n'ai vu que Pompée. (Pomper.)

POÉSIE.

A MADEMOISELLE DE M***,

QU'ON REPROCHAIT A L'AUTEUR DE NE PAS TROUVER JOLIE.

On sait que la beauté de l'Amour est la mère.
Mais il est deux beautés, comme il est deux amours.
Toutes deux ont le droit de plaire,
L'une un moment, l'autre toujours.

Mais, laquelle à ce point sait l'emporter sur l'autre?
Laquelle a droit à tous nos vœux?

C'est à vous de juger, cette cause est la vôtre,

TOME III.

Vous qui les avez toutes deux !

Sur un miroir jetez vos yeux,

Ces yeux charmans, qu'un feu céleste anime;
Tant d'attraits, dont le Ciel fut pour vous généreux,
Sans les animer, les voir serait un crime !
Car ce serait tromper l'intention des dieux !....
Mais, ces attraits (faut-il le dire?)
Dont les charmes sont si puissans,
Quelque grand que soit leur empire,
Ne sont pas à l'abri des ravages du tems.
Le tems! rien ne l'arrête en sa course cruelle !
Il va tout ravageant, et son souffle empesté,
Comme il emporte la beauté,

Emporte aussi l'amour qui repose sur elle !
Rassurez-vous; j'ai lu dans votre cœur ;
J'y vois cette beauté que n'atteint pas l'outrage,
Qui ne vieillit pas avec l'âge,

Dont chaque jour accroît le pouvoir enchanteur!
Cette beauté n'est pas comme sa sœur.
L'une souffre de tout, l'autre rien ne l'altère :
Je rends justice à la première,

Mais la seconde est sans prix à mes yeux,
Et l'Amour, dont elle est la mère,
Ne périra point sur la terre,

Il me survivra dans les cieux.

Ainsi, ne croyez pas qu'aveugle en ma folie,
J'ignore des attraits dont l'aspect est si doux !
Mais je verrais bien mieux que vous êtes jolie,
Sije ne voyais pas ce qui vaut mieux en vous!

LE ROCHER ET LES ENFANS.

Le long d'un blanc Rocher qui menaçait les cieux,
Un montagnard, adroit non moins qu'audacieux,
Se glissait, en grimpant, vers un nid de corneille.
Surpris d'une telle merveille,

Trois Enfans, de leur mère ayant trompé les yeux,
Voulurent s'essayer au périlleux voyage.

A quatre pieds de terre en sa course arrêté,
Le moins bardi de tous admire le courage
Du second, qui plus haut s'arrête épouvanté.
Un seul, par son orgueil trompé sur sa faiblesse,
S'éloigne du point de départ.

Rival jaloux du montagnard,

Et luttant avec lui de courage et d'adresse,
Le faible est sur les pas du fort.

Affrontant un péril qu'il eût mieux fait de craindre,
Il touche au but, il va l'atteindre ;

Mais son pied mal assis, trahissant son effort,
Il se repent trop tard, il tombe, il était mort.

2 E

Mettez bien à profit cet exemple terrible,
Vous qui vers les grandeurs tâchez de parvenir :
C'est peu d'atteindre au but, il faut s'y maintenir ;
Plus on tombe de haut, plus la chute est horrible.

LE TIGRE.

FABLE.

VISER à l'immortalité,

C'est une ambition fort belle,

Quand on prend pour marcher vers elle
Le chemin des vertus, chemin peu fréquenté.
Mais autant cet honneur offre un but qui me flatte,
Autant j'ai toujours peu compris

Le désir d'avoir à tout prix
L'immortalité d'Erostrate.

L'effroi des animaux, un Tigre redouté,
De son mérite l'âme imbue,
Vint, du Tems qui la distribue,
Réclamer l'immortalité.

Il dit: J'ait fait trembler la terre!
Le loup, la byenne, la panthère,
Auprès de moi sont des agneaux ;
Et je m'étonne

S'il en survit un seul de l'espèce moutonne,
Tant j'ai fait périr de troupeaux !

Je n'ai respecté rien, ni l'âge, ni l'espèce,
Ni la force, ni la faiblesse :

J'ai peuplé les champs de tombeaux.
Je viens au temple de mémoire

Réclamer une place à côté des Césars.

J'ai livré des combats dont parlera l'histoire :
J'ai fait pendant quinze ans la guerre aux léopards,
Et dans nos bois sanglans leur ossemens épars
Sont là pour attester leur honte et ma victoire !
Du roi des animaux j'ai méconnu les lois :
Méprisant le respect dont l'amour l'environne,
J'ai même usurpé sa couronne!

Je veux être immortel, et je t'ai dit mes droits.
Le Tems répondit: Je te crois!

Tu n'as fait de bien à personne!

Tu portes un nom détesté,
Et tu veux l'immortalité ?

Pour te punir, je te la donne !

NOTICES SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

Description et usage d'un petit peson à ressort appelé BROMAMÈTRE, pour régler facilement le poids des alimens nécessares à la nourriture des vieillards et des personnes délicates qui veulent suivre un régime régulier pour conserver leur santé; inventé par E. REGNIER, chevalier de la Légion-d'Honneur, membre de plusieurs Sociétés savantes.-" Au premier abord, quelques personnes pourraient douter de l'utilité de cet instrument, mais déjà l'expérience parle en sa faveur. Cette espèce de peson est montée sur un pied de flambeau en bois d'ébène, pour être placée sur la table où le dîner est servi. La partie supérieure porte une portion de cercle en cuivre graduée, sur laquelle se meut une aiguille qui marque au cadran le poids des alimens servis sur l'assiette. Cette assiette, dont la pesanteur est déterminée, se place ordinairement sur un petit plateau qui la soutient; si elle est vide, l'aiguille du cadran marque zéro; et si on sert une soupe cu un morceau de viande, on voit de suite par l'indication de l'aiguille, le poids de la chose mise sur l'assiette. L'arc de division ne donne pas plus de douze onces; car ordinairement la pesanteur de la chose servie n'excède pas une demi-livre. Ainsi cet instrument, d'une forme agréable et peu embarrassante sur la table, peut également convenir aux convalescens. mécanisme, comme on voit, est bien éloigné du mérite de la balance de Sanctorius, qui voulut connaître ce que l'on perd par l'insensible transpiration en se pesant sur son fauteuil : mais nos médecins les plus distingués voient néanmoins dans le bromamètre un moyen simple et commode pour l'usage des personnes qui, après avoir fait un choix d'alimens convenables, veulent en régler la quantité selon leur tempérament.

Ce

[blocks in formation]

Ainsi, dans le courant de la journée, ma consommation ordinaire est de 3 liv. 9 onc. Cette quantité pourrait être trop forte pour certaines personnes, et trop faible pour d'autres; mais bientôt, avec cet instrument, chacun pourra apprécier la quantité d'alimens qui lui sera convenable pour se bien porter. C'est ainsi que l'esprit d'observation nous conduit à des conséquences utiles. On n'a pas besoin de peser l'eau et le vin que l'on consomme, deux flacons gradués par onces font remarquer facilement à l'œil la quantité des liquides qu'ils renferment."

N. B. M. le docteur Marc trouve que cetinstrument serait très-utile aux hôpitaux, pour l'usage des convalescens, dont on règle les portions suivant l'état de santé; par ce moyen on éviterait l'arbitraire dans le service.

Le prix du bromamètre sera de 25 à 30 fr. On peut s'adresser, pour se le procurer, à l'inventeur, M. Régnier, mécanicien, rue de l'Université, no 4.

KIEL.

Météore remarquable.-Le 23 mai dernier, sur les dix heures du soir, on a observé ici un météore lumineux, qui avait une grande ressemblance avec les phénomènes appelés autrefois dragons volans. Ce qui rend celui-ci digne d'attention, c'est qu'il a été observé presque en même tems à Copenhague, qui est à la distance de près de 60 lieues en ligne directe de Kiel. On peut par-là se faire une idée de son volume considérable, et de sa vitesse réelle, qui, quoique sensible, n'était pas très-grande en apparence. A Kiel, il paraissait avoir une direction du S. O. au N. O., et avoir une élévation de 30.° Ce météore a été visible pendant dix secondes ; il a disparu en jetant un tourbillon d'étincelles, et en laissant une trace lumineuse dans l'espace qu'il avait par

couru.

HALLE.

Université.-Education de deux jeunes Chinois-Voici les nouveaux renseignemens qui nous sont parvenus sur les deux jeunes Chinois entretenus à Halle par le roi de Prusse, dans la vue d'obtenir des moyens de communications scientifiques pour l'étude

du chinois. L'un d'eux, As-Sing, âgé de 30 ans, est né a Heong-San, à peu de distance de Canton; son père, prêtre et astrologue, mourut avant qu'As-Sing eut dépassé sa cinquième année. Sa mère le fit élever chez son oncle, employé de la douane à Cauton. As-Sing y reçut une éducation soignée, et eut quelques notions de l'anglais; il fit bientôt le voyage de Macao, de l'Inde et enfin de Sainte-Hélène, où il fut plus de trois ans cuisinier dans la maison de Napoléon. Après la mort de celui-ci, il fut employé pendant quelque tems dans la marine anglaise comme interprète entre les Anglais et ses compatriotes. Il vint à Londres, et ce fut là qu'il fit la rencontre de son compatriote Ha-Ho qui est âgé de 25 ans, et est né aussi dans les environs de Canton, d'un marchand de soie. Ces deux jeunes Chinois firent, avec le Hollandais Lasthausen, un traité qui l'autorisait à les faire voir pour de l'argent sur le continent; c'est de cet état d'abje ction que les a tirés la munificence royale. Ils commencent à balbutier un peu d'allemand, et sont d'un grand secours aux jeunes orientalistes de l'université, qui assistent, ainsi que les missionnaires, aux leçons que reçoivent les deux Chinois, sous la surveillance du célèbre professeur Gesenius, secondé par deux de ses élèves.

Imprimé par G. Schulze, 13, Poland Street.

« VorigeDoorgaan »